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2. Cadre théorique

5.2 Hypothèses

5.2.3 Hypothèses C – Maintien des performances

L’hypothèse C1, concernant le maintien des performances en complétives suite à l’entraînement grammatical, est validée. En effet, les trois groupes d’enfants (TSA, TDL et DT) n’ont pas montré de différence significative en comparant leurs scores obtenus en post-test immédiat et en post-post-test différé, soit après une période de quatre à six semaines sans entraînement. Cela montre alors que le gain acquis en maîtrise des complétives au cours de l’entraînement grammatical perdure à long terme. Ces résultats témoignent de l’efficacité de l’entraînement dispensé par l’application DIRE, car les enfants issus des populations cliniques (TSA et TDL) ainsi que les enfants tout-venant (DT) montrent une meilleure maîtrise des complétives. Cette compréhension reste présente suite à la fin du travail intensif avec ces enfants. Cette application pourrait alors être mise à disposition des logopédistes dans la prise en charge des populations cliniques lorsque ceux-ci présentent des difficultés liées à la syntaxe des complétives. Cela permettrait une intervention spécifique, intensive et ludique dans le but de remédier à leurs difficultés dans ce domaine.

L’hypothèse C2, concernant le maintien de la compréhension de fausse croyance suite à l’entraînement grammatical, est partiellement validée. En effet, les enfants avec TDL et DT n’ont pas montré de différence significative en comparant leurs scores obtenus en post-test immédiat et en post-test différé. Cela montre alors que le gain acquis en maîtrise des complétives ainsi qu’en compréhension de FC au cours de l’entraînement grammatical perdure à long terme. En revanche, chez les enfants présentant un TSA, alors qu’ils avaient montré un gain entre le pré-test et le post-test immédiat, les scores obtenus en post-tests immédiat et différé sont significativement différents. Cela montre alors qu’en prenant en compte l’entièreté

des enfants avec TSA, il n’y a pas de maintien des nouvelles acquisitions en FC. Afin de trouver une hypothèse explicative à ce résultat, nous avons procédé à des analyses supplémentaires pour voir comment se distribuaient leurs scores (cf. Annexe V). Ainsi, nous pouvons constater la présence d’une variabilité interindividuelle importante entre les différents scores des enfants avec TSA. En effet, certains augmentent leurs performances, d’autres les maintiennent et, enfin, plus de la moitié des enfants les diminuent. Parmi ces derniers, certains n’obtiennent aucun point aux items de FC en post-test différé. Cette variabilité ainsi que les scores globaux, moins élevés en post-test différé qu’en post-test immédiat, impliquent alors que les performances sont statistiquement moins bonnes après un mois sans entraînement. Nous pouvons nous demander si les enfants présentant un TSA nécessitent un entraînement plus long que celui que nous avons proposé pour qu’ils aient le temps de fixer leurs nouvelles acquisitions et que leurs performances perdurent dans le temps. De plus, il pourrait être intéressant d’impliquer davantage les parents afin qu’ils puissent utiliser l’application DIRE à domicile et que l’entraînement soit alors plus intensif.

5.3 Analyses exploratoires

Nous nous sommes interrogées sur les raisons pour lesquelles certains enfants ne montrent pas de progression aux tâches de FC. Afin de proposer des pistes de réponse, nous avons alors réalisé de nombreuses analyses exploratoires. Dans ce mémoire, nous en avons retenu trois que nous présentons et développons ci-dessous.

5.3.1 Influence des compétences précédant la compréhension des FC Notre première hypothèse postulait que les enfants n’ayant pas montré d’amélioration au post-test immédiat étaient ceux qui n’avaient pas encore acquis les compétences précédant la compréhension des FC. Bien que nous pensions trouver une corrélation entre le score obtenu au mini-test en pré-test et le gain acquis suite à l’entraînement grammatical, nous n’observons pas de corrélation significative au sein des trois groupes de participants (TSA, TDL, DT). Cette hypothèse est alors infirmée. Cela suggère qu’il n’y a pas de lien entre les compétences précédant la compréhension de la FC, évaluées par le mini-test en pré-test, et la progression aux FC acquise au cours de l’entraînement grammatical. Cet élément est cependant à nuancer.

