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Conclusion du Chapitre théorique – rappel des objectifs de cette recherche :

1. Actes communicationnels uni- et bi- -modaux de l’intégralité du corpus : analyse transversale

1.1 Données générales

1.1.1 Analyses en fonction de l’âge des sujets

Si nous examinons ces données en fonction de nos quatre classes d’âges (voir le Tableau 25 pour le détail des données ainsi que le Graphique 31 qui montre les pourcentages sus cités), il peut d’emblée être remarqué que :

- les deux groupes d’enfants les plus jeunes emploient surtout des verbalisations (43,13% pour ceux âgés de 18 à 23 mois contre 60,58% pour ceux âgés de 24 à 29 mois) et

vocalisations (25,89% pour le premier groupe et 21,34% pour le second) pour communiquer

avec l’adulte durant la session de jeu,

- ceux issus de la troisième classe d’âges utilisent aussi en majorité des énoncés

verbaux (65,21%), ils emploient cependant autant de vocalisations (13,56%) que de combinaisons verbo-gestuelles (14,14%) ; et moins de vocalisations que de combinaisons bimodales (15,02%),

- les sujets les plus âgés, quand à eux, privilégient des énoncés verbaux (72,48%) et

Voici la table des productions de nos sujets classées par type et par classes d’âges – chaque pourcentage a été calculé en divisant le chiffre qui le surplombe par le total de la ligne correspondante :

Actes voco-verbaux Actes bimodaux

Actes

gestuels Vocaux Verbaux Total Voco-gestuels Verbo-gestuels Total Total

1 208 371 618 989 38 198 236 1433 % 14,52% 25,89% 43,13% 69,02% 2,65% 13,82% 16,47% 2 193 890 2526 3416 47 514 561 4170 % 4,63% 21,34% 60,58% 81,92% 1,13% 12,33% 13,45% 3 247 540 2596 3136 35 563 598 3981 % 6,20% 13,56% 65,21% 78,77% 0,88% 14,14% 15,02% 4 48 169 1151 1320 4 216 220 1588 % 3,02% 10,64% 72,48% 83,12% 0,25% 13,60% 13,85% Total 696 1970 6891 8861 124 1491 1615 11172 % 6,23% 17,63% 61,68% 79,31% 1,11% 13,35% 14,46%

Tableau 25 : Quantités d’actes (et pourcentages) par classes d’âges en fonction de leur modalité. Comme nous pouvons le constater dans le tableau ci-dessus, la part de productions

voco-gestuelles est très basse dans chaque classe d’âges (entre 0,25% et 2,38%), nous avons

donc décidé de regrouper automatiquement toutes les productions bimodales (c'est-à-dire les données voco- et verbo- gestuelles) au sein d’une seule et même catégorie nommée « Bimodal » (pour acte bimodal).

Gestuel Vocal Verbal Bimodal Total

1 208 371 618 236 1433

2 193 890 2526 561 4170

3 247 540 2596 598 3981

4 48 169 1151 220 1588

Total 696 1970 6891 1615 11172

Tableau 26 : Regroupement des actes bimodaux dans une seule catégories – données quantitatives

Nos observations sont certes nombreuses, mais nous ne pourrons pas travailler à partir des données brutes présentées avant. En effet, comme le montre le relevé des effectifs ci-dessous, le premier groupe d’enfant est composé de 32 sujets, le suivant de 55, le troisième de 50 et le dernier de 17.

Devant cette inégalité d’effectifs, nous devons moyenner nos résultats. Les calculs qui suivent représentent non plus le nombre d’occurrences total obtenu dans chaque groupe d’âge pour telle ou telle catégorie, mais le nombre moyen (par enfant) d’occurrences obtenu dans chaque groupe d’âge et pour telle ou telle catégorie.

Le Tableau 27 montre la quantité moyenne d’actes vocaux, verbaux, gestuels ou bimodaux produits par enfant dans chaque groupe d’âge durant 11 minutes en situation de jeu triadique avec un adulte.

