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Carte 19. Processus d’urbanisation à Oran (KADRI et al., 2015)

4. Forte industrialisation au Nord et impact sur l’environnement

« Le régime économique socialiste a instauré, après l’indépendance, une politique volontariste

d’industrialisation, en concédant d’importants investissements pour la construction d’infrastructures dans les agglomérations côtières. Au niveau de l’Ouest algérien, la mise en place d’une industrie pétrochimique à Arzew -Béthioua et de transformation à Oran, Ghazaouet était une conséquence directe, une exacerbation de la polarisation des villes côtières »

(SEMMOUD, 1986). « Cette politique a coïncidé avec la promotion administrative de nouvelles

agglomérations au rang de wilayas lors des découpages territoriaux successifs. Les effets combinés de ces politiques ont certes renforcé le rôle des pôles littoraux, aidés par une évolution démographique importante, mais ont contribué aussi à faire émerger de nouveaux pôles industriels, régionaux, de l’intérieur, comme ceux de Sidi Bel Abbes et Tlemcen. Les effets sur l’espace se traduisaient alors par un recul remarquable des disparités entre littoral et intérieur. Cette politique de rééquilibrage n’a touché néanmoins que la partie tellienne, les zones steppiques étant très peu intégrées dans le processus de développement industriel » (GHODBANI et al.,

2013).

Nous retrouvons un déséquilibre dans la répartition des pôles industriels, très densifié dans la zone littorale et faible au Sud, en particulier la steppe. La carte de localisation des zones industrielles dans la zone d’étude (carte 21) montre clairement ce déséquilibre de répartition de l’industrialisation. La zone littorale d’Oran est très dense par rapport à la zone intérieure et nulle dans la zone steppique. Cette densification de l’industrialisation dans le littoral expose ces endroits aux pollutions, nuisances et autres dégradations de l’environnement.

Les fortes interactions qui existent entre ces activités et l'environnement impliquent un aménagement rationnel et respectueux qui réussisse à concilier les domaines économiques et écologiques, conciliation passant parfois nécessairement par la protection impérative d'espaces sensibles.

Le rôle des industries dans l'essor de l'économie nationale est incontournable, cependant, elles se sont accaparées les meilleurs sites littoraux et aussi sur des bons terrains agricoles et se sont développées au détriment des autres usages liés à la mer et la terre. Elles peuvent en outre, comporter des risques réels pour les agglomérations limitrophes et l’environnement. Notre zone d’étude comprend un pôle industriel important à savoir :

‐ Au niveau de la wilaya d’Oran, comprends 3 zones industrielles (zone industrielle d’Arzew, d’Es Senia I et II et de Hassi Ameur) et 18 zones d’activités, dont on cite 5 212 industries selon le dernier recensement économique établi en 2011 par l’ONS.

‐ La wilaya d’Ain Témouchent, comprend deux zones industrielles d’Ain Témouchent et de Beni Saf, dont on cite 840 industries selon ONS 2011.

‐ La wilaya de Sidi Bel Abbes comprend deux zones industrielles (de Sidi Bel Abbes et de Telagh) et 5 zones d’activités (Ben Badis, Tenira, Sfisef, Mostfa Ben Brahim, Aïn El Berd), dont on cite 1 337 industries, selon l’ONS 2011.

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‐ Et enfin, la wilaya de Tlemcen comporte deux zones industrielles localisée à Chatouane et à Maghnia, et 8 zones d’activités localisées à Mansourah, Bab El Assa, Terny, El Ariche, Chazaouet, Remchy et Hennaya, dont on cite 3 071 industries selon l’ONS 2011.

En matière de l’environnement, ces entreprises évacuent des produits toxiques caractérisés par des teneurs élevées en matières oxydables et organiques. Il s'agit de différents déchets provenant des industries diverses (Industrie alimentaire, Industrie agricole, Tannerie et textile, Papeterie,

Industrie physique, Industrie chimique, Industrie pétrochimie). L'impact des rejets industriels sur

la qualité des eaux marines, de surface et souterraine est en fonction de leur affinité avec l'oxygène, de la quantité de solides en suspension, et de leurs teneurs en substances organiques et inorganiques. Dans le meilleur des cas, une première étape d'épuration se fait sur le site même de production, le reste des eaux usées étant ensuite dirigé vers les systèmes de traitement municipaux. Malheureusement, pour de nombreuses unités de production, les eaux usées retournent dans un cours d'eau sans traitement préalable, ou insuffisamment assainies.

De nombreuses zones industrielles sont implantés directement sur des terrains qui comportent des nappes d'eaux souterraines très sensibles à la pollution. De ce fait, l'industrie est responsable de l'ensemble de la pollution dans la zone d’étude, causée en particulier par les industries pétrochimiques, chimiques et métallurgiques, notamment sur la frange littorale. De plus, la plus grande part du parc industriel s'est développée autour des années 70. Ce parc est devenu vieil et donc très polluant. Nous pouvons citer les zones industrielles importantes qui engendrent une forte pollution de l'environnement, à savoir :

‐ Le pôle industriel d’Arzew : il est situé à 42 km à l'Est d'Oran. Il s'étend sur environ 12 km et comporte quatre communes : Arzew, Ain El Bia, Béthioua et Mersa El Hadjadj. Le pôle a eu pour objectif initial de structurer l'ensemble du territoire dans lequel il est inséré aussi bien au niveau international, national, que local. La zone industrielle comprend deux ports spécialisés et une plate-forme industrielle. Cette plate-forme comprend une concentration élevée de complexes pétrochimiques et de raffinage à haut risque (05 complexes de liquéfaction, une raffinerie, un complexe de production de méthanol et résines, un complexe d'ammoniac, etc.), une centrale électrique de capacité 960 MV, six unités de production (Hélium, Azote, engrais liquides, gaz industriel, emballage…), un réseau de pipes provenant des champs pétrolifères d’Hassi Messaoud et Hassi Rmel et un ensemble d'unités de prestation de services dans les domaines de maintenances industriels, de génie civil et de formation de personnel.

