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Enjeux du suivi des changements d’occupation des sols pour la zone côtière

3. Les enjeux de recherche concernant les changements d’occupation et d’utilisation des sols dans la zone côtière à

3.3. Enjeux du suivi des changements d’occupation des sols pour la zone côtière

Il existe assez peu d’études concernant les changements d’occupation et d’utilisation des sols dans des espaces situés à l’interface de différents milieux tels que les zones côtières. Les facteurs de changements y sont a priori plus difficiles à identifier et à modéliser, Dans la littérature consacrée aux changements globaux, la question des évolutions susceptibles d’impacter la zone côtière est le plus souvent abordée sous l’angle de l’impact supposé de l’élévation du niveau de la mer. Mais l’étude des changements d’occupation des sols observés sur la zone côtière et leurs impacts locaux est plus rare. Or la zone côtière est un espace convoité, densément peuplé et exploité par les sociétés humaines, et donc soumise à d’importantes pressions anthropiques. Le phénomène le plus couramment étudié dans le cadre des changements d’occupation des sols en zone côtière est l’urbanisation du littoral (Voiron-Canicio, 2007) et de ses conséquences spécifiques sur l’environnement côtier : imperméabilisation des sols et impact du ruissellement sur le cycle de l’eau, rejets d’eaux usées, dégradation de la qualité des eaux côtières et des écosystèmes côtiers (Kleppel et

al., 2006 ; Lee et al., 2006 ; Ucuncuoglu et al., 2006 ; Doney, 2010).

Pourtant le suivi de l’occupation et de l’utilisation des sols en tant qu’indicateur des variations de cette pression humaine d’une part, et en tant qu’indicateur de l’état général du territoire étudié d’autre part, présente de multiples intérêts. A une échelle locale ce suivi peut permettre de disposer d’informations pertinentes pour établir un diagnostic territorial fiable, en cohérence avec les outils de gestion intégrée du littoral (les dispositifs de GIZC impliquent de disposer d’informations spatialisées et d’outils de planification spatiale). Les données et les analyses concernant le suivi des changements d’occupation et d’utilisation des sols de la zone côtière correspondent de fait à un véritable besoin des gestionnaires et acteurs de ces espaces. Le suivi des changements d’occupation des sols en zone côtière permet également d’apporter de nouveaux éléments relatifs au fonctionnement des littoraux, et de mieux cerner les interactions et rétroactions des activités humaines sur cet environnement fragile.

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Conclusion de la première partie

La zone côtière est un espace de projets et de gestion dont les limites sont variables. A défaut de partager une définition unique, les zones côtières du globe présentent des caractéristiques propres à leur nature d’interface entre terre et mer. Leurs écosystèmes diversifiés et très productifs fournissent à leurs usagers de nombreux services, contribuant à leur sensibilité et à leur fragilité. En effet les activités qui s’y déroulent peuvent perturber les équilibres en place, entrainer des conflits d’usages et une vulnérabilité aux aléas de toute nature. Devant la prise de conscience internationale de cette fragilité, il est apparu nécessaire de mettre en place des solutions efficaces pour gérer durablement cet espace sensible et spécifique, et protéger ses ressources et ses richesses. Néanmoins la complexité de la zone côtière, aux enjeux et interactions nombreux et interconnectés, rend sa gestion difficile. C’est le relatif manque d’efficacité des politiques sectorielles qui a fait émerger la GIZC depuis les années 1970, en parallèle à l’apparition d’une conception systémique et holistique de cet espace spécifique.

Dans cette perspective, les indicateurs environnementaux permettent la synthèse, le partage, la mutualisation et la diffusion des informations relatives aux zones côtières, comme le montrent les initiatives européennes (programme Deduce) ou nationales (Observatoire du Littoral). A ce titre, le suivi et l’analyse des changements d’occupation des sols intervenant en zone côtière sont particulièrement intéressants, car ils traduisent les interactions entre l’homme et son environnement. La réalisation d’inventaires réguliers et homogènes des changements d’occupation des sols dans la zone côtière répond en outre à un besoin des acteurs en termes de connaissance, de gestion et d’aide à la décision. De fait, les inventaires de l’occupation des sols dans les zones côtières se sont multipliées ces dernières années à l’échelle européenne, nationale et régionale.

