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La réflexion sur les îles a ici pour but de compléter celle qui avait été esquissée dans mon mémoire de DEA236, et surtout de l’appliquer davantage à l’espace de visite. L’île est un objet géographique particulier, au moins pour deux raisons. En premier lieu, c’est un espace qui a souvent été étudié pour ce qu’il est. L’importance des monographies d’île a été soulignée237. Des recherches rassemblant plusieurs îles238, ainsi que d’autres réflexions sur l’île239 ont fondé un champ d’étude en géographie donnant à l’île une assise scientifique, mais qui est souvent battue en brèche par des assimilations abusives et erronées attribuant le statut d’île à des espaces à l’intérieur du continent. Dans la société, ou dans la communauté géographique, la référence à l’île est présente pour ces espaces pas comme les autres, et soi-disant isolés. Il est évident qu’on se place ici de façon on ne peut plus claire dans le mythe de l’île.

a). « Qu’est-ce qu’une île ? »

« L’île implique l’eau »240. Le psychologue répond à la question posée par l’association du solide et du liquide, du contenu et du contenant. L’identification de l’île se fonde sur la topographie, mais aussi sur la climatologie. Selon le Robert, « on réserve

généralement le nom d’île au territoire subissant l’influence du climat maritime sur toute son étendue », la distinction entre une île en mer et une île fluviale ou lacustre venant alors

236

: MICHEL X., 2000, Les destinations de visite et leur intervalle circonvoisin Mise en évidence de

systèmes de réception, Université Paris 1, mémoire de DEA Organisation et dynamique des espaces, pp.

43-48.

237

: TISSIER J.-L., 1982, Ile insularité isolement, Documents pour l’histoire du vocabulaire scientifique, GRECO/CNRS, Publications de l’Institut national de la langue française, n° 3, pp. 49-67.

238

: Cf. BRIGAND L., 1983, Les îles bretonnes Aspects géographiques de l’insularité, Université de Bretagne Occidentale, Thèse de doctorat en Géographie, tome 1 : 267 p., tome 2 : 111 p.; PERON F., 1993,

Des îles et des hommes L’insularité aujourd’hui, Rennes, Ed. de la Cité/Ouest France, 286 p.; BRIGAND L.,

2000, Iles, îlots et archipels du Ponant De l’abandon à la surfréquentation ? Essai sur la question des

usages, de la gestion et de la conservation depuis 1950, Université Paris 1, Thèse de doctorat d’Etat, vol. I :

470 p.; BARTHON C., 2000, Géographie, culture et patrimoine : essai sur l’identité insulaire à partir des

exemples des îles de Ré et d’Oléron (Charente-Maritime), Université de Nantes, Thèse de doctorat en

Géographie, 383 p.

239

: Cf. notamment BONNEMAISON J., 1991, Vivre dans l’île : une approche de l’îléité océanienne,

L’Espace géographique, n° 2, pp. 119-125, et BONNEMAISON J., 1997b, La sagesse des îles, SANGUIN

A.-L. (dir.), Vivre dans l’île Une géopolitique des insularités, Paris, L’Harmattan, pp. 121-129.

240

de la langue allemande : Insel dans le premier cas, Werder dans le second cas, distinction effacée par la définition de Richthofen, qui réserve la qualification d’île à la terre « entourée par l’océan »241.

La profusion des réflexions sur les types d’îles conduit parfois à une confusion, par exemple pour « île continentale ». Pour Louis Brigand, il s’agit d’espaces sur le continent, « où l’isolement physique est bien marqué », par exemple Saint-Michel-en-l’Herm, dans le Marais poitevin242.

Pour Augustin Bernard, reprenant Richthofen, les îles continentales sont celles qui se trouvent proches du continent243, c’est la définition géomorphologique, liée au plateau continental, que souligna aussi Wallace244. Enfin, pour François Doumenge, l’île continentale entre dans « une classification de l’insularité des îles », avec un indice côtier (cf. ci-dessous « l’insularité ») inférieur à 0,0167245.

