• Aucun résultat trouvé

3). Continu et discontinu sous le prisme de la relation nature/société

Continuité et discontinuité des espaces ont surtout été appréhendées jusqu’ici sous l’angle de la géographie humaine. Or l’organisation des espaces implique aussi une prise en compte des éléments naturels dans l’analyse. « On fera même l’hypothèse que les

discontinuités les plus remarquables, celles qui revêtent le plus d’intérêt pour la réflexion géographique, impliquent conjointement la nature et la culture dont elles combinent les éléments »386. Les fondements et les perspectives de cette articulation ne se placent pas au niveau du déterminisme naturel387. Ils reflètent aujourd’hui en géographie l’affirmation d’un possibilisme, qui développe la notion de capacité : « Les discontinuités purement physiques

impriment dans l’espace la limite des capacités techniques, de la puissance, des représentations et des univers mentaux d’une société »388. Les discontinuités relevant du champ biophysique existent ; elles sont le marquage de seuils, résultats de l’activation de processus géomorphologiques, biogéographiques, climatiques. Ils peuvent être affectés par l’intervention humaine, directement par des aménagements, ou indirectement en ce qui concerne, par exemple, l’eau et l’air. Les discontinuités et continuités relatives aux phénomènes humains ne sont pas exemptes d’activation d’éléments et de processus naturels, que ceux-ci soient apparents ou invisibles, directs ou indirects, mais il est parfois moins évident de les représenter, voire de les concevoir, comme lorsqu’il est question des limites entre zones de chalandise ou au sujet de la carte scolaire. La démarche visée ici cherche à dépasser le clivage entre géographie physique et humaine.

a). « Aujourd’hui, en géographie, il n’y a plus de saisons ! »

A partir des réflexions de Georges Bertrand, il n’est pas inutile d’évoquer pour rappel l’aveuglement des géographes pour les temporalités. Dans « la discordance des temps », Georges Bertrand parle de « fond de fixisme, toujours à la recherche d’une stabilité perdue,

d’un équilibre idéalisé, voire d’une aspiration à un éternel retour »389. La représentation que les géographes se font de ces rapports influe sur la façon dont les continuités et les discontinuités sont pensées et construites. La nature et la société doivent en fait se placer dans l’analyse de l’espace-temps. De l’état instantané à l’oscillation centennale, une série de pas de temps est conçue pour saisir la diversité des manifestations physiques, et secondairement humaines, dans le temps. Or les activités humaines, l’agriculture et le tourisme, sont citées comme exemples de l’état saisonnier : elles sont ignorées dans les autres états. Les activités urbaines et industrielles sont absentes de ce classement, soit parce que le rapport avec la nature n’est pas fait, soit parce qu’il n’est pas imaginé qu’elles puissent s’inscrire dans une de ces temporalités, c’est-à-dire qu’elles sont, sinon établies pour toujours (l’histoire de

386

: DI MEO G., Y. VEYRET, 2002, Problématiques, enjeux théoriques et épistémologiques pour la géographie,

Limites et discontinuités en géographie, Paris, SEDES, coll. DIEM, p. 5.

387

: Sans prendre en compte les relations entre géographie physique et humaine, il est à signaler la réflexion propre à la géographie physique, avec la thèse complémentaire de R. BRUNET, déjà citée, et aussi, notamment, un apport synthétique dans : MARTIN P., 2003, Les limites en géographie physique. Eléments de réflexion,

Travaux de l’Institut de Géographie de Reims, n° 113-114, pp. 127-143.

388

: Ibid., p. 5.

389

: BERTRAND G., 2002, La discordance des temps, BERTRAND C. et G., Une géographie traversière

l’industrie a montré le contraire), du moins actives suivant des temporalités qui leur sont propres et qui n’ont pas de rapport avec la nature.

