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2. Cadre théorique

3.3 Procédure

3.3.3 Entraînements

3.3.3.1 Entraînement grammatical (expérimental)

L’entraînement grammatical (expérimental) débute cinq à dix jours après les pré-tests.

L’entraînement est intensif et constitué d’un total de neuf à vingt-quatre séances, réparties comme suit : deux à trois séances de trente minutes par semaine, sur une durée de trois à huit semaines. Les séances s’effectuent au domicile de l’enfant ou à l’école.

Durant cette période, nous observons les progrès de l’enfant et mettons fin à l’entraînement si la progression stagne (quand les scores atteignent le plafond lors d’au moins trois séances consécutives), ce qui explique la variabilité du nombre total de séances.

L’étude est fondée sur l’utilisation de l’application DIRE (« Différencier Idée et Réalité par Exercices », Durrleman, Da Costa, & Delage, 2016) créée spécialement pour cette étude.

Cet entraînement sur iPad permet de travailler la syntaxe de manière ludique, et, plus particulièrement les phrases complétives, qui sont importantes pour le développement de la TdE.

Cette application est composée de cinq types d’activités, que nous détaillons ci-dessous.

Systématiquement, l’application corrige et encourage l’enfant. Ainsi, en cas de réponse erronée, un feedback explique à l’enfant la raison pour laquelle ce n’était pas correct. À l’inverse, l’application le félicite par des applaudissements en cas de bonne réponse.

Aussi, afin de maximiser l’apprentissage des phrases complétives, il est régulièrement demandé à l’enfant de les répéter. En effet, la capacité à répéter une structure syntaxique est corrélée à la maîtrise de cette dernière en langage spontané (Connell & Stone, 1992).

Enfin, puisqu’il s’agit d’un entraînement de type clinique, nos reformulations en tant que logopédistes/thérapeutes sont nécessaires pour animer la séance et ne pas laisser l’enfant seul devant la tablette.

3.3.3.1.1 Activité 1

La première activité, adaptée du programme « Laureate Learning Systems » (Language for Theory of Mind, 2013), contient des phrases complétives (entre crochets) impliquant un verbe à l’infinitif, par exemple « rire » ou « pleurer ». Deux scènes relativement similaires sont présentées à l’enfant et ce dernier doit alors sélectionner le personnage qui fait l’action.

Par exemple : « Sophie voit [un bébé en train de rire] et Anna voit [un bébé en train de pleurer]. Qui voit [un bébé en train de rire] ? Anna voit [un bébé en train de rire]. Qui voit [un bébé en train de rire] ? ». L’enfant doit alors donner sa réponse en cliquant sur Anna ou sur Sophie, comme illustré par la Figure 7. Si l’enfant tarde à sélectionner une proposition, l’application répète la question en faisant clignoter la réponse attendue.

Figure 7. Illustration de la première activité de l’application DIRE.

3.3.3.1.2 Activité 2

La deuxième activité contient des phrases complétives (entre crochets) impliquant un verbe conjugué, par exemple « voit », « va », « ouvre ». Cette structure de phrase implique une valeur de vérité, c’est-à-dire que ce qui est rapporté par le personnage peut représenter soit la réalité, soit sa croyance. Dans cette activité, l’enfant doit choisir la réponse qui correspond aux dires du personnage, et donc au contenu de la complétive.

Par exemple, voici une scénette illustrant la réalité, grâce à une phrase complétive avec valeur de vérité vraie : « Regarde, la maman a faim. Elle veut manger. Elle dit [qu’elle voit une pomme] qui a l’air très bonne. Elle dit à sa fille [qu’elle va manger la pomme]. Quand la fille voit la pomme, elle lui répond : cette pomme a l’air très bonne. J’aimerais aussi manger une pomme. La maman a dit quoi à sa fille ? Oui, c’est ça ! La maman a dit [qu’elle voyait une pomme] et [qu’elle allait la manger]. »

