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Du chapter/capítulo à la Junta central : centralisation et circulation

Chapitre 3 : El Pueblo Du cypher dans la ville au Pueblo Monde

2) Du chapter/capítulo à la Junta central : centralisation et circulation

Au début des années 1990, s’ouvre une deuxième période dans le développement et La

Asociación, marquée par plusieurs processus de centralisation, de retour aux valeurs

politiques d’origine, de légalisation des groupes et d’internationalisation. L’histoire du

chapter « ‘74 » permet de comprendre comment, à New York, le processus de centralisation

participe d’une transformation profonde du rapport au territoire et de l’identité du groupe.

- 1994-2000 : Le chapter « ‘74 »

MARTIN : Mais pourquoi ton premier chapter était à Castle Hill ?

BEBO : Parce que je vivais là. Les membres de mon chapter aussi. Tout le monde vivait à 5 ou 7

blocs de distance

En 1992, Bebo ouvre son premier chapter dans le quartier de Castle Hill, à l’extrémité Est du Bronx. Il s’appuie sur les lettres de son frère et d’un Ñeta plus âgé, tous deux incarcérés dans la prison de Rikers Island, qui attestent qu’il est un Ñeta et qui soutiennent son initiative. Au début, le chapter ne comprend que quatre personnes, Bebo qui en est le président, Kayla qui deviendra plus tard sa femme et la présidente du groupe, Pablo et Papi. Ils seront rejoints notamment par Dani, Cano et Leo, de sorte qu’à la fin de 1992, le groupe compte une quinzaine de membres. Bebo est le plus âgé et la plupart ont entre 16 et 18 ans. Tous vivent dans le quartier et les réunions se tiennent au sous-sol de la maison des parents de Bebo, C’est Bebo qui a proposé le nom de ‘74, en hommage à l’émeute en 1974 de la prison La princesa à Porto Rico dont Carlos La Sombra fut un meneur.

En 1992, plusieurs chapters ont déjà vu le jour dans le Bronx : Soundview, le chapter basé dans le parc de Soundview, proche de celui de Bebo ; Hunts Point plus à l’Ouest, Pueblo

Uno, l’un des premiers chapters ouverts dès 1990 ; Webster, et 164 & Park dans le quartier de

Melrose et Pueblo Bayamon plus au Nord, au delà de la Cross Bronx Express Highway. À partir de 1993, le nombre de chapters dans le South Bronx s’accroît, avec à l’Est Prospect, St

Marys, Pueblo 5, à l’Ouest 170 Ogden, 167 & Woodycrest et jusqu’à Van Cortlandt Park,

bien plus au Nord de la Bronx Express, 204 Mosholu et 181 Valentine. Au total, 33 chapters217, réunissant entre 500 et 700 membres pour le South Bronx seulement, ont été crée entre 1990 et 1993. Le nombre de membres varie selon les groupes. Le Pueblo ‘74 est l’un des plus petits, avec une quinzaine de membres, contre une grosse cinquantaine pour 204

Mosholu. Éparpillés sur l’ensemble du Bronx, les 33 chapters sont réunis dans la Junta du

Bronx, l’organisme qui regroupe et chapote tous les Ñetas du Bronx et veille à maintenir le contact entre eux. Entre 1990 et 1993, chaque chapter est identifié à un territoire, que ce soit un coin de rue, comme le Pueblo Webster, à l’intersection de Webster Av et de la 168e rue, une station de métro, comme le Pueblo Simpson, un parc ou même un quartier comme le

chapter Hunts Point. Les membres habitent dans la zone d’influence du chapter, qui peut

s’étaler sur plusieurs blocs. Le chapter « tient » alors un territoire où les membres traînent (hang out) entre eux et organisent leurs réunions.

Carte 3: Chapters Ñeta ouverts en 1992 et 1993 dans le Bronx

Source  :  Carte réalisée avec Bebo lors de l’entretien du 25 avril 2015. Seuls les dix-neuf chapters dont Bebo se rappelait l’emplacement sont représentés sur les trente-trois qui ont existé dans le South Bronx entre 1990 et 1994.

