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! Questions et réponses

Questions 16 à 20 : gestion de l’hétérogénéité et intégration 185(

16. Selon vous, qu’est-ce qu’un élève en difficulté scolaire ou un élève à besoins particuliers ?

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Anthony(Coppola( ( Entretien(passé(le(2(septembre(2014(

C’est un élève pour qui tout ce que tu as proposé, les marches restent trop hautes pour les élèves. Tu dois encore trouver quelque chose pour lui, mais tu n’as pas le temps, car il y a encore les autres. Alors ça devient un élève à difficulté.

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17. Parlez-moi de trois élèves qui sont ou étaient en difficulté dans votre classe ?

18. Comment on s’y prend pour aider ces élèves en difficulté ? 195(

Il y a un élève rebelle et intelligent, mais rebelle dans le sens où ils n’entrent pas dans les apprentissages que je propose. Et pour finir, aux évaluations, il échoue.

Il pourrait avoir ce style de ne pas suivre et cartonné dans les évaluations, car ce n’est pas un élève qui a besoin de faire toute les fiches jusqu’au bout et avoir un vu. Je peux concevoir qu’il ne fait pas tout. Mais celui-là, il tombait dans tous les 200(

panneaux, parce qu’il n’y parvenait pas. Il se trouve avec des évaluations moyennes alors que tu sens un potentiel, ça me navrait. Après, tu peux voir un enfant qui a beaucoup de peine, un faible potentiel. C’est pas si grave s’il arrive juste à la moyenne. Mais ce qui est dommage c’est quand tu sens un enfant qui pourrait progresser s’il s’y met. Pour l’aider, j’essayais de travailler à côté de lui 205(

physiquement. J’essayais de le rappeler, de le reconnecter. Parfois, ça marchait.

J’utilise pas mal les stagiaires où elles font l’école et moi je fais de l’aide à l’enseignement.

Il y a aussi des enfants qui ne rappellent plus. C’est très très angoissant. Ça peut 210(

devenir d’une angoisse chez eux. Pour eux, de se rappeler, c’est peut-être angoissant. Peut-être qu’ils mettent tout dans la mémoire immédiate et on vide de la poubelle chaque jour pour ne pas que ça y reste, car il y a des choses douloureuses. Mais on ne peut rien bâtir avec eux. Parce qu’on leur donne une lettre, et on la fusionne avec une nouvelle. Alors pour les aider, c’est d’essayer de 215(

voir les parents, de voir s’il y a des soucis. Si les parents te disent qu’ils sont en train de divorcer, tu te dis que tu vas laisser tranquille l’enfant deux, trois semaines. Ou deux mois. Tu essaies d’être sympa. Tu te dis que peut-être qu’il est en train d’enregistrer plus qu’on ne le croit, même si au rendu il n’y a rien. Ou je

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ne sais pas, il y a un deuil. Ou une grande maman qui ne peut plus le garder. Il y 220(

a une cassure et il a juste besoin d’un moment pour colmater une blessure. Ou des fois rien qu’en n’en parlant avec les parents, ils prennent ça en charge. On forme une sorte d’équipe, de réseau. Je prends un livre de rétroaction. On recommence depuis le début. Des fois porter par les parents, ça peut les aider. Il y a eu une année ou j’ai vu le papa d’une élève tous les vendredis. Puis, on 225(

préparait la semaine d’après. Les parents aimeraient que les enfants réussissent et des fois ils n’ont pas vraiment explicité cela. Alors, moi je dis que j’ai plein de possibilités aux parents. Si on voit qu’on a la même chose, on se sent plus fort.

Parfois, ils aident en se trompant. Alors, je peux les guider. Sinon, l’enfant peut se sentir plus perdu.

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19. En Finlande, une majorité d’élèves à besoin particuliers sont intégrés dans les classes. Que pensez-vous de cela ? Quels avantages, inconvénients pour les élèves, pour les enseignants ? Alors moi j’ai eu plusieurs fois des enfants intégrés. Je n’ai jamais eu un autiste 235(

ou syndrome d’asperger. J’ai eu un enfant sourd, un enfant handicapé, paraplégique. Et j’ai toujours trouvé que c’était un super plus pour tout le monde : pour l’enseignant, l’élève et les élèves. Ce regard de voir un enfant sourd qui lit sur les lèvres, et ensuite tout le monde découvre ce que c’est. Ça peut arriver à leur grand-maman. C’est fréquent. Ils vont comprendre qu’ils vont 240(