Voici la Figure 8, illustrant cette fois-ci un malentendu, grâce à une phrase complétive avec valeur de vérité fausse : « Regarde, la maman a faim. Elle veut manger. Elle dit [qu’elle voit une pomme] qui a l’air très bonne. Elle dit à sa fille [qu’elle va manger la pomme]. Mais la fille voit [que c’est une balle rouge], ce n’est pas une pomme. Alors la fille lui dit : tu ne peux pas manger ça ! Tu as dit [que c’était une pomme], mais regarde, c’est juste une balle rouge. La maman a dit quoi à sa fille ? Oui, c’est ça ! La maman a dit [qu’elle voyait une pomme] et [qu’elle allait la manger]. »

Figure 8. Illustration de la deuxième activité de l’application DIRE.

3.3.3.1.3 Activité 3

Inspirée de l’entraînement de Hale et Tager-Flusberg (2003), la troisième activité implique un seul personnage qui décrit une situation par du discours direct, soit de façon exacte, soit de façon inexacte. Deux illustrations apparaissent ensuite sur l’écran et l’enfant doit

sélectionner ce qui a été énoncé par le personnage. Les propositions de réponse sont systématiquement accompagnées de bulles de parole pour fournir une visualisation appropriée de ce que le personnage dit.

Voici une scénette, illustrée par la Figure 9, dans laquelle le personnage décrit la situation de façon exacte : « Regarde, je fais un câlin à mon doudou. » Le participant voit Jeanne faisant un câlin à son doudou. « Jeanne dit quoi ? ». Il doit alors cliquer sur la bonne image. « Très bien ! Jeanne dit : je fais un câlin à mon doudou5. Et Jeanne fait vraiment un câlin à son doudou. Tu peux répéter ? Jeanne dit : je fais un câlin à mon doudou. »

Figure 9. Illustration de la troisième activité de l’application DIRE.

Voici une scénette, illustrée par la Figure 10, dans laquelle le personnage décrit la situation de façon inexacte : « Regarde, Tom est en train de jongler. J’entends maman m’applaudir. » Le participant voit le papa applaudir. « Tom dit quoi ? ». Il doit alors cliquer sur ce que Tom a dit. « Oui, c’est ça ! Tom dit : j’entends maman m’applaudir. Mais en fait, c’est le papa qui applaudit Tom. Tu peux répéter ? Tom dit : j’entends maman m’applaudir. Mais en fait, c’est le papa qui applaudit Tom. »

5 Notons que Köder, Maier, et Hendriks (2015) ont mis en évidence que ce type de structure « X dit : Y » (discours direct) implique un traitement similaire à celui des phrases complétives « X dit [que Y] » (discours indirect), c’est-à-dire la capacité à se mettre à la place du personnage pour interpréter la phrase de manière correcte.

Figure 10. Illustration de la troisième activité de l’application DIRE.

3.3.3.1.4 Activité 4

La quatrième activité est composée de trois sous-types d’items, de niveaux différents formant une progression.

Le premier sous-type comporte des phrases simples pour décrire une situation et l’enfant doit ensuite choisir entre deux illustrations. Comme illustré par la Figure 11, il voit apparaître à droite de l’écran une chaussette sous le lit et, à gauche, un serpent sous le lit.

L’enfant entend la phrase : « Il y a un serpent sous le lit. Montre-moi. » et doit sélectionner l’image de gauche.

Figure 11. Illustration de la quatrième activité de l’application DIRE.

Le deuxième sous-type présente deux images. L’une illustre la proposition subordonnée ([Y]) contenue dans la phrase complétive (« X dit [que Y] »). L’autre illustre la phrase complétive dans son entièreté, montrant un personnage relatant la situation au moyen d’une bulle de parole. Ces items ont pour but de permettre à l’enfant d’associer le contenu de la complétive et la bulle de parole. Comme illustré par la Figure 12, il voit à droite de l’écran une brosse à cheveux cachée derrière un buisson et à gauche, un indien avec une bulle de parole contenant la même brosse à cheveux derrière le buisson. L’enfant entend la phrase « L’indien

dit [qu’il y a une brosse à cheveux derrière le buisson]. Montre-moi. », et doit alors cliquer sur l’image de gauche.

