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Chapitre 2 État de la question Traductologie et formation du traducteur, outils d’aide à la

2.2 Les outils d’aide à la traduction dans la formation des traducteurs

2.2.1 Groupe d’experts stratégiques de Master européen en traduction (le Groupe EMT)

Le groupe EMT a été créé par la Direction générale de la traduction de la Commission de l’Union européenne. Il a pour mission d’harmoniser et de mettre au point la formation des traducteurs professionnels des universités membres du réseau EMT5 afin de mieux répondre

à la demande en traduction du marché européen. Cette initiative découle de la signature de l’accord de Bologne6, dans lequel trente pays signataires (aujourd’hui quarante-sept) ont

décidé, le 19 juin 1999, de travailler en symbiose afin d’améliorer le processus et le contenu des programmes d’enseignement en général. Ainsi, toutes les recherches qui seront menées dans le cadre des travaux du groupe d’experts EMT seront des projets s’inscrivant dans la continuité de l’accord de Bologne, comme défini sur le site Internet de la Commission de l’Union européenne7 :

Le principal objectif de l’EMT est d’améliorer la qualité de la formation des traducteurs et de faire en sorte que les traducteurs travaillant dans l’UE soient

des professionnels hautement qualifiés. Le profil de compétences, établi par des

experts européens, détaille les compétences que les traducteurs doivent posséder pour travailler sur le marché actuel. Un nombre croissant d’universités se servent de ce profil pour élaborer leurs programmes. L’objectif à long terme de l’EMT est de valoriser le métier de traducteur dans l’Union européenne.

La première vague de travaux de ce groupe s’est déroulée entre 2009 et 2013. Parmi les recherches menées par le groupe EMT, mentionnons celle qui porte sur le profil du formateur, et dont les résultats sont présentés dans la publication intitulée Profil du formateur : compétences du formateur en traduction (2010) et dont la pertinence a été réitérée plus tard dans les rapports annuels de leurs congrès annuels de 2017, 2018 et 2019. La nécessité est manifeste d’avoir au sein des programmes de formation en traduction des enseignants ayant un profil de compétences actualisé qui leur permet d’offrir des formations de pointe et qui

5 Source :http://ec.europa.eu/dgs/translation/programmes/emt/index-fr.htm, consulté le 20 octobre 2017. 6 Source : http://ec.europa.eu/education/policy/higher-education/bologna-process_fr.htm), consulté le 20

octobre 2017.

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répondent aux attentes du marché de la traduction en Europe. La création de communautés de partage comme celles organisées par les membres du réseau EMT a jusqu’ici semblé fructueuse en ce qui concerne l’uniformisation et l’adoption de nouvelles stratégies à mettre en place en vue de l’amélioration de l’offre pédagogique des cours des programmes- membres.

Nous notons également la recherche menée sur les compétences des traducteurs et l’importance des outils d’aide à la traduction, dont les résultats sont présentés dans la publication intitulée Compétences pour les traducteurs professionnels, experts en communication multilingue et multimédia (2009).

En 2016, en réponse à la nature changeante du marché européen et à ses nouvelles exigences, le groupe EMT reçoit un nouveau mandat, qui consiste, non seulement à consolider et à améliorer l’employabilité des titulaires du diplôme de master en traduction en Europe, mais aussi à définir l’adhésion de nouveaux membres et à évaluer l’efficacité du programme de traduction appliqué dans l’ensemble du réseau EMT. Ce mandat consiste aussi à évaluer la capacité de ces universités à maintenir la norme recommandée par la direction de l’EMT. « [C] e référentiel considère que l’éducation et la formation des traducteurs au niveau de la maitrise devraient permettre aux étudiants d’acquérir une profonde connaissance des processus concernés, mais aussi la capacité de réaliser et de fournir un service de traduction conforme aux normes professionnelles et éthiques les plus élevées » (EMT 2017, p. 4). Pour ce faire, cinq domaines de compétences seront ciblés lors des évaluations : la langue et la culture (dimensions transculturelles, sociolinguistiques et aptitudes communicationnelles); la traduction (compétence stratégique, méthodologique et thématique); la technologie (outils et applications); les relations personnelles et interpersonnelles (aptitudes d’adaptabilité et d’employabilité); et la prestation de services (mise en œuvre de la traduction, appréhension du besoin, négociation du contrat, gestion de projet et assurance qualité). Dans son rapport annuel de 2017, ayant statué en faveur d’une adoption des OAT dans la formation, le groupe d’experts EMT définit ce qu’il entend par compétence en technologies de traduction et qui sera la vision que les universités membres épouseront dans l’introduction des cours sur les technologies de la traduction ou lors de leur inclusion dans les cours en général :