Une double prise en compte des particularités de la visite est alors nécessaire. D’une part, à la suite de Bertrand, on affirme la variation saisonnière de l’activité de visite : sur un mode collectif, elle est pratiquée à certaines saisons et pas à d’autres, non pas de façon déterministe ou possibiliste, mais suivant l’association productrice d’aménités entre la nature et la société : la « nature » estivale de la moyenne montagne alpine est le cadre de la randonnée, et sa « nature » hivernale est le cadre de la randonnée en raquettes. D’autre part, on va plus loin, en avançant que la visite s’inscrit dans chacun des états de durée inférieure à la saison : l’état météo, l’état journalier et l’état instantané intègrent aussi la visite. Celle-ci ne produit que peu d’empreintes matérielles, en dehors des aménagements et des éventuelles dégradations de la couverture végétale, de la qualité de l’air et de l’eau. Par les pratiques et les représentations qu’elle induit, la visite doit être prise en compte. La question est alors de savoir si elle doit prendre part à la grille de périodisation du géosystème, qui est composée des phénomènes naturels et des phénomènes socio-économiques, ou si elle doit s’y surimposer ? Ici encore, le patrimoine intervient : il a pour but de conserver l’objet de visite. Mais à partir de là, la société peut se fixer pour but une « conservation » de la « nature » qui freine les activités économiques contemporaines, ou bien qui empêche le retour à un équilibre naturel climacique en protégeant une nature aménagée390. Pour analyser les continuités et discontinuités dues à la visite des espaces patrimoniaux, il importe de rassembler ce qui relève des phénomènes humains permanents et des phénomènes naturels, et de les articuler avec les phénomènes de la visite qui viennent s’ajouter à un espace déjà construit, dont le but n’est pas la transformation par la visite, mais au contraire la conservation pour pouvoir maintenir et développer cette activité de visite. Néanmoins, absence de transformation ne signifie pas absence de portée de cette activité sur l’espace considéré, puisque les objets et les phénomènes « endogènes » sont associés avec cette présence « exogène » pour produire une géographie spécifique.

La première observation à conduire est celle de la continuité ou de la discontinuité de l’espace de visite. Il existe des lieux fréquentés toute l’année, d’autres lieux une partie de l’année seulement. Cela est parfois dû à l’état météo, à l’état saisonnier, à la qualité amène du paysage, aux conditions de pratiques d’activités. Mais cela peut n’avoir aussi aucun rapport avec la nature. Les horaires d’ouverture des lieux de visite ont souvent un lien avec la nature, comme par exemple avec les heures de lever et du coucher du soleil dans les jardins. Mais il existe des pratiques de visite qui se développent la nuit (illuminations des monuments urbains, sons et lumières, feux de la Saint-Jean), utilisant la qualité nocturne de la nature, ou bien des pratiques qui sont empêchées le jour par des causes hors de la nature : une autre activité humaine, économique dans un lieu de visite. Il apparaît que ce sont les processus humains endogènes, qu’ils soient ou non dus à la nature, qui influent sur la limite de l’espace de visite, en terme d’ouverture et de fermeture, de continuité et de discontinuité. De même, dans l’accès au lieu de visite, c’est la décision des gestionnaires de l’espace de visite qui importe. Dans l’essor de la pratique de certains lieux, c’est la représentation positive de ces lieux qui conduit au développement de parcours parfois difficiles (longueur, pente,…).

390

: MARCHAND J.-P., 2000, La nature, thème privilégié ou objet à inventer ?, LEVY J., M. LUSSAULT (dir.), Logiques de l’espace, esprit des lieux, Paris, Belin, pp. 241-252.

139

La seconde observation relève des discontinuités et/ou des continuités dans l’espace de visite, depuis son début jusqu’aux abords d’extension. A la suite des notions d’environnement, de paysage, de milieu, il faut penser à « la part de naturel biologique que

chaque individu porte en lui et qui influe sur sa relation avec l’environnement »391. On aboutit ainsi à une partition entre ce qui est endogène dans l’espace de visite et ce qui est exogène, et dans les deux « compartiments » de l’analyse, se retrouvent le naturel et le social (figure 25). L’établissement d’un seuil dans les phénomènes de discontinuité de Brunet implique de prendre en compte deux processus, soit physiques, soit humains ou économiques. Dans la saisie des seuils en vue des discontinuités dans l’espace de visite, quatre données sont à rassembler.

