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LES FACTEURS ÉCONOMIQUES

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Tous les ethnologues sont d'accord pour affirmer que la religion pénètre tous les aspects de la vie primitive. Ceci revient à dire qu'au-cun d'entre eux ne reste étranger à la lutte pour la vie. De par la na-ture des choses, ce combat pour l'existence est déterminé par les conditions économiques, fait qui a toujours été reconnu, en théorie du moins. Par malheur, ce fait a été souvent oublié en pratique, en raison de la décadence actuelle des civilisations primitives, mais aussi dans une certaine mesure par suite de la popularité dont jouit depuis vingt-cinq ans une méthode pseudo-psychologique. Les voyageurs et les mis-sionnaires des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles l'avaient bien reconnu.

À la vérité il n'était nul besoin de beaucoup de pénétration ou de grandes connaissances pour déceler la part des facteurs économiques dans les civilisations simples, ainsi que les rapports étroits entre les méthodes de production et toutes les formes de la lutte pour la ri-chesse et le pouvoir. Dans les cultures plus grossières, ce conflit se poursuit entre les individus d'une part et les diverses unités sociales de l'autre. Par contre ce sont les classes qui s'affrontent dans les so-ciétés plus complexes.

Tout d'abord, qu'il me soit permis de dire combien je me rends compte du danger que peut offrir une surestimation de l'aspect éco-nomique de la religion et de la magie. Je n'ignore pas qu'il est aisé de négliger l'importance de leur contenu véritable ainsi que les formes multiples et indépendantes prises par la magie et la religion. Je main-tiens cependant que les variations auxquelles sont soumises leurs for-mes et leur signification sont inintelligibles si l'on ne tient compte des forces économiques. Il serait absurde de prétendre que les croyances ou les attitudes religieuses doivent leur origine aux moyens de produc-tion économiques ou à quelque mécanisme d'échange. Mais la vie reli-gieuse et économique se développèrent ensemble et ce sont les divers systèmes de production ou d'acquisition qui poussèrent en avant ou rejetèrent dans l'ombre l'un ou l'autre des éléments constitutifs de la religion. Ceci ne doit jamais [40] être perdu de vue. La religion en elle-même a abouti à des développements et à des raffinements, tantôt insignifiants, tantôt importants du point de vue social. Ces évolutions internes de la religion seront examinées à part.

Quel que fût le système de production à l'aube du paléolithique, il n'est pas une seule tribu aujourd'hui vivante dont l'économie soit ba-sée sur un seul type d'activité. Beaucoup de peuplades dépendent presque exclusivement de la cueillette, mais elles s'adonnent toujours dans une certaine mesure à la chasse et à la pêche. L'organisation so-ciale de ces tribus est en général fort simple et peu différenciée. Leur technologie est rudimentaire. Ceci ne revient pas à nier, il va sans dire, que dans le domaine politique et économique nous n'observions parfois un certain degré d'organisation.

Dans de telles sociétés les concepts religieux sont nettement do-minés par la magie et les rites coercitifs et on ne distingue nulle trace de chefs religieux. Hors certains cas, il ne s'y manifeste aucune velléi-té de coordonner ou de réinterpréter l'ensemble des rites ou des croyances traditionnelles. Cependant on peut s'attendre que même dans ces conditions les chamans s'adonnent à certaines spéculations ayant trait aux grands problèmes de la religion proprement dite ou du moins qu'ils tentent de coordonner et de classer les multiples aspects d'une tradition embryonnaire.

L'atmosphère magico-religieuse dans laquelle vivent ces sociétés ne saurait être mieux évoquée que par un exemple. Je choisirai pour cela les Yokuts du centre de la Californie méridionale. Ils ont été décrits d'une façon extrêmement complète et leur type de vie analysé avec une telle perfection qu'ils peuvent être pris pour représenter les tri-bus encore au stade de la cueillette et de la chasse 15. Le seul trait aberrant dans cette société primitive est l'existence d'une unité fixe pour les échanges.

Le caractère le plus frappant de la culture des Yokuts est, dans le domaine religieux, la crainte qu'inspirent les chamans. Ce sentiment n'est pas l'effet d'un pouvoir inusité dont ils seraient revêtus, car ils n'en ont guère, mais est dû à leur association avec le chef de la tribu.

Ce dernier exerce, ou tout au moins exerçait, son contrôle sur tous les moyens d'acquérir des biens qui étaient relativement nombreux, si l'on considère la nature simple des sources de la richesse dans cette so-ciété. Il avait un monopole sur le commerce de certains objets spécia-lement précieux, tels que le duvet d'aigle, et il réglait en outre la mise en œuvre des rites traditionnels. Il avait sa part des honoraires payés aux chamans locaux et recevait des dons en argent de tous les profes-sionnels en visite.