devoir parler en face de manière plus claire. Ils auront cette sensibilité. L’enfant sourd parfois parle avec sa grosse voix. Les autres vont rire, mais pas par méchanceté. Et cela peut l’aider, car il va apprendre à ne plus faire sa grosse voix. Et moi j’avais eu un enfant qui allait à moitié à l’école de Moudon, dans une classe spéciale. La maman me disait que quand il allait uniquement dans l’école 245(

de Moudon, on le comprenait moins. Parce qu’il y avait pas ce retour dans une école de sourd. Tandis que là, quand on ne comprenait pas, les autres lui faisaient bien comprendre. Il devait se donner de la peine pour articuler. Il avait un contrôle.

Et par exemple la fillette paraplégique elle devait faire du standing. Elle devait 250(

se mettre de out une fois par jour. Elle détestait ça, parce que ça devait la

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fatiguer. Et là, on avait fait un réseau et elle devait faire ça pendant la récré. Et puis, ensuite elle a eu une chaise électrique. Et les autres s’amusaient avec ce siège, avec le joystick. Et c’était devenu un plaisir. Tout le monde trouvait un bénéfice. Cette élève avait aussi une dyspraxie. Elle avait de la peine avec les 255(

tableaux à double entrée, et puis alors elle devait gérer ces tableaux. Ça lui a fait un bien fou aussi pour ces maths. Ça peut booster. On devait faire parfois des itinéraires spéciaux, donc ca nous a permis de faire des lectures de cartes. On s’est pas mal adapté.

Maintenant, je vais avoir un élève qui a de la peine à entrer en contact. Ça va 260(

être un défi dans le sens où j’ai toujours eu des enfants assis à table. Quand tu vois comme il y a déjà fait des progrès dans la communication avec sa prof d’enfantine. Et maintenant, quand il sort du bus, il est content d’être là. Il vient nous regarder dans les yeux. C’est extraordinaire. Si en trois ans, il a pu faire ces progrès en étant intégré, ça peut fonctionner.

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20. En Suisse, à 12 ans en moyenne, les élèves sont orientés selon

leurs moyennes scolaires. Que pensez-vous de cela ?

Moi, j’ai toujours pensé qu’on devrait faire jusqu’à 16 ans une voie unique comme en Finlande. J’ai de la peine avec ce qui disent les enseignants secondaires, si on 270(

ne commence pas à faire nos programme, on arriverait jamais à la fin. J’aurai envie de leur dire, faite du différencié comme nous. Parce que je ne comprends pas pourquoi, bon eux ils disent que c’est très différent. Parce que quand en troisième, tu as un gamin qui lit couramment et un enfant qui ne connaît pas les lettres, je vois peu de différences plus grandes que ça. Et puis, on fait avec. Peut-275(

être que c’est plus facile parce qu’on a la classe dans la globalité, parce que je les vois à la gym, que je les vois partout. Que je peux déborder d’une leçon sur l’autre. Peut-être que si je donnais deux heures d’allemand par semaine et tout, on peut peut-être plus facilement rattraper des choses, car on est tout le temps avec eux. Mais je pense qu’on est quand même dans une culture vaudoise dans 280(

laquelle on aime sélectionner et qu’on veut des classes triées. Avant c’était en troisième primaire où on faisait des examens ou pas. Et après, tu avais encore une chance, c’était la prime sup. Mais là, si tu n’étais pas bon en orthographe, là

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tu oubliais. Ensuite, c’était fini. Et tout cela avant 12 ans. On a été dans les cantons romands les plus sélectifs. Je me demande si ce n’est pas un reste 285(

d’attirance vers la France. Moi, j’ai entendu des systèmes suisses-allemands où les gens n’avaient pas de sélection et pas de note. Ils apprenaient juste pour le plaisir d’apprendre. Donc, moi je pense que les notes, ça fausse un peu le terrain.

Les profs des grands disent que sans note, on n’arriverait à rien. Moi je n’ai pas l’impression. Chez les petits, ça nous complique la vie ces évaluations. Ce qui 290(

nous intéresse c’est acquis, je vais plus loin. Pas acquis, je remets sur le métier.

Là, on ne nous permet pas de faire ça. On nous demande est-ce qu’il a atteint, ou atteint avec aisance. Tout ça, c’est de la cosmétique quoi.

Questions 21 et 22 : Déroulement d’une journée d’enseignement et