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ATTRACTIF EN MUTATION

1. La croissance de l’artificialisation sur les littoraux français.

1.1. La forte croissance démographique de la zone côtière métropolitaine

1.1.1. 10% de la population sur 4% du territoire national

Avec 7 millions de résidents permanents dans les cantons littoraux, les rivages français sont densément peuplés et attractifs, puisque ces mêmes cantons littoraux ont gagné 1 million d’habitants entre 1975 et 2006. En 2006, les départements littoraux métropolitains présentent une densité moyenne de population de 133 habitants par km², contre 111 pour la moyenne française (DIACT, 2007). Cette densité de population passe à 315 habitants par km² pour les communes littorales métropolitaines. Cette tendance à la concentration de la population se poursuit car, entre 1986 et 2006, les départements littoraux ont accueilli 2,3 millions d’habitants supplémentaires, ce qui représente une croissance de 12 %. Ils absorbent à eux seuls 42 % de la croissance de la population française métropolitaine. 22 millions de français y résident de façon permanente, soit 36 % de la population

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métropolitaine. Les communes littorales ont, quant à elles, accueilli 530 000 habitants supplémentaires depuis 1986, soit une croissance de 8,8 %. Elles comptaient en 2006 plus de 6 millions de résidents permanents (DIACT, 2007) (tableau 13).

Tableau 13 : Population des espaces littoraux de France métropolitaine en 2006 (source : INSEE).

La population du littoral français est plus urbaine que le reste de la population française. En 1999, 76 % des habitants des communes littorales vivent dans une unité urbaine, contre 61 % pour l’ensemble de la France. Cette population est globalement plus âgée et vieillit plus rapidement que le reste de la population métropolitaine. Le phénomène est renforcé par une sous-représentation de la catégorie des moins de 20 ans. Les actifs qui s’installent sur le littoral sont plutôt des artisans, commerçants, petits chefs d’entreprise attirés par le potentiel économique, touristique et résidentiel alors que les retraités sont plutôt d’anciens cadres ; l’augmentation des prix du foncier expliquant principalement cette stratification sociale (DIACT, 2007).

1.1.2. Une situation démographique variable selon les façades maritimes

Rapportée à l’ensemble du linéaire côtier métropolitain, la densité de population sur le littoral français est forte, mais elle masque des contrastes et des inégalités importants (figure 21). De fait la densité de population peut atteindre jusqu’à 2 500 habitants par km² dans les Alpes-Maritimes, ou encore 800 habitants par km² dans les Pyrénées-Atlantiques ou dans le Nord, alors qu’a contrario les communes littorales de Corse, des Landes, de Gironde n’ont qu’une densité moyenne de 60 habitants par km², inférieure à la densité moyenne de population en France métropolitaine. L’évolution de la population de ces façades littorales n’est pas uniforme ; des différences d’attractivité existent entre les régions (figures 21 et 22).

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Figure 21 : Densité de peuplement en habitants par hectare de surface communale dans les départements littoraux français en 2006 (DIACT, 2007).

Figure 22 : Evolution de la population des cantons littoraux par façade maritime entre 1962 et 2005 (Béoutis et

al., 2009).

A l’exception du littoral de la Manche et de la Mer du Nord, les façades littorales métropolitaines sont attractives. Les nouveaux arrivants contribuent à la forte croissance de population dans les communes littorales54

54. Les migrations sont responsables de 64 % de l’accroissement de la population des communes littorales (DATAR, 2004).

, entraînant progressivement un effet de saturation de ce territoire restreint.

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1.1.3. Saturation des littoraux et étalement vers l’arrière-pays

Depuis une trentaine d’années est apparue une forme de saturation des fronts littoraux, avec pour corollaire un étalement progressif de la population au bénéfice des communes rétro- littorales. Elles connaissent depuis 1975 un essor démographique et le rythme de croissance annuel de leur population dépasse aujourd’hui celui des communes littorales (figure 23). Ce mouvement de « repli » vers les communes de l’arrière-pays est particulièrement marqué sur le littoral méditerranéen. Il reflète en partie le niveau de saturation urbaine de la zone littorale et la pression foncière démesurée qui s’exerce le long du front de mer, avec pour corollaire une flambée des prix de l’immobilier. A cela vient s’ajouter une dynamique périurbaine importante sur le littoral, et un changement d’échelle récent dans l’étalement urbain, dans le sens où les communes concernées sont de plus en plus éloignées du pôle urbain central, qui est lui-même souvent une commune littorale (DIACT, 2007).

Figure 23 : Evolution de la population comparée des communes littorales, des communes de l’arrière-pays et de la France métropolitaine entre 1962 et 2005 (Béoutis et al., 2009).

1.1.4. Facteurs d’attraction des littoraux français

De manière générale, le littoral fait l’objet d’un « investissement affectif et symbolique » (DATAR, 2004) et attire les résidents permanents pour le cadre de vie agréable qu’il offre même si l’importance de cette dimension varie en fonction des littoraux. Le sondage CSA- MEDD réalisé en juin 2006 à l’occasion des vingt ans de la loi Littoral révèle ainsi que 94% des Français estiment qu’il est important que cette loi existe, et seulement 70 % que « le littoral est bien préservé », confirmant l’importance que la population française accorde au littoral et à sa protection55. Cet « investissement » se traduit par une attractivité croissante (figure 24).

55. Les résultats du sondage et son interprétation sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.ecologie.gouv.fr/Les- Francais-et-la-loi-littoral.html

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Figure 24 : Soldes naturels et migratoires sur le littoral entre 1990 et 1999 (Béoutis et al., 2009).

Si les départements littoraux sont des lieux de villégiature pour personnes âgées, ils sont aussi des espaces de développement à part entière qui attirent les actifs en quête d’emploi. Malgré un taux de chômage supérieur à la moyenne métropolitaine – 17,6 % contre 12,8 % en 1999 – le nombre des emplois, de l’ordre de 8 millions en 2006 dans les départements littoraux, a progressé de 1,3 millions sur les vingt dernières années. Toutes les façades littorales ne présentent cependant pas le même dynamisme : la façade atlantique capte 44 % de cette progression, la Méditerranée 35 % et la Manche-Mer du Nord 25 % (DIACT, 2007). Le dynamisme économique du littoral n’est pas lié aux activités maritimes (pêche, aquaculture, ports…) qui sont en perte de vitesse, mais à l’émergence d’une économie de services et d’une économie résidentielle56