• Aucun résultat trouvé

LEURS FONCTIONS

Retour à la table des matières

Dans le chapitre précédent nous avons parlé de la personnalité du chaman et de l'homme-médecine pour autant qu'elle se reflétait dans les descriptions et les analyses qu'eux-mêmes tracent de la façon dont ils ont acquis leur pouvoir et dans les objectifs qu'ils se proposent. Le caractère du magicien apparaîtra encore plus distinctement lorsque nous examinerons plus en détail sa méthode et les occasions dans les-quelles on a recours à lui. Ces deux aspects sont si inextricablement entremêlés qu'il ne sera pas toujours possible de les distinguer.

La technique du magicien est une simple application à un autre indi-vidu de l'analyse qu'il a faite de lui-même et des différentes crises mentales par lesquelles il a passé. Le principe est simple, comme nous l'avons vu : souffrance, isolement, un état de transe ou son équivalent symbolique et un retour à la normale, une réintégration. Tout le monde connaît les maux fondamentaux et constants de la vie : la maladie et

l'insécurité économique. Tout individu pouvait au moins comprendre la cause de la misère matérielle et l'affronter, mais la maladie le dérou-tait et il se sendérou-tait impuissant en face d'elle. C'est alors qu'il éprou-vait le besoin d'un autre être, de quelqu'un qui fût qualifié pour l'ai-der. Voilà pourquoi le chaman était avant tout un médecin et un guéris-seur. Sa nature de névrosé lui était utile en ces circonstances, car n'était-il pas lui-même, en un certain sens, périodiquement malade ? Il différait du reste des hommes, cependant, moins en raison de sa men-talité anormale et pathologique, que par le pouvoir qu'il avait de se guérir lui-même.

Un vieil Esquimau raconta à Rasmussen que jadis il n'y avait pas de chaman. Seule la maladie existait à cette époque et ce fut la peur de la maladie et des souffrances qui créa, qui fit surgir le premier chaman officiel. Les êtres humains, disait-il, ont toujours craint la maladie.

Acceptons la déclaration du vieillard et demandons-nous quels étaient ces pouvoirs en dedans et en dehors du chaman qu'il jugeait nécessai-res pour effectuer une cure. En aucun cas, même pas dans les [112]

tribus les plus simples, la cure n'était effectuée par quelque pouvoir miraculeux inhérent à la nature intime du magicien ou acquise du simple fait de son initiation. Le don de guérison était toujours dérivé. Ici en-core notre vieil Esquimau vient à notre aide pour nous dire la nature et les limites de sa profession avec une admirable clarté : « Ce n'est pas suffisant, dit-il, pour un chaman, d'être capable d'échapper à lui-même et à son entourage. Ce n'est pas suffisant de pouvoir extraire son âme de ses yeux, de son cerveau et de ses entrailles, de retirer son esprit de son corps pour entreprendre de grands vols à travers l'espace et la mer ; il n'est pas suffisant par la vertu de son pouvoir d'abolir toutes les distances, de voir à distance toutes les choses, si éloignées soient-elles. Il ne pourra jamais conserver ces facultés s'il n'est soutenu et aidé par des esprits servants... Il doit s'attacher lui-même ces esprits servants. Il lui faut les rencontrer personnellement.

Il ne peut même pas chérir ceux qu'il veut avoir. Ils viennent à lui de leur propre volonté, forts et puissants. » 48 Cette théorie ne contre-dit pas la croyance commune que les maladies sont causées par les

48 K. RASMUSSEN, Intellectual Culture of the Caribou Eskimo, p. 113.

chinations malveillantes d'autres individus, car leur force mauvaise, à son tour, dérive de quelque esprit ou de quelque divinité.