Le lieu de visite est, comme l’île, entouré d’un espace d’approche, mais qui n’est pas forcément de l’eau. Il faut revenir à la perspective d’Abraham Moles pour trouver le terrain de convergence entre les deux types d’espace. Il ne s’agit pas d’une convergence fondée sur des critères physiques, car le trait de côte de l’île n’a pas d’élément comparable délimitant un lieu de visite sur le continent. La comparaison s’effectue en rapport avec les pratiques des hommes. L’association de l’île et de l’eau conduit à une « séquence

d’actes »246. Sur ce point, une schématisation graphique compare l’île et le lieu de visite (Figure 13).

Cette représentation nécessite plusieurs précisions. Tout d’abord, l’application a été faite ici au sujet de la visite, mais elle aurait pu aussi être réalisée pour le séjour. Ensuite, il apparaît que seule la convergence à partir des espaces d’émission vers le début de la visite peut être assimilée à la convergence vers le port d’embarquement pour l’île.

Après, tout diffère. Un premier niveau de différence est représenté sur le schéma. En gardant la même configuration ponctuelle, on s’aperçoit que la traversée marine, non matérialisée à la surface de l’océan par des chemins, est remplacée par au moins un, et peut-être plusieurs itinéraires pour joindre le lieu de visite sur le continent. En outre, le lieu de visite n’appelle pas toujours à une redivergence des parcours sur une étendue entourante. La divergence se fait souvent uniquement par le regard. Cette première application pose problème, et nous conduit à un second niveau de différence remettant en cause la possibilité de comparaison entre les deux types d’organisation. En effet, si on peut comparer le port d’embarquement avec le lieu du départ de l’espace d’approche, il n’en va pas de même avec le lieu de visite, qui n’est pas, ou pas seulement, un lieu de débarquement, mais aussi et surtout un lieu de destination. En réalité, plus l’île est petite (surtout lorsque c’est une île d’estran, ou une île non pourvue de port où le débarquement

241

: TISSIER J.-L., Loc. cit.

242

: BRIGAND L., Op. cit.

243

: TISSIER J.-L., 1982, Loc. cit.

244

: BLACHE J., 1948, Les particularités géographiques des îles, Bulletin de la Société de Géographie de

Marseille, n° 64, pp. 5-22.

245

: DOUMENGE F., 1984, Unité et diversité des caractères naturels des îles tropicales, Nature et hommes

dans les îles tropicales : réflexions et exemples, Université Bordeaux 3 – CRET/CEGET, coll. « Iles et

archipels » n° 3, pp. 9-24.

246

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se fait individuellement), plus elle a la fonction de lieu de visite, et plus la comparaison est possible avec le lieu de visite du continent. En revanche, plus l’île est étendue, plus la similitude avec le lieu de visite disparaît. Pour des îles dont la totalité ou une part non négligeable de la surface peut être parcourue pendant une visite, il peut y avoir une extension du lieu de visite à cette surface. Pour les îles plus grandes, il se produit une rupture de pratiques dans l’espace : la majeure partie de l’île est alors comprise, comme la traversée maritime, dans l’espace d’approche ou d’extension du ou des lieux de visite à l’intérieur de l’île. Cela prouve qu’en géographie humaine, la démarche d’observation de la relation entre les deux types d’organisation part d’une représentation englobante de la visite, et non d’une tentative de reproduction du modèle insulaire.

Figure 12 : Les « séquences d’actes » : île/mer et espace de visite :

b). L’insularité

De même, l’insularité n’a pas reçu la même définition. François Doumenge se fonde sur le rapport entre la longueur du littoral de l’île et la surface émergée de l’île pour réfléchir qualitativement sur l’insularité, à travers l’exemple de l’atoll et, plus généralement, par la prise en compte de la taille associée à la forme de l’île et à la façon dont son contour est découpé : « ainsi, des îles de plus grande surface mais où le relief est échancré de larges baies et de golfes profonds sont plus insularisées que des terres émergées plus petites mais plus massives »247, puis quantitativement en élaborant l’indice côtier permettant de fixer cinq classes. Il complète l’appréhension de l’insularité par un second indice : l’indice d’isolement, qui est « le rapport entre la surface de l’entité

247

: DOUMENGE F., Loc. cit.,

1. Île/mer : 2. Espace de visite : remarques par rapport à île/mer

« L’ensemble des hommes qui appartiennent au Il n’y a pas forcément de « but préalable » si bien

vaste monde de l’espace continental illimité s’en constitué que le port.

