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Chapitre 3 : El Pueblo Du cypher dans la ville au Pueblo Monde

1) Le Hood, le Cypher et le Chapter

- Du Gang à la nation Zulu : l’émergence du Hip Hop à la fin des années 70’

« Ça y est, Mesdames et Messieurs, le Bronx brûle », annonce Howard Cosell en cette fraîche nuit d’octobre 1977. Une heure avant l’ouverture du deuxième match des World Series au Yankees Stadium, un feu s’est effectivement déclaré dans une école publique abandonnée à quelques pâtés de maisons du stade, d’où s’échappent vers le ciel d’épaisses volutes de fumée noire. Avant cette nuit, et de fait depuis 1953, le futur du South Bronx pouvait se lire dans le paysage urbain. Le Sud du Bronx a été coupé du Nord par la Express Highway, l’autoroute construite et planifiée par Robert Moses entre 1948 et 1972, qui a permis l’exode des familles de classes moyennes blanches vers le nord. À la fin des années 1960, la plupart de ces familles blanches ont quitté le du Sud du Bronx, laissant place à une population pauvre sans cesse grandissante d’afro-américains, d’afro-caribéens et de latino-américains.

En ce mois d’octobre 1977, le South Bronx est investi par plusieurs gangs de rues, tels les Chagaling, les Black Falcons et les Sauvage Nomads au nord, les Ghetto Brothers, Young Immortal et Savage Skulls au sud et les Turbans, Javelins et Savage Immortals à l’est194. Les Ghetto Brothers comptent mille membres et constituent le gang le plus puissant du South Bronx195. Leur président, Papi, et leur vice-président, Yellow Benjy, font partie de la même famille d’immigrants portoricains qui ont remplacé les immigrants italiens ou irlandais arrivés plusieurs décennies plus tôt. En 1971, la violence inter-gangs a atteint son apogée, et les

194 Voir Chang, Jeff. Can’t Stop, Won’t Stop: A History of the Hip Hop Generation. New York: St. Martin’s

Press, 2005. ; Schneider, Eric C. Vampires, Dragons, and Egyptian Kings: Youth Gangs in Postwar New York. Princeton, N.J.: Princeton University Press, 1999.

Ghetto Brothers ont convoqué les chefs des plus gros gangs pour négocier une trêve. Celle-ci

a réconcilié, pour un temps, les gangs noirs et latinos du South Bronx ; mais c’est l’engagement personnel du président des Black Spades, Bam Bam, qui aura quelques années plus tard un impact bien plus profond sur le South Bronx. Seigneur de guerre des Black Spades, le jeune Afrika Bambaatta est recruté par Bam Bam pour ses talents de rassembleur. En 1975, Bambaatta lance la Zulu Nation, fer de lance dans l’organisation de soirées, les

Block Parties196, qu’il préside. Il est le seul capable de réunir dans une même fête des gangs de différents quartiers. Ces fêtes sont au cœur de la culture Hip Hop197 ; elles regroupent Dj- ing, MC-ing, Break dancing et graffiti198, et elles sont les lieux de rencontre des différents acteurs de la scène Hip Hop. Se multipliant dans d’autres boroughs de New York199, ces « fêtes au coin de rue» jouent le rôle de catalyseur de la jeunesse, qui organisée en crews200, s’y affronte dans des jouxtes verbales (rap) ou de danses (break dancing). Quelques deux décennies plus tard, en 1996, c’est cette même Zulu Nation qui se joindra aux efforts des Ñetas et Latin Kings dans la United Families Coalition.

196 Les block parties sont des fêtes qui ont lieu à un coin de rue. Le block peut être traduit en français par îlot. 197 Le Hip Hop a émergé de deux pratiques différentes, les blocs parties et les mixtapes. Comme l’indique

Maher, la notion d’auto-production est cruciale au début du mouvement Hip Hop. Les mixtapes sont un élément de cette culture d’auto-production puisqu’il s’agit de cassettes audios produites et vendues sur les coins de rue par les rappers eux-mêmes. Cette dimension d’auto-production sera essentielle plus tard pour les Ñetas quand ces derniers écrieront et produiront leur propre histoire et leur livre (le Liderato). Maher, G. C. “Brechtian Hip Hop: Didactics and Self-Production in Post-Gangsta Political Mixtapes.” Journal of Black Studies Journal of Black Studies 36, no. 1 (2005): 129–60.

