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Décharges publiques et centres d’enfouissements techniques, entre faisabilité et respect de l’environnement

Carte 39. Cadre structural de la wilaya d’Ain Témouchent (YELLES-CHAOUCHE, 2004)

Le CET est installé dans l’impluvium de l’aquifère plio-quaternaire des volcans sédimentaires localisée principalement au niveau de la zone d’Ain Témouchent, Ain Tolba, Sidi Ben Adda et Oulhaça, cette aquifère présente une épaisseur de 20 à 100 m, comporte deux couches productives, les sables pliocènes et les calcaires fissurés du miocène supérieur. Les basaltes qui étaient secs deviennent aquifères est suralimentent les sables pliocènes et les calcaires miocènes (HAMIDI, 1989). Cet emplacement risque de polluer la nappe des roches volcaniques, avec une perméabilité moyenne de 6.10-5m/s et une profondeur de la nappe moyenne de 20 m, nous assistons à une contamination de la qualité des eaux souterraines. Le déversement des lixivaits accumulés dans la nature favorise la contamination de la nappe des roches volcaniques et l’inexploitation des eaux souterraines.

1.1.2. Centre d’enfouissement technique de Sidi Bel Abbes : un grand danger de pollution de la nappe alluviale

Le centre d’enfouissement technique de Sidi Bel Abbes est installé sur des formations géologiques d’âge quaternaire, se sont des limons, marnes, argiles sableuses calcaires, alluvions, conglomérats des terrasses des oueds. Selon la carte géologique à l’échelle 1/50 000 et la carte hydrogéologique de la plaine de Sidi Bel Abbes à 1/100 000, réalisée par SOURISSEAU (1973), ces formations sont de nature perméable. Le remplissage argilo-sableux plio-quaternaire contient une nappe phréatique exploitable avec un débit des eaux proportionnel aux pourcentages d’éléments sableux

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et argileux présents, c’est la nappe alluviale de la plaine de Sidi Bel Abbes, d’une superficie de 730 km2 (BOUANANI, 2014) correspond à un siège d’écoulement transitant par les alluvions plus au moins cimentées et les conglomérats des chaneaux aquifères, elle est libre dans sa quasi-totalité, son alimentation est directe par les eaux de précipitations, donc en saison pluvieuse, les pluies chargées en polluants peuvent atteindre facilement la nappe.

La profondeur de la nappe alluviale plio-quaternaire au niveau du site de CET de Sidi Bel Abbes est très faible, entre 2 à 6 m (figure 30). La perméabilité des formations géologiques et la faible profondeur de la nappe favorisent la contamination des eaux souterraines par les lixiviats très toxiques drainés et rejetés en milieu naturel sans traitement efficace.

Figure 30. Profondeur de la nappe au niveau du CET de Sidi Bel Abbes en 2011

1.1.3. Le CET de Tlemcen : pollution organique de la nappe des grès Tortoniens

L’étude géologique de BOUANANI (2004) permet de décrire la formation lithologique du site du CET de Tlemcen, ce dernier est installé au niveau du sous-bassin d'Oued Sikkak, formé essentiellement par des formations perméables, toutefois, l’abondance relative des formations carbonatées karstiques représentées par les dolomies de Tlemcen et les alluvions plio-quaternaires lui donne un comportement hydrologique d'infiltration. La carte géologique à l’échelle 1/50 000 feuille de Tlemcen n°270 réalisée par DOUMERGUE (1962) et l’étude géologique de BOUANANI (2004) distingue que le CET est installé sur des formations d’âge miocène grès Tortoniens fissurées jaunes, peu consolidées atteignant 20 à 30 m d'épaisseur, s'appuyant sur les marnes sérravalliennes, en grande partie couverts par les alluvions, d’une épaisseur de 30 m. Les grès sont des gains de sable cimentés entre eux, sont des roches détritiques formées par l’accumulation de débris de roches anciennes usées par l’érosion. Dans les matériaux consolidés, les roches les plus poreuses sont les grès. Ces derniers ont une perméabilité de l'ordre du Darcy de 10-3 à 10-6 cm/s (HAYANE, 1983).

Sur le plan structural, une coupe géologique schématique a été réalisée par CLAIR (1973) montre la présence d’une faille, qui a causé un contact entre les dolomies de Tlemcen et les grès tortonien.

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Cette faille est la source d’alimentation de la nappe d’Hennaya, elle est proche de l’emplacement du CET de Tlemcen.

Figure 31. Log hydrogéologique de la plaine d’Hennaya (HAYANE, 1983)

Les horizons aquifères sont principalement constitués par les grès tortoniens, ces derniers situés à des dizaines de mètres de profondeur au Sud et disparaissent au Nord. Ils sont friables et fissurés et subhorizontaux (HAYANE, 1983). Une partie de cet aquifère est occupée par des grès friables, à la surface, l’horizon est libre et alimenté par des eaux de précipitation.

