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La nécessité de disposer d’outils pour évaluer les impacts environnementaux est d’une importance grandissante [GONZALÈS, 2008]. Ce chapitre a pour objectif d’identifier les méthodes d’évaluation des impacts environnementaux existantes et de déterminer si elles sont adaptées à l’évaluation des impacts des pratiques de production plus propre et plus sûre. Dans un premier temps nous aborderons la terminologie afin de saisir l’objectif des méthodes existantes. Puis nous ferons le point sur les méthodes d’évaluation des impacts environnementaux les plus représentatives en présentant leurs avantages et leurs limites. Dans le troisième paragraphe nous nous efforcerons de mettre en évidence le manque d’adéquation de ces outils pour l’évaluation des impacts de l’implémentation de pratiques de production plus propre et plus sûre dans une entreprise.

I.3.1Terminologie

Il semble en tout premier lieu indispensable d’apporter quelques précisions sur les termes employés. En effet, pour répondre aux besoins de prise en compte de l’environnement, divers outils et méthodes d’évaluation des impacts environnementaux ont été développés ces dernières années, dans tous les domaines. Il peut s’agir de méthodes de diagnostic, d’évaluation ou encore d’audit. Le petit Robert (2001) définit ces termes comme suit :

- Diagnostic : « Détermination d’un état d’après ses symptômes »

- Évaluation : « Action d’évaluer, de déterminer la valeur et l’importance d’une chose » - Audit : «Mission d’examen et de vérification de la conformité (aux règles de droit, de

gestion) d’une opération, d’une activité particulière ou de la situation générale d’une entreprise »

Personne (1998) propose une signification différente de ces termes lorsqu’ils sont employés dans l’environnement industriel actuel :

- Les méthodes de diagnostic sont utilisées pour établir un premier contact entre l’entreprise et l’environnement. Généralement basées sur des questionnaires à choix multiples, elles permettent de dresser un état des lieux qualitatif de l’entreprise.

- Les méthodes d’évaluation vont plus loin que le diagnostic en répondant à un besoin de mise en place de plans d’actions pour améliorer les facteurs d’impacts6 de l’entreprise. Basées sur des données brutes de terrain, elles cherchent à identifier les dysfonctionnements du système de production et à associer des solutions techniquement, environnementalement et financièrement viables.

- Les méthodes d’audit évaluent de manière cyclique la conformité d’une entreprise aux exigences d’un référentiel choisi. Elles s’adressent donc à des entreprises déjà engagées dans un système de management environnemental.

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Personne (1998) définit le facteur d’impacts comme la cause de l’atteinte de l’écosystème (substance polluante rejetée ou prélèvement de ressource...)

Partie I : Contexte et objectifs

Chapitre I.3 : État des lieux des méthodes d’évaluation des impacts environnementaux

Suite à ces définitions, seules les méthodes de diagnostic et d’évaluation des impacts environnementaux seront considérées. La mise en œuvre des méthodes d’audit nécessite que les entreprises auditées aient déjà engagé une démarche intégrée de management environnemental, ce qui n’est pas tout le temps le cas dans le secteur du traitement de surface. De plus elles requièrent les compétences d’un auditeur certifié externe à l’entreprise, entrainant par conséquent un coût plus important pour l’industriel. Ces méthodes ne sont donc pas adaptées.

I.3.2Classification des méthodes d’évaluation existantes

Sans toutefois être exhaustif, un inventaire des méthodes de diagnostic et d’évaluation des impacts environnementaux est proposé.

Cet inventaire découle d’une étude bibliographique identifiant 71 méthodes d’évaluation environnementale (toutes disciplines confondues). Dans ce mémoire seulement vingt de ces méthodes ont été sélectionnées et analysées. En effet les auteurs se sont uniquement intéressés aux méthodes applicables aux entreprises. De plus, les méthodes de monétarisation des impacts ont été écartées puisque comme il a été vu, les impacts liés à l’implémentation de pratiques de 4PS ne sont pas forcément mesurables en terme financier (amélioration des conditions de travail, fédération du personnel dans un projet commun…).

Chaque méthode a été caractérisée à l’aide des 7 attributs suivants : - Intitulé de la méthode

- Objectifs visés par cette méthode

- Type d’approche (Quel est l’objet étudié ?)

- Type d’impact étudié (effet de serre, biodiversité, etc.…) - Les avantages et inconvénients de la méthode

- Le type d’utilisation pressentie - Les références

Pour ne pas surcharger ce mémoire, le tableau de synthèse de ces méthodes est présenté en

ANNEXE 1.