Figure 12. Illustration de la quatrième activité de l’application DIRE.

Notons que les objets présentés sont visuellement proches (serpent/chaussette, brosse/hérisson, etc.), afin de montrer à l’enfant qu’il est possible de se tromper lorsque les choses se ressemblent (distracteurs visuels). Ceci peut donner lieu à une complétive fausse.

Le troisième sous-type présente deux images décrites par des phrases complétives « X dit [que Y] ». Les personnages sont accompagnés d’une bulle de parole qui illustre leur propos et l’enfant doit distinguer ce que chacun dit au sujet de la situation. Par exemple, il voit à droite de l’écran la maman disant qu’elle boit du café et à gauche, la maman disant qu’elle boit du lait. L’enfant entend alors la phrase « la maman dit [qu’elle boit du café]. Montre-moi. » et doit cliquer sur l’image de droite.

3.3.3.1.5 Activité 5

Dans la cinquième activité, l’enfant entend des phrases complétives avec valeur de vérité vraie ou fausse. Un personnage raconte avec une bulle de parole ce qu’un autre individu est en train de faire, de façon exacte ou inexacte, et l’enfant doit juger si la phrase complétive est juste ou fausse.

Prenons l’exemple illustré par la Figure 13 suivante : « La fille ouvre son cadeau. Tom dit [que la fille ouvre son cadeau]. Est-ce qu’il a raison ? ». L’enfant doit cliquer sur le smiley qui fait « oui » de la tête, ou qui fait « non ». « Oui, c’est ça ! Tom dit [que la fille ouvre son cadeau]. À toi, répète ! Tom dit [que la fille ouvre son cadeau]. »

Figure 13. Illustration de la cinquième activité de l’application DIRE.

3.3.3.1.6 Activités complémentaires

Dans le but d’enrichir les apprentissages afférents à l’utilisation de l’application DIRE, les enfants ont été confrontés à d’autres activités, hors application. Lors de chaque séance d’entraînement, nous avons utilisé des jouets pour permettre aux participants de généraliser l’utilisation des complétives à un matériel différent et ainsi consolider leur compréhension de ces structures.

3.3.3.2 Entraînement lexical (contrôle)

L’entraînement lexical (contrôle) débute cinq à dix jours après les pré-tests.

L’entraînement est intensif et constitué d’un total de neuf à vingt-quatre séances, soit trois séances de trente minutes par semaine, sur une durée de trois à huit semaines. Les séances s’effectuent au domicile de l’enfant ou à l’école. Durant cette période, nous observons les progrès de l’enfant et adaptons l’entraînement lexical à ses besoins.

Nous avons utilisé diverses applications déjà existantes sur iPad pour cet entraînement contrôle : Apprends-moi des mots, Flashcard, Bitsboard, Français FEL, et Animaux (cf.

Annexe IV). Ces applications ludiques permettent de travailler de manière intensive le vocabulaire et d’augmenter ainsi le stock lexical de l’enfant. Le but étant de pallier les difficultés spécifiques de chaque participant, nous avons parfois créé sur Bitsboard un matériel personnalisé afin d’entraîner des items précis. Aussi, nous avons proposé des situations de jeu hors tablette afin de consolider l’apprentissage.

À ce stade, il est important de préciser que l’entraînement lexical se calque sur l’intensité et la fréquence de l’entraînement grammatical. L’entraînement contrôle est donc un

entraînement alternatif permettant d’exclure la possibilité qu’une éventuelle amélioration des scores suite à l’entraînement grammatical soit liée à l’intensité de l’entraînement et au contact de l’expérimentateur. Ainsi, suite à l’entraînement contrôle, nous ne nous attendons pas à observer une amélioration en TdE.

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