Le diagnostic et le traitement des maladies sont, dès le début, in-timement associés avec le développement de la croyance aux esprits, à des esprits qui, comme les Esquimaux le disent fort joliment, « exis-tent pour être interrogés. » Pour l'évolution de la pensée objective, pour la libération de l'individu de l'emprise de l'obsession subjectivis-te, ces deux fonctions de l'homme-médecine ont une signification fon-damentale. D'autre part, la théorie du chaman en vertu de laquelle la cure a ses racines dans une doctrine qui est la projection de son esprit névrosé, contrecarre cette objectivité et vient faire le jeu de l'ob-session subjectiviste, contribuant ainsi à maintenir la magie sous une forme quelque peu grossière et indifférenciée. L'acuité de ce conflit ne fut pas diminuée par les aspects plus matériels de la médecine tels que bains de vapeur ou l'usage d'herbes et de purgatifs.

Ici encore c'est par des exemples que nous rendrons notre point de vue plus clair. Ceux que j'ai choisis ont pour but de montrer comment les problèmes personnels du chaman sont devenus la base de doctrines générales qui se sont cristallisées de différentes façons selon les tri-bus. En second lieu ils mettront en lumière l'effort tenté par le cha-man pour unir en un tout cohérent les éléments contradictoires qui forment l'essence même de l'une des crises les plus difficiles et les plus constantes de la vie humaine.

Je prendrai mon premier cas chez les Esquimaux : ici un individu [113] est malade par sa propre faute, pour avoir violé un tabou. Les esprits jouent un rôle peu important, car on ne fait que leur demander de dire quel tabou a été violé et par qui. Le rôle même qui leur est at-tribué est devenu dans cet exemple un cliché de rhétorique, car, une fois la question posée à l'esprit, on ne se soucie plus de lui. C'est le patient lui-même qui répond 49.

49 Ibid., pp. 133 et suiv.

PLANCHE IX

Statue magique bavili, servant à des opérations d'envoûtement (Moyen-Congo)

Retour à la table des matières

Planche X

Indiens Tepkua (Etat de Hidalgo, Mexique), Investiture d'un homme-médecine. Ce dernier danse, portant sur la tête un encensoir à copal. - Un angakok (chaman) eskimo, portant un masque féminin et dansant au rythme de son tambour

Retour à la table des matières

Une femme appelée Nanoraq, épouse de Makik, était étendue, souffrant de douleurs dans tout le corps. La patiente, bien que se trouvant mal, au point de ne pouvoir se tenir debout, fut placée sur un banc. Tous les habitants du village furent convoqués et Angu-tingmarik interrogea ses esprits sur la cause de la maladie. Le cha-man arpentait le sol, balançant en avant et en arrière ses bras re-vêtus de mitaines. Il parlait par grognements et par signes, sur des tons différents, et par instants il respirait profondément comme

s'il était soumis à une forte pression. Cela dura longtemps et enfin il dit :

« Si tu es Aksharquarnilik, je te demande, mon esprit servant, d'où vient la maladie dont cette femme est affli-gée ? Est-elle due à quelque chose que j'ai manaffli-gée en dépit des tabous, récemment ou jadis ? Où est-ce que ceci est dû à celle qui couche à mes côtés, à ma femme ? Ce mal a-t-il été provoqué par la malade elle-même ? Est-elle la cause de sa maladie ? »

La patiente répond : « Cette maladie est due à ma faute. J'ai mal rempli mes devoirs. Mes pensées ont été méchantes et mes ac-tes mauvais. »

Le chaman : « Je distingue quelque chose de sombre à côté de la maison. C'est peut-être un morceau d'os à moelle ou simplement un bout de viande bouillie qui se tient droit, ou peut-être est-ce quel-que chose qui a été fendu avec un ciseau ? Quelle est la cause ? A-t-elle fendu un os à viande qu'elle n'aurait pas dû toucher ? »

L'audience « Fais qu'elle soit délivrée de son offense ! tauva ! » Le chaman « Elle n'est pas libérée de son mal. Il est dangereux.

