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Définition d’un élève en difficulté scolaire ou à besoins éducatifs particuliers

3.1. Partie 1 : Gestion de l’hétérogénéité

3.1.1. Définition d’un élève en difficulté scolaire ou à besoins éducatifs particuliers

Voici la question que j’ai posée aux enseignants vaudois et finlandais en lien avec cette thématique: « Selon vous, qu’est-ce qu’un élève en difficulté scolaire ou un élève à besoins éducatifs particuliers ? »

L’objectif est de répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’un élève en difficulté?

Comment pouvons-nous le repérer dans une classe ? Quels signes peuvent nous montrer qu’un élève se démarque et peut être considéré par la suite comme présentant des besoins éducatifs particuliers ? Parallèlement, il s’agira de comparer la manière dont les enseignants en Suisse et en Finlande s’expriment sur ce sujet.

Par mon analyse effectuée7, je suis parvenu à faire ressortir les thématiques récurrentes des deux groupes d’enseignants interviewés. Le tableau qui suit permet de les visualiser. Celui-ci sera complété par un tableau indiquant pour chaque enseignant finlandais et vaudois quelles ont été leurs réponses.

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7 L’ensemble de ces démarches se trouve sur le document annexe 7.

Anthony Coppola Page 37 sur 118 Tableau de synthèse des thématiques définissant un élève en difficulté ou à besoin particulier

En SuisseEn Suisse et en FinlandeEn Finlande

Difficulté d’apprentissage, blocage Problèmes familiaux (3x)Suisse : 13xFinlande : 13x Tous les élèves ont des forces et des faiblesses (2x) Besoin d’une aide supplémentaireLangage (2x)Suisse : 6xFinlande : 5x -

Déficit d’attention - Suisse : 2xFinlande : 8x - Trouble d’apprentissage, handicap- Suisse : 5xFinlande : 3x - C’est large- Suisse : 4xFinlande : 4x - Élève isolé- Suisse : 3xFinlande : 4x - Comportement- Suisse : 2xFinlande : 5x - Souffrance, tristesse- Suisse : 5xFinlande : 1x - Rythme de travail, lenteur- Suisse : 2xFinlande : 3x - Manque de compréhension- Suisse : 2xFinlande : 3x - Manque d’organisation- Suisse : 2xFinlande : 1x - Timidité, élève introverti- Suisse : 1xFinlande : 1x -

Anthony Coppola Page 38 sur 118 Tableau de synthèse des propos de chaque enseignant

5. Miriam1225 (+1)6. Cassandra3147. César 1214 (+1)8. Barbara1113 (+2)9. Félicia11114

10. Bella11211. Sandro11212. Amélie21313. Tamara11Total 136254532222147 (+5)

Enseignants en Finlande

1. Mario111142. Hikko11243. Janine0 (+1)4. Ana1125. Eva3411211

6. Inkia1111157. Anama118. Manu111149. Annabelle22111119 (+1)10. Vivi112

11. Maraja411219Total 135834145313150 (+2)

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Il est intéressant de constater qu’il y a autant d’arguments mentionnés par les enseignants vaudois que finlandais. Dans les deux groupes d’enseignants interrogés, 52 arguments peuvent être comptés (47 + 5 pour la Suisse et 50 + 2 pour la Finlande).

Une deuxième observation mérite l’attention : même s’ils ne s’expriment pas le même nombre de fois sur les mêmes thématiques, la plupart d’entre elles sont mentionnées à la fois par les enseignants vaudois et finlandais. Seules deux thématiques en Suisse et une thématique en Finlande se démarquent des autres. En définitive, ce sont les fréquences liées aux différentes thématiques qui différencient le plus les deux groupes d’enseignants. Le tableau ci-dessous est éclairant.

Suisse Finlande

 Difficulté d’apprentissage, blocage (13x)

 Besoin d’une aide supplémentaire (6x)

 Trouble d’apprentissage, handicap (5x)

 Souffrance, tristesse (5x)

 C’est large (4x)

 Difficulté d’apprentissage, blocage (13x)

 Déficit d’attention (8x)

 Besoin d’une aide supplémentaire (5x)

 Comportement (5x)

 C’est large (4x)

 Élève isolé (4x)

On constate que l’aspect le plus évident pour définir ce qu’est un élève en difficulté ou à besoins éducatifs particuliers à la fois par les enseignants vaudois et finlandais concerne les difficultés d’apprentissage et le blocage (bleu). Puis, ils semblent s’accorder sur d’autres aspects comme le besoin pour cet enfant de recevoir une aide supplémentaire à celle que l’enseignant peut proposer (rouge), ainsi que de reconnaître que la définition peut être très large (vert). On réalise également que la souffrance des élèves est mentionnée cinq fois par les enseignants vaudois et aucune fois par ceux en Finlande. À l’inverse, les déficits d’attention et le comportement des élèves sont mentionnés huit fois pour les premiers et cinq fois pour les seconds en Finlande, alors qu’ils ne le sont pas en Suisse.