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Pour comprendre entièrement le pouvoir des chamans, il faut nous souvenir que toutes leurs capacités d'organisation se dépensaient à resserrer les liens existant entre eux et les chefs. Le chef et le cha-man marchaient la main dans la main. Le premier augmentait son revenu grâce à cette alliance et l'homme-médecine, lui, s'assurait de la pro-tection du chef, propro-tection qui lui était fort nécessaire, étant donné les risques qu'il encourait dans l'exercice de sa profession.

Un indigène nous a décrit admirablement cette collaboration entre chef et chaman.

Si un homme, surtout si c'était un riche, ne prenait pas part à la danse, le chef et ses docteurs décidaient d'infliger une maladie à lui

15 A. H. GAYTON, Yokuts. Mono-Chief and Shamans, University of California.

Publications in American Archeology and Ethnology, vol. 24, 1930.

ou à quelque membre de sa famille. Le docteur prend soin alors que ce soit lui qu'on appelle pour traiter le patient. Il procède alors à plu-sieurs cures successives et se fait payer chaque fois pour ses servi-ces. Il continue son traitement jusqu'au moment où il a conduit son client à la ruine et l'a obligé à s'endetter. S'il le guérit enfin, il ex-trait par succion un corps étranger de sa personne et le montre à l'as-sistance en disant qu'un esprit ou une source-esprit l'a rendu malade.

D'autre part il peut laisser le malade mourir et dans ce cas la famille est forcée de participer aux funérailles.

Les honoraires obtenus par le chaman au cours du traitement sont partagés avec le chef. Si les parents de la victime cherchent à se ven-ger, ils doivent demander d'abord la permission au chef, celui-ci natu-rellement la leur refuse, sous prétexte de preuves insuffisantes. Le docteur n'a-t-il pas démontré que c'est le negot (esprit) qui est cause de la maladie ? 16.

Ainsi la crainte qu'inspire le chaman plane au-dessus de chacun. Cet exemple met en évidence quels sont les résultats d'une alliance entre chef et chaman.

La croyance aux esprits ou, dans le cas présent, aux rites et aux formules magiques, devient d'importance secondaire, ce qui prouve bien la nature vague des rapports admis entre les individus et les puis-sances surnaturelles. Ainsi les dons émanant d'une des puispuis-sances peu-vent être acceptés ou refusés ; on peut se mettre en quête de tel es-prit ou bien, en d'autres cas, celui-ci peut apparaître spontanément.

En théorie n'importe qui peut recevoir les faveurs. En fait le nombre des élus est strictement limité par la coterie des chamans, sous l'égi-de du chef. Le pourquoi l'égi-de cette limitation nous est naturellement donné du point de vue du chaman. /Ainsi il est admis qu'il est infini-ment difficile de réussir à nouer des relations avec le surnaturel par les moyens ordinaires - jeûne, prières en des endroits solitaires, ab-sorption de tabac en guise d'émétique, station prolongée en plein so-leil, etc... En outre on insiste sur le danger qui peut résulter de quelque erreur commise susceptible de déchaîner [42] la malveillance des es-prits. Pour ces diverses raisons, mieux vaut éviter que le commun des

16 Ibid., p. 399.

mortels ne se mêle de ces questions. Le chaman dans cette tribu n'était pas tenu à présenter des dispositions psychologiques particu-lières. La protection du système était bien suffisante. La masse sem-ble s'en être rendu compte, d'où l'intensité de l'opposition et la haine que le magicien rencontre. Si l'homme du commun avait fait crédit aux chamans d'un pouvoir exclusivement surnaturel, on aurait peine à com-prendre pourquoi c'est surtout le côté néfaste de leur activité qui a été souligné.

Là où existe la croyance en des puissances surnaturelles maléfi-ques, et où règne l'incertitude sur la nature de leurs intentions, on s'attendrait à trouver une atmosphère de terreur constante. Pourtant c'est chez les tribus les plus simples que celle-ci est la moins dévelop-pée. Le sentiment de la peur n'est pas absent chez ces peuplades, mais comme l'exemple choisi le prouve, elle dérive plutôt des conditions économiques incertaines et de la crainte qu'inspirent les manœuvres des individus qui exploitent cette inquiétude dans des buts intéressés selon un système bien connu.