Figure 25 : Les données de l’analyse du continu et du discontinu dans l’espace de visite :

Ensuite, la recherche des différents seuils reprend sa déclinaison définie plus haut, selon les notions activées : patrimoine, (idée de) nature, paysage, environnement, milieu. La relation à la fois au temps et à l’espace doit demeurer présente dans la mise en évidence des seuils et la définition des continuités et des discontinuités.

391

: BERTRAND G., 2002 [1991], La nature en géographie : un paradigme d’interface, BERTRAND C. et G.,

Une géographie traversière L’environnement à travers territoires et temporalités, Paris, Editions Arguments, pp.

80-91. Xavier MICHEL (2005) Occupation humaine, activités économiques, aménagement et gestion de l’espace de visite Eléments et processus biophysiques de l’espace de visite : géomor- phologiques, pédologiques, biogéographiques et climatiques Pratiques de visite, équipement vestimentaire et matériel, représentations de l’espace visité, tenant compte des cultures des autres espaces Biologie de l’individu, capacité musculaire, entraînement physique, aptitudes face à la chaleur, au soleil, au froid DONNEES ENDOGENES DONNEES EXOGENES

ASPECT DU « PAYS » VISITE NATURE ET CULTURE DE LA VISITE

FONDEMENTS DE L’ETABLISSEMENT DES GRADIENTS ET DES SEUILS

b). Seuils et gradients fixes et mobiles et organisation de l’espace

Le rapport entre fixité et mobilité n’est pas le même dans les espaces de visite. Si on prend l’exemple du seuil de manifestation d’une activité économique, « tels commerces ou

services ne peuvent s’installer qu’à partir d’une population minimale »392. Dans le cas de la visite, l’arrivée des individus est assimilée à l’installation : c’est un apport exogène. Mais la similitude s’arrête là, car ensuite le seuil s’établit et perdure, ou disparaît, en fonction d’un rapport de déplacement de l’individu dans l’espace. Le rapport à l’objet et à l’étendue n’est pas un rapport de sédentarité, mais de mobilité. Les abords du lieu de visite doivent alors posséder une qualité constante pour assurer le maintien des rapports paysagers, patrimoniaux, environnementaux, que l’homme établit avec l’espace traversé. Ceci amène à penser à la difficulté de ce maintien, et donc à concevoir que ces rapports ne puissent exister que par intermittence chez chaque individu. Cette intermittence aurait trois causes. La première hypothèse est que les différents types de rapports sont temporaires, passagers entre le visiteur et l’espace parce qu’il est difficile que des rapports différents s’exercent en même temps entre l’individu et l’espace : par exemple, le rapport paysager laisse la place au rapport patrimonial (qui, en outre, pouvait déjà exister) lorsque l’individu entre dans le monument visité et qu’il perd la perception de l’espace extérieur. La deuxième hypothèse, liée à la précédente, consiste à avancer l’impossibilité matérielle de la multiplication des rapports ; l’espace de visite, en fonction de ses qualités, ne peut offrir que certains types de rapports, et pas d’autres : certains espaces, par exemple, ne pourraient pas développer de rapports à la nature ou à l’environnement. La troisième hypothèse est la plus probable : l’intermittence des rapports provient notamment des données exogènes, à savoir les cultures et les capacités physiques de pratique de l’espace de visite par chaque individu. Les questions de matérialité de l’espace et de chevauchement des rapports interviennent aussi, mais l’initiative, l’intentionnalité ou le hasard et l’incertitude inhérents à la présence éphémère du visiteur comptent davantage.

