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La GDF et sa pluralité de définitionsLa GDF et sa pluralité de définitions

La GDF et sa pluralité de définitions

L’expression sustainable forest management utilisée en anglais a donné lieu à diverses traductions en français. On retrouve ainsi, dans la traduction du chapitre 11 de l’Agenda 21, le terme d’aménagement rationnel. Mais, de manière plus générale, la traduction littérale du terme sustainable a subi pour les forêts le même sort que celui associé à development, devenu d’abord soutenable puis durable. Le terme de management a, quant à lui, été traduit selon deux terminologies francophones : on parle ainsi

d’« aménagement » ou de « gestion ». Même si le concept de GDF semble accepté

mondialement et fait référence à des pratiques qui dépassent largement le seul concept d’aménagement durable des forêts, certains utilisent pourtant les deux termes indifféremment. Ceci semble notamment résulter de la tradition planificatrice en foresterie française, qui voit dans l’aménagement, le concept gestionnaire le plus

intéressant à mettre en œuvre pour une forêt donnée. Il n’est donc pas rare de retrouver ces deux terminologies, GDF et aménagement durable des forêts (ADF), alors qu’elles ne sont souvent pas considérées comme équivalentes pour les gestion-naires. en s’accordant sur une terminologie unique, la version anglophone a réduit les malentendus et rend beaucoup plus aisée l’analyse bibliographique.

Au-delà de ces différences, qui induisent un premier niveau de confusion (comme le concept de développement durable), la notion de GDF manque de précision (smouts, 2001). Il n’est donc pas étonnant d’en trouver diverses définitions mettant chacune en avant des caractéristiques différentes, comme l’illustrent les trois propositions suivantes.

1.

1. Pour l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBt), la GDF peut ainsi

se définir comme étant « la gestion de forêts permanentes en vue d’objectifs clairement définis concernant la production soutenue de biens et services désirés sans porter atteinte à leur valeur intrinsèque ni compromettre leur productivité future et sans susciter d’effets indésirables sur l’environnement physique et social » (OIBt, 1992b). Cette définition apparaît ici très forestière et utilitariste comme le souligne smouts (ibid.) et se situe en cela dans une logique traditionnelle de rendement soutenu et de durabilité de l’exploitation forestière.

2.

2. La Déclaration des principes forestiers stipule, quant à elle : « Les ressources

forestières et les terrains boisés devraient être gérés sur une base durable afin de répondre aux besoins sociaux, économiques, écologiques, culturels, spirituels des générations actuelles et futures. Ces besoins concernent les produits et services que peut fournir la forêt tels que le bois et les produits à base de bois, l’eau, de la nourriture, du fourrage, des produits médicinaux, des combus-tibles, un abri, la création d’emplois, un lieu de détente, un habitat pour la faune sauvage, une source de diversité dans le paysage, le rôle de puits et de réservoir de carbone et bien d’autres produits tirés de la forêt. Des mesures appropriées devraient être prises en vue de protéger les forêts contre les effets dommageables de la pollution (et notamment de la pollution atmosphérique), des incendies, des insectes ravageurs et des maladies, afin de conserver

intégralement tout ce qui en fait leur prix »[ 8[ 8]] (Nations unies, 1992b). Cette

définition respecte tout l’esprit de rio, comme le souligne également smouts

[8

[8]] traduction du ministère de l’Agriculture français, insérée dans le plan national sur la mise en œuvre des principes forestiers (ministère de l’Agriculture et de la Pêche, 1995).

(ibid.). On y retrouve en effet la liste des besoins humains à satisfaire pour le présent et pour l’avenir, un catalogue des ressources offertes par les forêts et des dangers qu’elles encourent et, enfin, des recommandations vagues faites aux états pour les maintenir dans leurs intégrité et variété.

3.

3. enfin, la définition la plus utilisée au niveau international, a été élaborée en 1993

dans le cadre d’un processus consultatif sur les forêts en europe impliquant 37 pays. elle a été retenue par le Conseil européen dans son règlement sur l’action de l’union européenne (ue) dans le domaine des forêts tropicales (smouts, ibid.). elle est ainsi formulée : « La gestion durable des forêts signifie la gestion et l’utilisation des forêts et des terrains boisés d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes aux niveaux local, national et mondial, et qu’elles ne causent pas de préjudices à d’autres écosystèmes » (Ministerial Conference

on the Protection of Forests in europe, 1993)[ 9[ 9]]. Cette définition propose une

vision relativement dynamique qui intègre à la fois le court et le long termes, admet qu’il y a différents niveaux d’échelles spatiales possibles pour les fonc-tions pertinentes de la forêt et qui fait confiance à la bonne gestion forestière pour concilier utilisation et durabilité (smouts, ibid.).

La pluralité de ces définitions se retrouve dans le fait qu’un certain nombre de pratiques fort différentes les unes des autres se rattachent à ce paradigme, comme nous allons le voir maintenant en nous intéressant à l’opérationnalisation du concept de GDF. Nous aborderons d’abord le volet juridico-institutionnel qui a accompagné (et continue de le faire) l’institutionnalisation de la GDF dans les pays tropicaux (partie 2), puis nous présenterons les traductions qui en ont été faites en divers dispositifs de gestion promus depuis le début des années 1990 (partie 3).

[9

2. La gestion durable

2. La gestion durable