Il y a de quoi s'inquiéter. Esprit servant, qu'est-ce qui la tourmen-te ? Qui en est cause, elle ou moi ? »

Angutingmarik écoute, dans un silence tendu, et alors, parlant, comme s'il avait arraché avec peine cette information de son esprit servant, il dit : « Elle n'est pas encore libérée. Je vois une femme dans votre direction, vers l'assistance, une femme qui semble de-mander quelque chose. Une lumière brille devant elle. C'est comme si elle demandait quelque chose avec ses yeux, et en face d'elle il est quelque chose qui ressemble à un trou. Qu'est-ce ? Qu'est-ce ? Est-ce cela, je me demande, qui la fait choir sur sa face, tomber malade, en danger de mort ? Est-ce quelque chose qui ne pourra pas être arraché d'elle ? Ne sera-t-elle pas libérée ? Je vois encore devant moi une femme avec des yeux suppliants, avec des yeux

tristes et elle a avec elle une dent de morse dans laquelle on a creusé des rainures. »

Les auditeurs : « Oh, est-ce tout ? C'est une pointe de harpon qu'elle a taillée sur laquelle elle a fait des rainures à un moment où elle n'aurait rien dû toucher qui ait appartenu à un animal. Si c'est tout, fais qu'elle soit libérée. »

[114]

Le chaman : « Maintenant ce mal est écarté, mais à sa place quelque chose d'autre peut se manifester ; peut-être s'agit-il de cheveux peignés ou de cordelettes de tendons. »

La patiente : « Oh, j'ai peigné mes cheveux une fois, après un accouchement. Je n'aurais pas dû me peigner. Je me suis peignée loin de tout le monde pour ne pas être vue. »

Les auditeurs : « Oh, c'est une bagatelle ; fais qu'elle soit libé-rée. »

Le chaman : « Ressuscite. Je te vois revenir en bonne santé parmi les vivants, et, toi, puisque tu es aussi un chaman, fais que tes esprits servants t'assistent. Donne-nous encore un autre cas de nourriture interdite, dis avec quels hommes tu as couché alors que tu étais impure, confesse les nourritures que tu as avalées, tes of-fenses anciennes ou récentes, les activités interdites auxquelles tu t'es livrée ou était-ce une lampe que tu as empruntée ? » -

La patiente : « Hélas, oui, j'ai emprunté la lampe d'un mort. J'ai utilisé la lampe qui a appartenu à un mort. »

Les auditeurs : « Même s'il en est ainsi, fais que son mal soit extirpé. Fais que ses maux soient écartés, fais qu'elle guérisse. »

Arrivé à ce point, le chaman termine ses exorcismes qui ont commencé tôt le matin et qui furent répétés à midi et le soir. La patiente était si fatiguée qu'elle pouvait à peine se tenir assise.

Toute l'assistance quitta la hutte convaincue que les péchés et les offenses qui avaient été confessés avaient annulé la virulence du mal et que la femme allait bientôt guérir.

Chez les Mentawei de l'Indonésie, une communauté sans clans avec un système économique simple fondé sur l'agriculture, les esprits jouent le même rôle subordonné que chez les Esquimaux. Ce sont es-sentiellement des auditeurs qui obéissent aux injonctions du chaman ou du prêtre. Comme chez les Esquimaux ils disent au chaman la cause du mal. Pas plus que chez les Esquimaux ils n'en sont responsables et ne peuvent y porter remède. Ce résultat est obtenu par des remèdes destinés à extraire du corps du patient l'objet qui a provoqué la mala-die. Tout ce que les esprits peuvent faire et tout ce que l'on attend d'eux est d'aider le prêtre. Ils lui donnent son diplôme au moment de l'initiation et l'investissent des pouvoirs magiques du voyant. Le prêtre officiant implore les esprits :

Que notre enfant obtienne de vous longue vie et un corps robus-te. Révélez-lui les fautes commises par les gens de notre maison-née, révélez-lui ce que vous désirez qui soit fait. Voici votre viande, ô esprit des bois, le foie d'un porc. Octroyez à notre enfant le pou-voir magique. Il est votre père. Et vous, esprits et maîtres de cette maisonnée, bénissez-le et donnez-lui la clairvoyance. Bénissez-le et faites que ses oreilles dans lesquelles on a soufflé puissent enten-dre. Octroyez-lui la grâce des mains froides, des mains avec un pouvoir magique, des mains qui peuvent extraire le poison, oc-troyez-lui la grâce d'avoir un grand pouvoir magique. Assistez-le quand il traite ses patients, quand il recueille des herbes, soyez avec lui quand il chante, soyez avec lui quand il prépare ses dro-gues 50.