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Cette compétence englobe tous les savoirs et aptitudes utilisés pour mettre en œuvre les technologies de traduction actuelles et futures dans le processus de traduction. Elle comprend également une connaissance de base des technologies de TA et la capacité de mettre en œuvre la TA selon les besoins potentiels. (Groupe d’experts EMT 2017, p. 9)

Afin de mieux orienter et uniformiser la mise en œuvre de cette intégration dans tout son réseau, le groupe d’experts EMT identifie six objectifs majeurs que visera le développement de cette compétence chez l’étudiant et l’utilisation des OAT dans la formation :

Les étudiants [sauront]… utiliser les applications informatiques les plus utiles, y compris tout l’éventail de logiciels de bureautique, et s’adapter rapidement aux nouveaux outils et aux nouvelles ressources informatiques.

[Ils sauront] exploiter efficacement les moteurs de recherche, les outils basés sur les corpus, les outils d’analyse textuelle et les outils d’aide à la traduction. [Ils sauront] perpétrer, traiter et gérer des fichiers et d’autres supports/sources dans le cadre de la traduction, par exemple des fichiers vidéo et multimédia, et manier les technologies de l’Internet.

[Ils sauront] maitriser les bases de la TA et son incidence sur le processus de traduction.

[Ils sauront] évaluer la pertinence des systèmes de TA dans un flux de traduction et mettre en œuvre le système de TA approprié si nécessaire.

[Ils sauront] appliquer d’autres outils à l’appui des technologies linguistiques et de traduction, tels que les logiciels de gestion du flux de travail. (Groupe d’experts EMT 2017, p. 9)

Afin d’aider d’autres établissements d’enseignement non-membres africains à améliorer leur formation en offrant une formation continue à leurs enseignants, l’Union européenne a signé un accord de financement avec le bureau des Nations unies à Nairobi pour soutenir le programme panafricain de maîtrise en traduction et interprétation de conférence (PAMCIT). Cet accord a pour objectif d’encouragerles enseignants du réseau EMT désireux de proposer des ateliers et des séminaires destinés à améliorer les compétences pédagogiques des formateurs. Cette initiative n’a pas tardé à se concrétiser, puisqu’en juin 2016, le coordonnateur de ce programme a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour de telles activités. Sur les 113 enseignants du réseau qui ont postulé en réponse à cette offre, deux

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candidatures ont été retenues pour offrir un séminaire d’une semaine aux enseignants du PAMCIT, au Ghana, en janvier 2017 (EMT 2017b, p. 9).

Le groupe d’experts se positionne clairement par rapport à l’importance de l’utilisation des outils d’aide à la traduction dans la profession et dans la formation. Parmi les stratégies adoptées au sein des universités membres du réseau en 2018, nous notons premièrement le renforcement des relations entre le réseau des membres EMT et les concepteurs des logiciels afin de négocier de meilleures ententes et offres qualité-prix pour les licences des logiciels et autres services; deuxièmement, la promotion de la pratique de simulation des agences de traduction dans la formation. Celle-ci permet aux étudiants d’apprendre non seulement à traduire mais aussi de découvrir tout ce qui tourne autour du projet de traduction en faisant une simulation de la chaine de production d’un projet de traduction, avec les outils d’aide à la traduction mis au centre de cette pratique.

En effet, selon le groupe d’experts EMT, et ce que leurs études sur notre thématique laissent transparaître, pour être mieux outillé pour le marché de la traduction, l’étudiant doit commencer à se former à l’utilisation de ces outils pendant ses études. Les compétences technologiques mises en avant dans sa formation lui permettront, entre autres, de savoir quand il faut avoir recours à un logiciel de traduction ou à tout autre logiciel, et s’il faut ajouter d’autres outils informatiques en complément aux outils d’aide à la traduction, comme les logiciels de gestion de flux de travail, pour assurer une productivité efficiente. Cette compétence permettra également aux étudiants de maîtriser les rudiments de la traduction automatique (TA) et de comprendre son incidence sur le processus de traduction (EMT 2017a, p. 9).

2.2.2 Travaux canadiens et intégration des OAT dans la formation des traducteurs au Canada