Le croisement des différentes données, endogènes et exogènes, est la clé pour discerner les types de seuils plus complexes, tels que les seuils de divergence. Ainsi, le rapport au paysage peut, selon les termes quantitatifs, être en « accélération » ou en « décélération »393, ou, plus sûrement, dans une analyse qualitative, devenir plus ou moins prégnant. Les différents facteurs agissent alors dans le même sens. En analysant un par un chaque nature de seuil, les types de données peuvent se succéder dans l’espace-temps, ou bien intervenir dans le même espace-temps. Par exemple, dans le cas d’un visiteur au départ d’un sentier de promenade littoral qui a pour but d’atteindre un cap, le seuil paysager est complexe à obtenir si l’on souhaite saisir le paysage littoral. D’abord, la fin de l’occupation humaine (urbanisation) ne laisse pas forcément la place à un espace physique littoral : on peut traverser un espace agricole avant de se trouver sur la lande littorale. Ensuite, le point de perception de la mer, qui peut correspondre à la qualité de l’espace que le visiteur attend dans sa représentation, précède ou arrive après ce point d’entrée sur la lande littorale. Enfin, la satisfaction que lui apporte l’air marin lui parvient en dernier dans son approche du cap. Ce qui est appelé seuil de divergence donne ici davantage lieu à un gradient qu’à une

392

: BRUNET R., 1965, Les phénomènes de discontinuité en géographie, Université de Toulouse, Thèse complémentaire pour le doctorat ès lettres, 304 p.

393

141

discontinuité dans la progression du rapport paysager que l’individu entretient avec l’espace de visite.

4). Une interprétation de l’organisation de l’espace : la géographie structurale et la

théorie du rachat

Les discontinuités se décrivent dans l’espace géographique. En outre, il existe des théories394 qui cherchent à fournir des interprétations de ces discontinuités. La géographie structurale apparaît être une représentation du monde « tentante » pour expliquer le rapport des hommes à l’espace touristique et l’organisation de celui-ci. Il s’agit donc ici de reprendre cette théorie, puis d’examiner ses modalités d’application à la visite395, en étant très prudent quant à sa pertinence. La démarche de recherche choisie est déductive, c’est-à-dire que la phase de représentation théorique se place, dans le chapitre 7, après celle des premiers résultats obtenus à partir des entretiens effectués à domicile. La théorie du rachat sera aussi énoncée, pour montrer qu’il n’a pas été possible de l’appliquer dans le cadre de cette thèse.

a). L’interdit de propriété et l’homo turisticus

A la base de la géographie structurale est conçu l’interdit de propriété, qui « instaure

la séparation et l’union de l’homme et de la nature »396. Les modes de relation entre l’homme et la nature seront appliqués à la visite dans le chapitre 5, mais on peut déjà énoncer que cette définition permet de regrouper les relations modernes comme les relations post-modernes que l’homme a pu et/ou peut entretenir avec la nature. On est donc en présence d’une représentation englobante. « L’interdit de propriété est la condition de possibilité de

l’appropriation, de la transformation et de l’utilisation des ressources du monde extérieur »397. L’étape suivante de la réflexion consiste à localiser cet interdit de propriété dans un espace bien précis. Mais avant cela, il s’agit de voir dans quelle mesure cette notion elle-même d’interdit de propriété convient à la visite. C’est un processus universel, qui ne dépend pas des droits et des devoirs instaurés légalement, mais qui se trouve dans la condition même du rapport de l’homme à la nature. Ce point est important, car il ne s’agit donc pas, ou en tout cas pas seulement, de l’interdiction de présence dans un espace donné à cause d’une propriété privée. Plus largement, l’interdit de propriété signifie la restriction de parcours et d’usage que l’homme observe par rapport à l’espace. D’un côté, il est vrai que l’occupation de l’espace par l’homme est limitée par les contraintes spatio-temporelles dues aux activités qu’il

394

: Il existe, notamment, une autre théorie que celle présentée ici. Cf. DUCOM E., 2003, La théorie des ceintures limitrophes (fringe belts) : discontinuités d’occupation de l’espace sur les franges des villes,

L’Information géographique, n° 1, pp. 35-44. Elle se fonde sur un mouvement centrifuge, alors que, si la théorie

du rachat se focalise sur un mouvement centripète, la géographie structurale a aussi une dimension systémique, par sa définition des positions des individus et des groupes sociaux dans l’espace, en dépassant le clivage centrifuge/centripète.