vont converger non pas vers l’île mais vers un but Il n’y a pas de dangers et de plaisirs maritimes sur le préalable : le port d’embarquement, situé en face continent.

de l’île, participant au rituel symétrique de la Il peut y avoir d’autres dangers et d’autres plaisirs,

concentration sur le bateau, et de la communion mais qui ne sont pas forcément vécus en

dans les dangers et les plaisirs maritimes, avant « communion » par les différents pratiquants.

de rediverger dans un domaine, cette fois « Rediverger » n’est pas fréquent une fois arrivé à un

perceptivement limité » (Moles, 1982) lieu de visite, ou se fait souvent avec une moindre ampleur que dans une île.

Continent C o n t i n e n t Île

Mer Lieu de visite Port Port Divergence

Abords du regard Il existe bien d’autres organisations de l’espace de visite. L’accent a été mis ici sur les différences par rapport à l’association île/mer.

politico-géographique insulaire […] et la surface de la ZEE des 200 miles qui lui est rattachée »248. La délimitation de l’espace maritime entourant est administrative, mais ce dimensionnement de l’étendue marine est là pour évaluer la distance au continent. L’isolement traduit uniquement une position physique. Il peut exister des îles proches d’un continent, mais mal desservies, et des îles éloignées d’un continent, mais bien desservies. Le rapport qualitatif de l’île au continent a été classé par Emile Kolodny, suivant la situation de l’île, non plus seulement par rapport au continent en général, mais en fonction de la configuration particulière prise par l’association de l’île, de l’espace maritime et du continent249, comme l’illustre la figure 13.

Figure 13 : Les types d’insularité en fonction de l’espace maritime :

Par rapport à une réflexion sur les espaces de visite, sans reproduire les modèles insulaires, quelques remarques sont possibles. Sur le continent, il n’y a pas de configuration de la ligne de début de l’espace d’approche comparable à la configuration du trait de côte. Le commencement des abords, au moins matériellement, est juste ponctuel, souvent concrétisé par une aire de stationnement (dans la représentation des individus, il peut débuter, graduellement, avant, et se renforcer après). De ce fait, le détachement de l’espace « ordinaire », celui qui est hors de la visite, ne se fait pas de la même façon. S’éloigner du continent pour aller vers l’île est un éloignement du rivage. Sur le continent, s’éloigner du point de départ de la visite ne s’accompagne pas a priori d’un éloignement de rivage. Par contre, cela peut rendre plus prégnante une distanciation avec le reste de l’espace, alors que, en mer, le rivage assure, comme un filtre, cette distanciation, ce que n’assure pas le point de départ des abords. D’autre part, dans les deux premiers types d’insularité, un rapprochement avec la côte est possible, lorsqu’on longe une presqu’île ou un cap, par exemple près de la Pointe du Raz sur le trajet d’Audierne à l’île de Sein. Des situations comparables existent sur le continent, mais de façon plus complexe et nuancée. Un chemin en montagne a une trace plus directe vers les sommets qu’une route, et ainsi recoupe celle-ci à plusieurs reprises. Après un passage dans la forêt, on revient à un espace plus humanisé. Souvent, il ne s’agit pas d’un simple rapprochement, mais plutôt d’un

248

: Ibid.,

249

: KOLODNY E., 1976, Aspects d’ensemble de l’insularité méditerranéenne, Bulletin de l’Association de

Géographes Français, n° 435-436, pp. 191-195 ; PERON F., 1988, L’insularité : présentation, Bulletin de l’Association de Géographes Français, n° 3, pp. 239-240.

1). Insularité continentale 2). Insularité bordière 3). Insularité océanique

Iles de la Mer Egée Iles de l’Atlantique Iles du Pacifique

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retour, provisoire, au cours de l’espace d’approche, ou « définitif », correspondant à la destination de visite, dans un espace habité et utilisé par l’agriculture, que cet espace soit contigu ou dissocié de l’espace de départ. Enfin, la longue distance du trajet maritime dans l’océan Pacifique n’a pas d’équivalent dans les espaces de visite. Alors que les îles méditerranéennes et atlantiques bordières peuvent être l’objet d’une visite, le troisième type d’insularité entre dans la catégorie du voyage, l’espace des abords étant toujours un espace limité.