Actes voco-verbaux

Actes

gestuels Vocaux Verbaux

Actes bimodaux Total 1 6,5 11,59 19,31 7,38 Ecarts types 8,32 8,96 20,38 6,69 44,78 2 3,57 16,48 46,78 10,39 Ecarts types 5,22 13,64 39,37 9,19 77,22 3 4,94 10,8 51,92 11,96 Ecarts types 6,02 9,07 41,38 14,53 79,62 4 2,82 9,94 67,71 12,94 Ecarts types 3,73 6,34 40,89 15,34 93,41

Tableau 27 : Quantités moyennes (et écarts types) d’énoncés vocaux, verbaux, gestuels ou bimodaux pour chaque classe d’âges.

Comme le montre le Tableau 27 et l’illustre le Graphique 28, la proportion d’actes communicationnels augmente globalement avec l’âge.

Graphique 28 : Représentation graphique de la quantité moyenne d’actes en fonction des quatre classes d’âges.

En effet :

- en moyenne, un sujet âgé de moins de 23 mois produit environ 45 actes communicationnels lorsqu’il interagit avec l’adulte dans la situation de jeu triadique observée ;

- un sujet âgé de deux ans à deux ans et demi en produit environ 77; - un enfant âgé de 30 mois à trois ans en produit environ 80 ;

Si, plus l’enfant grandit, plus il produit d’actes communicationnels, remarquons que tous les types d’actes ne subissent pas cette augmentation (voir Graphique 28 pour les données chiffrées et Graphique 29 pour le diagramme en bâtons). En effet, entre la première et la

quatrième période observée :

- si globalement les actes voco-verbaux doublent (de 30,9 à 77,65), notons que la moyenne des verbalisations triple (de 19,31 à 67,71) alors que la moyenne des vocalisations baisse légèrement (de 11,59 à 9,94 – malgré une hausse observée pour la seconde classe d’âges : 16,48) ;

- si les actes gestuels n’ont jamais été très nombreux (entre 6,6 occurrences chez les sujets les plus jeunes et 2,82 chez les plus âgés) remarquons qu’ils baissent légèrement en moyenne mais restent toutefois produits par les sujets des quatre classes d’âge ;

- enfin, on note une augmentation de la quantité moyenne des actes bimodaux (de 7,38 à 12,94) produits par les sujets.

Nous savons déjà qu’il y a un effet de l’âge sur la production des verbalisations et des vocalisations, qu’en est-il pour les gestes ? En effet, si les actes gestuels sont peu nombreux et diminuent en nombre, les actes bimodaux quand à eux augmentent. Ne devrions nous pas assister à la baisse de l’emploi de tous les actes contenant des gestes puisque l’enfant commence à verbaliser et produit donc de plus en plus d’actes voco-verbaux ?

Pour savoir s’il existe un effet de l’âge concernant l’évolution des actes communicationnels enfantins et si la variation des types d’actes en fonction de l’âge est significative, nous devons pratiquer des tests statistiques (voir Graphique 30) :

-un test F de comparaison des variances entre les différents types d’actes mobilisés

par le premier et le second groupe d’âges (échantillons indépendants) montre que

l’évolution des énoncés bimodaux et des vocalisations n’est pas significative contrairement à celle des productions gestuelles (F (2, 84) = 5,247, p = ,024) et des verbalisations (F (2, 84) = 5,562, p < ,05 = Il s'agit donc d'une tendance statistique).

Nous pouvons supposer, ici, que la chute de la production des actes gestuels ainsi que l’importante augmentation des énoncés verbaux montrent que l’enfant, avec l’âge, commence à préférer la communication linguistique à la communication gestuelle.

- les résultats de la comparaison des variances (F) entre les différents actes produits

par la seconde et la troisième classe d’âges (échantillons indépendants) montre que

l’évolution des variances des actes gestuels, bimodaux et verbaux n’est pas significative contrairement à celle des vocalisations (F (2, 102) = 4,995, p < ,05 = Il s'agit donc d'une tendance statistique).