198 Ces quatre éléments forment les quatre piliers du mouvement Hip Hop

199 Une polémique entoure cependant la désignation du lieu de naissance du Hip Hop. Pour certains, ce serait à

Brooklyn, alors d’autres affirment que c’est le South Bronx. Cette polémique révèle surtout la rivalité entre les deux bouroughs de la ville, et les rappeurs qui les représentent.

Carte 2: 15 plus importants gangs dans le Bronx- années 1970

Source  :   Carte réalisée à partir du livre Chang, Jeff. Can’t Stop, Won’t Stop: A History of the Hip Hop Generation. New York: St. Martin’s Press, 2005 et de l’entretien avec Papi, président des Ghettos Brothers le 24 avril 2012.

1 km

Cross Bronx Express Highway

Yankee Stadium N 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 1. P.O.W.E.R. 2. United Lord 3. Gestapo Crew 4. Savage Immortal 5. Black Assassins 6. Turbans 7. Javelins 8. Ghetto Brothers 9. Chagaling 10. Savage Nomads 11. Brothers and Sisters of the Revolution 12. Young Saigons 13. Savage Skulls 14. The Night Walkers 15. The Young Immortal

- Pour la défense du Turf201 : du crew à la guerre de gangs

Avant que Spade ne devienne un Ñetas, puis plus tard le leader de la première Junta central de New York appelée Tri State, il faisait partie d’un crew.

MARTIN : Il y avait pas mal de gangs dans le Barrio [quartier de East Harlem] quand tu étais

adolescent [dans les années 1980] ?

SPADE : C’était pas… c’était pas énorme comme c’était diffusé dans les années 1960. Quand j’ai grandi, il y avait quelques gros gangs. J’ai commencé avec les Bull Busters… les Bull

Busters Gang, j’avais 14 ans, et ils étaient centrés dans Upper West Harlem, dans la zone de

Washington Heights, sur la 131e rue…. Puis il y avait la Zulu Nation, qui était énorme à ce moment là, et puis… c’était une dynamique différente de celle des sixties. C’était plus la danse, les gangs, ou des groupes de danse qui reformulaient nos appartenance… moi j’étais plus un bodyguard, j’étais pas vraiment un gros danseur. Mais, plus en force… tu vois. C’était bizarre, parce que c’était toujours à propos des turfs, toujours à propos des blocks… mais on avait pas les couleurs, on avait pas les vestes comme ils avaient dans les années 60… mais par ici, dans West Harlem, c’était project contre project, block contre block… c’étaient des bastons, mais pas au nom de gangs réellement.

MARTIN : Plus crews ?

SPADE : Quand le Break dance est tombé, des crews ont commencé à se former, et parmi ces crews de danse, tu avais déjà des blocks… des crews de blocks…. Donc peut-être que 2 ou 3 blocks se joignaient pour devenir un dance crew… et quand les lieux où danser étaient

blindés de danseurs… alors là... ça devenait violent. Des tonnes de combats, même en dansant202.

La culture Hip Hop - dans laquelle ont baigné les Ñetas dans les années 1980 et 1990 - a émergé comme une pratique culturelle située dans une configuration spatiale particulière, les

blocks parties, où la question du territoire est primordiale. Organisées par les Dj et protégées

par les gangs locaux, les Blocs parties offraient des espaces de fête dans le même temps qu’elles marquaient un territoire particulier, appartenant au gang. Le turf (et sa défense), est