L’insularité est définie jusqu’ici d’un point de vue physique. Mais les activités humaines ont modifié des rapports fondés uniquement sur la configuration des terres et des mers. Jules Blache a qualifié cette situation d’ « insularité secondaire », car la navigation brise l’isolement, et la diversité des échanges entre l’île et le continent donne lieu à des situations très contrastées, allant de l’isolement aux relations privilégiées, conduisant aussi à un « renforcement de l’isolement relatif »250. Céline Barthon énonce trois critères pour évaluer l’insularité : les « caractéristiques propres aux îles », « l’intensité des relations

île-continent », et la discontinuité251. Ces éléments peuvent être repris pour évaluer l’organisation de l’espace de visite. Il faut y ajouter les caractéristiques des abords, ainsi que celles de l’espace régional au-delà des abords. L’insularité (secondaire) ne se recoupe donc que partiellement avec l’organisation de l’espace de visite. En revanche, elle signifie autre chose, elle est plus riche de sens, car elle traduit aussi le rapport particulier entretenu par les sociétés insulaires avec leur espace de vie252. Dans cet espace de vie, l’étroitesse conduit à une inter-connaissance des individus, à une connaissance par les autres des déplacements de chacun. Dans l’espace de visite, il n’y a pas connaissance de l’autre. Enfin, l’île entre dans le champ des espaces de la maritimité, spécialement en tant que géosymbole253, mais plus largement comme tout littoral, en tant qu’espace bordé par la mer, avec ce que cela implique de matérialité et d’imaginaire. L’horizon marin, l’air marin, les embruns et bien d’autres choses n’affectent pas les « îles » de l’espace rural, de la montagne ou du désert.

250

: PERON F., 1993, Des îles et des hommes L’insularité aujourd’hui, Rennes, Ed. de la Cité/ Ouest France,

251

: BARTHON C., Op. cit.,

252

: PERON F., Op. cit.

253

: PERON F., 1996, La mer comme valorisation d’un territoire L’île productrice de mythes et nouveau géosymbole, PERON F., J. RIEUCAU (dir.), La maritimité aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, coll. « Géographie et cultures », pp. 79-91.

c). Îléité, mythe insulaire, mythe patrimonial ?254

Ce n’est pas par l’insularité que se mesure l’attraction des îles sur les populations continentales, mais par l’îléité, « grandeur topopsychologique » qui devient de plus en plus pertinente et en vient à remplacer la grandeur insulaire qui se perd à mesure du progrès des transports : « Le concept d’île est celui d’une topologie à deux dimensions. Or, l’avion

circule dans la troisième »255. Dans le trajet vers l’île, c’est donc un changement symbolique de rapport à l’espace qui s’opère dans le cas d’un déplacement aérien. Une fois sur l’île, le visiteur ressent, non pas l’insularité, mais l’îléité, du moment que l’île lui offre « le sentiment de la fermeture de son contour »256. L’îléité se fonde sur la réalité des caractéristiques de l’île, elle se compose de représentations et de pratiques où le rôle de l’espace clos entouré par la mer est effectif. Dans l’analyse de Roland Barthes, elle équivaut au signe. En revanche, lorsque l’image de l’île est convoquée pour qualifier certains espaces continentaux (villages ou finages montagnards par exemple), c’est le processus du mythe qui est activé. On peut le reprendre dans le tableau suivant, en appliquant à l’île la réflexion de Barthes (Tab. 5).

Tableau 5: De l’îléité au mythe insulaire :

L’envie d’île s’applique à des espaces différents : lieu particulier que tout un chacun souhaite visiter, lieu créé ex-nihilo : parc à thème ou bulle tropicale dont les concepteurs tentent de reprendre l’image de l’île, ou territoire du quotidien érigé en pseudo-île, comme l’Île-de-France et son Transilien.

