• Aucun résultat trouvé

Deuxième partie : le Gobir, du Gobir tudu au bassin de Rima

4.2. La guerre au Gobir

Nous avons vu que toutes les sources de l’histoire du Gobir expliquent les difficiles conditions de vie que les Gobirawa avaient connues à travers leur histoire. Leurs légendes d’origine relatent les différentes guerres réelles ou imaginées auxquelles ils auraient participé notamment, en compagnie du prophète de l’islam. La tradition affirme qu’ils auraient participé à toutes les guerres saintes aux côtés de Muhammad mais aussi aux côtés des infidèles. Les adversaires des Gobirawa parlent de leur duplicité qui leur aurait causé la « mésentente éternelle »360. En Égypte, ils n’avaient eu la vie sauve que grâce à Moïse (Moussa) qui auraient tendu sa main pour les faire passer. Ils seraient ainsi chassés d’Égypte et se seraient dirigés vers l’Ouest en direction du massif de l’Ayar via le désert de Libye. En Ayar, les menaces furent multiples : hostilité du climat et conflit avec les Touareg. Cette situation difficile avait contraint les Gobirawa à adopter une attitude guerrière nécessaire à leur survie. Ainsi, les Gobirawa ont été atteints par la « nécessité de combattre » afin de « vaincre et de s’assurer ainsi l’enjeu de la bataille » (Baba Kake, 1979 : 8). Au Gobir, l’enjeu était double : la conquête d’un territoire potentiellement riche et la recherche du butin afin de régler les besoins immédiats. C’est pourquoi la fabrication des armes était nécessaire d’autant plus que dans l’Ayar et le bassin de

environ onze kilomètres du site de l’ancienne capitale du Gobir, Birnin Lalle.

358Dakwaro grenier à mil de Maradi. Maradi s’approvisionnait en produits vivriers à partir de cette ville comme c’était le cas avec le Damargu qui ravitaillait Zinder.

359 On sait que le Katsina était présent dans son emplacement actuel depuis la dynastie des Durbawa dirigée par Sanau. Celui-ci fut assassiné par Mahammadu Korau (1445-1493/4) qui installa une nouvelle dynastie qui renforce l’islam (Mahamane, 1998 : 208). Or, le Gobir n’est arrivé dans la zone que vers 1515.

Rima, toutes les matières premières existaient. Il s’agissait des métaux (comme le cuivre et le

fer ou Tama, en hausa), des pierres, des peaux et du bois361. À Takadda et Tijidda, l’industrie des métaux était connue et les témoignages signalent que les populations noires, c’est-à-dire les

Gobirawa seraient les acteurs. Est-ce de cette façon que ces populations avaient appris à

fabriquer des armes pendant leur séjour dans l’Ayar ? Nous pouvons ainsi soutenir l’hypothèse que les Gobirawa ont acquis leur réputation guerrière depuis l’Ayar car, ils ont dû affronter les Touareg pendant longtemps avant d’abandonner les combats à cause de leur supériorité tant du point de vue numérique que du point de vue arsenal militaire362.

Les armes étaient fabriquées à partir du minerai de fer brut (Tama) travaillés dans des fours les rendant flexibles par la chaleur. Celles-ci étaient des flèches empoisonnées avec du suc du stonophantus ou du venin du serpent ou encore des produits de décomposition organique, des arcs en bois dur bandé par une corde ligneuse, des haches (barandami) à manche courbée qui se porte sur l’épaule, des couteaux et des javelots, c’est-à-dire des armes blanches. Les forgerons étaient les spécialistes dans la fabrication de ces armes363. Pour accroître leur efficacité, elles étaient enduites de poison à base de décoction de différentes plantes ou tout simplement du venin de serpent. Mais les armes les plus efficaces proviennent des Touareg. Elles étaient composées de javelots et surtout de sabres en particulier, le

Babarbara (sabre très tranchant) reconnu pour sa solidité et surtout pour son efficacité dans les

combats364. Ces armes, auxquelles il faut ajouter les chevaux appelés Yan Abzin (chevaux qui viennent de Abzin, Ayar), ont fait partie des marchandises ayant alimenté le commerce transsaharien. Le cheval appelé Dan Abzin365 est reconnu pour son endurance et sa rapidité dans le déplacement366.