On peut donc penser que l’enfant restreint, en grandissant, l’usage des vocalisations au profit de la parole articulée pour communiquer avec un adulte.

-les comparaisons de variances (F) des différents types d’énoncés produits entre la

troisième et la dernière classe d’âges, quelque soit leur modalité d’émission, ne sont pas

Graphique 30 : Représentation graphique des quantités moyennes d’énoncés vocaux, verbaux, gestuels ou bimodaux produits par enfant pour chaque classe d’âges.

Ces résultats montrent, dans un premier temps, que deux des évolutions les plus significatives sont enregistrées avant 29 mois ! De la première à la seconde classe d’âge, on observe une augmentation des verbalisations et la chute des actes gestuels; puis, de la seconde à la troisième classe d’âges, la chute des vocalisations est importante. Ceci montre que, en effet, l’enfant restreint son usage des actes gestuels et des vocalisations au profit des verbalisations. Cependant notons que même s’il paraît y avoir une évolution ‘visible à l’œil nu’ des actes bimodaux tout au long de la période étudiée, cette évolution n’est pas significative66.

Pourquoi cette évolution n’est-elle pas significative ? Pour pouvoir répondre à cette question, observons ces mêmes actes communicationnels mais cette fois-ci en pourcentage afin d’en appréhender plus précisément l’évolution.

66 Bien entendu, si nous comparons les variances (F) des actes bimodaux en fonction des deux classes d’âges (1+2 représentant les enfants âgés de 18 à 30 mois (exclus) et 3+4 incluant les sujets âgés de 30 à 42 mois), nous pouvons constater que l’évolution des actes bimodaux (F(3,151) = 6,674, p = ,011) est significative. Mais sur une période aussi longue, ceci semble logique.

0% 20% 40% 60% 80% 100% 1 2 3 4

Vocal Verbal Gestuel Bimodal

Graphique 31 : Répartition (en pourcentages) des actes communicationnels par classes d’âges.

Comme l’illustre le diagramme en bâtons ci-dessus :

- le pourcentage d’actes bimodaux reste à peu près stable durant toute la période observée : ceux-ci représentent 16,47% de la production chez les enfants faisant partie de la première classe d’âges, 14,45% pour ceux issus de la seconde, 15,02% pour la troisième et 14,85% pour la dernière.

- la part des actes gestuels et des vocalisations, de leur côté, chute de manière importante tout au long de la période étudiée (respectivement de 14,5% à 3% pour les gestes et de 16% à moins de 11% pour les productions vocales).

- à l’opposé, le pourcentage des verbalisations ne cesse d’augmenter : de 43% à 72,5% en fonction de l’âge.

Nous pouvons conclure de ces résultats que si, en grandissant, l’enfant progresse dans l’utilisation de ses compétences linguistiques et mobilise, de plus en plus, ses ressources verbales au détriment des vocalisations et des actes gestuels ; il continue toutefois à produire

régulièrement des actes bimodaux.

A ce stade, il nous faut rappeler que nos sujets ne sont pas forcément représentatifs de leur classe d’âges : dans la partie « Méthodologie », nous avons indiqué que les compétences

verbales de nos sujets, mesurées avec l’indice de la LME, étaient en dessous de celles

attendues. Il est donc utile de doubler notre analyse en utilisant non plus l’âge réel, mais l’âge linguistique de nos sujets. Bien entendu, se pose, ici, la question de la pertinence de l’indice LME dans une étude des conduites communicatives qui intègre gestes et vocalisations. Le choix de cet indice n’est pas anodin, car nous postulons un développement conjoint des

ressources linguistiques et gestuelles enfantines. Par conséquent la justification de ce choix semble assez simple :

- la LME permet d’appréhender le développement des verbalisations chez l’enfant et est corrélée à l’âge jusqu’à 42 mois67 (or les plus âgés de nos sujets ont 42 mois).

- si nous constatons une co-évolution des actes gestuels, bimodaux et des vocalisations avec les verbalisations, alors nous pourrons proposer un indice plus performant, prenant en compte l’intégralité des actes communicationnels enfantins.