Impacts financiers de la connexion

5.5.3.1 Méthode

La méthode utilisée pour évaluer les impacts financiers de la connexion consiste à quantifier les variations positives ou négatives des flux monétaires directement influencés par celle-ci, puis d’en effectuer le solde pour chaque acteur et pour l’ensemble du système étudié.

Le périmètre de l’analyse comprend les acteurs principaux du système énergétique étudié que sont : l’Activité Thermique des SIG (réseau CADSIG), l’Activité Déchets des SIG (UVTD des Che-neviers), CADIOM SA (réseau CADIOM) et les clients des réseaux de chaleur. Les variations de flux monétaires induites par la connexion ont été calculées en comparant le fonctionnement du système avec et sans connexion. Les principales variations pour les différents acteurs énoncés ci-dessus sont les suivantes :

• des économies de gaz et de mazout pour l’Activité Thermique des SIG respectivement CA-DIOM SA ;

• des économies sur la taxe CO₂pour CADIOM SA (substitution de mazout par du gaz) et pour l’Activité Thermique des SIG et ses clients (substitution de gaz par de la chaleur fatale) ;

Chapitre 5. Retour d’expérience sur la connexion des deux plus grands réseaux de chaleur genevois

• l’achat de chaleur fatale par l’Activité Thermique des SIG à l’activité Déchets des SIG (contrat interne SIG) ;

• une baisse des recettes pour l’Activité Déchets des SIG sur la vente d’électricité produite par l’UVTD ;

• des transferts économiques entre l’Activité Thermique des SIG et CADIOM SA : i) achat de chaleur d’appoint et de secours par CADIOM SA à l’Activité Thermique des SIG, ii) paiement d’un timbre par l’Activité Thermique des SIG à CADIOM SA pour l’acheminement de la cha-leur fatale de l’UVTD jusqu’à la station d’échange ;

• l’annuité (amortissement et intérêts) relative à l’investissement réalisé dans la connexion à la charge de l’Activité Thermique des SIG ;

• les coûts d’exploitation et de maintenance de la station d’échange à la charge de l’Activité Thermique des SIG.

Les données technico-économiques considérées pour quantifier ces variations sont récapitulées dans le tableau 5.6.

Variations des flux énergétiques

Baisse de la consommation de gaz 72 GWh/an

Baisse de la consommation de mazout 12 GWh/an

Transfert de chaleur fatale du réseau CADIOM au réseau CADSIG 77 GWh/an Transfert de chaleur de pointe du réseau CADSIG au réseau CADIOM 10 GWh/an Baisse de la production électrique de l’UVTD 15 GWh/an Prix des énergies et du CO₂

Prix du gaz acheté par l’Activité Thermique des SIG 5 cts/kWh

Prix du mazout acheté par CADIOM SA 9 cts/kWh

Prix de vente de l’électricité produite par l’UVTD 10.5 cts/kWh Prix de la chaleur fatale vendue par l’UVTD 3.5 cts/kWh Prix du timbre payé par l’Activité Thermique des SIG à CADIOM SA 0.3 MCHF/an Prix de la chaleur vendue par l’Activité Thermique des SIG à CADIOM SA 7.5 cts/kWh

Prix de la taxe CO2 60 CHF/tCO2

Coûts de la station d’échange

Investissement total 20.1 MCHF

Taux d’intérêt 3 %

Durée d’amortissement 30 années

Coûts d’exploitation et maintenance 0.1 MCHF/an

Tableau 5.6 – Récapitulatif des données technico-économiques considérées pour le calcul des variations de flux mo-nétaires induites par la connexion

A noter que les impacts liés à la modification du contrat de vente de chaleur qui lie l’UVTD et CA-DIOM SA (hausse du prix de 1.5 à 3.5 cts/kWh, cf. chapitre 3 p.65) ne sont pas considérés dans

cette analyse. Bien que concomitante à la connexion, cette modification n’est en effet pas directe-ment liée à la réalisation de la connexion. Les enjeux économiques liés à cette modification sont analysés et discutés dans le rapport spécifique [107].