La zone industrielle d’Arzew est le siège d’une pollution incessante. Notons également l’utilisation des eaux côtières pour le refroidissement des centrales électriques thermiques, qui s’ajoutent aux rejets en mer d’un grand nombre de déchets et de polluants qui peuvent être à l’origine de nombreux échouages, de certaines faunes marines, observés sur la côte oranaise (BOUTIBA et al., 2003).

L’existence de la raffinerie d’Arzew a multiplié la concentration de fréquentations importante des navires industriels (pétroliers, méthaniers), qui s’ajoutent aux différentes activités pétrochimiques (stockage et traitement).

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‐ La zone industrielle d’Hassi Ameur : elle a été créée au début de la décennie 1970, sur une superficie de 313 ha. Elle a été conçue et construite initialement pour accueillir l’industrie lourde (construction métallique, chaudronnerie, construction de véhicules automobiles, etc.). Les industries productives existant en 1983, comportaient deux types d’unités industrielles de faible densité, la première était métallurgique et la seconde correspond à la production des matériaux de construction. Les industries de service étaient celles de SONELGAZ et SERSID- SNS. Par la suite, l’évolution de la politique économique et industrielle du pays a conduit à une restructuration de la zone industrielle, qui a connu plusieurs transformations. À la fin des années 1990, la zone industrielle comprenait plus de 60 unités et avec l’augmentation du nombre des unités, des types d’industries (chimie, hydrocarbures, etc.) se sont aussi multipliés. Aujourd’hui, avec l'adjonction d’un nouveau lotissement dans la partie Ouest, la zone industrielle se compose de 183 lots.

‐ La zone industrielle d’Es Senia : elle se situe au Sud-est de la ville d’Oran dans les communes d’Es Senia et d’El Kerma, elle a été criée en 1976, elle est d’une superficie de 545 ha dont 323 ha sont utilisables, la superficie totale actuelle est 293 ha. Elle compte environ 300 petites et moyennes entreprises, toutes classées dangereuses, insalubres ou incommodes, rejetant leurs déchets dans la daya Morsly et la sebkha d’Oran. Aujourd’hui, totalement polluée. Ces entreprises travaillent dans les domaines suivants: agroalimentaire (limonaderie, biscuiterie, conserverie, minoterie, fromagerie, huilerie) ; ameublement ; bateaux, rasoirs bics, cosmétique, colle, peinture, cuirs et chaussures, papier carton, plaque de mousse, pneumatique, lazer cass, textile, transformation de plastique, verre.

‐ La zone industrielle d’Ain Témouchent: située à 2 km au Sud de la ville d’Ain Témouchent, d’une superficie de 130 ha, sur des terrains à haute valeur agricole. La plus importante unité implantée dans la zone, c’est le complexe de fabrication de détergent (ENAD), il a été crié en 1989, d’une superficie de 23.3 ha. Sa conception est axée vers la fabrication de détergentes poudres. Il est représenté comme le plus pollueur dans la zone, car il rejette ses eaux usées dans l’oued Chaabet El Ham, un effluent d’oued El Maleh, des eaux usées très toxiques.

‐ La zone industrielle de Beni Saf : localisée à 4 km est de la ville de Beni Saf, la plus importante unité implantée dans la zone, c’est la cimenterie de SCIBS, qui a été criée en 1975, l’activité a débuté en 1989, elle s’étend sur une superficie de 42 ha, elle est située à proximité d’une ZHUN, il représente le pollueur majeur de l’atmosphère.

‐ La zone industrielle de Sidi Bel Abbes : elle englobe le plus grand nombre d’industriels. C’est une zone située à la périphérie Est de la ville, abrite au total quelque 80 entreprises publiques et privées. Mais, parmi lesquelles 37 sont reconnues comme viables et exercent une réelle activité, permanente, dans divers segments de l’électronique, de l’agroalimentaire, des travaux hydrauliques, des minoteries, de la construction métallique, de l’emballage, de la fabrication de cosmétiques, du conditionnement des produits pharmaceutiques, du textile, du bâtiment et des travaux publics, de la récupération, etc. La zone industrielle de Sidi Bel Abbes s’étend sur 494 ha, compte à elle seule une superficie cessible de 434 ha, dont le taux

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d’occupation atteint 69%. Les eaux usées industrielles sont rejetées vers oued Elmalah, en majorité sans aucun traitement.

‐ La zone industrielle de Tlemcen : située en contrebas de la ville de Tlemcen, la zone industrielle accueille des dizaines d'entreprises spécialisées dans les activités de la mécanique, l'électricité et la métallurgie, la chimie et le para-chimique, l'agroalimentaire, l'imprimerie, le BTP, les services et commerce, le transport, la menuiserie, les matériaux de construction, le plastique, les textiles, le papier et carton, elle est la plus importante en matière de surface et d'unités industrielles, dans la wilaya de Tlemcen. Cette zone industrielle est située sur la route de Chetouane. Bâtie sur des terrains à haute valeur agricole, sur une superficie de 218 ha, criée à partir de l’année 1970.

‐ La complexe électrolyse du zinc de Ghazaouet: ce complexe est d'une capacité nominale de 40 000 tonnes/an de zinc, 90 000 tonnes/an d'acide sulfurique et 150 tonnes/an de cadmium (MATE, 2003). Ce complexe est responsable d'une forte pollution atmosphérique et pollution marine dans la zone.

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