[115]

La situation change du tout au tout lorsque nous avons affaire à une organisation de clans pratiquant l'agriculture comme chez les Winne-bago. Les rapports entre les esprits et le traitement du patient sont beaucoup plus étroits et l'on s'adresse directement aux esprits au

50 E. M. LOEB, Shaman and Seer, p. 74.

cours de la cure. Voici, à titre d'exemple, l'invocation du prêtre-docteur avant de commencer son traitement 51 :

Esprits, cette personne est malade et m'offre du tabac. Je suis sur terre pour l'accepter et essayer de la guérir.

Tu vivras (ceci est dit au patient), aide-toi toi-même autant que tu peux pour devenir fort. Alors que j'offre ce tabac aux esprits tu dois m'écouter et, si tu sais que je dis la vérité, tu te sentiras plus fort.

Haho ! Voici du tabac, Feu. Tu m'as promis que si je t'offrais du tabac tu m'accorderais toute requête que je t'adresserais. Main-tenant je mets du tabac sur ta tête comme tu m'as dit de le faire lorsque je jeûnai pendant quatre jours et que tu m'as béni. Je te transmets la prière d'un homme qui est malade. Il veut vivre. Ce tabac est pour vous et je te demande que cet homme récupère la santé dans quatre jours

Je t’offre du tabac, chef des anguilles, qui vit au centre de l'Océan. Tu m'as accordé la grâce de souffler et d'user de tes iné-puisables réservoirs d'eau. Tu m'as dit que je pouvais user de toute l'eau des océans. Un homme est venu à moi et m'as demandé de vi-vre. Quand je cracherai sur le malade fais que le pouvoir de ma sa-live soit aussi grande que la tienne. C'est pourquoi je t'offre du ta-bac.

Je t'offre du tabac, ô Tortue, qui veille sur la cabane du cha-man, toi qui m'as béni après que j'eusse jeûné sept jours et qui a conduit mon esprit dans la maison où j'ai trouvé des oiseaux de proie en grand nombre. Tu m'as dit que toutes les fois qu'un être humain aurait quelque maladie, je pourrais la guérir. C'est pour cet-te raison que tu m'as appelé « Celui qui chasse la douleur. » Maincet-te- Mainte-nant j'ai auprès de moi un homme qui éprouve une grande douleur et je souhaite la chasser. C'est ce que les esprits m'ont dit lorsqu'ils me bénirent avant de venir sur terre. C'est pourquoi je m'en vais le guérir.

51 P. RADIN, The Winnebago Tribe, pp. 270 et suiv.

Je t'adresse ma prière, ô toi qui as charge de la cabane des serpents, toi qui es parfaitement blanc, Serpent à sonnette. Tu m'as accordé la grâce de me donner les sonnailles que j'ai atta-chées à ma calebasse et après que j'eusse jeûné quatre jours, tu m'as dit que tu m'aiderais. Tu m'as dit que je ne connaîtrais pas d'échec dans mes entreprises. Maintenant que je t'offre du tabac et que je fais tinter ma calebasse, fais que mon client puisse vivre et que la vie s'ouvre devant lui.

Je vous salue, aussi, Esprits de la Nuit. Vous m'avez béni après que j'eusse jeûné neuf jours et vous m'avez conduit à votre village qui se trouve à l'Est ; là vous m'avez donné les flûtes que vous me dîtes être sacrées. Vous avez rendu ma flûte sacrée. C'est en leur nom que je vous offre ma requête, car vous savez que je dis la véri-té. Un malade est venu à moi et m'a demandé de le guérir et c'est parce que je veux qu'il vive que je m'adresse à vous.