Le mode de recrutement était la levée en masse car, tout homme valide était soldat. Il n’existait pas d’uniforme comme de nos jours sauf, pour le roi et certains notables. Deux grands corps composaient cette armée : la cavalerie et l’infanterie. Les cavaliers sont dirigés par l’Ubandawaki. Ils sont toujours au devant des combats et portent une tenue spéciale. En

361 Les armes sont des arcs, des flèches, des haches, des sabres, des javelots et des bâtons.

362 Les Touareg disposent des meilleures armes notamment le sabre en particulier le Babarbara.

363 Idi Makeri à Gidan Rumji, le 12 mars 2015.

364 Habou Magagi, le 21 février 2014 à Maradi.

365 Cela veut dire cheval originaire de l’Ayar ou Abzin ou encore Azbin. Ce cheval est caractérisé par son endurance et sa vitesse, un peu comme, il y a quelques années, le cheval dits Dan Hilinge ou Dokin iska (cheval à la vitesse du vent) pour comparer sa vitesse à celle du vent.

effet, le cheval était harnaché pour le protéger des coups de flèches et autres sabres qui pourraient l’atteindre. Quant au guerrier qui le conduisait, il portait le Lifidi et une Carquois pour assurer sa protection. L’infanterie est constituée de la masse des guerriers à pieds. Tout

Bagobiri disposant de ses capacités physiques et âgé d’au moins 17 ans peut participer aux

combats367. Chaque fantassin venait au combat avec l’arme en sa possession. Celle-ci peut être un gourdin, une hache ou Barandami, des arcs et flèches, des sabres, des couteaux et des carabines. Avant de se rendre au combat, le guerrier doit s’assurer que toutes les incantations, toutes les potions et autres gris-gris sont à jour. Les stratégies militaires sont nombreuses. Plusieurs en seraient développées tout au long de l’histoire guerrière du Gobir. Mais chacune devait être précédée de sacrifices et de prières. Ainsi, avant tout combat :

« ils (les guerriers Gobirawa) sacrifiaient toujours et à chaque fois, un taureau noir. Le

taureau était tenu debout. Dans cette position, on lui déchirait le ventre. Les boyaux qui en sortaient étaient arrachés et mangés crus par tous les guerriers et c’est seulement après ce repas mystique que pouvait commencer l’attaque contre l’ennemi » (Hama

1967 : 45).

Les stratégies les plus utilisées et dont signalent les sources368 sont :

●le siège : la principale stratégie utilisée par les Gobirawa était le siège. Il consiste à bloquer toutes les issues de la ville attaquée empêchant ainsi les sorties et les entrées de ses habitants. Cette stratégie avait pour but d’affaiblir l’ennemi afin de l’amener à se rendre de lui même. Il pouvait en effet, manquer de vivres ou de l’eau, c’est-à-dire des éléments vitaux. Les sources de l’histoire du Gobir signalent régulièrement cette stratégie. Soba assiégea le Zabarma pendant trois ans et Maradi pendant sept ans (Labarun Hausawa da Makwabtansu, 1978 : 10). Le siège de Birnin Zamfara a duré aussi des années (Labarun Hausawa da Makwabtansu,

1978 : 11).

Mais le siège a ses avantages et ses inconvénients. Comme avantages on peut citer le fait que l’ennemi soit étouffé car il ne peut se ravitailler en produits de première nécessité. Ses provisions peuvent, ainsi, se terminer. Toutefois, compte tenu de cette réalité, les Biranai sont organisés de façon à se prémunir de cette éventualité. Les vivres et les puits sont généralement à l’intérieur ou contigus au Birni. Par contre, pour les inconvénients deux problèmes peuvent se poser aux guerriers : la lassitude et le manque d’approvisionnement. Quand le siège prend

367 Idi Makeri à Gidan Rumji, le 14 mars 2015.

368 La surprise est une stratégie de guerre adoptée par les Mazumawa contre les Touareg au moment où Soba assiégeait Maradi. Nous avons également la stratégie du siège (Labarun Hausawa da Makwabtansu, 1978 : 10-11).

beaucoup de temps, les guerriers se fatiguent. Il en est de même pour le manque d’approvisionnement. En 1561/2 l’armée bornouane assiégea Surame, la capitale du Kabi mais elle finit par lever le siège faute d’approvisionnement (Palmer, 1916 : 5). Le siège de 9 mois de la ville de Katsina par les Kanawa sous le Sarkin Kano Kutumbi (1623-1648) a fini par être également levé sans grand résultat (Palmer, 1967 : 118). Au Gobir, on peut noter l’échec du siège de Maradi par Soba (Labarun Hausawa da Makwabtansu, 1978 : 10). La lutte pour la prise de la capitale du Zamfara, a conduit les guerriers à assiéger la capitale en bloquant la rivière Gagare afin de couper tout ravitaillement en eau de la ville (Palmer, 1916 : 12).