Quelles définitions les enseignants des deux groupes donnent-ils de l’élève en difficulté ? Les caractéristiques identifiées par les enseignants vaudois, d’une part et finlandais, d’une autre part, sont représentées dans le tableau qui suit.

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Propos définissant un élève en difficulté

Enseignants vaudois Enseignants finlandais

La définition d’un élève en difficulté ou à besoins éducatifs particuliers peut être très large. Ça peut venir de beaucoup de choses et il y a plusieurs profils (S.1, S.3, S.9, S.10).

C’est un élève qui n’y arrive pas, qui ne progresse pas et qui n’a pas les moyens, que ce soit en maths ou dans n’importe quelle branche (S.1, S.6, S.12, S.13).

Il peut être plus lent dans les apprentissages en raison d’un trouble (S.11) et il aurait besoin de beaucoup plus d’aide pour comprendre (S.3). Il a donc souvent besoin de plus de temps pour maitriser ce qu’on lui demande (S.9). Malgré tout ce que tu proposes, les marches restent trop hautes pour lui (S.2). Il fait face à un mur et reçoit de mauvais résultats (S.10). Tu n’as pas le temps de trouver quelque chose pour lui, car il y a d’autres élèves qui ont besoin de ton attention (S.2). On voit qu’il est mal dans sa peau, car il n’arrive pas à faire comme les autres (S.3). Comme il est décalé au niveau des connaissances, il souffre (S.5). Il peut être déconnecté du groupe et être en retrait (S.5), voire introverti (S.1).

On peut aussi tout de suite les repérer en raison d’un problème d’organisation. Il oublie ses affaires. C’est un enfant qui n’est pas toujours rigoureux dans sa tête, pas très organisé dans le fonctionnement de son travail (S.9).

Il peut avoir quelque chose qui le bloque : des difficultés au niveau de l’écriture ou quelque chose de cognitif pur, ce qui peut l’empêcher d’entrer dans les apprentissages, comme une hyperactivité ou un mutisme (S.6).

Ça peut aussi venir d’un problème

d’attention, de dysorthographie, de dyslexie, de dyscalculie, d’un retard dans le langage ou d’autres troubles d’apprentissage. Ça peut

La plupart du temps, un élève en difficulté scolaire ou à besoins particuliers a plus de difficultés pour faire quelque chose, mais ça peut provenir de tellement de raisons différentes. C’est très large (F.2, F.4, F.9).

C’est un enfant qui a besoin d’une aide particulière en raison des difficultés qu’il a pour faire quelque chose (F.2). Dès qu’on entre dans l’apprentissage, des difficultés se font ressentir (F.5). Il n’est pas en mesure de pouvoir bien travailler, il manque d’énergie, il ne peut pas se concentrer, et il n’est pas capable d’apprendre certaines choses (F5, F.9). Il ne travaille pas au même rythme que les autres, car il est plus lent (F1, F.6, F.8). Il est donc difficile de le voir travailler (F.5) et participer aux activités (F.6). Il a de la peine à lire et de comprendre les consignes (F.5).

Ce qu’il rédige est souvent hors sujet (F.5, F.11). Parfois, il ne fait rien, ce qui est un bon moyen de les repérer (F.5, F.9). Il ne comprend pas ce qui doit être fait et peut rester assis et ne rien faire sans rien

demander (F.5, F.11) et regarde par la fenêtre ou dans d’autres directions (F.5, F.7). Il peut paraître donc paresseux (F.8).

De plus, quelques fois, il ne peut pas trouver son crayon, sa gomme et il ne s’en soucie pas (F.5).

Il peut avoir des problèmes au niveau de la lecture ou de l’écriture, des problèmes de perceptions, ou des problèmes pour contrôler son travail de manière académique (F.1).

Parfois, on le remarque à son comportement, car il peut avoir de la peine à se contrôler (F.8, F.9). Peut-être que son comportement est agressif en raison de ses difficultés. Il peut commencer à pleurer. Un enseignant expérimenté peut voir lorsqu’un enfant se sent perdu (F.11). Au lieu d’écouter et se concentrer, il pourrait déranger les autres en parlant ou en bougeant, ou en faisant des

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être un enfant trisomique avec tendance autistique, voire un enfant souffrant du syndrome d’Asperger (S.1, S.4, S.8, S.9, S.11).