201 Le Urban Dictionnary définit ainsi le concept de Turf : « Une place qu’un groupe ou un gang définissent

comme leur, en général un quartier./ Une zone dont les gangs de rue se disent propriétaire. »

central lors de ces fêtes et dans le mouvement Hip Hop plus généralement. Grandmaster Flash, un des premiers Djs de la scène musicale du South Bronx dans les années 1980 explique ainsi au sociologue Forman : « On avait des territoires. C’était … Kool Herc avait le

côté Ouest et Bam détenait Bronx River. Dj Breakout avait tout en haut jusqu'à Gun Hill »203. Ces territoires dessinent alors une géographie urbaine alternative, établie parmi les acteurs de la scène Hip Hop, en fonction des appartenances de gangs et de l’autorité de ces groupes dans les zones urbaines en question. Nielson note que cette appartenance territoriale était déjà centrale dans la culture des gangs de New York des années 1970, d’où a émergé le Hip Hop et qu’elle a caractérisé les performances Hip Hop elles-mêmes204. Le terme de posse, repris dans les textes de rap par exemple, qui définit une unité et une identité collective ancrées dans un lieu, vient de la culture des gangs jamaïcains205. L’expansion et l’arrivée de ces gangs, dénommés les posses, dans New York, coïncident avec l’émergence du rap dans la ville. Beaucoup de rappeurs chantaient leur appartenance aux posses, ainsi qu’à des identités de quartier spécifiques206. Les graffers recouvraient de leur signature un territoire particulier, comme signe d’appartenance et de possession. Les danseurs s’affrontaient crew contre crew lors des soirées, représentant leur quartier ou leur immeuble, à l’intérieur du cypher, le cercle de danse, où le danseur montrait son savoir faire. Le cypher représentant lui-même un territoire à conquérir. MC, Djs, Rapper, danseurs ou encore graffeurs étaient pris dans une bataille et une défense de l’espace, de l’échelle du cypher à celle du quartier, où les crew s’affrontaient les uns aux autres. Mais ensemble, ils étaient plus largement engagés dans une bataille pour l’espace public, en conflit constant avec les autorités de la ville. Par ailleurs, comme l’indique Tricia Rose, les rappeurs, avec leurs chansons sur les posses, crew et turf ont ramené la question du ghetto dans la conscience publique207. Avec leur Sound System, les

Blocs Parties ont donné une visibilité à ces territoires désaffectés et désinvestis par l’Etat.

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203 Cité par Forman, 2000 ; 66, Forman, Murray. “‘Represent’: Race, Space and Place in Rap Music.” Popular Music  : A Year Book, 2000.

204 Nielson, E. “‘Can’t C Me’: Surveillance and Rap Music.” Journal of Black Studies Journal of Black Studies

40, no. 6 (2010): 1254–74.

205 Voir Gunst, Laurie. Born Fi’ Dead: A Journey through the Jamaican Posse Underworld, 1995. Le posse

correspond au gang en Jamaïque.

206 Expliquant par ailleurs les guerres entre le South Bronx et Brooklyn autour de l’origine du Hip Hop.

207 Rose, Tricia. Black Noise: Rap Music and Black Culture in Contemporary America. Hanover, NH: University

Né en 1975 à Brooklyn dans le quartier de Sunset Park, Dips a 38 ans quand je le rencontre. Enfant aventurier, il a participé à la fin des années 1980 au mouvement Hip Hop qui secoue New York, et il s’est impliqué dans la partie graffiti du mouvement. Influencé par des graffeurs plus âgés de Sunset Park à Brooklyn, tel que Dune, Casio 192 et FUK, il se forge un alphabet208 et commence à peindre les trains qui depuis Brooklyn remontent vers Manhattan, son quartier d’affaire et ses rues commerçantes, puis s’enfoncent toujours plus au Nord vers le South Bronx. C’est aussi l’époque des crews et Dips organise le sien, nommé FOD pour

Faces of Death ou plus tard Freedom of Design et finalement Friends of Dips.

MARTIN : Mais ces crews, ils étaient connectés aux gangs ?