254

: Sur l’île et l’image qui est perçue et utilisée de l’insularité, on signale notamment : CAZES G., 1989, L’île tropicale, figure emblématique du tourisme international, Iles et tourisme en milieux tropical et

subtropical, coll. « Iles et archipels », n° 10, pp. 37-52 ; GAY J.-C., 1990/91, La distance et la promotion

d’un produit touristique insulaire : le cas de Tahiti et ses îles, L’Espace géographique, n° 2, pp. 149-157 ; et BERNARDIE-TAHIR N., 2005, Des « bouts du monde » à quelques heures : l’illusion de l’isolement dans les petites îles touristiques, Annales de Géographie, n° 644, pp. 362-392.

255

: MOLES A., Loc. cit.

256

: MOLES A., Loc. cit.

1. signifiant

2. signifié

image de l’île île, insularité

Langue

3. signe

I. SIGNIFIANT II. SIGNIFIE

îléité = ÎLEITE LIEU CONTINENTAL

MYTHE

III. SIGNE ENVIE D’ÎLE

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Une hypothèse plus fondamentale a été présentée par Philippe Bachimon. Le mythe paradisiaque aboutit au signe de l’envie de paradis, dont le signifié est l’île tahitienne et le signifiant, la production imaginaire issue des paradis biblique et grecs et de leur image. Il est surtout intéressant de relever les implications géographiques dues au développement touristique mu par le mythe paradisiaque. Le paradis tahitien est erroné par rapport à la réalité : le soleil n’est pas omniprésent, et il est nocif pour l’homme blanc lorsqu’il brille, le lagon a une topographie qui ne le rend pas bien praticable, etc. Ainsi les acteurs touristiques établissent des « enclaves de reconstruction » des caractères amènes qui n’existent pas en réalité. Dans un second temps, les acteurs du territoire insulaire étendent cet aspect amène au paysage de l’île et à la population pour rendre plus agréables les excursions des touristes257.

Toutes proportions gardées, il est utile de garder à l’esprit ce processus afin de voir dans quelle mesure il peut exister dans les espaces du patrimoine. Le visiteur recherche l’authenticité du lieu, de l’espace de visite. Comme dans le cas de Tahiti, le patrimoine envié peut se placer en décalage avec le patrimoine réel de l’espace, d’où les aménagements qui se produisent alors pour rendre possible et/ou agrémenter la visite. Le cas le plus révélateur est celui des Festival Market Place aux Etats-Unis, espaces clos et aseptisés du loisir urbano-portuaire258. Enfin, de même qu’on a observé une extension des caractères amènes au territoire insulaire, dans quelle mesure assiste-t-on à un aménagement des abords du lieu de visite, et/ou du territoire local ou régional, qui serait falsificateur de l’authenticité de l’espace considéré ?

d). La surinsularité

La géographie des îles fournit un dernier grand thème de discussion, celui de la surinsularité. La principale réflexion est due à Philippe Pelletier, à partir de la géographie historique du Japon, en y incluant le rôle qu’y ont joué ses îles périphériques, les ritô : « le

rapport entre Japon et continent se dédouble par un rapport entre île(s) éloignée(s) et île(s) centrale(s) »259. Il parle d’enveloppe intermédiaire pour qualifier ces îles, mais ce sont plutôt des points d’étape, de relais, que des espaces ayant la forme – et les fonctions inhérentes – d’une étendue. Ces îles exercent des rôles en rapport avec leur situation géographique entre, d’une part, Hondo, d’autre part, l’Asie continentale ou la Micronésie. La surinsularité est transition quand les ritô sont les espaces intermédiaires entre la Chine et le Japon, par exemple avec l’archipel des Ryûkyû : « On peut donc distinguer deux types

de périphérie surinsulaire au milieu du XIXème siècle : l’une intégrée, l’autre semi-autonome, marginalisée ou semi-dispensée »260, et un troisième positionnement, « celui

257

: BACHIMON P., 1994, De l’Eden au paradis touristique Tahiti dans la géographie des espaces paradisiaques, LE BOURDIEC P., C. JOST, F. ANGLEVIEL (coord.), Géo-pacifique des espaces français, Nouméa, Textes réunis pour les Journées géographiques 1994, pp. 163-176.

258

: GRAVARI-BARBAS M., 1998, Le « Festival Market Place » ou le tourisme sur le front d’eau Un modèle urbain américain à exporter ?, Norois, n° 178, pp. 261-278.

259

: PELLETIER P., 1997, La Japonésie Géopolitique et géographie historique de la surinsularité au Japon,