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C- Les groupes Balint

5- Les groupes Balint pour étudiants

Les groupes Balint à Londres pour les étudiants en médecine

Initialement, Mickael Balint était plutôt réservé quant à l’accès des étudiants en médecine aux groupes Balint, car il doutait qu’ils puissent avoir suffisamment d’expériences et de maturité pour comprendre les problèmes relationnels complexes et profonds.

De plus, on rappelle que les participants doivent avoir, selon M. Balint, des contacts continus et prolongés avec leurs malades et porter une responsabilité médicale pour pouvoir contrôler (dans la pratique) les expériences faites dans les groupes Balint [36].

« Dans l’ensemble, pour être formés à la psychothérapie, les médecins qualifiés sont des éléments bien meilleurs que les étudiants en médecine. Tout d’abord, la formation n’est pas obligatoire, elle ne se fait pas dans l’intention de préparer un examen. Les médecins forment un groupe de volontaires, personnellement engagés parce qu’ils désirent acquérir une nouvelle aptitude qui les intéresse. En second lieu, l’omnipraticien a sur l’étudiant l’énorme avantage d’avoir une expérience de la vie…De plus, en règle générale, un omnipraticien est plus âgé, plus mûr qu’un étudiant en médecine… » [28-p. 315].

Mais en 1957, il propose à l’hôpital universitaire de Londres un modèle d’enseignement de psychologie médicale : cours magistraux, stages hospitaliers en nombre d’étudiants restreints, et petits groupes de discussion de cas sur le modèle des groupes Balint, pour les étudiants les plus motivés.

A partir de 1963, il y organise des séminaires de « formation des étudiants en médecine à la

médecine centrée sur le malade », sur 6 mois en parallèle de leur formation clinique car il

pense que pour enseigner la psychothérapie il faut soumettre l’étudiant à des émotions, qui agissent dans la situation thérapeutique entre médecin et patient.

« Il était demandé aux étudiants de tracer un tableau de la vie tout entière du malade, de ses sentiments, de ses attitudes et de ses relations personnelles, en plus des observations cliniques traditionnelles. Ce matériel était discuté et à partir de là, le séminaire essayait de préciser dans quel domaine l’étudiant pourrait acquérir une meilleure compréhension du malade, pour avoir un effet thérapeutique… » [36].

Les groupes Balint en France pour les étudiants en médecine [2, 32, 37, 38, 39]

En France, c’est le Dr Ginette Raimbault qui anime, à la demande des étudiants, le premier groupe Balint pour étudiants, ou « groupes juniors », dans le service du Pr Royer à Necker de 1965 à 1970, avec la participation de M. Balint qui venait de Londres pour co-animer cette formation.

Il exprimera, finalement, à cette occasion, qu’ils devraient être obligatoires pour tous les étudiants.

« (…) tous les étudiants ne pourront pas – de manière univoque- bénéficier de ce type

d’enseignement, au moins au moment où il leur est dispensé, mais il est néanmoins justifié de le proposer à tous et à son évaluation immédiate devrait s’ajouter une évaluation a long – et parfois même à très long terme » [38].

34 Mais il faudra attendre mai 1968 pour entendre parler à l’échelle nationale des groupes Balint comme outil de formation médicale, et ce, grâce aux revendications étudiantes de mai 1968. En effet, ceci est exposé dans le « livre blanc de la réforme des études médicales ». Il a été rédigé en mai 1968 par le comité de Synthèse dirigé par Louis Dubertret (étudiant en

médecine de Paris) pour lutter contre les actions anarchistes du Comité d’Action des étudiants en médecine de Paris, puis présenté fin juin 1968 au Ministre de l'Éducation Nationale,

François-Xavier Ortoli. On peut y lire :

« … la commission réclame la création au niveau de chaque CHU et dès la rentrée

prochaine, d'un département de sciences humaines responsable de l'enseignement théorique au niveau du CHU. Nous n'avons jusqu'ici abordé que la formation théorique, mais de même que dans toutes les autres formations médicales, la formation théorique s'accompagne d'une formation pratique... cette formation devra se faire dans des groupes que jusqu'à ce que nous ayons trouvé un nouveau qualificatif plus juste, nous appellerons « groupe Balint ».»

En 1974, sont proposés à l’université de Bobigny (Paris 13) des groupes Balint pour étudiants en troisième cycle des études médicales, et animés par le Dr R. Gelly, médecin généraliste et psychanalyste.