●la terre brûlée : les champs de l’ennemi pouvaient être détruits de façon à créer une situation de famine dans le pays. On pouvait également mettre du feu aux villages ou dans les champs. Cette stratégie a été utilisée par les Gobirawa et les jihadistes pendant la période de lutte après le jihad (Augi, 1984 : 373-374).

●la guerre frontale : elle est la plus fréquente. Il s’agit d’un corps à corps entre les Gobirawa et leurs ennemis. Cette guerre frontale a jalonné l’histoire du Gobir depuis l’Ayar jusqu’au bassin de Rima. Les batailles frontales dont parlent les sources, sont nombreuses : Birnin Lalle au XVIe siècle, Birnin Magale au XVIIe siècle, Gwararrame au XVIIIe siècle, Adar et Maradi au XVIIe siècle, Dan Kaishi en 1789369 et la bataille de Gawakuke de mars 1836370.

●la surprise : c’est une autre stratégie de guerre des Gobirawa. En 1689 ou l’an 1100 de l’ère musulmane, les kel Ayar installés dans l’Adar furent surpris par les Gobirawa qui ont encerclé leur campement en réponse à leur attaque lorsque Soba assiégeait Maradi. En effet, les

Mazumawa alliés des Gobirawa avaient alors encerclé le camp des Kel Ayar avec des épines,

de nuit et avaient passé à l’attaque. Cette stratégie a causé la mort d’un nombre élevé de Touareg et la saisie de tous leurs biens. Le butin saisi fut envoyé à Soba qui était toujours à

Maradi. Le prince Saleh et ses suivants n’ont eu que la chance de fuir, à pieds jusqu’à la

localité de Kabara dans l’Adar (Hamani, 2010 : 206). La même stratégie fut utilisée par les Touareg dirigé par le sultan pour riposter. L’attaque soudaine des Kel Ayar contre le Gobir fit de nombreux morts. L’effet de la surprise a fait que les victimes étaient très nombreuses car on

369

Bataille pendant laquelle les armées du Gobir et celles du Katsina s’affrontèrent corps à corps et il y eut

beaucoup de victimes dont le fils préféré du Sarkin Gobir Bawa Jan Gwarzo qui, lui-même, trouva la mort 40 jours après celle de son fils.

370 Elle opposa une coalition de Gobirawa, de Katsinawa et de Touareg à la coalition des jihadistes composée des émirs de Kano, Katsina, Zazzau, Daura et Sakkwato. Ce fut un véritable désastre car le Sarkin Gobir Ali Dan Yakuba et Rauda de Maradi furent tués.

parlait d’une capitale du Gobir dévastée, où les Kel Ayar firent de nombreux esclaves et de nombreux morts. Seuls les femmes et les vieillards restaient et les esclaves étaient vendus dans les pays arabes (Hamani, 2010 : 206). Ainsi, cette stratégie de guerre liée à l’effet de surprise est la plus meurtrière car l’ennemi n’a pas le temps de s’organiser. Cette méthode est aujourd’hui, utilisée par des organisations dites terroristes pour semer la panique et causer de nombreux dégâts, voire occuper le territoire ennemi.

●la stratégie « d’appât » : elle consiste à isoler une partie de l’armée ennemie en l’attirant vers son camp. Quand celle-ci se détache de sa base, les Jarumai se tournent contre elle, l’encercle et la neutralise. Cette stratégie a été utilisée par Dan Halima en 1841 quand Attiku, sultan de

Sakkwato attaquait les villes de Maradi et Tsibiri. Le Dan Galadima Dan Halima était chargé

d’une mission, celle d’informer le Sarkin Katsina de Maradi. Monté à son cheval bien harnaché et muni d’un bouclier pour sa protection et de son sabre, il se dirigea vers la ville de Maradi en chevauchant. Les guerriers de Attiku le poursuivirent et quand ils s’éloignèrent du gros des troupes, Dan Halima se tourna contre eux et les massacra jusqu’à ce qu’il atteignit Maradi. Il revint à Tsibiri en procédant de la même façon sans qu’il ne soit tué371. Bien sûr cette stratégie ne s’applique qu’à des circonstances pareilles et ne peut réussir qu’avec des Jarumai.