Je t'offre ce tabac, ô notre Grand'mère, la Terre. Tu m'as dit que je pourrais utiliser les meilleures herbes qui poussent sur toi et que [116] je serais toujours capable de guérir avec elles. Ce sont ces herbes que je te demande et je te demande aussi de m'aider à soigner ce malade. Fais que mes remèdes soient efficaces...

Je vous offre du tabac à vous tous qui m'avez béni...

Alors le chaman joua de sa flûte, souffla sur le malade et chanta quatre fois. Il marcha autour de la loge et cracha de l'eau sur le patient. Après quoi il chanta quatre fois et s'arrêta. Les esprits al-laient lui dire si le patient devait vivre ou mourir.

Il est intéressant de constater l'importance accrue des esprits à mesure que l'organisation tribale devient plus complexe et la doctrine religieuse plus claire et plus systématique. Chez les Tinguian, une tribu malaise des Philippines sans clans et vivant de l'agriculture, les esprits prennent une part directe dans ces opérations. Cole a donné un excel-lent aperçu de leur activité :

Une femme de Lagangilang souffrait de dysenterie. Un médium, en ce cas un homme, fut instruit pour faire « Fawak ». Il commença par convoquer les esprits en frappant un plat avec sa hache. Bien-tôt il se couvrit la face avec les mains et commença à se balancer de çà de là et à chanter des paroles inintelligibles. Tout à coup il s'interrompit et dit qu'il était l'esprit Labotan et il dit que sa vo-lonté était que du riz et du sang fussent placés sur le fer de sa ha-che et ensuite déposés sur le ventre de la femme. Il donna l'ordre ensuite de donner à manger au porc qui était attaché par terre.

« S'il mange, la cérémonie est réussie et tu guériras. » Le porc re-fusa la nourriture et après avoir exprimé ses regrets de ne pouvoir être plus utile, l'esprit partit et fut remplacé par Binongon. Celui-ci donna immédiatement des instructions pour que le porcelet fût sa-crifié et ordonna que son cœur palpitant fût placé sur le ventre de la malade et ensuite appliqué sur chaque personne présente dans la chambre en guise de protection contre tout mal. Tout d'abord il se refusa à boire la boisson qui lui fut offerte car elle était fraîche et âpre. Mais lorsqu'il eut appris qu'il n'y en avait pas d'autre, il la but et s'adressa au patient en ces termes : « Tu as mangé quelque cho-se qui était défendu. Il est aisé de te guérir si ce sont les esprits qui t'ont rendu malade, mais si quelqu'un a pratiqué de la magie contre toi, tu peux mourir. » Sur ces paroles consolantes l'esprit s'en alla et fut remplacé par Ayaonwan. Il enjoignit à une vieille femme de donner du riz et de l'eau à la patiente et alors sans autre forme de procès, il dit : « Les esprits ne m'aiment pas beaucoup et

« S'il mange, la cérémonie est réussie et tu guériras. » Le porc re-fusa la nourriture et après avoir exprimé ses regrets de ne pouvoir être plus utile, l'esprit partit et fut remplacé par Binongon. Celui-ci donna immédiatement des instructions pour que le porcelet fût sa-crifié et ordonna que son cœur palpitant fût placé sur le ventre de la malade et ensuite appliqué sur chaque personne présente dans la chambre en guise de protection contre tout mal. Tout d'abord il se refusa à boire la boisson qui lui fut offerte car elle était fraîche et âpre. Mais lorsqu'il eut appris qu'il n'y en avait pas d'autre, il la but et s'adressa au patient en ces termes : « Tu as mangé quelque cho-se qui était défendu. Il est aisé de te guérir si ce sont les esprits qui t'ont rendu malade, mais si quelqu'un a pratiqué de la magie contre toi, tu peux mourir. » Sur ces paroles consolantes l'esprit s'en alla et fut remplacé par Ayaonwan. Il enjoignit à une vieille femme de donner du riz et de l'eau à la patiente et alors sans autre forme de procès, il dit : « Les esprits ne m'aiment pas beaucoup et