Étant donné que des conditions comparables à celles des Yokuts se retrouvent dans presque toutes les tribus dont l'économie est basée principalement sur la cueillette, et que ce type d'économie doit avoir précédé les stades de la chasse et de la pêche, de l'agriculture et de l'élevage, il est des plus probables qu'on a tort d'affirmer, comme le font certains théoriciens, que la religion fut au début une expression de la peur que ressentit une humanité mal adaptée devant l'inconnu. La croyance en des esprits hostiles ou indifférents n'est nullement révé-latrice de cette peur primitive. Un exemple comme celui des Yokuts, et l'on pourrait en citer d'autres, indique au contraire que c'est seule-ment après que les méthodes économiques rudiseule-mentaires et les phé-nomènes sociaux concomitants se sont modifiés qu'apparaît une véri-table crainte du surnaturel. Vues sous cet angle la peur universelle des esprits des morts et la vaste diffusion du culte des ancêtres prennent une toute autre perspective. Il devient dès lors possible que ces phé-nomènes ne doivent pas être nécessairement interprétés comme des cristallisations sociales de la crainte inspirée par certains morts pour-vus de pouvoirs magiques et occultes, mais comme l'expression d'un sentiment de peur découlant de leur rapport avec les systèmes

écono-miques Ceux-ci pèsent lourdement sur la grande majorité des indivi-dus, même dans les sociétés les plus primitives.

Bien que la sorcellerie et la magie passent pour les traits les plus saillants de la vie religieuse dans les civilisations simples, non seule-ment elles fleurissent dans les sociétés plus complexes, mais y attei-gnent souvent un développement qu'on ne trouve pas ailleurs. Certains ethnologues ont même affirmé que c'est là la note caractéristique [43] de toutes les cultures primitives. Un savant aussi averti que Firth, étudiant l'économie d'une société aussi profondément harmo-nieuse que celle des Maori, ne s'explique l'emploi dans toutes leurs activités industrielles de formules et de charmes magiques que par un préjugé irrationnel fondé sur un pouvoir illusoire. Firth nous invite à nous satisfaire d'une explication psychologique dépourvue de sens : le Maori trouve un réconfort dans des pratiques qui l'aident à se concen-trer sur sa tâche et à organiser son travail. En vertu de cette inter-prétation, cette attitude empêche les « Maori d'être rongés par le doute et la crainte en face de l'inconnu, lui donne la confiance et l'as-surance dont il a besoin pour braver les forces dont en fait il ne peut ni prévoir ni contrôler les effets. En étayant leur foi sur la magie, les Maori sont convaincus que leurs peines porteront leur fruit au moment voulu. » 17

Deux ethnographes qui se sont occupés des sociétés africaines, E.E. Evans-Pritchard et S.F. Nadel 18 nous ont brossé récemment un tableau beaucoup plus réaliste de la véritable signification de la magie et de la sorcellerie. Ici le facteur économique apparaît de façon frap-pante. Evans-Pritchard, à propos des Zandé du Soudan anglo-égyptien, fait observer que tout d'abord les membres de la classe aristocrati-que ainsi aristocrati-que ceux des gens du commun qui sont riches et puissants échappent aux accusations de sorcellerie ; secondement, la hiérarchie compliquée des oracles chez les Zandé a, comme objectif principal, de découvrir les sorciers ; enfin le pouvoir du chef dépend de l'étendue du contrôle qu'il exerce sur les oracles.

17 R. FIRTH, Primitive Economics of the New Zealand Maori, Londres, 1929, p.

265.

18 E. E. EVANS-PRITCHARD, Witchcraft and S. F. NADEL, Witchcraft and Anti-Witchcraft in Nupe Society, Africa, 1935, Vol. VIII, pp. 417-448.

Chez les Nupé de l'Afrique occidentale la signification économique de la sorcellerie est également marquée. La femme qui dirige la meil-leure organisation de magiciennes commande aussi officiellement à toute la population féminine de la ville. Elle surveille le marché, préside aux travaux en commun des femmes et joue le rôle d'arbitre dans les querelles. Elle est la seule de toutes les magiciennes qui soit publique-ment connue et admise par les autorités de la ville et le roi de Nupé.

Selon la théorie officielle, telle que M. Nadel la résume, cette femme n'use de son pouvoir que dans un but louable. Le fait qu'elle est à la tête des femmes dans le monde imaginaire de la sorcellerie aussi bien que dans le domaine plus réel de la vie quotidienne la désigne comme étant particulièrement qualifiée pour une autre besogne, celle de dé-pister les magiciennes et de combattre leur activité secrète et antiso-ciale.

Les théories compliquées des indigènes ont apparemment pour but d'expliquer la raison pour laquelle le roi ou le chef qui nomme la [44]

magicienne choisit généralement une femme reconnue coupable ou une repentie. Elle est de ce fait plus facile à surveiller et on peut lui confier en toute sécurité une position aussi importante. L'avantage d'une telle coutume est évident. Exerçant un pouvoir absolu sur celle qui dirige sa police secrète, il conserve sa puissance intacte tout en prétendant aux yeux de ses sujets avoir réussi à pénétrer dans le monde secret et intangible des magiciennes. Ainsi roi et magicienne sont dans une excellente position pour dénoncer les individus coupa-bles de sorcellerie.

