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MÉTHODOLOGIE D’ÉVALUATION DES IMPACTS DES PRATIQUES DE 4PS

III. 2.1.2.2 La démarche Top-down basé sur la méthode MOSAR

Cette approche top-down s’appuie sur le formalisme MADS et la méthode MOSAR (§II.2.3.2) qui ont dû être toutefois adaptés à la problématique étudiée.

Comme il a déjà été évoqué, l’objectif de la méthodologie d’évaluation des impacts est de quantifier les effets de l’introduction d’une pratique de production plus propre sur l’entreprise elle-même et son environnement. Une analogie avec le modèle MADS précédemment présenté (§II.2.3.2) semble découler de cet objectif. En effet, Périlhon (2003) dans la représentation systémique de l’univers du danger, attribue les effets non souhaités à la résultante du flux de danger sur le système cible (population, individu, installation, écosystème). Ce flux de danger étant lui-même provoqué par un évènement initial au niveau du système source.

Lors de l’implémentation d’une pratique 4PS, l’entreprise ainsi que son environnement proche peuvent être considérés comme les cibles potentielles de la modification envisagée. Cette modification est alors assimilée à l’événement perturbateur (ou aléa dans la terminologie du risque) dont on cherche à quantifier l’impact sur l’entreprise et son environnement. Ces cibles sont plus ou moins sensibles à l’introduction de cette nouvelle pratique (notion de vulnérabilité). L’impact traduit la conséquence de la mise en œuvre de la pratique de 4PS sur la cible. La Figure 31 suivante schématise l’analogie qui peut être faite pour le cas de la mise en œuvre de pratiques de 4PS.

Figure 30: Démarche classique bottom-up d’élaboration d’un tableau de bord d’indicateurs

Paramètres

Indicateurs

Critères

Positionnement par rapport à une référence Agrégation des indicateurs

PRISE DE DÉCISION

Partie III : Démarche d’élaboration d’une méthodologie d’évaluation des impacts des pratiques de 4PS

Chapitre III.2: De la structuration des critères…

Dans le cas actuel, l’aléa a plus un rôle bénéfique que d’endommagement puisque l’utilisation d’une nouvelle pratique de production plus propre cherche à améliorer la situation existante. C’est pourquoi l’impact sur les cibles (individu, population, installation, écosystème) peut être un évènement attendu ou non souhaité.

Le modèle MADS adapté est mis en œuvre dans la méthode MOSAR elle aussi modifiée pour les besoins de l’étude.

MOSAR est mise en œuvre par le biais d’une démarche structurée qui part d’une vision globale de l’entreprise pour aboutir à une étude détaillée des risques (cf. §II.2.3.2). Cette approche top- down et systémique est plus appropriée à notre problématique. L’intérêt d’utiliser l’approche systémique est double :

- Elle permet une évaluation complète de l’entreprise grâce à une étude systémique ou celle-ci est décomposée en sous-systèmes cibles potentielles d’une pratique de production plus propre.

- Une approche systémique des indicateurs permet de prendre en compte les mécanismes causaux des phénomènes dans l’optique d’une représentation globale et complexe de la réalité. Dans différents modèles d’indicateurs existants, les relations de causalité entre les indicateurs apparaissent, mais celles-ci restent souvent implicites. Il en résulte une juxtaposition des indicateurs dans différentes catégories [DESTHIEUX, 2005]. L’utilisation de la systémique permettrait d’expliciter ces relations.

Or, étant donné que la méthode MOSAR a été développée pour évaluer les risques d’une installation et ensuite d’en déduire les moyens de protection et de prévention, il a été nécessaire de l’adapter à la problématique de l’évaluation des impacts des pratiques de 4PS. De plus le module B (vision microscopique) de la méthode qui s’intéresse plus particulièrement aux dysfonctionnements techniques des machines et appareils et opératoires est par conséquent spécifique à chaque installation. Ainsi, seul le module A (vision macroscopique) a été adapté. Le Tableau 21 présente la façon d’adapter la méthode MOSAR pour construire une démarche top-down d’élaboration de la méthode d’évaluation des impacts des pratiques de 4PS.