En effet, le score au mini-test obtenu par un enfant ne pouvait pas excéder six points. De plus, pour chaque item, il y avait deux propositions de réponses, ce qui équivaut à dire, en termes de

probabilité, que l’enfant a une chance sur deux de répondre correctement, même s’il n’a pas compris la situation présentée, s’il est inattentif ou s’il a donné une réponse au hasard. Nous pouvons alors en déduire que les enfants qui avaient les moins bonnes compétences en TdE avaient statistiquement trois points. Ainsi, il est difficile de distinguer les enfants ayant des compétences précédant la compréhension de la FC qui sont déficitaires de ceux chez qui ces compétences sont acquises. Dans ces conditions, il est alors difficile, voire impossible, de conclure à une corrélation significative. Il serait cependant intéressant de proposer aux enfants un mini-test contenant plus d’items et avec trois possibilités de réponses, comme au sein de l’entraînement, afin de déterminer si un lien peut être trouvé entre les compétences précédant la compréhension de la FC et le gain que les enfants acquièrent au cours de l’entraînement.

5.3.2 Influence de la sévérité de l’autisme (CARS)

Notre deuxième hypothèse postulait que le gain obtenu par les enfants TSA au post-test immédiat dépendait de la sévérité de leurs troubles autistiques. En effet, nous observons un effet significatif au sein des enfants avec TSA qui ont suivi l’entraînement grammatical. Cela suggère qu’il y a un lien entre la sévérité de l’autisme, évaluée grâce au questionnaire CARS (« Childhood Autism Rating Scale », Schopler et al., 1980), et la progression aux FC acquise au cours de l’entraînement grammatical. En d’autres termes, plus le degré de sévérité de l’autisme est élevé, plus il sera difficile pour ces enfants d’améliorer leurs performances en FC au cours de l’entraînement grammatical. À nouveau, ce résultat nous indique que les enfants avec TSA, et en particulier ceux ayant un degré de sévérité d’autisme élevé, nécessitent d’avoir un entraînement précoce, de longue durée et d’intensité importante afin qu’ils puissent bénéficier davantage de l’entraînement et acquérir une compréhension optimale des FC (Klintwall et al., 2015). Afin de déterminer si ce type d’entraînement est pertinent dans la prise en charge des enfants atteints d’autisme sévère, il serait intéressant de poursuivre la réflexion avec des analyses plus fines, telles que la mise en évidence d’une possible différence de progression, que les items soient verbaux ou non verbaux, pour déterminer quel est le profil d’enfants avec TSA qui bénéficient à long terme de cet entraînement grammatical. Cela permettrait aux professionnels de sélectionner au cas par cas les enfants pour lesquels cette application serait adaptée.

5.3.3 Influence de la place du mot interrogatif dans la phrase

Notre troisième hypothèse postulait que la position du mot interrogatif dans la phrase pouvait influencer la compréhension de l’enfant et, par conséquent, ses performances aux tâches de FC. Bien que nous nous attentions à obtenir un effet, nous n’observons pas de résultat significatif au sein des trois groupes de participants ayant suivi l’entraînement grammatical (TSA, TDL, DT). Cela suggère qu’auprès de nos participants, il n’y a pas de différence de performances, que le mot interrogatif soit présenté en début de question ou qu’il soit à la fin au sein des tâches de TdE verbales. Notre hypothèse est alors infirmée. En ce qui concerne les enfants avec TSA, nos résultats ne vont pas dans le sens de ce qui était observé par Durrleman et al. (2016). En effet, les auteurs avaient montré que ces enfants avaient moins de difficultés à comprendre les questions où le mot interrogatif se trouvait à la fin (in situ). Cependant, afin de nuancer cela, bien qu’à première vue nos résultats ne vont pas dans le même sens que ceux précédemment mis en évidence, en y regardant de plus près, les items n’étaient pas de même complexité. En effet, dans l’étude de Durrleman et al. (2016), les interrogatives étaient plus complexes que celles présentes dans notre étude.

D’après les résultats obtenus dans notre étude, la présence ou non d’un mouvement syntaxique du mot interrogatif n’a pas d’influence sur les performances de l’enfant à trouver la réponse attendue en FC. En effet, ils n’obtiennent pas de meilleurs scores aux items verbaux si la phrase est présentée selon l’ordre canonique (in situ) ou pas (ex situ). Ces résultats ont été observés auprès de nos trois populations d’intérêt en pré-test ainsi qu’en post-test. La participation à l’entraînement semble alors n’avoir aucune influence sur cette variable.

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