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Impact du sanglier sur la microfaune

3. Résultats et analyses Impact sur la diversité floristique

4.2. Impact sur la diversité faunistique

4.2.2. Impact du sanglier sur la microfaune

A notre connaissance aucune étude à ce jour ne s’est intéressée directement à l’impact des dégâts de sangliers sur la microfaune. Les seuls éléments disponibles sont les études sur le régime alimentaire de cette espèce. Il est en effet prouvé que le sanglier consomme des insectes et lombriciens (Maréchal 2005). Il s’agit là le plus souvent d’animaux qui vivent au sol ou sous terre (larves et imagos, lombrics…). Si on a pu estimer que cette consommation animale ne dépassait pas 10% de l’alimentation totale (Schley & Roper 2003), on ne peut quantifier quelle était la proportion d’individus pour chaque espèce qui était consommée sur un espace donné.

En ce qui concerne l’impact indirect des sangliers sur les communautés d’insectes, on ne trouve pas beaucoup plus de références dans la bibliographie. Plusieurs études montrent l’impact positif des sangliers sur les communautés d’insectes et leur diversité (Yoshihara & al. 2010, Davidson & Lightfoot 2007, Joern 2005).

On peut considérer les sangliers comme des espèces clés pour la structuration et la disponibilité des ressources au sein de certains écosystèmes (Jones & al. 1994). On sait que les activités de creusement du sol modifient l’environnement en altérant la structure du sol et la microtopographie, et les flux de ressource en perturbant les cycles de nutriments et

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d’eau (Dickman 1999). Nous avons vu également dans ce rapport qu’il modifiait la végétation pendant une période donnée. Tout cela a une influence indirecte sur l’activité microbienne du sol et la quantité d’arthropodes qui peut ainsi être réduite (Maréchal 2005 dans un contexte forestier) incluant notamment les saprophages et les insectes prédateurs.

Nous avons donc élargi la recherche à l’impact indirect d’autres animaux fouisseurs sur les insectes. Là encore, c’est l’impact des chiens de prairie sur ces communautés qui a été le plus étudié, ainsi que celui des marmottes. Il apparaît que les petits monticules créés par les activités de fouissage augmentent le nombre de fleurs. Et les plantes pollinisées par des insectes y sont plus nombreuses. D’où un nombre d’espèces de pollinisateurs positivement corrélé au nombre de monticules (Yoshihara & al. 2010). Davidson & Lightfoot (2007) ont également montré que la diversité des arthropodes augmentait avec celle des habitats. L’abondance et la richesse en arthropodes est ainsi supérieure sur les monticules selon les mêmes auteurs. Bangert (2006) a développé cette étude en montrant que l’activité due aux chiens de prairie modifiait les habitats. Le même auteur observe également une augmentation de la diversité γ (régionale) des arthropodes dans les zones perturbées. Enfin, Haddad (2001) montre que l’abondance et la richesse spécifique en insectes est positivement corrélée à la richesse spécifique des plantes et à l’hétérogénéité de la structure végétale, l’hétérogénéité structurale étant un des éléments fortement augmentée par l’activité de fouissage des sangliers.

Les groupes d’animaux favorisés par les activités de fouissage sont donc les suivants : - Les pollinisateurs : hyménoptères, lépidoptères, diptères (Yoshihara & al.

2010) ;

- Les orthoptères : criquets et sauterelles (Davidson & Lightfoot 2007) ; - Les coléoptères (Davidson & Lightfoot 2007) ;

- Les prédateurs : fourmis, araignées, qui trouvent dans ces zones plus de proies et plus de protection par rapport à leurs propres prédateurs (Davidson & Lightfoot 2007) ;

La microfaune défavorisée concerne les espèces endogées : lombrics (Schley & Roper 2003, Baubet 1998), larves et imagos, et certains groupes de microarthropodes (Maréchal 2005).

Il convient une nouvelle fois de nuancer ces conclusions. Peut être qu’une perturbation liée au pâturage (intensité, présence/absence) est plus influente sur la richesse spécifique des arthropodes qu’une perturbation mécanique due aux sangliers, comme c’est le cas pour une perturbation liée au feu (Joern 2005). Il s’avère en effet que l’abondance générale en insectes diminue quand la pression de pâturage augmente (Dennis & al. 1998). De la même façon, le pâturage peut augmenter ou diminuer la densité de criquets selon l’espèce étudiée ou la saison (Jepson-Innès & Bock 1989). Yoshihara & al. 2008 ont montré qu’un pâturage léger permettait d’avoir un maximum de richesse en insectes pollinisateurs.

L’impact du pâturage est donc très fort sur les insectes prairiaux, mais il est limité si la prairie présente une grande hétérogénéité structurale (Dennis & al. 1998). Les

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perturbations mécaniques liées aux dégâts de sanglier peuvent donc participer à améliorer les structures des communautés d’insectes.

