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E- Apports du Balint, au-delà du savoir

4- Amélioration des pratiques et du Savoir-faire

La plupart des participantes, ont considéré que, dans l’ensemble, cette initiation leur a permis d’améliorer leur pratique : « moi ça m’a enrichi je pense dans ma pratique » (interne 9), « ils

m’ont apporté forcément, même si je ne l’ai pas vécu, on va dire, un peu « d’expériences » entre guillemet. Parce que tu prends un peu aussi de ce que les autres racontent, de l’histoire des autres et ça t’enrichi forcément un peu pour ta pratique future » (interne 6). « Petit à petit la motivation, les connaissances s’amenuisent un peu, donc il faut assister à des choses en groupe. Après, ce qui convient personnellement, se stimuler un peu, progresser quoi. Je pense que les groupes Balint c’est un bon moyen » (interne 3).

Et de façon plus précise, cette initiation au groupe Balint, leur a « permis vraiment de

s’améliorer sur la relation avec les patients » (interne 4) car « nous ne travaillons que sur les problèmes que suscitent la pratique, les problèmes relationnels qui sont suscités par la pratique au quotidien » (leader 1) comme le souligne les leaders.

Mais cette « ouverture » (interne 5) sur la relation médecin-patient ne s’est pas seulement limitée au cadre de l’initiation, elle s’est aussi pour certaines participantes, transposée dans leur activité professionnelle quotidienne : « je me dis quand il y a un souci dans la relation, il

faut que j’essaie de creuser un petit plus pour essayer de voir quel a été le problème pour ne pas rester aux choses superficielles. Ça m’a apporté sur le fait d’avoir une réflexion un petit peu plus poussée sur pourquoi il y a eu ce soucis » (interne 6). Mais aussi prendre « plus le temps de réfléchir à une situation qui me pose problème, qu’avant j’aurais continué d’avancer, je serais passé à autre chose… Faire la démarche du groupe Balint mais toute seule » (interne 7).

Cette initiation a également permis, à certaines participantes, de mieux appréhender la notion de temps.

En effet, certaines participantes, après l’initiation, se sont rendues compte qu’elles avaient augmenté leur temps de consultation : « je ne sais pas si passer de 20 minutes au lieu d’un

quart d’heure ça fait partie de ça ? Je ne sais pas si ça était insufflé par ça ? Peut-être… probablement » (interne 4).

Ou bien, qu’elles prennent, avec plus de facilité, du temps sur la consultation suivante, pour approfondir un entretien avec un patient : « au début, j’étais assez stressée par le temps et

maintenant beaucoup moins. Je me dis si j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui ne passe pas dans la communication, je vais prendre plus de temps pour essayer de déblayer ça. Et je pense que le fait d’en avoir beaucoup discuté en groupe Balint, ça m’a conforté là- dedans » (interne 9).

Ou alors, elles se sont rendues compte que la prise en charge d’un patient se faisait aussi sur du long terme : « je me suis dit effectivement que j’avais peut-être un objectif un peu trop

important pour une seule consultation. C’est… oui il fallait que je laisse le temps en fait…c’est le principe de prendre en charge sur plusieurs consultations. Il faut accepter qu’une consultation peut pas tout résoudre » (interne 2).

90 Du coup, cette initiation leur a permis d’être plus sensibles aux enjeux de la relation médecin- patient, en essayant d’être « plus attentives à ce que peut attendre le patient, à ce qu’il attend

de la relation » (interne 4) : « je pense que je consacre un peu plus de temps à essayer de comprendre la demande du patient » (interne 9). « Ca m’a permis de mélanger un petit peu mon caractère et ma vision des choses avec celle des autres, et du coup, de modifier un petit peu l’interprétation de certains comportements de patients » (interne 8). « J’essaie de réfléchir plus sur ma relation médecin-patient. Il y a des choses qui se trament, qui se jouent dont on n’est pas conscient souvent. Et du coup j’essaie vraiment … d’être plus attentive à ce qui se dit, enfin tout ce qui ne se dit pas et qui gravite autour de la consultation, et que ça peut être utile pour dénouer des choses, pour avoir une vision un peu plus psychologue… Je pense que ma démarche est plus réflexive dans ma relation avec les patients. Je me pose plus de questions, et du coup à priori c’est mieux pour ma relation avec les patients » (interne 4), « je différencie attentes et demandes, vraiment je fais plus attention à tous les signes non verbaux » (interne 4).