Les difficultés peuvent aussi venir du comportement, parce qu’il perturbe (S.1).

Sans doute, parfois il peut se montrer agité lorsqu’il ne comprend pas, ou lorsque c’est trop facile (S.3).

Les difficultés qu’ils rencontrent peuvent aussi être causées par des situations familiales complexes (S.4, S.7, S.8).

Un élève en difficulté ou à besoins éducatifs particuliers aurait besoin d’une structure adaptée pour pouvoir progresser, car si on ne lui donne pas les outils, il n’y arriverait pas.

(S.7, S.12) Cette structure adaptée pourrait être apportée par une logopédiste, une psychologue ou une autre forme de thérapie (S.13). Il faut donc lui proposer d’autres options que celles que peut lui apporter l’enseignant en classe (S.3). Un élève en difficulté peut avoir besoin d’être

accompagné pour une courte période. Ça peut être dû à un divorce ou un manque d’organisation qui peut être comblé par des outils (S.7).

Quoi qu’il en soit, ça nous demande de collaborer et beaucoup de disponibilité, ainsi qu’une grande part de réflexion pour savoir comment s’y prendre dans le but de l’intégrer au mieux (S.8).

bruits (F.5).

Il n’est donc pas évident pour cet enfant de pouvoir coopérer et de travailler en groupe parce que tout est tellement difficile pour lui (F.1, F.9, F.11).

Les causes peuvent aussi provenir d’un trouble d’apprentissage (F.9). Il arrive qu’un enfant ait été diagnostiqué avant d’entrer à l’école, ce qui donne une raison aux

problèmes de concentration que l’enfant peut rencontrer (F.10). Avec les variétés de méthodes et stratégies, il peut compenser ses faiblesses. Mais, s’il n’y parvient pas, il aura besoin de beaucoup plus de soutien dans certains domaines (F.9). De ce fait, des enseignants spécialisés peuvent venir travailler avec l’enseignant, et ensuite il y a un groupe de professionnel qui entoure l’enfant comme l’infirmière, le médecin de l’école, la psychologue scolaire (F.8).

Quoi qu’il en soit, on a 24 individus qui ont tous des besoins particuliers. Ce sont tous des individus avec des forces et des faiblesses.

Donc, quelque part, ce sont tous des élèves qui ont des besoins particuliers (F.9). Le plus important, c’est de trouver les forces de l’enfant, parce que c’est vraiment difficile de dépasser ses difficultés s’ils ne savent pas sur quelles forces ils peuvent compter en eux.

Sans cela, l’enfant serait enfermé dans une spirale négative, sans issue possible, ce qui aura comme conséquence de le couler. Après tout, on a tous des besoins particuliers. Il faut voir l’enfant comme un individu, et repérer ses forces pour pouvoir surpasser ses

difficultés. Tout le monde devrait être poussé en avant à son propre niveau, selon ses propres capacités. Ceci est d’ailleurs demandé explicitement par le curriculum finlandais (F.3).

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En conclusion, les enseignants vaudois et finlandais interviewés donnent une définition assez similaire sur ce qu’est un élève à difficulté ou à besoins éducatifs particuliers. En effet, selon leurs propos, la définition est large et prend en compte plusieurs profils. Ainsi, ils définissent ce type d’élève comme ayant des difficultés à entrer dans les apprentissages scolaires et à progresser. Ils sont lents et ont besoin de plus de temps pour acquérir des connaissances. Ils sont souvent en souffrance en se comparant aux autres et se mettent en retrait. Ils ont des difficultés d’organisation, d’attention et peuvent montrer un comportement perturbateur.

Souvent, ils ont un ou des troubles d’apprentissages qui perturbent leur développement. Pour toutes ces raisons, les enseignants vaudois et finlandais disent pouvoir collaborer avec des professionnels, tels que l’infirmière scolaire, un enseignant spécialisé ou encore la psychologue, en mettant en place un réseau autour de l’enfant pour lui venir en aide.

Cependant, il y a tout de même des propos différents mentionnés par les enseignants des deux pays. En effet, des enseignants vaudois soulèvent le contexte familial qui pourrait porter atteinte aux apprentissages de l’élève, alors que selon deux enseignantes finlandaises, on admet que tous les élèves ont des besoins particuliers. Ce qui importe c’est d’identifier les forces de chacun pour aller de l’avant et surpasser les difficultés.