395

: La théorie de géographie structurale a été appliquée à l’espace touristique, mais pas à l’espace de visite. Cf. GAGNON S., 2003, L’échiquier touristique québécois, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 359 p. Sur l’application de la sémiotique au tourisme, cf. aussi : GRAILLOT L., 2001, La sémiotique comme analyse des comportements touristiques, Revue française du Marketing, n° 181, pp. 7-27, où la sémiotique est utilisée pour comprendre le comportements du consommateur et les pratiques touristiques.

396

: DESMARAIS G., G. RITCHOT, 2000, La géographie structurale, Paris, L’Harmattan, coll. « Géographies en liberté », p. 17.

397

doit accomplir pour sa subsistance, pour son travail : il est « pris » quelque part pendant longtemps et ne peut donc occuper d’autres espaces. D’un autre côté, les espaces privés le contraignent aussi à n’occuper qu’une partie de l’étendue lorsqu’il se trouve dans sa période de temps libre. Mais entre ces deux contraintes : « assignation » au(x) lieu(x) de travail et, plus généralement, de subsistance d’une part, et interdictions de fréquentation des espaces privés d’autre part, il existe un autre fait de géographie humaine, celui de la présence de l’homme dans un nombre de lieux plus ou moins limité au cours de sa vie. L’essor du tourisme a certes permis la multiplication des lieux de séjour et de visite, mais cela ne concerne pas toute la population, et surtout, les individus les plus mobiles ne se rendent pas non plus partout. Quels que soient les moyens financiers dont l’individu, la famille dispose(nt) pour se déplacer, il existe une sélection de lieux de réception.

A partir de là, en tenant compte du système espace d’émission/espace de réception, l’interdit de propriété peut être effectif au niveau de l’espace de réception, au niveau de l’espace intermédiaire entre émission et réception, et/ou au niveau du reste de l’espace, qui n’est ni traversé ni occupé. Ce « reste de l’espace » est l’étendue non pensée, oubliée, négligée, délaissée, voire rejetée, par l’individu. Il ne s’y rendra jamais au cours de sa vie. En outre, l’interdit de propriété est à nuancer en fonction des pratiques ou bien en fonction des représentations de ce reste de l’espace. Chacun a une étendue non représentée et non pratiquée, mais aussi une étendue représentée et non pratiquée. Cette observation, parmi d’autres, d’une application nuancée de l’interdit de propriété conduit à associer à l’approche structurale une approche systémique. Le calage ou le décalage entre pratiques et représentations peuvent aussi se produire au sujet de l’espace intermédiaire du déplacement entre émission et réception. L’interdit de propriété revient ici à ne pas penser ou à refuser de conférer les statuts de destination, de réception à l’espace traversé. Mais on n’y associe pas le statut d’attraction. On conçoit en effet que l’espace intermédiaire puisse avoir une certaine attraction, sans que celle-ci n’induise un seuil d’arrêt, de visite ou de séjour. L’interdit de propriété participe de l’espace intermédiaire. Enfin, au sein d’un espace de réception, l’individu touriste ou visiteur ne va pas partout. Les aménagements et/ou les choix autonomes de ses déplacements et de ses visites ont là aussi pour conséquence une différenciation de l’espace. Avec encore plus de pertinence que pour l’espace intermédiaire, l’interdit de propriété se concrétise et se décline dans l’espace de réception au moyen des notions d’environnement et de paysage. Il y a la partie de la surface terrestre, biotope, biocénose et noosphère, que le visiteur ne parcourt pas, se plaçant alors nécessairement dans une carence environnementale, et il y a la partie qu’il ne perçoit pas, se plaçant alors dans une carence paysagère. Ces parties correspondent aux angles morts et, temporairement, aux confins qui