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DE L'HOMME-MÉDECINE WINNEBAGO

Je viens d'en haut et je suis sacré. Ceci est ma seconde vie sur terre. De nombreuses années avant cette existence présente je vi-vais sur la terre. A cette époque-là, tout le monde semblait être

sur le sentier de la guerre. Au cours d'une de ces expéditions je fus tué. Il me paraissait cependant avoir seulement trébuché. Je me levai et j'allai droit devant moi jusqu'à ce que j'eusse atteint ma maison. À la maison je trouvai ma femme et mes enfants, mais ils ne voulurent pas me regarder. J'adressai alors la parole à ma femme, mais elle ne sembla pas avoir notion de ma présence.

« Qu'est-ce qu'il y a, me dis-je, à moi-même, pourquoi ne fait-on pas attention à moi et pourquoi ne me répondent-ils même pas quand je leur parle ? » Tout-à-coup il me vint à l'idée que je pouvais bien être mort. Je me dirigeai immédiatement vers l'endroit où j'avais probablement dû être tué et, bien sûr, je trouvai là mon corps. C'est alors que je sus pour de bon que j'avais été tué. J'es-sayai de retourner là où j'avais vécu de mon vivant, mais je ne pus y parvenir.

Une fois je fus transformé en poisson. En une autre occasion je devins un petit oiseau, puis ensuite un bison. Après avoir été bison, je fus autorisé à aller dans le pays des esprits supérieurs d'où j'étais venu. Celui qui a charge de cette terre des esprits est mon grand-père. Je lui demandai la permission de retourner sur terre.

Il refusa d'abord, mais lorsque je le lui eus demandé quatre fois, il finit par m'y autoriser. Il me dit : « Mon petit-fils, tu ferais bien de jeûner avant ton départ et, si quelque esprit a pitié de toi, tu peux aller et vivre en paix sur la terre. » Je jeûnai pendant quatre ans et tous les esprits d'en-haut, même dans le quatrième ciel, ap-prouvèrent ma venue. Ils me bénirent. Ils me dirent que je réussi-rais toujours [99] dans mes projets. Ils décidèrent alors de mettre mes pouvoirs à l'épreuve. Ils placèrent un esprit ours invulnérable à un bout de la hutte et chantèrent la chanson que je devais entonner à mon retour sur terre. Je marchai alors autour de la loge tenant un charbon ardent dans la paume de ma main et je dansai autour du foyer disant : wahi-i et frappant la main contenant la braise avec mon autre main. L'ours invulnérable tomba à plat sur le sol et une substance noire coula de sa bouche. Ils me dirent : « Tu l'as tué. Tu as même été capable de tuer un si grand esprit. Rien ne pourra se mettre en travers de ton chemin. » Ils prirent l'ours que j'avais tué et le découpèrent en petits morceaux avec un couteau, entas-sèrent ces pièces de viande au milieu de la hutte et les couvrirent

avec une matière noire. « A présent, dirent-ils, tu dois de nouveau mettre ton pouvoir à l'essai. » Je leur demandai les objets dont je devais user, et ils me donnèrent une flûte et une calebasse. Je me fis sacré. Je marchai autour des objets entassés au centre de la loge et je soufflai sur eux. Je fis cela quatre fois et l'esprit ours se leva et s'en alla sous forme humaine. « C'est bien, dirent-ils, Il l'a ressuscité. Il est certainement sacré. » Ensuite ils me dirent de nouveau : a Ce que tu as accompli ici tu pourras le refaire ici-bas.

Chaque fois que tu le voudras, tu pourras tuer une personne ou la ressusciter. »

Ils placèrent une pierre noire dans la hutte du chaman qui se trouvait en haut. Ils mirent encore une fois mes pouvoirs à l'épreu-ve. Je soufflai quatre fois sur la pierre et j'y fis un trou. C'est pour cette raison que si quelqu'un est malade je n'ai qu'à souffler sur lui pour chasser son mal. Peu m'importe la maladie, mon esprit a été sanctifié par les esprits.

Les esprits de dessus et de dessous la terre mirent aussi mon pouvoir à l'épreuve. Ils placèrent un vieux tronc pourri devant moi.

Je soufflai sur lui quatre fois, je crachai de l'eau sur lui et il se re-leva sous forme d'un être humain et il s'en alla.

Mon talent à cracher de l'eau sur les gens que je traite me vient d'une anguille, du chef des anguilles qui vit au centre et au plus profond de l'océan. Chaque fois que je crache de l'eau, elle est inexhaustible, car elle me vient d'elle, de l'anguille.

Lorsque j'arrivai sur cette terre, j'entrai dans une cabane où je naquis une seconde fois. Comme je l'ai dit, je croyais pénétrer dans une cabane, mais en fait j'entrais dans le sein de ma mère.

Même dans mon existence prénatale, je n'ai jamais perdu conscien-ce. Je grandis et souvent je me livrai au jeûne. Tous les esprits qui m'avaient béni autrefois m'envoyèrent encore une fois leur béné-diction. Je peux dicter ma volonté à tous les esprits qui existent.

Tout ce que je dis se réalise. Le tabac que vous et mes clients m'offrez, je ne l'emploie pas moi-même. Il est pour les esprits.

IV - L'INITIATION