Figure 31: Modèle MADS adapté à la problématique de 4PS

Systèmes

sources Systèmes cibles

Individu Population Installation Écosystème Flux Aléa : Implémentation d’une pratique de 4PS Impact: Évènement attendu ou non souhaité

Partie III : Proposition d’un outil d’évaluation des impacts des pratiques de 4PS

Chapitre III.2: De la structuration des critères…

Tableau 21: Adaptation de la méthode MOSAR [DROGOUL, 2006]

Les étapes de la méthode MOSAR (Module A) Adaptation du Module A

1. Représentation systémique de l’installation 1. Représentation systémique de l’installation et de son environnement

2. Identification des sources de danger et des scénarios principaux

À partir de la grille des « systèmes source de danger », les entités source potentielle de danger pour chaque sous-système sont inventoriées.

Identification des scénarios de danger

2. Identification des sources pour déterminer les critères

vis-à-vis desquels se fera l’évaluation

À partir de la grille des « systèmes source de danger » qui inventorie pour chaque sous-système les sources de danger qui pourraient atteindre les sous-systèmes (=cible).

Aucune identification de scénarios de danger

3. Évaluation des risques principaux probabilité de l’accident redouté impact de l’accident sur les cibles.

3. Évaluation des impacts principaux

Recherche et choix des indicateurs de 4PS en fonction des critères

4. Négociation des objectifs globaux

Évaluation des risques

Identification des moyens de prévention et de protection

Hiérarchisation des scénarios en fonction de l’importance de l’accident

4. Objectifs principaux

Évaluation des impacts

Mise en place d’une méthode d’aide au choix de pratiques de 4PS

Pondération des critères de 4PS en fonction de l’importance de la cible

5. Mise en place de barrière de prévention et de protection

5. Organisation des indicateurs dans un tableau de bord

La démarche top-down d’élaboration de la méthodologie d’évaluation des impacts des pratiques de 4PS ainsi obtenue est présentée sur la Figure 32.

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III.2.2

Modélisation systémique de l’entreprise et de son

environnement

La première étape de la démarche est la modélisation systémique du système entreprise et du système environnement de l’entreprise en sous-systèmes.

III.2.2.1

Le système Entreprise

La revue des outils méthodologiques a montré que le modèle OID19 est adapté à la représentation du système que constitue l’entreprise. En effet, l’entreprise est dotée :

19 Opération-Information-Décision Critères Pondération des critères de 4PS

Modélisation systémique de l’installation

Sous- systèmes

Évaluation des impacts principaux ENTREPRISE

=

SYSTÈME COMPLEXE

Identification des « sources »

Indicateurs Pratiques

Partie III : Démarche d’élaboration d’une méthodologie d’évaluation des impacts des pratiques de 4PS

Chapitre III.2: De la structuration des critères…

- d’un sous-système opérant, ayant pour mission la réalisation physique grâce à des ressources (hommes, machines).

- d’un sous-système d’information chargé de la gestion des données et de la capitalisation des connaissances

- d’un sous-système de décision qui prend les décisions pour réaliser ses objectifs

Dans le modèle MADS, les sous-systèmes cibles concernent à la fois l’entreprise et son environnement. Les ressources du sous-système opérant y sont bien présentes. Néanmoins, Périlhon dissocie les ressources humaines (individus) des ressources matérielles (installation). Dans le cadre de la méthodologie d’évaluation des impacts des pratiques de 4PS, il semble que cette dissociation entre ressources humaines et matérielles soit indispensable. En effet, l’impact sur une cible dépend de la vulnérabilité de cette cible. Par conséquent, l’impact de l’implémentation d’une pratique de 4PS sera différent selon qu’il concerne les hommes au travail ou l’installation en elle-même. Ce constat est la base de l’identification de deux sous- systèmes cibles des pratiques de 4PS qui sont :

- Le sous-système opération - Le sous-système opérateurs

Par contre, les sous-systèmes d’information et de décision ne sont, à notre connaissance, pas abordés dans le modèle MADS. Si les répercussions de la mise en place d’une pratique de 4PS sur les décisions dans l’entreprise semble évidentes (formation du personnel, investissement en nouveau matériel par exemple), celles sur le sous-système information le sont moins. Le sous- système de décision est étroitement lié au sous-système d’information de l’entreprise puisque la qualité des décisions dépend de la qualité des informations. Pour l’évaluation des impacts des pratiques de 4PS, ces deux sous-systèmes ont été fusionnés en un sous-système stratégie tenant compte à la fois des aspects décisionnels et informationnels.