DIPS : Tu sais, tous les crews se battaient les uns contre les autres… pour des guerres de graf, quand un graffiti recouvrait le tien [cross you over], que tu devenais trop populaire, les gens devenaient jaloux, te mettaient à l’épreuve. J’imagine que tu peux appeler ça un gang, mais on n’était pas organisé comme un gang… en tout cas, on se voyait pas comme un gang. Mais… bon… ouais, y’en avait qui étaient vraiment des gangs quoi. Nous on était un crew, on était connu comme un crew… mais bon, y’avait clairement des bagarres, et on a été pris dans de grosses bastons avec d’autres crews209.

À l’âge de 16 ans, DIPS est arrêté pour coups et blessures lors d’une bagarre dans le métro et il est envoyé 6 mois à la prison pour mineurs de Rikers Island. C’est là qu’il entend pour la première fois parler des Ñetas et de leur lutte pour les droits des prisonniers. Mais ce n’est qu’une fois revenu chez lui, en 1992, qu’il décide d’entrer dans le chapter de Sunset Park. C’est le premier street chapter qui voit le jour à Brooklyn ; il est ouvert au début des années 1990 par d’anciens détenus de Rikers Island qui décident de maintenir les liens tissés en prison. À Sunset Park, les Ñetas organisent alors l’entretien des espaces publics, la sécurité des programmes péri-scolaires et ils nettoient les murs remplis de graff de la 5e avenue. Mais, le groupe entre aussi en guerre contre d’autres gangs présents sur le même territoire, comme les Papi Chulos, les LPC ou les Latin Kings.

DIPS : Donc il y avait des conflits entre nous tous, et parfois… des guerres. Parce que… une personne avait un problème avec une autre, et que certains se faisaient harceler ou tabasser et

208 Un Alphabet, pour un gaffeur, est la façon particulière de peindre les lettres, de sorte que ses messages soient

identifiables par tous.

tirer dessus ou poignarder… Il y avait des réponses à cela… un chaos qui ne pouvait être défait. Une fois que tu t’engages là-dedans, dans les deux sens, des vengeances, personne n’arrête jusqu'à ce que quelqu’un se fasse descendre.

Le 29 mars 2013, Dips accepte de m’accorder un entretien et me donne rendez-vous à Sunset Park. Il fait étonnamment doux pour cette fin d’hiver et depuis le banc où nous sommes assis, nous pouvons voir la baie de New York où débute l’île de Manhattan. Le belvédère accueille une rangée de bancs et un parc de jeux pour enfants, donne une vue plongeante sur le pont de Brooklyn. Se dessine au loin, comme sorti d’une épaisse forêt d’immeubles, l’Empire State Building. Le vent vient de se lever et je protège le micro de mon enregistreur pour obtenir un son audible210. C’est Dips qui a tenu à venir là pour réaliser l’entretien. C’est à cet endroit qu’en 1995, un jeune Ñeta du nom de Eddy Rosa fut poignardé à mort alors qu’il était pris dans une bagarre entre les Norteños et les Sudeños, deux gangs mexicains se faisant la guerre dans le quartier. En représailles, le chapter de Dips entra en conflit avec les deux gangs mexicains, ce qui déboucha sur une « guerre raciale » 211 entre portoricains et mexicains.

Depuis, c’est un lieu de rassemblement pour les Ñetas qui y organisent leur Grito, fête spirituelle, où y viennent occasionnellement déposer des bougies, boire quelques bières et fumer des blunts212.

Les Ñetas apparaissent dans les rues de New York au début des années 1990, au moment où la culture Hip Hop est en pleine expansion. La plupart des membres baignent dans cette culture et contribuent à la produire. Dips dans le graffiti, Spade dans les crews de danseurs. Bebo est incarcéré à Porto Rico à cause d’une participation à une bagarre dans une Block

Party. Se construisant autour de cette culture Hip Hop, les Ñetas ont incorporé certaines de

ses valeurs et de ses modes d’organisation, telle que l’importance accordée au territoire, elle- même dérivée des gangs des années 1970. Aussi, au début des années 1990, les chapters Ñetas s’organisent autour de territoires très spécifiques. Bebo ouvre un chapter à Castel Hill, alors que Spade rejoint un de ceux de Brooklyn tout en en organisant un autre à Washington Heights, dans le nord-ouest de Harlem. Dips participe au chapter de Sunset. Chaque chapter est indépendant, et les membres ne rendent de comptes qu’à leur président. Dans le South

210 Entretien du 19 mars 2013 avec Dips. Dips est le seul Ñetas (ex-membre dans son cas) qui a signé de son vrai

nom le papier de demande d’entretiens du certificat éthique (le certificat éthique étant une obligation dans les universités canadiennes pour toute recherche traitant avec des humains). J’ai cependant décidé de changer son nom aussi, afin de préserver son anonymat.