5. Conclusion

Dans cette partie de l’étude nous avons pu analyser l’impact des boutis sur la diversité de la végétation, et sur les populations de deux communautés animales : les oiseaux et les insectes. Seuls sont inscrits ici les résultats significatifs.

Nous avons vu l’évolution de la diversité spécifique dans le temps après la perturbation :

Dans la festuçaie, la richesse spécifique tend à être supérieure dans les boutis par rapport aux témoins. De plus, les densités d’espèces végétales augmentent avec l’âge du boutis ;

Dans la nardaie, l’effet positif des boutis est moins net. Trois ans après la perturbation, la diversité spécifique et l’équitabilité sont supérieures également supérieures dans les boutis mais principalement en raison de la présence non typiques de la nardaie. Pâturage : on constate un effet significatif du pâturage dans la nardaie.

Le pâturage diminue globalement les composantes de la diversité végétale. La nardaie étant un milieu plus contraignant (acidité du sol, disponibilité des nutriments) l’adjonction des perturbations liées au pâturage aux dégâts de sangliers conduit à cet effet négatif.

L’analyse bibliographique nous donne des indications sur l’impact des sangliers et de leurs dégâts sur les populations d’oiseaux et la microfaune :

Oiseaux : par son caractère opportuniste et son régime alimentaire omnivore, le sanglier peut être une menace directe pour les populations d’espèces vivant ou nichant au sol. Par la modification des habitats induite par ses activités de fouissage, il peut également impacter négativement les populations. Mais on peut noter enfin que les zones de terre nue attirent plus d’oiseaux de proie sur les alpages. Pédofaune: l’impact direct est très difficile à évaluer. L’hétérogénéité

structurale de la végétation immédiatement consécutive aux dégâts semble favoriser une plus grande diversité spécifique pour certains groupes : les pollinisateurs, les arthropodes, les coléoptères et les prédateurs. Mais cela au détriment des insectes vivants dans le sol. Enfin, rappelons que cela n’est valable que pendant la période où le boutis n’est pas revégétalisé et que ces résultats sont à tempérer, au regard du faible nombre d’études recensées sur ces sujets.

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Ce qu’il faut retenir :

- La richesse spécifique de la végétation est supérieure dans les boutis par rapport aux témoins 3 saisons de végétation après la perturbation;

- Comparée à la festuçaie la diversité dans la nardaie est plus sensible au pâturage qui a un effet négatif sur la diversité des boutis ;

- L’impact négatif du sanglier sur les oiseaux vivant ou nichant au sol est réel. Son importance dépend des densités de sanglier et d’espèces concernées ;

- Les dégâts de sanglier semblent favoriser à l’échelle de l’alpage certaines communautés d’animaux. CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref

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5. Impact des boutis sur l’usage pastoral

1. Introduction page 70

2. Matériels et méthodes page 70

2.1. Impact sur la quantité et la qualité de la biomasse page 70 2.1.1. Echantillonnage page 70

2.1.2. Analyse page 71

2.2. Impact sur la présence d’espèces localement envahissantes page 71 2.2.1. Echantillonnage page 71

2.2.2. Analyse page 72

3. Résultats et analyses page 72

3.1. Impact sur la quantité de biomasse page 72 3.1.1. Résultats par site page 73

3.1.2. Bilan page 77

3.2. Impact sur la qualité fourragère de la repousse page 77 3.2.1. Résultats des analyses page 77 3.2.2. Calcul de la quantité de biomasse digestible page 79 3.3. Impact sur la présence d’espèces localement envahissantes page 80 3.3.1. Occurrence du cirse laineux page 80 3.3.2. Occurrence du vérâtre page 82

4. Discussion page 82

4.1. Impact sur la biomasse fourragère page 82 4.2. Impact sur la présence d’espèces envahissantes page 83

5. Conclusion page 83 CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref

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1. Introduction

L’étude présentée ici concerne des espaces agricoles. Les alpages qui ont servis de site d’étude ont été façonnés par l’activité humaine et le pastoralisme. Il est donc important d’analyser l’impact des dégâts de sanglier sur l’utilisation pastorale.

Les premières parties du rapport traitent de l’impact indirect des dégâts sur les pratiques pastorales, à travers l’estimation des surfaces retournées et l’étude de la résilience de la végétation.

Dans cette cinquième et dernière partie, nous allons nous intéresser plus précisément aux conséquences directes des dégâts de sangliers sur la valeur fourragère des communautés impactées. Les questions posées sont les suivantes :

- Comment évolue la quantité de biomasse après la perturbation ? - Quelle est l’évolution de la valeur fourragère de la repousse

Enfin, le cirse laineux et le vérâtre sont des espèces parfois localement envahissantes à l’échelle des alpages étudiés, qui posent des problèmes de gestion pastorale. Nous étudierons si les perturbations dues aux sangliers facilitent leur développement.

2. Matériels et méthodes