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AVANT-PROPOS

2. FREQUENCE DES EFFETS INDESIRABLES MEDICAMENTEU

Les effets indésirables des médicaments diminuent la qualité de vie des patients, augmentent le nombre d’hospitalisations, prolongent les séjours hospitaliers et augmentent la mortalité 11. Il en résulte par ailleurs de lourdes dépenses pour les systèmes de santé : consultations supplémentaires, hospitalisations ou prolongation d’hospitalisations, examens complémentaires, transports sanitaires, traitements pour contrecarrer les effets indésirables, arrêts maladie... Un effet indésirable même très rare peut poser un problème crucial de sécurité sanitaire si sa gravité est importante, et/ou si le nombre de patients traités est grand, et/ou si l’apport thérapeutique du médicament est minime (ce qui renvoie à la notion de rapport bénéfice/risque) 14.

On a estimé qu’en médecine générale, du fait des évènements indésirables médicamenteux, 4,3% des patients interrompent leur traitement avant son terme, 1% doivent prendre un ou plusieurs médicaments complémentaires pour lutter contre les effets indésirables, 1,8% ne peuvent réaliser leurs activités usuelles 45. En médecine générale, les classes pharmacologiques les plus pourvoyeuses d’effets indésirables sont les médicaments anticoagulants et antinéoplasiques, totalisant 53,8% des effets indésirables graves 46.

Le taux d’hospitalisations provoquées par un effet indésirable est estimé par la plupart des études entre 1% et 8% 47 48 49 50 51 52. Il varie notamment en fonction des services hospitaliers où ces études ont été menées : certains services sont très impliqués dans la prise en charge des effets indésirables médicamenteux (hépato-gastroentérologie, dermatologie, réanimation...), alors que d’autres, comme les services de chirurgie, le sont beaucoup moins.

Quelques études renseignent sur la fréquence des évènements indésirables (graves ou non) en médecine générale en France :

- d’après l’expérience sur une année entière d’un médecin généraliste, il surviendrait environ 1 évènement indésirable pour 100 actes (visites ou consultations) 53. Evidemment, ces données reposant sur la pratique d’un seul médecin à la fois prescripteur et investigateur, les biais sont nombreux. Une autre étude 54, dont nous n’avons malheureusement pu lire que le résumé, réalisée sur 3 mois auprès de 3 autres médecins généralistes semble avoir trouvé un résultat concordant : 1% des actes (consultations et visites) également. Avec les mêmes réserves vis-à-vis du faible nombre de médecins participants.

- l’incidence des effets indésirables a été évaluée à 1,5% des consultations des médecins généralistes dans le Var et les Alpes-Maritimes 55.

- sous réserve d’un certain nombre de biais de sélection, 2,5% des consultations auprès des médecins généralistes de Haute-Garonne donneraient lieu à la déclaration spontanée d’un ou plusieurs évènements indésirables médicamenteux par les patients 56. - la fréquence des évènements indésirables médicamenteux en médecine générale a été évaluée dans deux études aux méthodologies similaires 5758. En Aquitaine : 1,99 par jour et par praticien (voire plus, car il n’était comptabilisé qu’un évènement indésirable lorsqu’un même patient en rapportait plusieurs lors de la même consultation). Dans la région de Castille-et-Léon (Espagne) : 0,38 évènement indésirable médicamenteux par jour et par médecin généraliste.

- en médecine générale, 18,7% des prescriptions (pouvant comporter plusieurs médicaments) entrainent au moins un symptôme perçu comme un effet indésirable médicamenteux par les patients 45, en premier lieu des troubles digestifs (3,4 à 4% des

prescriptions, 2,4% concernant les nausées et vomissements). 1,9% des prescriptions entraînent selon les patients une somnolence, 1,4% des érythèmes et eczémas, 0,8% des instabilités ou des vertiges. Mis à part un effet nocebo, il peut s’agir d’un effet indésirable attendu c’est-à-dire de type A 59 60 (conforme à la pharmacologie connue du médicament administré à dose thérapeutique mais non recherché dans la pathologie traitée), ou inattendu c’est à dire de type B (effet non lié à l’activité pharmacologique connue propre au médicament mais lié au patient par un mécanisme en général idiosyncrasique ou allergique), mais aussi, et il ne s’agit alors plus d’effets indésirables, de symptômes liés non pas au médicament mais à la pathologie à l’origine du traitement, d’un goût désagréable du médicament, d’un effet attendu du médicament (comme l’augmentation de la diurèse sous diurétique), etc. Si l’on ne retient que les effets indésirables reconnus comme tels par le prescripteur, 12,8% des prescriptions (en médecine générale), soit 2,7% des médicaments prescrits (en médecine générale toujours), seraient à l’origine d’évènements indésirables 4561.

Les effets indésirables graves en médecine générale sont quant à eux beaucoup plus rares 45 :

- leur taux d’incidence a été estimé à 2,6 effets indésirables graves par an et par médecin généraliste (soit 10,2 effets indésirables graves pour 1000 jours de pratique) 46 ou 3,8 55 effets indésirables graves par an et par médecin généraliste.

- d’après une autre étude, ils seraient un peu plus fréquents, survenant 0,1 fois par jour de pratique et par médecin généraliste 57, mais la définition d’un effet indésirable grave utilisée dans cette enquête était moins restrictive que la définition aujourd’hui usuelle :

basée sur une liste de termes proposée par l’OMS, elle ne tenait compte ni de l’intensité ni des conséquences des effets indésirables observés.

Les médicaments les plus souvent incriminés dans les notifications de pharmacovigilance françaises entre 1986 et 2001 ont été ceux agissant sur le système nerveux (23%), les médicaments cardiovasculaires (19%) et les anti-infectieux par voie générale (17% ; taux fortement majoré à partir de 1996 suite à la commercialisation des antirétroviraux ; aujourd’hui, il est probable que la part des anti-infectieux serait moindre, le profil d’effets indésirables des antirétroviraux étant mieux connu) 62. Les effets indésirables

déclarés étaient essentiellement cutanés (29%), neurologiques (19%), gastro- intestinaux (12%), hématologiques (12%), vasculaires (12%), généraux ou liés au mode d’administration (12%) 62. Les motifs de retrait du marché français pour raison de pharmacovigilance de 1998 à 2011 ont été le plus souvent d’ordre cardiaque, neurologique ou hépatique 6263.