Yankee Stadium

Cross Bronx Express Highway

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. F. F. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 1. Chapter ‘74 2. Soundview 3. Hunts Point 4. Pueblo Uno 6. Bayamon 8. 164 & Park 7. Webster 5. Simpson 1992: N 19. Z. Z. F. Familia Z. Zulu Gangs ennemis: 9. Prospect 10. St Marys 11. Pueblo 5 12. 167 Woodycrest 13. 170 Odgen 14. Tremont Marmion 15. Featherbed Lane 16. 181 Valentine 17. 204 Mosholu 18. Poe Park 19. Concourse 1993 : 1 km

Le chapter’74 est l’un des chapters les plus à l’Est du South Bronx. Il est encerclé par des gangs importants. À l’Ouest, la Zulu nation contrôle toute la Bronx River Avenue depuis la Cross Bronx Highway jusqu’à Sound View Park. Plus au Sud la Familia a pris pour territoire (turf) les projects « Castle Houses » bordant la Wetchester Creek. En 1994, lorsque India, une membre du Pueblo Tremon & Marmion est fauchée en pleine rue par une balle de 38 milimètres, la Familia est soupçonnée d’avoir déclaré la guerre aux Ñetas. À plusieurs reprises, des Ñetas organisent des expéditions punitives, allant jusqu’à retrouver les domiciles des membres de la Familia. Les bagarres de rues (turf wars) sont fréquentes entre 1990 et 1994. La plupart des membres sont jeunes, certains encore scolarisés, et les disputes qui éclatent à l’école se poursuivent dans le quartier, poussant à des affrontements entre gangs rivaux. Entre 1990 et 1995, Zulu, Familia, Ñetas et Latin Kings s’affrontent violemment dans les parcs, les halls d’immeubles ou les cours d’écoles.

Parce qu’il est l’un des seuls Ñetas lorsqu’il ouvre le chapter ‘74, Bebo décide d’orienter les activités du petit groupe autour de l’enseignement de la philosophie Ñeta et de l’histoire de Carlos. Les réunions sont qualifiées de « conciencia », processus par lequel les non-initiés apprennent l’histoire de La Asociación et des luttes portoricaines à New York et sont poussés à transformer leur façon de vivre pour respecter les principes de vie de Carlos La Sombra218. Petit à petit, le chapter se soude et forme l’un des chapters du South Bronx les plus réputés pour la sagesse et les connaissances de ses membres. C’est auprès de lui que certains présidents des chapters adjacents se tournent pour demander conseil. Remarqué par la Junta du Bronx, le chapter ‘74 est pris en exemple pour sa bonne organisation. Bebo est promu au poste de secrétaire, aux côtés de Mafia, le président de la Junta qui est aussi président du

chapter Soundview, proche de ‘74. En 1994, les deux chapters décident de s’unir pour

agrandir leur territoire, qui s’étale alors sur l’ensemble de East Bronx. Mafia démissionne de son poste de président et la place revient à Bebo qui décide de garder le nom ‘74 pour le nouveau chapter. Le lieu des réunions se délocalise sur Longfellow Avenue où l’un des membres du chapter est gardien d’immeuble. Grâce à son accès aux projects, les Ñetas organisent leurs rencontres dans une cave puis dans un appartement vide, au quatrième étage. Par mesure de protection, certains membres sont postés sur les toits pour donner l’alerte en cas de descente de la police ou de gangs ennemis. La Junta du Bronx organise aussi des

universal, rencontres où tous les membres des chapters sont présents et où sont discutés les

événements récents et les décisions prises par la hiérarchie. Ces réunions ont lieu dans des parcs, comme Hunts Point, d’où il est facile de s’enfuir et de semer la police.

