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Impact de l’artificialisation des zones côtières sur l’occupation des sols

ATTRACTIF EN MUTATION

1. La croissance de l’artificialisation sur les littoraux français.

1.2. L’artificialisation de la zone côtière : le littoral victime de son succès

1.2.3. Impact de l’artificialisation des zones côtières sur l’occupation des sols

Entre le desserrement de l’habitat lié à la multiplication des logements individuels et l’utilisation des terres pour l’installation des lotissements périurbains et leurs dessertes, la consommation de la ressource non renouvelable qu’est l’espace disponible sur le littoral est exponentielle. Afin de quantifier les mutations récentes de l’occupation et de l’utilisation des sols sur le littoral français, l’Observatoire du Littoral a réalisé des études statistiques en se basant sur les données françaises du programme CORINE Land Cover.

1.2.3.1. L’occupation des sols sur le littoral métropolitain

Le littoral métropolitain est déjà densément artificialisé. En 2006, 13,8 % des communes littorales sont artificialisées, contre 5,1 % pour la moyenne nationale. La proportion des terres agricoles dans les communes littorales est inférieure à la moyenne hexagonale tandis que la proportion des zones « naturelles et semi-naturelles » (forêts et milieux naturels et semi-naturels associés aux zones humides) y est légèrement surreprésentée (figure 28).

Figure 28 : Occupation des sols en 2006 dans les communes littorales et en France Métropolitaine (Béoutis et al., 2009).

La part respective des terres artificialisées, terres agricoles et zones naturelles et semi- naturelles n’est pas la même selon les façades littorales : les littoraux situés entre la Picardie et la région Poitou-Charentes sont ainsi plus agricoles que la moyenne des littoraux français, tandis que les forêts sont surreprésentées sur le littoral aquitain et dans la région PACA.

L’analyse de l’occupation des sols en fonction de la distance à la mer permet de mettre en évidence la saturation par l’artificialisation des espaces les plus proches du rivage (situés à moins de 500 m du trait de côte). En 2006, les espaces artificialisés y étaient plus importants, à l’inverse des terres agricoles. Plus on s’éloigne du trait de côte et plus la part des territoires artificialisées diminuent, tandis que la proportion des terres agricoles augmente. La part des zones naturelles et semi-naturelles est légèrement plus élevée sur le bord de mer qu’à l’intérieur des terres (figure 29).

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Figure 29 : Répartition des principaux types d’occupation des sols en 2006 en fonction de la distance à la mer (Observatoire du Littoral - SOeS, 2009).

1.2.3.2. Les changements d’occupation des sols sur le littoral métropolitain

La part des territoires affectée par des changements entre 2000 et 2006 est plus importante sur les littoraux (1,75 %) que sur l’ensemble du territoire métropolitain (0,67 %). L’évolution de l’artificialisation dans les communes littorales est plus importante que dans le reste du territoire français (figure 30). L’artificialisation du littoral métropolitain s’effectue essentiellement au détriment des milieux naturels et des terres agricoles. Depuis 1986, les départements littoraux ont perdu 1 700 km² d’espaces naturels et de terres agricoles au bénéfice des espaces artificialisés (DIACT, 2007).

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Figure 30 : Part du territoire affecté par des changements d'occupation des sols, entre 2000 et 2006, par grands types de postes d'occupation des sols (Observatoire du Littoral - SOeS, 2009).

L’analyse des changements d’occupation des sols en fonction de la distance à la côte met en évidence le fait que les espaces les plus proches de la mer enregistrent les changements d’occupation des sols les moins importants. L’artificialisation des sols est plutôt limitée dans la bande située à moins de 500 m du trait de côte, en raison sans doute de la protection instaurée par la loi Littoral dans la bande des 100 m de distance à la côte et dans les espaces proches du rivage59 (cf p.86). Cette artificialisation qui se trouve donc bornée par les dispositifs législatifs dans les espaces les plus proches du trait de côte et par une certaine saturation de l’espace se reporte mécaniquement en arrière du littoral, puisque c’est dans la bande se trouvant à une distance comprise entre 500 et 2 000 m du trait de côte que l’artificialisation du territoire a été la plus forte entre 2000 et 2006, soit 0,42 % (figure 31).

59. La loi Littoral détermine les conditions d’utilisation et de mise en valeur des espaces terrestres, maritimes et lacustres. Elle s’applique aux communes riveraines des océans, mers, étangs salés et plans d’eau naturel ou artificiel de plus de 1000 hectares. Loi d’aménagement et d’urbanisme, elle comporte différents dispositifs visant à protéger le patrimoine naturel et les paysages littoraux. Les plus connus de ces dispositifs sont celui relatif à la maîtrise de l’urbanisation d’une part (non constructibilité dans la bande littorale des 100 m et extension limitée de l’urbain dans les communes littorales) et celui relatif à la protection des espaces et des milieux naturels.

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Figure 31 : Evolution de l’occupation des sols entre 2000 et 2006 en fonction de la distance à la mer (d’après Observatoire du Littoral - SOeS, 2009).

Nous avons vu que les terres agricoles déjà sous-représentées sur le littoral enregistrent un recul de leurs surfaces avec une perte de 24 000 ha entre 1996 et 2006 (DIACT, 2007). L’artificialisation du littoral a très largement contribué à ce recul des terres agricoles. Les milieux naturels littoraux abritent quant à eux des habitats très spécifiques justifiant des mesures de protection appropriées. La sauvegarde de ces milieux spécifiques représente donc un enjeu important pour la protection de l’environnement en France.

L’artificialisation de la zone côtière française ne cesse de croître car elle attire toujours plus de nouveaux résidents. La construction de nouveaux logements est en augmentation ce qui entraîne une importante consommation des terres au détriment des zones naturelles et des terres agricoles. Dans ce contexte, la maîtrise de la construction et la réflexion autour de la capacité d’accueil des espaces littoraux devient progressivement une question centrale (DATAR, 2004 ; Pottier, 2005 ; Pottier et al., 2009). Les gestionnaires et élus cherchent à faire cohabiter des usages et des intérêts parfois divergents, et à appliquer des modalités de gestion et de développement plus économes en ressource spatiale. C’est dans ce sens que depuis environ quarante ans des outils de gestion spécifiques au littoral sont mis au point pour limiter l’impact des pressions exercées par les hommes sur les littoraux français.