211 Selon Dips. Entretien du 19 mars 2013.

Bronx existe jusqu’en 1996 une trentaine de chapters, disséminés dans différents quartiers. Certains ne représentent qu’un coin de rue, alors que d’autres sont plus importants et s’étalent sur plusieurs blocs. Les Ñetas, à ce moment spécifique de leur histoire, pourraient correspondre à des street corner gangs tels que les définit White dans son travail sur Boston au début des années 1950213, des gangs de coin de rue, inscrits dans une localité particulière, protégeant leur territoire contre d’autres gangs.

Ainsi, structure, origine et valeurs sont identiques dans les chapters de Brooklyn, de Harlem ou du South Bronx, mais les groupes évoluent de manière autonome. Ces valeurs sont elles- mêmes une hybridation inspirée de la lutte de Carlos et de l’organisation récente du mouvement Hip Hop.

- Cypher et conception substantielle de la démocratie

C’est au peuple (el pueblo) de voter et de décider qui sera son président214. Avant l’organisation de la Junta central -à New York comme à Barcelone- les élections se font au niveau de chaque chapter uniquement, indépendamment des autres.

À ce moment de son histoire, ce processus démocratique qui organise La Asociación est proche de ce que Cornell West qualifie de conception substantielle de la démocratie215. Selon cet auteur, cette conception particulière de la démocratie est liée à la façon dont les africain- américains - mais j’extrapole ici à l’ensemble de la population vivant dans les ghettos - ont dû répondre à la « terreur raciale », en protégeant non pas uniquement leurs droits et leurs libertés, mais en promouvant aussi les notions de « self-respect » et « dignity » dans la sphère publique et privée. Opposée à ce que West nomme une démocratie de mascarade, les Africains-américains auraient construit une forme substantielle de démocratie, non réductrice aux formes de gouvernement mais liée à une façon d’être (way of being). Le jazz, comme mode d’action symboliquement démocratique, serait pour West la métaphore de cette conception particulière de la démocratie où l’individu poursuivrait une voie/x personnelle, une forme unique d’expression, dans un contexte de coopération avec les autres, et où chacun occuperait une place spécifique tout en alimentant la performance collective. C’est dans cette performance que les « individus racialisés, ou les individus soumis à une pression raciale »

213 C’est W.White, sociologue de l’école de Chicago, qui le premier utilise cette notion lors de son étude des

gangs de rue, s’organisant autour d’un coin de rue, à Boston. Voir : Whyte, William Foote. Op. Cit., 1955.

214 Voir chapitre 8 pour plus de détails sur les règles

215 West, Cornel. Race Matters. Boston: Beacon Press, 1993.

———. Democracy Matters: Winning the Fight against Imperialism. New York: The Penguin Press, 2004. ———. Tragicomique Amérique: démocratie et impérialisme. Paris: Payot, 2005.

pourraient expérimenter pouvoir et fierté, conserver leur dignité et se battre pour leur respect. Pour West, le jazz est un mode d’action symboliquement démocratique. Dans le Hip Hop, le

cypher est un espace conceptuel où se développe une conscience de ces enjeux. C’est un

espace hors de la loi et du temps où les danseurs s’expriment librement et performent en même temps une certaine manière d’être ensemble. Le mouvement Hip Hop s’est par ailleurs construit sur l’innovation du sampling, la mise bout à bout de plusieurs échantillons de musique afin de former une nouvelle trame sonore. Dans ce processus, les rappeurs utilisent le