• Aucun résultat trouvé

Importance de la tuberculose en médecine vétérinaire

2. LA TUBERCULOSE : UNE ZOONOSE D’IMPORTANCE CAPITALE

2.2 Importance de la tuberculose en médecine vétérinaire

La tuberculose pouvant toucher toutes les espèces de Vertébrés, elle concerne tous les domaines de la médecine vétérinaire. La maitrise de la maladie au sein des cheptels domestiques est primordiale et la surveillance de la faune sauvage non captive y est souvent intimement associée.

2.2.1 Importance de la tuberculose au sein des troupeaux

domestiques

Longtemps qualifiée de "fléau d'élevage", la tuberculose bovine (et caprine) revêt une triple importance :

- Une importance économique : la tuberculose entraine des pertes non négligeables en viande et en lait lors de saisies. Elle constitue par ailleurs une restriction incontournable à la circulation des animaux et des denrées alimentaires d’origine animale.

- Une importance réglementaire : les tuberculoses bovines et caprines étant des maladies légalement réputées contagieuses (MLRC), les mesures de prophylaxie (dépistage, abattage) sont réglementées.

- Une importance sanitaire : bien qu’aujourd’hui rare dans la majorité des pays "économiquement avancés", la tuberculose demeure tout de même au cœur des préoccupations sanitaires de tous les pays. Quelques foyers de tuberculose ressurgissent par exemple en France chaque année et les troupeaux concernés sont alors entièrement abattus.

Pour l’ensemble de ces raisons, la tuberculose demeure un obstacle majeur au développement de l'élevage bovin dans de nombreux pays en voie de développement.

Les problématiques d’éradication de la tuberculose dans les troupeaux domestiques sont complexes et multifactorielles : l’un des facteurs clés de ces programmes est la maitrise de la maladie au sein de la faune sauvage autochtone, souvent en contact direct avec les cheptels.

2.2.2 Importance de la tuberculose au sein de la faune sauvage

autochtone

Des mycobactéries tuberculeuses ont été identifiées chez de nombreuses espèces sauvages vivant en liberté : il s’agit essentiellement de Mycobacterium bovis. Ces espèces peuvent n’être que des hôtes accidentels mais peuvent également servir de réservoir naturel au bacille et persister dans l’écosystème : elles jouent alors un rôle épidémiologique important dans le cycle de la maladie. La gestion de ces cas de tuberculose n’est pas aisée car les moyens diagnostiques sont limités et les mesures prophylactiques très difficiles à mettre en œuvre.

En voici les exemples les plus marquants [21]:

- L’opossum (Trichosurus vulpecula) en Nouvelle Zélande, - Le blaireau (Meles meles) en Grande Bretagne et en Irlande, - Le bison d’Amérique (Bison bison) au Canada et aux Etats-Unis, - Le buffle africain (Syncerus caffer) en Afrique du Sud,

- Le cerf de Virginie (Odocoileus viginianus) aux Etats-Unis.

Ces animaux sauvages, lorsqu’ils constituent des réservoirs de la maladie, sont souvent considérés comme en partie responsables de l’échec des programmes d’éradication de la tuberculose bovine dans certains pays (en Grande Bretagne notamment).

Dans le sud de l’Europe (Espagne, Italie), la tuberculose à M. bovis est responsable d’une mortalité non négligeable chez le cerf, le sanglier, le blaireau, le renard et le lynx. En France, plusieurs cas de tuberculose ont été rapportés dans des élevages de cervidés et de récentes études ont montré qu’il existait d’importants foyers de tuberculose au sein de la faune sauvage autochtone française : M. bovis a été isolé sur 28 % (n=84) des sangliers autopsiés en Seine Maritime (forêt de Brotonne) entre 2001 et 2002 et sur 25 % (n=100) des cerfs entre 2005 et 2006 [43, 44].