Les campagnes militaires étaient minutieusement préparées. Dans les préparatifs, les marabouts et les Bokaye (charlatans) jouaient un rôle très important car les armées avaient besoin de leurs prières afin de pouvoir gagner la guerre. Ils organisèrent des prières de même que les bokaye organisèrent des cérémonies mystiques. Il existait des rites organisés par les soldats. Il est rapporté, par exemple, qu’avant tout combat les guerriers devaient consommer les intestins crus d’un taureau noir. Les Birane font toujours l’objet de ces prières par ces deux composantes de la société. Des gris-gris sont enterrés dans les différents coins du Birni. Cette pratique galvanisait ainsi les troupes bien préparées à affronter l’ennemi. Elles étaient également galvanisées par le butin. En effet, il n’y avait aucune différence entre la guerre de conquête, de consolidation, de répression d’une rébellion et de razzia. Les guerriers ont toujours à l’esprit le butin à gagner. L’armée du Gobir faisait partie des armées les plus puissantes du Kasar hausa. D’ailleurs, la littérature372 autour de celle-ci, montre qu’elle avait fait ses preuves avec la conquête de plusieurs territoires dans cette partie du bassin de Rima. Elle disposait de plusieurs milliers de chevaux et des dizaines de milliers de fantassins aguerris

371 Abdou Balla Marafa, le 21 mars 2015 à Tsibiri.

372 Dan Anace, célèbre chanteur traditionnel du Nigéria a composé une chanson qu’il a intitulée ‘’Yaki sabon Bagobiri mai kayan fada’’, c'est-à-dire le Bagobiri (habitant du Gobir) est un habitué de la guerre il s’en est donné les moyens.

par plusieurs décennies de guerre sans interruption depuis l’Ayar373.

Comment l’éducation militaire et l’organisation des combats se passaient-elles ?

Faute de sources écrites nous nous contentons des sources orales que nous avions recueillies dans le Kasar Gobir. Selon celle-ci et comme l’armée se composait de tous les Gobirawa capables d’aller à la guerre, cette éducation concerne tous les sujets. Voici comment un forgeron374 expliquait cette éducation militaire :

« Elle commençait depuis la petite enfance, c’est-à-dire autour de six ou sept ans. Les enfants s’organisaient en bandes selon les classes d’âges. Les épreuves commençaient avec l’apprentissage à l’usage de la flèche confectionnée par eux-mêmes. Une cible était toujours définie et placée à un endroit éloigné des enfants. Ces derniers devaient l’atteindre avec moins d’essais. À l’adolescence, cet exercice se faisait sous le contrôle d’un Jarumi (guerrier courageux et victorieux). Pour mériter le grade de Jarumi il fallait réussir l’exercice, mais aussi être endurant dans la course. Celle-ci était organisée à l’occasion des parties de chasse ouverte solennellement chaque année par le biais du Budin daji375».

Il existait des Jarumai (pluriel de Jarumi) qui étaient au devant de la scène chaque fois qu’il y a guerre. Nous avons pu recueillir l’histoire d’un Jarumi appelé Dan Tema. Il était handicapé de son état. Malgré ce handicap et assis sur un mortier, il était capable de tenir tête à l’ennemi vue la rapidité avec laquelle il lançait ses flèches376. Cette prouesse lui a valu ce sobriquet : « Dan Tema a Gida gora, moa a dawa »377. Contrairement à ce qui se passe de nos jours, les responsables (les Sarakuna et les autres dignitaires) des Etats africains précoloniaux en général et ceux des Etats hausa en particulier participent eux-mêmes aux différents combats. Ils étaient toujours au devant de la scène accompagnés de tous les dignitaires de leurs Etats.