La carte de la profondeur de la nappe dans la plaine d’Hennaya établie par BEMMOUSSAT (2012), et les études d’HAYANE (1983), indique que la nappe d’eau est de faible profondeur (3 à 7 m) au niveau du site du CET de Tlemcen. Cet aquifère a une transmissivité variée entre 34 à 119 m2/j (BEMMOUSSAT, 2012).

Sur la base aussi de la carte piézométrique réalisée en 2011 par BEMMOUSSAT, le calcul du débit de cette nappe dans la partie Sud-est est effectué par la formule suivante :

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Q= K×i×e

K : perméabilité moyenne 12.7 m/j i : gradient hydraulique 0.031

e : épaisseur de la zone saturée 2.38 m

Donc, le calcul donne une valeur de 5.387×103 m3/j, qui soit 62.32 l/s, ceci montre que le site du CET constitue une principale zone d’alimentation de la nappe des grès tortoniens. Dans ce cas, toute infiltration des lixiviats, suite aux fuites des drains et leurs rejets en milieu naturel, présente une grande menace de la qualité physico-chimique et bactériologique des eaux souterraines.

Pour voir la qualité des eaux souterraines et leurs taux de contamination, nous avons collecté des analyses physico-chimiques en octobre 2012, auprès de l’ANRH d’Oran. Ces analyses ont été effectuées sur des échantillons des puits localisés au niveau de l’emplacement du CET de Tlemcen, deux ans après leur exploitation.

Les résultats ont donné un PH varie entre 7.18 à 7.26, se sont des eaux alcalines. La conductivité hydraulique varie entre 1600 à 2000 µs/cm, traduisent la forte minéralisation et la salinité des eaux souterraines. Tous les échantillons analysés ont des valeurs en chlorure supérieures aux normes de potabilité, fixées à 25 mg/l, les teneurs de chlorure dans ces eaux varient entre 150 à 300 mg/l. La dureté est la quantité des calciums et magnésiums dans l’eau, la dureté des eaux de la nappe des grès tortoniens varie entre 510 à 600 mg/l, qui montre une dureté dépasse les normes d’utilisation. Toutes les formes d’azote (azote organique, nitrite) peuvent être à l’origine de nitrate par les processus d’oxydation biologiques, ont des concentrations élevées, ceci constitue un bon indicateur d’une pollution azotée des eaux souterraines d’origine infiltration des lixiviats et la pollution agricole par l’utilisation des engrais. Les teneurs de nitrates dans les eaux de la nappe des grès tortoniens sont comprises entre 91 à 100 mg/l, dépassant largement les normes.

Afin de voir l’impact du CET sur la qualité microbiologique des eaux de la nappe du grès tortoniens, nous avons pris des analyses microbiologiques des échantillons analysés en 2012, par le laboratoire vétérinaire régional de Tlemcen, sur 16 échantillons réparties sur la plaine d’Hennaya et au niveau du CET. Ces analyses indiquent la présence des bactéries coliformes d’origine fécale (type : E Coli), ces bactéries témoignant une pollution fécale récente qui peuvent causer des maladies graves, c’est un bon indicateur de la pollution microbiologique des eaux souterraines. Les normes algériennes de la qualité des eaux souterraines exigent que l’eau destinée à l’alimentation et à l’irrigation ne doit pas contenir des traces de bactéries « E Coli », la présence de ce dernier traduit la pollution causée par l’installation du CET sur des terrains perméables, avec une faible profondeur de la nappe. Les eaux souterraines dans la zone de la plaine d’Hennaya sont impropres à la consommation humaine, et même à l’irrigation due aux taux élevés de nitrate et l’existence des bactéries.

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1.2. Danger de pollution des eaux de surface des bassins Sikkak, Mekerra et El Maleh : rejets des lixivaits des centres d’enfouissements techniques

Les eaux de surface des bassins Sikkak, Mekerra et El Maleh sont très exposés aux risques de pollution par les rejets des lixiviats produits par les CET de la zone d’étude, ces rejets sont traités par des stations de lagunage, afin d’éliminer la charge polluante. Malgré ce traitement, les valeurs de la DBO5, la DCO et la matière organique restent élevées. C’est un traitement insuffisant pour une charge polluante toxique des lixiviats. Ces derniers sont récupérés à l’aide des drains vers des bassins de décantation et évacués finalement en oueds limitrophes, met les cous d’eau en danger de pollution.

À titre d’exemple, le centre d’enfouissement technique d’Ain Témouchent est situé à une distance de 200 m de l’oued Sennane, un affluent du bassin-versant d’oued El Maleh. Les lixiviats récupérés du CET sont évacués vers cet oued. Ces eaux de ruissellement sont très polluantes, on retrouve des sacs plastiques, des ordures brûlées, des bactéries, des matières toxiques, ruisselées vers oued Sennane. L’écoulement entraînera des matières toxiques permet la contamination des ressources hydriques.

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