III.2.2.2

Le système environnement de l’entreprise

Si l’on considère le modèle MADS adapté à la problématique de 4PS, l’environnement de l’entreprise pouvant être impacté par l’introduction d’une pratique de 4PS est composé de deux cibles (population et écosystème). Or la variété des éléments composant l’environnement de l’entreprise, ne peut être restreinte aux seules cibles population et écosystème. Dassens (2007) propose un modèle plus complet de représentation de la notion d’environnement de l’entreprise. Il se compose de cinq sphères:

- la sphère Économique composée du marché économique et financier, - la sphère Environnementale ou environnement naturel

- la sphère Politico-juridique représentant les pouvoir institutionnels. - la sphère Sociale représentant la société civile et les individus, et - la sphère Technique ou environnement technologique.

Ce modèle est-il adapté à la modélisation de l’environnement d’un atelier de traitement de surfaces dans le cas de l’implémentation d’une pratique de 4PS?

Partie III : Proposition d’un outil d’évaluation des impacts des pratiques de 4PS

Chapitre III.2: De la structuration des critères…

nouvelles formulations, ou encore les banques qui prêtent des capitaux pour des améliorations technologiques…etc. Ces partenaires sont donc possiblement impactés par l’introduction de pratiques de 4PS au cœur de l’outil de production. Nous modéliserons donc le sous-système économique.

- L’écosystème ou environnement naturel est directement impacté par l’implémentation d’une pratique de 4PS puisque la production propre est avant tout « une stratégie

environnementale » [UNEP, 2001]. De plus les industries du traitement de surface

relevant de la législation des ICPE, sont soumises à l’étude détaillée de leurs impacts sur l’environnement. Par conséquent, cette sphère est retenue comme sous-système cible des pratiques de 4PS.

- Dans le cas d’un atelier de traitement de surface la sphère politico-juridique est constituée des pouvoirs publics qui édictent la réglementation (arrêté ministériels et préfectoraux), des DRIRE qui sont chargées du contrôle et du respect de cette réglementation (contrôle périodique et inopiné des installations), ou encore des agences de l’eau qui perçoivent les taxes « pollueur-payeur » et soutiennent les investissements dans la production plus propre. Cette sphère peut également prendre en compte la Caisse Régionale d’Assurance Maladie qui impose le respect de la réglementation en matière de conditions de travail et de santé des employés. Bien que la sphère politico- juridique fasse partie intégrante de l’environnement de l’entreprise, peut-elle être considérée comme une cible potentielle de la mise en place d’une pratique de 4PS? En effet, comme il a été dit, l’impact est la conséquence de l’aléa sur la cible. Pour être considérée comme cible, il faut que la mise en place d’une pratique de 4PS modifie quelque part ce système. Par exemple, que l’implémentation soit directement à l’origine de l’élaboration d’une nouvelle législation ou d’un contrôle moins fréquent des DRIRE. Les impacts de pratiques de 4PS sur la sphère politico-juridique ont été jugés négligeables. Par conséquent, cette sphère sera conservée pour la modélisation globale de l’entreprise mais ne sera plus développée par la suite.

- La sphère sociale concerne le milieu social dans lequel l’entreprise évolue : individus (riverains) ou groupes d’individus (associations écologistes, entreprises voisines). Cette sphère sociale est prise en compte dans la définition même de la notion de production propre : « L’application continue d’une stratégie environnementale préventive intégrée

aux processus, produits et services afin d’améliorer leur efficience écologique et réduire les risques pour les humains et l’environnement » [UNEP, 2001]. Il est donc

évident que l’implémentation de telles pratiques impacte le sous-système social.

- La sphère technique proposée par Dassens correspond aux infrastructures et ouvrages externes à l’entreprise comme par exemple les autres industries à proximité, ou encore les axes routiers. L’étude des types d’accidents les plus récurrents dans le secteur du traitement de surface (cf. partie I § I.2.2) ayant montré que les principaux risques de l’activité sont le rejet de substances dangereuses et l’incendie, la sphère technique sera en général faiblement d’être impactée. Par conséquent, les impacts de pratiques de 4PS sur la sphère technique sont jugés négligeables. La sphère technique sera conservée pour la modélisation globale de l’entreprise mais ne sera plus développée par la suite. Ce modèle est donc adaptable à la modélisation de l’environnement des ateliers de traitement de surfaces (Figure 33).