Par ailleurs, ces bacilles tuberculeux représentent une menace pour les espèces sauvages considérées de grande valeur : l’exemple du Parc National Kruger où les grands prédateurs (lions, léopards) sont maintenant contaminés par M. bovis illustre bien l’enjeu que peut parfois revêtir la maitrise de la maladie chez des animaux sauvages non captifs.

La problématique de la tuberculose dans les parcs zoologiques combine, en quelque sorte, l’ensemble de ces aspects : à la possibilité de transmission de la maladie à l’homme et aux autres animaux du parc, s’ajoute la grande valeur que peuvent représenter certaines espèces en termes de diversité génétique et de conservation.

2.2.3 Importance de la tuberculose dans les parcs zoologiques

a.

Une importance multiple

La tuberculose est d’une importance unique en médecine zoologique dans la mesure où : - C’est une maladie chronique grave à l’échelle de l’individu,

- Elle peut causer des séquelles sur l’ensemble du troupeau,

- Elle bénéficie d’un cadre réglementaire précis (bien que mal défini chez les espèces non domestiques),

- C’est une zoonose majeure, constituant ainsi un risque pour la santé publique.

Les mycobactéries ont été d’une importance historique majeure dans les collections de parcs zoologiques pendant plus de 150 ans. En effet, la tuberculose a été une cause importante de mortalité chez les animaux captifs le siècle dernier : des pertes allant jusqu’à 40% des primates non humains sont rapportées dans certaines collections [88]. Dans ce groupe d’espèces, la tuberculose est probablement la zoonose la mieux connue et la plus documentée. Par ailleurs, la perte d’un animal appartenant à une espèce menacée ou de grande valeur génétique pour le groupe peut représenter un coût important en termes de conservation de l’espèce.

L’infection tuberculeuse se déclare chez certaines espèces en parcs zoologiques alors qu’elle n’est pas (ou peu) rapportée dans la nature. C’est notamment le cas des éléphants et des primates. Ceci s’explique principalement par deux raisons :

- D’une part, les animaux gardés en captivité sont soumis à des conditions d’élevage (confinement, promiscuité, changement de climat, stress multiples) favorisant le développement de maladies infectieuses.

- D’autre part, la mycobactérie est probablement introduite dans une collection à partir d’un humain infecté (personnel, visiteurs).

Chez ces animaux, la tuberculose doit ainsi être considérée comme le révélateur d’une contamination humaine, à l’image de ce qui est constaté chez les carnivores domestiques.

D’un point de vue pratique, l’apparition d’un foyer de tuberculose dans une collection d’animaux sauvages est toujours très difficile à gérer. Les moyens diagnostiques et thérapeutiques sont souvent peu développés chez ces espèces et leur mise en œuvre est compliquée par des difficultés de contention notamment.

b.

Principales espèces concernées

Bien que principalement décrite chez les primates non Humains, la tuberculose concerne théoriquement l’ensemble des vertébrés et peut donc toucher la plupart des espèces d’une collection zoologique.

Dans la littérature, la tuberculose a été rapportée chez plus de 70 espèces de mammifères sauvages et captifs non domestiques ; elle est décrite chez quasiment tous les ruminants et est fréquente chez les bovidés et les cervidés ; de nombreux oiseaux sont par ailleurs victimes de la forme aviaire de la maladie [21, 49, 88].

La prévalence est cependant très souvent mal connue dans les institutions zoologiques, notamment à cause du manque de fiabilité des tests diagnostiques et des difficultés pratiques liées au dépistage. Il a néanmoins été établi que la sensibilité d’un animal à la tuberculose dépend fortement de l’espèce à laquelle il appartient : les Equidés semblent, par exemple, très peu sensibles à l’affection alors que certains primates (Macaques rhésus, Macaca mulatta, notamment) y sont particulièrement réceptifs.

Bien que la menace de la tuberculose reste omniprésente chez les primates non humains, ce sont les otaries, les éléphants et les tapirs qui soulèvent le plus d’interrogations actuellement dans les parcs zoologiques [34]. Soulignons à présent l’ampleur du problème chez l’éléphant.