L’analyse des méthodes de diagnostic et d’évaluation montre que les outils peuvent être classés selon trois caractéristiques :

1 La première caractéristique importante est son angle d’approche. Il peut s’agir soit d’une approche « site » ou d’une approche « produit ». L’approche « site » a une dimension spatiale et temporelle puisqu’elle concerne le site de production ou le territoire concerné [PERSONNE, 1998]. L’approche « produit » cherche quand à elle à prendre en compte l’impact environnemental dès sa conception [HARSCOET,

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Chapitre I.3 : État des lieux des méthodes d’évaluation des impacts environnementaux

Figure 10: Approche « Site » versus Approche « Produits »

La méthode Eco-indicators est un exemple d’approche produit puisqu’elle fait l’inventaire des impacts d’un produit sur son cycle de vie. Un exemple d’approche site est celui de la méthode Safe Climate qui cherche à comptabiliser les émissions de CO2

dans toute une organisation.

1 La seconde caractéristique est la nature des impacts étudiés. Les impacts peuvent être globaux ou locaux. Les impacts globaux concernent l’échelle planétaire (Gaz à effet de serre, biodiversité, eutrophisation par exemple) tandis que les impacts locaux concernent l’environnement proche (consommation de ressources, efficacité énergétique, rejets…). Les méthodes CORINAIR et Scan Rwin étudient respectivement les impacts globaux et les impacts locaux. CORINAIR s’intéresse aux effets des polluants atmosphériques (smog, qualité de l’air…) tandis que Scan Rwin concerne la surveillance des consommations énergétiques. Toutefois un cas particulier semble intéressant à relever : la méthode MASIT (Multicriteria Analysis for Sustainable Industrial Techologies) dont la nature des impacts étudiés concerne à la fois des impacts locaux et globaux. Cette méthode qui résulte d’une collaboration entre l’ADEME, le CEA, ECOBILAN et EDF se propose de comparer une technologie émergente à une technologie de référence au long de leur cycle de vie. MASIT intègre à la fois des critères locaux (« toxicité », « écotoxicité », « atteinte à la biodiversité »,

«production de déchets »), et des critères globaux (« d’épuisement des ressources non

renouvelables » et «d’effets globaux7 ») [BENOIT, 2002].

1 Le troisième aspect intéressant est la prise en compte d’un impact unique ou de

multiples impacts. Par exemple le GreenHouse Gaz protocole (GHG) a une approche

mono-impact puisqu’il ne s’intéresse qu’à l’impact sur l’effet de serre exprimé en tonnes équivalent carbone. L’Analyse du Cycle de Vie qui estime les impacts potentiels d’un produit sur l’effet de serre, l’eutrophisation ou encore la destruction de la couche d’ozone, est une méthode multi-impacts [GONDRAN, 2001].

En conclusion, les trois principales caractéristiques des méthodes de diagnostic et d’évaluation des impacts environnementaux sont illustrées sur la Figure 11 qui positionne

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Chapitre I.3 : État des lieux des méthodes d’évaluation des impacts environnementaux

quelques méthodes selon la nature des impacts concernés, l’aspect mono ou multi-impacts et enfin l’approche Site ou Produit adoptée (pour la clarté de la figure, seules 15 des 20 méthodes sont positionnées).

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I.3.3Adaptabilité des méthodes

I.3.3.1 Adaptabilité des méthodes au secteur du traitement de

surfaces

1 Comme l’illustre la Figure 11, certaines méthodes d’évaluation environnementales s’intéressent aux impacts globaux. Elles ne permettent donc pas d’évaluer les impacts environnementaux des ateliers de traitement de surface puisque ce secteur contribue peu aux impacts globaux [BREF STM, 2005].

1 D’autres méthodes sont basées sur une approche orientée produit. Elles consistent en général, en un inventaire des entrants et des sortants d’un système de produits le long de son cycle de vie. Le traitement de surfaces est un secteur d’activité « charnière » puisqu’il intervient en finition des produits des autres secteurs d’activités. Il en résulte une multiplicité des produits concernés mais également une multiplicité des traitements possibles. Il se pose alors les difficultés classiques liées à l’affectation des flux dans les inventaires : « Comment affecter tel ou tel intrant à un produit plutôt qu'à un autre, dès

lors que le processus de production ne débouche pas sur un produit unique? » [CASEAU, 2002]. De plus, bien que ces méthodes permettent de comptabiliser

les impacts au long du cycle de vie d’une technologie pour en faciliter le choix

Approche SITE Approche PRODUIT

Im p a ct s L O C A U X Im p a ct s G L O B A U X * Bilan Carbone * GHG protocol * envIMPACT * Safe Climate * Méthode biotope * Scan Rwin * Integrated substance chain management * ACV * CORINAIR *EPScoach * MASIT * Eco-indicators * EPSsystem * Eco-efficiency Approche multi-impacts Approche mono-impacts * Étude d’impacts

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Chapitre I.3 : État des lieux des méthodes d’évaluation des impacts environnementaux

d’évaluation basées sur une approche produit semblent inadaptées pour l’évaluation rapide et simple des impacts environnementaux des ateliers de traitement de surfaces.

I.3.3.2 Adaptabilité des méthodes à l’évaluation des impacts liés