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TROISIEME PARTIE – RESULTATS

1. Dynamiques de l’artificialisation

1.1. Dynamiques périurbaines

1.1.1. Précisions sémantiques relatives à la périurbanisation

Depuis les années 1970 en France, le nombre de citadins quittant les communes urbaines pour s’installer dans les communes périphériques a fortement augmenté, contribuant à l’apparition d’un « exode urbain » (Merlin, 2009) des villes-centre vers les communes alentours, et produisant une projection de la ville sur l’espace rural environnant (Laborde, 2005). Le départ des citadins vers les espaces ruraux périphériques prend le nom de « périurbanisation » (dont le sens littéral est « autour des villes »), mais les définitions de ce terme divergent légèrement selon les auteurs. Dézert et al. (1991) donnent une définition spatiale du terme, qui désigne des espaces subissant l’influence et la croissance de la ville- centre, tout en conservant des activités rurales et agricoles, souvent sur la majorité de leur territoire. La ville-centre est reliée à ces espaces par des voies de communication, et il existe entre eux des relations d’interdépendances très étroites. Merlin (2009) utilise plutôt le terme

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« périurbanisation » pour qualifier le mouvement des populations des pôles urbains (villes centres et leurs banlieue) vers les communes classées périurbaines par l’INSEE89

Le terme de « rurbanisation » proposé par Bauer et Roux en 1976 est aussi fréquemment utilisé pour décrire l’éclatement de l’espace urbain vers sa périphérie rurale. Est considérée comme « rurbaine » une commune « proche de centres urbains et subissant l’apport résidentiel d’une population nouvelle, d’origine principalement citadine » (Bauer et Roux, 1976). Merlin et Choay (2009) distinguent « périurbanisation » et « rurbanisation » en intégrant un facteur de distance à la ville-centre. Pour eux, la rurbanisation est « le processus d’urbanisation rampante de l’espace rural, d’imbrication des espaces ruraux et des zones urbanisées périphériques » tandis que la périurbanisation « désigne l’agglomération continue aux franges des agglomérations ». Au regard de ces définitions, nous retiendrons donc le terme de périurbanisation pour désigner l’extension de la ville- centre dans son immédiate périphérie, et réserverons le terme « rurbanisation » aux manifestations spatiales de l’exode urbain plus distantes de la ville-centre (figure 85). Dans les deux cas on observe une occupation discontinue de l’espace (Merlin, 2009).

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Figure 85 : Périurbanisation et rurbanisation selon Merlin (2009).

1.1.2. La périurbanisation autour de Brest

Comme nous l’avons constaté p.182, l’artificialisation se concentre autour des pôles urbains de Brest et dans une moindre mesure de Landerneau sous la forme de couronnes périphériques. La figure 86 permet de vérifier l’hypothèse d’un phénomène de périurbanisation et de rurbanisation autour de Brest, avec la présence d’une couronne d’artificialisation dans le prolongement immédiat de la ville-centre de 1977.

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Figure 86 : Evolution de l’artificialisation entre 1977 et 2003 en périphérie de la ville de Brest.

Cette extension de l’artificialisation « en couronne » autour du bâti de 1977 se vérifie aussi pour les communes du pôle urbain (Plouzané, Guilers, Guipavas, Le Relecq-Kerhuon, Plougastel).

L’analyse de l’évolution de la population entre 1975 et 2007 dans le Pays de Brest éclaire ce constat d’un point de vue démographique. Si la ville de Brest fait figure de pôle urbain majeur au niveau régional avec ses 142 700 habitants en 2007 (cf. p.110), elle en a toutefois perdu 24 100 habitants entre 1975 et 2007. Dans le même temps les communes les plus proches du pôle urbain brestois ont connu une très forte progression du nombre de leurs habitants (figure 87a).

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Figure 87 : Evolution de la population du Pays de Brest entre 1975 et 2007.

Sur la période récente 1999-2007, cette fuite démographique s’est étendue aux communes limitrophes de Brest. BMO a perdu environ 4 580 habitants entre 1999 et 2007, essentiellement au profit des autres EPCI du Pays de Brest (figure 87b). En effet, 90 % de son déficit migratoire s’effectue au bénéfice du reste du Pays de Brest (Bargain et al., 2010). Le jeu des migrations internes entraîne une modification de la répartition de la population du Pays de Brest au sein même du territoire. Ainsi la périurbanisation qui avait d’abord touché les communes de BMO autour de Brest90

1.1.3. Attractivité des EPCI de la façade atlantique

gagne aujourd’hui d’autres EPCI et des communes plus éloignées (figure 87b).

Les EPCI les plus attractives sur la période récente sont la CCPI et la CCPA, qui forment ainsi un arc nord-ouest ouvert sur l’océan et démographiquement dynamique (figure 87b). Entre 1975 et 1999, le taux de croissance annuel moyen de la population de la CCPI était de 1,41 %, et ce taux est presque inchangé sur la période 1999-2007 (1,46 %), ce qui indique que la CCPI est attractive depuis déjà longtemps (tableau 27). Les taux de croissance de la CCPA sont assez proches de ceux de la CCPI (1,38 % entre 1999 et 2007). Les communes les plus attractives de la CCPI sont situées sur le littoral, qui se trouve à moins de 25 kilomètres de BMO. La distance est suffisamment courte pour rendre ce territoire intéressant aux yeux des ménages, car il permet d’associer un cadre de vie agréable et une relative proximité du pôle urbain à des prix fonciers et immobiliers moins élevés que sur le territoire de BMO. Pour la CCPA, les communes les plus attractives sont situées le long d’un axe Gouesnou-Landeda en passant par Plabennec et Plouvien (figure 87a).

90. Entre 1975 et 2007, BMO sans Brest a un taux de croissance annuel de 1,62 %, soit le plus élevé du Pays de Brest (tableau X).

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Tableau 27 : Evolution de la population du Pays de Brest par EPCI entre 1975 et 2007.

La CCPLD et dans une moindre mesure la CCAM connaissent également une croissance démographique, induite par la présence de la route à quatre voies RN 165 qui relie Brest à Quimper. Ce secteur est potentiellement attractif car il constitue un compromis acceptable à mi-chemin des deux zones d’emploi. Pour la CCAM cette nouvelle dynamique de croissance est récente, et elle vient inverser une tendance ancienne de perte d’habitants.

Toutes les communes du Pays de Brest ne profitent pas de la croissance démographique induite par la fuite d’une partie des habitants de BMO vers les communes extérieures. La CCPLCL et la CCPC connaissent une croissance démographique plutôt faible (tableau 27). La figure 87 mettent en évidence ces « angles morts » de la croissance de population dans le Pays de Brest. La faible attractivité de ces territoires est sans doute liée à leur éloignement (en temps de trajet en voiture) de BMO qui demeure le pôle d’emploi majeur du territoire.