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Conclusion du Chapitre théorique – rappel des objectifs de cette recherche :

1. Actes communicationnels uni- et bi- -modaux de l’intégralité du corpus : analyse transversale

1.4 Les actes bimodaux

1.4.1. Quels gestes pour quels actes bimodaux

1.4.1.2. Les gestes dans les combinaisons « 1MG »

Les Graphiques et tables de données 65 nous permettent de voir que nos sujets, quel que soit

leur âge, préfèrent employer un geste déictique au sein d’un acte bimodal composé d’un geste et d’un mot (« 1MG ») – (pour les données brutes, voir Annexe 12 p. 288). En

moyenne, sur 12 actes bimodaux :

- les sujets les plus jeunes préfèrent employer 11 actes bimodaux composé d’un geste déictique et 1 acte bimodal composé d’un geste performatif ;

- idem pour ceux issus de la seconde classe d’âges ;

- les sujets les plus jeunes préfèrent employer 10 actes bimodaux composé d’un geste déictique et 1 acte bimodal composé d’un geste performatif et 1 acte bimodal composé d’un geste performatif ou d’un geste représentationnel.

- idem pour les sujets les plus âgés

Nous ne commenterons pas les pourcentages au regard de la faible quantité de données accessibles dans cette analyse.

Graphiques et tables de données 65 : différents types de gestes au sein des actes bimodaux « 1MG » (en moyenne et en pourcentages)

Comment nos sujets emploient-ils ces combinaisons geste-mot ? (1) Les gestes déictiques dans les 1MG :

« voituè »

Le sujet n°107 âgé de 22 mois emploie des combinaisons bimodales contenant un geste déictique afin de dénommer la voiture qui se trouve dans le garage.

« lésa ? » (gloser : c’est quoi çà ?)

Le sujet n°410 âgé de 19 mois emploie des combinaisons bimodales contenant un geste déictique afin de demander à l’adulte le nom d’un objet.

« dodo »

Le sujet n°503 âgé de 22 mois brandit un personnage contre le visage de l’adulte en disant « dodo » (cette combinaison est considérée comme un pointage + prédication, voir

méthodologie p. 113)

Grâce aux combinaisons bimodales associant un geste déictique à un mot, nos sujets peuvent dénommer un objet et ce servir de cet acte pour attirer l’attention de l’adulte sur un objet ou encore demander une confirmation du nom de l’objet ou bien dénommer l’action qu’a subi un objet (tombé) – dans ces exemples les combinaisons sont redondantes - ou dire que va faire un personnage (dodo) – dans ce dernier exemple la combinaison est supplémentaire.

L’observation en qualité des combinaisons supplémentaires contenant un geste

déictique nous pousse à réfléchir à l’usage réel de ces combinaisons. Jusqu’à présent, dans la

littérature du genre, elles étaient glosées comme apportant deux informations différentes : - une information apportée par le pointage : quand l’enfant pointe du doigt un chien en train de tomber, l’information apportée par le pointage est le concept « chien ».

- une information apportée par la verbalisation : quand l’enfant pointe du doigt un chien en train de tomber et dit « tombé » l’information verbale apportée est le mot « tombé ». L’association de ces deux informations est glosée comme un énoncé complexe : « le chien est tombé ».

Cependant, cette analyse pose problème. Le pointage semble être l’apanage de la désignation : l’enfant pointe un objet du doigt et prononce son nom. Or, ne pourrait-on pas considérer que, dans certains cas, un pointage associé à la verbalisation d’un verbe peut aussi être, plus simplement, le témoignage que l’enfant dénomme l’action comme il dénomme un objet ? Autrement dit que dans ce cas, l’enfant ne semble pas réellement produire de prédication, mais pose plutôt un nom/un mot sur l’action effectuée. Dans ce cas, il faudrait changer la méthodologie de nos analyses futures puisque les deux éléments constituant une combinaison bimodale pointage + prédication verbale (« tombé » par exemple) entretiendraient au final une relation redondante et pas supplémentaire ! Dans la littérature sur la communication enfantine, les combinaisons bimodales pointage + prédication verbale

(pointage + « tombé » par exemple) sont considérées comme les premières formes prédicatives employées par l’enfant. Or si nous considérons que ces structures (ou au moins certaines d’entre elles) sont des structures de dénomination de l’action, elles ne peuvent plus être vues comme des structures prédicatives ! Il ne faut donc pas se contenter de regarder ce qui compose la combinaison (pointage + prédicat) mais replacer cette combinaison en contexte pour définir si elle est redondante (dénomination de l’action) ou supplémentaire (les deux modalités apportent réellement deux informations différentes). Conséquemment, quelles structures peut-on considérer comme les premières formes prédicatives produites par l’enfant ?

(2) Les gestes performatifs dans les 1MG :

Dans un premier temps, l’utilité du geste performatif au sein des combinaisons « 1MG » redondantes est de renforcer l’acte illocutoire. Par exemple, quand l’enfant dit « oui » tout en secouant la tête de haut en bas. Cependant, il existe des combinaisons supplémentaires constituées d’un geste performatif que l’enfant commence à produire dès qu’il atteint la seconde ou la troisième classe d’âges.

Par exemple, l’enfant 109 âgé de 33 mois dit « méchant » tout en secouant la tête de droite à gauche plusieurs fois (un geste de négation - Gloser : c’est pas bien !). Dans cet exemple, le mouvement de tête donne la valeur pragmatique de l’énoncé. Colletta (2004) avait déjà noté cet usage dans les productions des enfants âgés de 6 ans.

(3) Les gestes représentationnels dans les 1MG :

Dans cette première capture d’écran, la combinaison geste-mot peut être glosée par le verbe : « tombé »

« tombé »

Sur cette capture d’écran, l’enfant n°119 âgé de 30 mois dit le mot « tombé » en faisant un aller retour vertical du plat de la main pour illustrer le déplacement du personnage qui est tombé.

Le geste et la parole contiennent la même information. Conséquemment, le geste ici produit réitère le contenu sémantique de l’acte illocutoire.

Or, notons qu’un enfant un peu plus âgé utilise les combinaisons de manière différente : dans le second exemple ci-dessous, nous pouvons constater que le geste représentationnel et la verbalisation ne contiennent pas le même message.

Le sujet 121 âgé de 33 mois, nourrit les personnage à la main en disant « tato » (gloser : gâteau).

« tato » (gloser : gâteau)

Dans ce cas, le sens transmit de manière bimodale contient deux informations : le geste que nous pouvons gloser « manger » et l’aliment que l’enfant donne à marger au personnage : « gâteau ». La production bimodale dans son ensemble pourrait être glosée : « il mange du gâteau » c'est-à-dire par un énoncé contenant un sujet, un verbe et un complément.

L’analyse de l’usage des gestes représentationnels pourrait nous permettre de répondre à la question que nous nous posions tout à l’heure sur les premières formes prédicatives employées par l’enfant. Comparons ce que l’enfant apporte en terme d’informations lorsqu’il produit un geste représentationnel accompagné par la verbalisation « tombé » ou lorsqu’il produit un geste déictique accompagné par la verbalisation « tombé ».

Si nous suivons notre raisonnement, la combinaison bimodale : deixis gestuelle + prédication verbale aurait pour but, dans certains cas, de dénommer une action. Dans l’exemple (1) ci-dessus, un personnage tombe du lit et roule sur la table, l’enfant 101 âgé de 23 mois assiste à cette action et pendant qu’elle a lieu produit un geste déictique et dit