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II La motivation, le sentiment d'efficacité personnelle prépondérant

Deux types d’approches de la motivation avaient été retenues initialement. Le premier donne un rôle prépondérant au contexte, la théorie de l'autodétermination. Le second s'appuie sur les croyances d'agentivité des individus. Ces croyances de l'individu en sa capacité à influencer son propre fonctionnement et son environnement sont sources d'un ensemble de croyances motivationnelles : le sentiment d'efficacité personnelle, les buts d'accomplissement et le sentiment de valeur. L'examen précis de l'influence de ces différentes approches et de ces différentes dimensions, nous a amenés à privilégier les croyances motivationnelles que sont le SEP et le but de maîtrise approche comme facteurs explicatifs des résultats des étudiants.

Le caractère plus ou moins autodéterminé de la motivation ne semble pas un facteur déterminant pour la réussite en fin de semestre. Pensée en termes de contexte d'apprentissage, une approche plus propice à la satisfaction des besoins d'autonomie, de compétence et de relations aux autres n'aurait que peu d'effet sur les résultats. Comme nous le verrons infra dans l'étude du rôle du climat perçu de l'enseignement notamment, cela ne signifie en rien que la satisfaction de ces besoins n'aurait aucune influence sur la réussite académique. De plus, de nombreux travaux sur l'abandon à l'université (L'intégration sociale et académique : motifs de l'intention de persévérer p.38) montrent le rôle du sentiment d'intégration sociale pour la rétention des étudiants. Ce sentiment d'intégration sociale peut s'interpréter comme une mesure de la satisfaction du besoin de relations avec autrui. Ceci tendrait à prouver qu'un contexte d'apprentissage propice à la satisfaction de ce besoin serait bel et bien favorable à la réussite universitaire. Ce supplément de réussite ne s'expliquerait pas par une motivation plus autodéterminée qui favoriserait la réussite académique, elle s'expliquerait plutôt par une plus grande rétention des étudiants.

Les croyances motivationnelles, caractérisées par le SEP, les buts d'accomplissement et la valeur accordée aux UE, montrent bien une influence significative sur les résultats et sur la progression au deuxième semestre. La recherche de parcimonie nous a amenés à ne retenir finalement que le sentiment d'efficacité personnelle et le but d'approche de la maîtrise comme variables caractérisant la motivation. Chez un étudiant d'IUT, l'aspect de sa motivation qui influence le plus ses résultats s'exprime donc par le sentiment d'être capable de tenir la ligne de conduite nécessaire à sa réussite et par la conviction qu'il cherche avant tout à acquérir des compétences, à maîtriser les tâches demandées en faisant un lien clair entre cette acquisition et le fait de fournir des efforts. Les effets positifs du SEP sur la performance académique ont été maintes fois démontrés et s'expliquent en partie par l'utilisation optimale des compétences cognitives acquises (Bandura, 2007). Au delà de cet effet direct sur la performance, le SEP semble bien avoir un effet positif sur un ensemble large de facteurs favorables à la réussite : une orientation vers l'approche plutôt que vers l'évitement des buts d'accomplissement,

II - La motivation, le sentiment d'efficacité personnelle prépondérant

une valeur accrue en tendant à accroître l'importance et à diminuer le coût d'une tâche donnée et enfin un engagement plus marqué des étudiants dans leur apprentissage (Chemers et al., 2001; Neuville et al., 2007). Afficher un but de maîtrise approche signifie qu'apprendre est une fin en soi et qu'il existe un lien clair entre efforts et performance. Ce type de but va par conséquent entraîner un faisceau de réponses adaptatives dont l'autorégulation et l'engagement dans l'apprentissage font partie (Butera & Darnon, 2005; Elliot & Mc Gregor, 2001; Liem et al., 2008; Sarrazin et al., 2006). D'ailleurs, nous avons établi (Encadré 2) que les variables liées à l'engagement viennent complètement médiatiser l'effet du but d'approche de la maîtrise en première année contrairement à ce qui est apparu pour le SEP. Un étudiant ayant pour but d'acquérir des compétences, de maîtriser les tâches demandées aura de meilleurs résultats parce qu'il mettra en œuvre un engagement mieux orienté, en évitant l'apprentissage en surface et en régulant davantage ses efforts et son environnement.

Enfin, si la motivation permet d'expliquer des différences de progression entre les étudiants au second semestre, toutes choses étant égales par ailleurs, il ne semble pas en être de même en seconde année ou au quatrième semestre. Les croyances motivationnelles montrent un effet sur la progression au deuxième semestre mais ne contribuent pas à expliquer les écarts entre étudiants en seconde année ou au quatrième semestre. En cela, les effets de la motivation et de l'engagement sur les résultats semblent connaître le même type d’atténuation en seconde année. Pour la motivation, les différences de progression peuvent se comprendre comme l'aboutissement de cycles vertueux vs délétères pour les résultats. Un SEP élevé amènera de meilleurs résultats, notamment grâce à une utilisation plus optimale des compétences acquises. Les expériences actives de maîtrise renforcent à leur tour ce SEP qui amène à un fonctionnement plus adapté et propice à de meilleurs résultats, ainsi de suite. Au contraire, un SEP plutôt faible amène des résultats en dessous des capacités réelles de l'individu, ce qui tend à diminuer encore son SEP etc. Comme pour l'absence d'effet de l'engagement dans la progression en seconde année, l'argument d'une élasticité décroissante de la moyenne de fin de semestre en fonction du temps pourrait être repris ici. La spirale de l'échec entraînera la disparition des étudiants les plus faibles de l'échantillon, limitant de facto les écarts à la baisse. Aussi vertueuse que puisse être la spirale de la réussite, elle ne permet une progression sans fin. Ainsi, la motivation permettrait de progresser jusqu'à atteindre une situation « optimale » vis-à-vis du système formé par le contexte académique et social du département et les acteurs qui le composent. Toutefois, le cycle SEP – résultats pourrait être mieux approché par l'étude de modèles de croissance, ce type de modélisation permettrait de percevoir l'influence des différentes variables sur l'évolution du SEP des individus durant les 4 semestres successifs et notamment lors du passage en seconde année.

III - La perception du contexte académique, l'importance de l'implication enseignante

III - La perception du contexte académique,