En 1994, une nouvelle Junta central est créée, regroupant la Junta du Bronx, celle de Manhattan, de Brooklyn, du Queens et de Staten Island. Baptisée Tri State, elle chapeaute l’ensemble des deux mille Ñetas new-yorkais. Chaque membre de la Junta du South Bronx siège aux réunions mais une dizaine de membres seulement ont une position dans la comitiva

ejecutiva, c’est-à-dire la hiérarchie exécutive comprenant un président, un second, un asesor,

un vocal, un chef disciplinaire, un trésorier et un secrétaire. Ces derniers sont élus à la majorité par l’ensemble des membres des chapters new-yorkais. Les discussions ont lieu régulièrement, dans un lieu privé connu des seuls membres. Y sont discutées les actions à entreprendre, les sanctions prises contre les membres n’auraient pas respecté le règlement219 et les problèmes internes à régler. La Junta central est en lien direct avec le leadership de Porto Rico, par une correspondance postale et par des émissaires. À partir de 1994, la Junta

central va peu à peu s’imposer dans le paysage des chapters new-yorkais en intervenant

directement sur leur organisation et leur vie quotidienne. Bebo en est élu secrétaire dès sa constitution et fort du succès de son union avec le chapter de Soundview, il propose de réorganiser et de restructurer l’ensemble des chapters du Bronx, en regroupant les plus petits. Entre 1994 et 1995, les 33 chapters passent à 26 puis à 21 pour n’être plus que treize. Certains des plus petits sont fermés, comme Bayamon ou Simpson et leurs membres sont redirigés vers d’autres chapters. Dans le même temps, fort de sa position hiérarchique à la Tri State, Bebo dénonce les actes de gangstérisme commis par une frange du groupe dans le South Bronx et ailleurs. L’unification des chapters permet entre autres au leadership de la Junta central un contrôle accru sur les membres et leurs activités. Des chapters comme celui de « Prospect » sont fermés par la Tri State parce que ses membres vendent de la drogue au coin de rue. Les membres sont punis ou exclus de La Asociación et contraints de rejoindre d’autres chapters. Le processus de regroupement se poursuit : le chapter ’74 s’unit avec celui de Hunts Point et de Simpson, occupant désormais tout l’Est du South Bronx. Ses réunions se délocalisent une nouvelle fois, et se tiennent désormais à Hunts Point. En l’espace de trois ou quatre ans, ‘74 est devenu l’un des plus importants chapters du South Bronx, à la fois en membres et en influence. Ses membres viennent maintenant de toutes les parties du Bronx, bien au-delà de son territoire d’origine ; les chapters n’ont de fait plus d’appartenance territoriale de proximité. Ils ne sont plus restreints à un ou plusieurs blocs et leurs activités se délocalisent.

D’autre part, leurs membres peuvent venir de différentes parties du Bronx, voire d’autres

boroughs. Il ne s’agit plus de représenter ni même de défendre un territoire d’autant plus qu’il

est exigé par la Junta central que les chapters ne prennent plus comme nom celui de leur quartier.

BEBO : On a enlevé nos identifications territoriales. A cause de nos ennemis et de

l’administration qui pouvaient savoir d’où on venait et où on vivait.

MARTIN : Mais qu’est-ce qui faisait la différence entre un chapter et un autre du coup ?

BEBO : Ce n’était plus le turf, c’était la personnalité…

[marque une pause]

Et puis, les chapters régionaux ont cessé d’exister. Ce n’était plus une question de turf, mais du mouvement. Ça a vraiment été un changement d’état d’esprit220.

Dans ce processus d’unification et de restructuration, la plupart des chapters du South Bronx perdent leur identification territoriale et sont obligés de changer de nom. La centralisation du groupe en une Junta central, la Tri State, accompagnée par le regroupement des chapters, permet à ses leaders d’accroître leur pouvoir. Le nombre réduit de chapters permet de mobiliser les membres plus aisément et de contrôler l’ensemble groupe. Les chapters qui refusent de s’unir sont laissés de côté. S’ils entrent en guerre contre d’autres groupes, ils ne peuvent plus compter sur l’aide de la Tri State ou même des chapters voisins. En 1995, le

chapter de Prospect s’oppose violement aux Latin Kings. Le chapter ‘74 lui refuse toute aide,

bien qu’officieusement, ses leaders ouvrent des négociations avec les Latin Kings pour apaiser la situation.