Du point de vue du roi, il est naturellement fort avantageux d'avoir une alliée capable de contrôler l'activité des autres sorcières et qui non seulement est à même de tenir en bride celles qui se montreraient trop malfaisantes ou violentes, mais aussi peut être tenue pour res-ponsable de la conduite des membres de son ordre. M. Nadel insiste non sans naïveté - à moins qu'il y mette de l'ironie - qu'aucune lelu, une fois nommée, ne néglige ses devoirs et que toujours elle cherche à s'acquitter de sa tâche envers la communauté en recherchant les cou-pables. En sa qualité de surveillante du marché, elle est toujours en contact étroit avec les meilleures sources d'information pour sonder l'opinion publique et pour obéir à ses suggestions.

Donc, officiellement, l'alliance entre le roi et la lelu a pour fin la suppression de la sorcellerie dans l'intérêt de la communauté. Il va sans dire qu'elle porte ses fruits. L’important dans tout cela n'est pas la répression de la sorcellerie, mais le champ d'action qui lui est ac-cordé et la nature des bénéfices que retirent ceux qui s'y adonnent ainsi que les avantages qui reviennent à ceux qui sont chargés de la neutraliser et de la punir.

Chez les Nupé, nous venons de le voir, les magiciennes sont utilisées pour combattre la sorcellerie. Pourtant, fait encore plus significatif, lorsque les sorcières échappent à tout contrôle, ce n'est pas la lelu que l'on charge de la campagne dirigée contre elles, mais une organisa-tion spéciale, société secrète, officiellement reconnue, qui forme par-tie intégrante de la structure politique du royaume Nupé. C'est une opinion reconnue que les membres de cette société reçoivent leur science et leur pouvoir surnaturels de certains esprits et c'est au moyen de ce pouvoir qu'ils contrôlent les sorcières. Leur rapport avec les esprits a un caractère spécifiquement magique et coercitif. Ils ont barre sur les esprits sans que la réciproque soit vraie et ils peuvent les forcer à se manifester. Les fonctions économiques et politiques de cette société ne laissent aucun doute : le chef de la société choisit les membres, mais son titre et son autorité sont soumis à l'approbation royale. Toutes les activités sociales de cette organisation sont expri-mées dans un mythe : la nature des accessoires cérémoniaux, la raison de ses interventions contre les vieilles femmes [45] qui troublent mys-térieusement l'ordre des choses, et enfin l'implication qu'elle est une

« magie du roi ».

En quelles occasions demande-t-on à la société d'intervenir ? Il en est deux. L'une lorsque la communauté dans le malheur a besoin d'aide et l'autre où il n'existe aucun rapport avec une situation particulière.

Qu'on me permette de paraphraser la description de Nadel concer-nant le second cas, elle contient sa propre explication et se passe de commentaires.

Cette seconde méthode d'intervention est employée sur ordre d'en haut. C'est alors que se manifeste le pouvoir de la société et ses rap-ports avec toute la structure du royaume Nupé. Elle procède ainsi. A un certain moment de l'année, mais généralement à l'époque de la

ré-colte, le chef de la société fait son apparition à la cour et déclare que l'activité des sorcières s'est développée de façon dangereuse et il conseille au roi d'envoyer les membres de la société dans les divers villages pour les purger de cette plaie. Si le roi y consent, et il y consent toujours, le chef de la société mobilise toutes les sections dispersées dans les campagnes. Les membres font irruption dans les villages dans le but apparent d'y exécuter des danses mais aussi pour y découvrir incidemment des sorcières et les punir.

Dès que les femmes apprennent que des membres de la société sont dans le voisinage, elles sont saisies de terreur et vont se cacher dans la brousse ou recueillent de l'argent pour se racheter collective-ment. Cette somme est envoyée au lieu où les membres de la société exécutent leurs danses. Une fois que la rançon est acceptée les danses cérémonielles deviennent inoffensives et n'ont plus qu'un simple ca-ractère rituel. La chasse aux sorcières est abandonnée. Cependant les activités de la société ont plongé le village dans le trouble. Les familles sont dispersées, les femmes négligent leurs devoirs et l'argent de-vient rare. En conséquence, un certain nombre de chefs de village se concertent, réunissent une large somme d'argent et l'apportent au roi

Dès que les femmes apprennent que des membres de la société sont dans le voisinage, elles sont saisies de terreur et vont se cacher dans la brousse ou recueillent de l'argent pour se racheter collective-ment. Cette somme est envoyée au lieu où les membres de la société exécutent leurs danses. Une fois que la rançon est acceptée les danses cérémonielles deviennent inoffensives et n'ont plus qu'un simple ca-ractère rituel. La chasse aux sorcières est abandonnée. Cependant les activités de la société ont plongé le village dans le trouble. Les familles sont dispersées, les femmes négligent leurs devoirs et l'argent de-vient rare. En conséquence, un certain nombre de chefs de village se concertent, réunissent une large somme d'argent et l'apportent au roi