5.5.3.2 Résultats

Les impacts financiers de la connexion des réseaux sur le système analysé sont présentés dans le diagramme de la figure 5.21. Chaque flèche représente la variation d’un flux financier induite par la connexion des deux réseaux, exprimée en MCHF/an. Le sens de la flèche exprime la nature du solde :

• positif si la flèche est entrante, ce qui correspond à une baisse des charges ou une hausse des recettes ;

• négatif si la flèche est sortante, ce qui correspond à une hausse des charges ou une baisse des recettes.

Figure 5.21 – Diagramme de flux représentant les variations des charges et recettes induites par la connexion des réseaux. Hypothèses principales : prix du gaz à 5 cts/kWh et transfert de chaleur fatale vers le réseau CADSIG de 77 GWh/an. Unité : MCHF/an

Chapitre 5. Retour d’expérience sur la connexion des deux plus grands réseaux de chaleur genevois

A partir des hypothèses considérées, on constate que les variations les plus importantes sont induites par les économies de gaz (-3.6 MCHF/an), la vente de chaleur fatale supplémentaire (+2.7 MCHF/an) et la baisse de la production électrique (-1.6 MCHF/an). Le coût annuel de la connexion (annuité et coûts d’exploitation et maintenance) représente quant à lui 1.1 MCHF/an.

En faisant le solde des variations pour les différents acteurs, on remarque que la connexion induit des bénéfices pour chacun d’eux, excepté pour les clients du réseau CADIOM pour lesquels la connexion n’a aucun effet. Ces bénéfices sont de 0.4 MCHF/an pour l’Activité Thermique des SIG, 1.1 MCHF/an pour l’Activité Déchets des SIG, 0.7 MCHF/an pour CADIOM SA et 0.7 MCHF/an pour les clients du réseau CADSIG. Pour l’Activité Thermique des SIG, les coûts de la connexion sont compensés par la différence positive entre le prix d’achat du gaz et le prix d’achat de la chaleur fatale. Pour l’Activité Déchets des SIG, la baisse des ventes d’électricité est plus que compensée par la vente de chaleur fatale supplémentaire. Pour CADIOM SA, la connexion permet de réduire les coûts de la chaleur de pointe. Enfin, la taxe CO₂à la charge des clients du réseau CADSIG est réduite.

Le bilan des variations des flux monétaires aux frontières du système permet de montrer que la baisse des dépenses annuelles pour l’achat de combustibles fossiles et pour la taxe CO₂est plus importante que la baisse des revenus sur la vente d’électricité et les frais engendrés pour la réa-lisation et l’exploitation de la station d’échange (figure 5.22). Le solde global pour l’ensemble du système indique ainsi un bénéfice annuel de 3 millions de CHF/an.

-1.6 -0.1

-1.0 4.8 1.0

-6 -4 -2 0 2 4 6

MCHF /an

Annuité Exploitation et maintenance Baisse des ventes d'électricité Economie d'énergies fossiles Economie de CO2

Figure 5.22 – Bilan annuel des variations de flux monétaires aux frontières du système. Hypothèses principales : prix du gaz à 5 cts/kWh et transfert de chaleur fatale vers le réseau CADSIG de 77 GWh/an

Dans les conditions technico-économiques énoncées dans le tableau 5.6 (p.155) et en prenant en compte la somme des gains pour l’ensemble des acteurs, le temps de retour sur investissement (calculé hors remboursement du capital) se monte à 5 ans. Il représente le temps nécessaire pour que le revenu global dégagé (4 MCHF/an) permette de récupérer le montant de l’investissement initial (20.1 MCHF).

Le coût de revient du kilowattheure fossile substitué en entrée du système (mazout et gaz en en-trée des chaudières) peut être déterminé en rapportant le solde du bilan global aux frontières du système à la quantité de combustibles fossiles substitués. Avec un amortissement sur 30 ans à 3%

et un transfert de chaleur fatale du réseau CADIOM vers le réseau CADSIG de 77 GWh/an, ce coût de revient se chiffre à 2.1 cts/kWh. Autrement dit, pour que le bilan global de la connexion soit positif, le prix moyen des combustibles fossiles économisés doit être supérieur à 2.1 cts/kWh.