Mais aussi, cela a permis, à certaines participantes, d’être confortées dans l’idée qu’il faut savoir « poser un cadre » (leader 1), lors des consultations : « sur certaines demandes un peu

inappropriées…par exemple de prescriptions, de certificats un peu inappropriés, on sait que ce n’est pas faisable comme ça, qu’il faut dire non. C’est vrai que quand la situation s’est représentée après en avoir discuté…Tu te dis : je résiste encore plus » (interne 6), de ce fait « j’espère que je serais plus à même de m’imposer, je ne peux pas le garantir (sourire). Je pense quand même, le fait d’en avoir discuté, je pense que je serais plus performante, j’espère (sourire)…je pense » (interne 9).

Car en effet, comme le rappel un des leaders, « si vous ne savez pas poser un cadre, vous ne

pourrez pas faire bien votre travail » parce que « la fonction d’un cadre c’est d’être contenant et protecteur. A la fois pour le médecin et à la fois pour le patient. Mais, que ce n’est pas quelque chose de rigide. La preuve, avec certaines personnes, vous poserez un type de cadre, et avec d’autres personnes, vous poserez un autre type de cadre. C’est éminemment interchangeable le cadre. C’est justement la richesse du praticien, sa capacité à être à l’aise dans ce qu’il fait et dans sa capacité d’être en relation, qui va lui permettre d’être très créateur au niveau des cadres...c’est justement toute la valeur d’un cadre, qu’il soit

thérapeutique parce qu’il est thérapeutique pour le médecin aussi. C’est important de savoir poser un cadre et ça on l’apprend en groupe Balint. On n’apprend pas ça à la fac de

médecine » (leader 1).

Par ailleurs, la notion de prise en charge globale du patient est très importante dans notre profession, comme nous le rappelle les leaders : « un patient est une personne entière » (leader 2) et « le but c’est de soigner des malades ce n’est pas de soigner des maladies » (leader 1).

Du coup, pour plusieurs participantes, présenter un cas en initiation Balint, leur a permis de

« prendre du recul sur chaque situation » (interne 1), d’ « avoir une vision plus globale »

(interne 3) du patient, « pour se sortir un peu la tête du guidon (rire) » (interne 3), car

« quand c’est à posteriori, c’est toujours plus enrichissant de prendre un peu de recul que quand on est dedans » (interne 1).

Et la présence des autres internes a beaucoup participé à cela, car le « regard extérieur permet

de relativiser un petit peu » (interne 2), « d’avoir d’autres avis, d’autres points de vue »

(interne 8) car « justement quand on écoute l’histoire des autres, on n’a pas vécu la

situation…donc forcément… on se rend compte peut-être de certains problèmes dans la relation » (interne 6).

91 Pour finir, la quasi majorité des participantes, a observé que cette initiation leur a facilité la possibilité « de pouvoir anticiper d’autres situations qu’on n’a pas encore vécu » (interne 7), d’avoir l’impression « d’être un peu plus armée si jamais ça se reproduisait » (interne 9), d’être « forcément plus sereine » (interne 5) : « j’aurais peut-être plus de recul, et comme j’ai

déjà été confrontée à cette situation forcément je réagirai un peu différemment, sans doute, avec plus de maturité » (interne 5). « J’irai toujours avec ma sensibilité, mon bon sens, mais j’aurai déjà réfléchi dessus, donc je me sentirai un petit moins perdue. Je me dirai, c’est quelque chose que j’ai déjà vécue, j’en ai déjà discuté…donc un peu plus sûre de moi dans cette situation… j’aurai plus de confiance » (interne 4).

Mais au-delà de ces résultats, il faut aussi prendre en compte le fait qu’elles sont conscientes de la difficulté de la mise en pratique au quotidien : « ceci dit je ne sais pas si la situation se

représente…je ne sais pas si j’arriverai à dire hop, hop, hop, on reste tranquille, on ne s’énerve pas… » (interne 1), « oui j’essaierai, mais après on ne sait jamais comment on réagit. Ça va vite, il y a plein de choses qui se passent, tu es stressée, tu es en retard, il y a le téléphone qui sonne… il y a plein de truc qui font que, ça se trouve, tu feras encore pire que dans la situation » (interne 6).

Cela est sûrement plus « évident », après avoir acquis plus de pratique : « ce n’est pas

évident… et puis sur le moment c’est toujours pareil…On ne le fait pas, ou alors on le fait au bout de 15 ou 20 fois. Quand on sera vieille ! (rire) » (interne 1). « Je pense qu’en en faisant régulièrement, tu peux arriver à un bon niveau, à te poser des questions sur le moment dans ta pratique. Tiens, tiens, si le groupe Balint était là… il dirait que… (Rire) » (interne 3).

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