Voilà comment le Dr Gelly en expliquait son fonctionnement dans un rapport :

« Les groupes Balint ont été institués dans le cadre du 3eme cycle de médecine générale

depuis 1974[…]. Ces groupes comprennent une dizaine d’étudiants qui commencent à

exercer leur profession au cours de leurs stages d’interne ou de remplaçant. La participation à ces groupes est volontaire et les étudiants se décident après avoir reçu une information sur leur fonctionnement. Le leader […] explique notamment qu’il est destiné à ceux qui peuvent et veulent bien accepter que soit élucidée et critiquée la façon dont ils sont personnellement impliqués dans leur relation à leurs malades. Le groupe se réunit tous les 15 jours et à chaque séance, un ou plusieurs participants, lorsqu’ils en ressentent l’intérêt, la nécessité ou l’urgence, font le récit à leurs collègues d’un cas qui leur a posé problème dans leur pratique médicale. Il est bien précisé que c’est au groupe qu’il appartient avec l’aide du leader et après écoute attentive d’expliciter les raisons de ces difficultés, de les percevoir au niveau de la relation médecin-malade et ceci à l’aide de l’intérêt qui est porté tant à la personnalité du médecin qu’à celle du malade. Le groupe progresse grâce aux questions que chacun est capable d’accepter de se poser sur son propre fonctionnement et non en utilisant […] des réponses stéréotypées et passe-partout dont chacun dispose face aux agressions de la vie courante, face à son angoisse existentielle […]. Les leaders acceptent que les participants racontent des morceaux de leur existence, jusqu’à un certain point […] à charge pour le leader de procéder aux interventions et aux interprétations qui permettent à l’auteur de ces confidences d’en bénéficier au premier chef. Tout ce qui est exprimé au cours des séances doit être utilisé au profit de l’élucidation de la relation médecin-malade » [32].

En province, il faut attendre 1973 et 1972 pour qu’apparaissent les premiers groupes Balint pour étudiants en médecine par le Professeur L. Israel à Strasbourg et le Professeur J. Guyotat à Lyon.

Finalement dans les années 80, apparaissent les premières formations à la relation thérapeutique pour les étudiants en deuxième cycle.

35 Plus récemment, voici quelques exemples d’initiation au groupe Balint pour étudiants de 2éme cycle :

L. Velluet et P. Jaury, proposent à Paris-Descartes depuis 2003, un groupe de type Balint à destination d’étudiants de 2eme cycle. La formation est proposée dans le cadre des modules

optionnels de « Formation à la relation thérapeutique » et a fait l’objet d’une thèse [39]. Depuis 2001, l’université paris Créteil (XII) a mis en place un dispositif, obligatoire, de formation à destination des étudiants en DCEM1 appelé « Enseignement d’initiation à la relation médecin-malade » [20, 40].

D’autres initiatives sont à noter, comme la mise en place de travaux pratiques dans le cadre de l’enseignement du module 7 à la faculté de médecine de Strasbourg et a destination des étudiants en DCEM3 et 4, consistant en une initiation des étudiant(e)s à l’expérience des groupes Balint. Ces groupes restent facultatifs [38].

Des groupes de type Balint ont également été mis en place sur des modes optionnels à Rennes dans le module de « Psychologie médicale » de DCEM3 et à Angers dans le module de « Sciences humaines » sur un mode obligatoire [10].

Enfin, depuis 2004 à Poitiers, un enseignement optionnel de type Balint est proposé aux étudiants de 1ere année de deuxième cycle des études médicales, et a fait l’objet d’une thèse

[38].

Les groupes Balint pour étudiants de 3éme cycle depuis la création des stages ambulatoires De façon non exhaustive, voici quelques exemples d’initiatives de création de groupes Balint à destination des étudiants en médecine de 3éme cycle :

L’Hôpital Necker a bien entendu poursuivi l’initiative de G. Raimlbault, et une formation Balint à destination d’internes de 3éme cycle des études médicales de médecine générale de

l’université Paris-Descartes (Paris V), a été mise en place sur l’année universitaire 2001-2002, à l’initiative du Pr Jaury, sur un mode obligatoire, et a donné lieu à un travail d’évaluation dans le cadre d’une thèse de médecine [9].

A Caen en 2007, a été mise en place pour la première fois une « initiation au groupe Balint » pour les étudiants de Troisième cycle de Médecine générale (TCEM1) sur un mode optionnel et a fait l’objet d’une thèse [2].

Un psychodrame Balint optionnel est proposé aux étudiants de 3éme cycle de Paris-Descartes (paris V) depuis 2008 en parallèle du SASPAS et a fait l’objet d’une thèse [41].

Au cours de l’année universitaire 2008-2009 à Angers, un groupe d’ « analyse des pratiques

type Balint », optionnel, a été mis en place et a fait l’objet d’une thèse [32].

En 2009, c’est l’université de Tours qui met en place des groupes Balint destinés à leurs étudiants de DES de Médecine Générale et ils ont également fait l’objet d’une étude dans une thèse [42].

36 A Strasbourg, le syndicat des internes de médecine (SARRA-IMG) en association avec le Dr Guillou, enseignant du DMG, et le Pr Bacqué, psychanalyste et leader accrédité, proposent des « groupes Balint juniors » aux étudiants du DES de médecine générale depuis la fin des années 2000. Ils ont fait l’objet d’une thèse [10].

Des initiations au groupe Balint, appelées aussi groupes de formation à la relation

thérapeutique, sont également proposées aux étudiants de 3éme cycle sur un mode optionnel dans les facultés de Paris VII, Faculté Pierre et Marie Currie et Paris XIII… [10].

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