L’armée du Gobir est formée essentiellement par la levée de masse. En effet, en cas de guerre, tous les sujets capables sont appelés et constituaient les fantassins, les piétons armés des

373 Bongo Abubakar, le 06 mai 2016 à Sabon Birni.

374 Idi Makeri, le 12 mars 2015 à Gidan Rumji, nous affirma avoir tout appris de son grand père qui aurait, d’ailleurs, participé à certaines batailles contre les Peuls.

375 Idi Makeri à Gidan Rumji, le 12 mars 2015.

376 Idi Makeri interrogé à Gidan Rumji, le 12 mars 2015.

377 Dan Tema est une gourde en famille mais qui se transforme en valeureux guerrier sur le champ de bataille (Dr. Addo Mahamane, le 07/11/2018). Il ne valait rien à la maison, mais valeureux aux combats en raison de ses prouesses militaires. Notre informateur raconte, en effet, que ce Jarimi, quoique handicapé, est à mesure de tuer des guerriers ennemis. Information recueillie auprès d’Ali Makada à Mazangna, le 21 mars 2016.

diverses armes telles que les bâtons, les épées, les flèches, les couteaux, les haches (barandami) et tout autre outil susceptible d’être utilisé dans les combats. Toutes les couches socioprofessionnelles, en particulier, les chasseurs et les forgerons sont mis à contribution en raison de la spécifié de leur métier. Les premiers sont spécialisés dans le maniement des arcs et des flèches, notamment. Quant aux seconds, ils étaient la cheville ouvrière car ils fabriquaient et réparaient ces armes. Ils étaient ainsi, nécessaires puisqu’ils œuvraient sur les terrains des opérations, procédaient à la réparation mais aussi à la confection des armes. Les hommes qui se battaient, se protégeaient avec des boucliers en peau d’oryx. Il existait plusieurs corps d’armées au Gobir.

●La cavalerie était dirigée par l’Ubandawaki. Ce corps de l’armée disposait des chevaux qui provenaient de l’Ayar378 ou du Borno. La cavalerie revenait aux princes et aux nobles mais aussi à tout possesseur de chevaux. Les armes utilisées étaient les flèches, les épées et les lances379. Avec l’acquisition des cottes de maille nous avons le sulke. La confection du lifidi (caparaçon) a donné naissance au Sarkin lifidi qui était le commandant en chef de la cavalerie lourde réservée aux plus hauts gradés de l’armée. Elle était placée en première ligne dans les combats380.

●L’infanterie subdivisée en archers et en lanciers portant les haches, les gourdins, les couteaux etc. Elle est dirigée par les Jarumai (guerriers caractérisés par leur bravoure).

Le fusil avait été introduit au Kasar hausa au XVe siècle d’abord, à Kano sous le règne de

Sarkin Kano Dauda (1421-1438) par un prince bornouan. Mais il faut attendre le règne de

Kumbari (vers 1731-1743) pour qu’il soit importé du Nupe. Babba Zakari (vers 1768-1776) est le premier souverain à créer un corps de fusiliers pour sa garde personnelle (Palmer, 1967 : 109). Le fusil ne semble pas avoir été introduit au Gobir pendant la même période car les sources n’en parlent pas. On signale l’utilisation d’une arme à feu par le Sarkin Gobir Yunfa qui aurait invité le Shehu chez lui. Le Sarkin Gobir aurait appuyé sur la gâchette mais le fusil n’aurait pas explosé (Dokaji, 1978 : 34). On signale également les mousquets à la bataille de

Tapkin Kwato à l’issue de laquelle les Gobirawa, malgré leurs armes à feu ont subi une défaite

de la part des jihadistes. Tous ces moyens militaires et les différentes stratégies de guerre des

Gobirawa avaient été utilisés dans les multiples conflits qui les avaient opposés à leurs

378 Ce cheval était très recherché grâce à sa rapidité. Il est appelé Dan Abzin.

379 Ali Makeri à Gidan Rumji, le 12 mars 2015.

ennemis.

La première grande crise qu’ont connue les Gobirawa s’est déroulée à Birnin Lalle. 4.3. La crise politique de Birnin Lalle

Arrivés à Birnin Lalle vers 1515, les Gobirawa connurent leur première crise dans le

Gobir tudu à cause d’une révolution de palais ou de l’attaque des Touareg. C’est après la mort

de la reine Tawa que cette crise aurait éclaté. En effet, onze de ses fils auraient été tués à la suite d’une révolution de palais ou d’une attaque des Touareg. Cette capitale du Gobir fut le