Carte 4: Unification des chapters Ñeta en 1994 et 1995 dans le Bronx

Source : Carte réalisée avec Bebo lors de l’entretien du 25 avril 2015. Seuls les neuf chapters dont Bebo se rappelait l’emplacement sont représentés sur les treize qui ont existé dans le South Bronx en 1994-1995.

Yankee Stadium

Cross Bronx Express Highway

1. Chapter ‘74 2. Pueblo por Siempre 3. Pueblo de Corazon 4. Pueblo De Verdad 5. Pueblo de los Hijos 6. Pueblo Consciencia 7. Pueblo Revolution 8. Pueblo Isla 9. Pueblo Mosholu N 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Nouveau chapter unifié Universal Église accueillant les Gritos Légende 1 km

En se regroupant ainsi, les Ñetas se déterritorialisent et perdent une certaine forme d’identité territoriale. Le turf, qu’il fallait défendre des envahisseurs, n’est plus ; d’où une transformation identitaire préfigurant la paix entre les grandes familles, réalisée plus tard sous l’égide de la United Family Coalition. Cette centralisation représente un basculement fondamental dans l’histoire des Ñetas à New York et elle permet le passage d’une structure de type street corner à une structure plus centralisée et plus hiérarchisée, qui mènera, entre autres, à la pacification, mais qui présidera surtout à la réaffirmation de la lutte politique comme ciment du groupe.

SPADE : En 1992-1993, j’ai été approché par un gars appelé Panama, un ex du Young Lord. Et

depuis ce jour a commencé la transformation de street Ñeta en cette force politique dans New York. Avant cela, il y avait plein de chapters dans les rues, pleins d’activités, mais pas de cette façon221.

En s’éloignant des guerres de turf, les Ñetas peuvent s’ouvrir à la recomposition politique proposée par leurs leaders, dont Spade, Splinter et Bebo. De fait, le nouveau rapport au territoire transforme jusqu’à l’identité gang du groupe. Une forte centralisation permet aussi aux leaders d’imposer ce nouveau cap, avec plus ou moins de coercition. Mais elle donne aussi plus de force au groupe, qui, plus uni, investit en masse les manifestations organisées contre la brutalité policière. Il n’y a plus de territoire à défendre, ce qui réduit considérablement –mais pas complétement- les possibles guerres entre gangs. La transformation du rapport à la ville se lit jusque dans les usages des membres eux-mêmes. Les

Universals, les réunions générales, accueillent ainsi l’ensemble des Ñetas de la ville dans

différents lieux, Harlem, Brooklyn et jusqu’au Nord du Bronx. Pour autant, sans le turf et ses guerres, les Ñetas perdent un point central de leur raison d’être. C’est à partir de ce moment, grâce à l’appui et l’apport intellectuel de Panama Alba et Richie Perez, que les Ñetas « re- découvrent » leur passé politique et la raison des luttes de Carlos La Sombra, leur leader mythique. Cette déterritorialisation induit une transformation interne, à savoir le retour aux principes politiques de Carlos, suivi par une remise en cause de la structure de leur vie communautaire. Fort de son unification avec deux autres chapters, le chapter ’74 continue ses séances de convivencia qui ont lieux cette fois-ci dans les terrains de jeu et les parcs. En tant que président, Bebo défie les jeunes Portoricains sur ce qu’ils savent de leur propre culture, les obligeant à repenser leur relation avec leur identité portoricaine et leur enseignant

l’histoire de La Asociación. Le chapter ‘74 devient une plateforme d’éducation informelle et « d’éducation de conscience » 222.

Si la dimension éducative est présente dès le début de l’implantation des Ñetas à New York - notamment par le travail de transmission des prisonniers de Rikers Island ayant été Ñetas à Porto Rico auprès de jeunes portoricains vivant à New York- le chapter ’74 systématise le principe d’éducation des membres par les présidents de chapters. Il s’agit d’apprendre aux membres l’histoire de Carlos, mais aussi l’histoire coloniale de Porto Rico. Ce « retour à l’essence » du groupe, comme l’appellent les membres, est chapeauté par la Junta central . L’usage même de l’espace en est changé, puisqu’il ne s’agit plus de « tenir le bloc », mais de tenir des réunions éducatives, nécessitant un espace calme, à l’écart, voire tenu secret de la police et des autres groupes, où les membres peuvent s’asseoir en rond.