Il est indiscutable que la problématique des changements d’occupation des sols représente actuellement un enjeu majeur pour contribuer à la connaissance des changements globaux. C’est dans ce contexte que les travaux relatifs aux dynamiques mondiales de l’occupation des sols se sont développés, aidés par le développement de l’offre en imagerie satellitaire et les évolutions technologiques relatives à l’extraction d’information à partir de ces images. Si les principaux types de changements d’occupation des sols qui affectent la planète sur de vastes superficies sont relativement bien connus, les changements d’occupation des sols de faible amplitude spatiale et temporelle sont encore mal maîtrisés, en particulier dans des zones d’interface.

On dispose à l’échelle globale de supports (images) et de méthodes éprouvées pour produire une donnée homogène et exploitable, décrivant des changements affectant de vastes superficies. En revanche, à l’échelle locale la production de données homogènes et actualisées est plus complexe. Or il s’agit en France de l’échelle de gestion des territoires, notamment par les collectivités territoriales qui ont pris en charge une grande partie des compétences dans le domaine de l’aménagement depuis années 1980 (lois sur la décentralisation52

52. La loi dite « Defferre » du 2 mars 1982 est considérée comme la première étape de la décentralisation administrative en France.

71 Voynet, Chevènement et SRU53

Concernant la zone côtière, la mise en œuvre de méthodes adaptées aux données disponibles pour l’acquisition d’informations relatives à l’occupation des sols et à son évolution représente un enjeu majeur pour améliorer la connaissance du système côtier et fournir des indicateurs utiles à la GIZC ; la perspective étant d’améliorer l’identification et la hiérarchisation des facteurs de changements en vue d’élaborer des modèles prédictifs ou prospectifs susceptibles de constituer une aide à la décision et à la gestion du système côtier.

). L’offre en données géospatiales s’est étoffée depuis la fin des années 1990 avec la fourniture d’images aux résolutions de plus en plus fines, a priori adaptées à l’extraction d’une information pertinente à l’échelle locale. Les méthodes et les outils destinés à l’exploitation de ces images se sont développés et diffusés en parallèle. On constate cependant que les coûts liés à l’acquisition et au traitement des images notamment satellitaires restent prohibitifs et qu’à l’échelle locale les méthodes « traditionnelles », reposant sur la photo-interprétation de clichés aériens sont les plus utilisées. Leur caractère chronophage et le fait qu’elles soient sources d’erreurs difficiles à estimer rendent très laborieuse la production d’une donnée homogène et exhaustive sur l’occupation des sols à une échelle et avec une fréquence temporelle pertinentes pour répondre aux besoins des gestionnaires. Les méthodes employées pour mettre en évidence des changements d’occupation des sols sont en outre très souvent élaborées au cas par cas en fonction des besoins. Le programme Litto-Mos constitue une réelle avancée en ce qui concerne la production d’une donnée de haute résolution commune et homogène sur la zone côtière française. Il répond en grande partie au besoin identifié par Bersani et al. (2006) de mise à disposition de référentiels typologiques (et terminologiques) nécessaires à l’élaboration de comparaisons multisources. Toutefois l’indisponibilité de données relatives au mode de production et à la qualité limite leur statut d’informations de référence et leur utilisation potentielle. C’est bien l’absence de « référentiel » commun (typologies, méthodologies, algorithmes de traitements) qui pose problème.

53. La loi d’orientation pour l’aménagement durable du territoire (LOADT) promulguée le 25 juin 1999 (dite loi Voynet) crée deux nouvelles entités territoriales : le pays et l’agglomération. La loi relative à la simplification et au renforcement de la coopération intercommunale (dite loi Chevènement) du 12 juillet 1999 donne les moyens aux communes de se regrouper en communauté de communes, en communauté d’agglomération ou en communauté urbaine. Enfin la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbains du 13 décembre 2000 dite loi SRU instaure de nouveaux documents de planification urbaine (SCOT - schéma de cohérence territoriale et PLU - plan local d’urbanisme) fondés sur la notion de projet territorial.

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