Avec l’organisation d’une Junta central, c’est aussi le fonctionnement démocratique qui se trouve transformé et institutionnalisé, puisque tous les membres de New York se réunissent pour élire le président de la Junta. Il ne s’agit plus de laisser les membres de chaque chapter faire comme bon leur semble, mais de mettre en place un système de contrôle et de formalisation en s’assurant que chaque groupe respecte les mêmes principes. Ce formalisme existait déjà partiellement malgré l’aspect éparpillé des chapters dans le Bronx : pour ouvrir un chapter dans le début des années 1990, Bebo doit demander l’autorisation (la « green light ») et des lettres de références aux deux présidents Ñetas en prison223. Cependant, alors que la démocratie recouvrait jusqu’à présent une dimension substantielle, existentielle, plaçant le « way of being » au cœur de l’identité Ñetas, le besoin d’élections claires pour éviter les conflits pousse à formaliser les procédures électorales et l’organigramme de l’organisation. De fait, la profusion des chapters permettait une grande variété d’interprétations et laissait libre court à plusieurs voix individuelles et collectives dans la polyphonie Ñetas. Les collectifs Ñetas, se définissant surtout par la défense du turf, pouvaient être pluriels. Le début des Ñetas à New York, entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, est marqué par une forme d’hybridité entre plusieurs cultures politiques et organisationnelles. Celle du Hip Hop, ouverte à une constante forme d’improvisation et marquée par un usage substantiel de la démocratie, celle des prisons, très hiérarchique mais aussi très cloisonnée, où les blocs de cellules sont autogérés, avec peu de contact entre eux. Alors que la Junta central s’impose, une nouvelle culture politique se construit. Chaque position élective est circonscrite dans ses fonctions. Chaque membre de La Asociación peut

222 Selon Bebo, Entretien du 5 avril 2012. 223 Sur la question du droit voir chapitre 8.

demander la démission d’un leader, un vote ou la rédaction d’une minuta, plainte qui doit être enregistrée par la Junta central et qui gèle les positions de ceux contre qui elle a été émise. Ce pouvoir de contrôle s’accompagne de la mise en place d’une structure très hiérarchique (probablement empruntée à celle des prisons) et centralisée au niveau de la ville. Tout ce changement redéfinit l’appartenance aux Ñetas.

Cette nouvelle vision n’est toutefois pas adoptée par tous et le groupe se scinde en deux à partir de 1995-1996 : le Queens et une partie de Brooklyn d’un côté, et le Bronx, Manhattan et le reste de Brooklyn de l’autre. Suite à cela, fatigués des frictions avec les factions rivales plus axées sur le gangstérisme, les principaux leaders de la Junta central de New York démissionnent. L’organisation centrale se délite peu à peu. La tri-State disparaît au profil d’une Junta central à l’échelle du Bronx, Manhattan et Brooklyn. Finalement, les chapters se désunissent. Le chapter ‘74, dont beaucoup de membres avaient acquis des positions clefs dans la Junta central, est en perte de vitesse. Certains abandonnent le groupe, dont Bebo qui quitte New York pour Porto Rico, et le chapter est finalement fermé.

BEBO : Vers 1995-1996… plus ou moins… c’est devenu l’anarchie, la structure est devenue

faible, avec la scission des boroughs et le départ des leaders, ça a donné une opportunité à certains de devenir plus forts. Plus gangsters… dans le passé, cette personne aurait été un soldat, un guerrier, pas dans le leadership… C’était plus facile de travailler à l’unification avec toutes les familles [dans la United Family Coalition] que de nous unir à nouveau après ça. On a perdu beaucoup de membres. Le nombre s’est rétréci de 80%, facilement224.

Au début de la décennie 2000, Bebo revient de Porto Rico et il reconstitue un chapter qu’il nomme Freedom. Beaucoup d’anciens membres du chapter ‘74 le rejoignent. Bebo s’unit à un chapter de Harlem et à un autre chapter du Bronx. Ce nouveau chapter n’est pas lié à un