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Décharges publiques et centres d’enfouissements techniques, entre faisabilité et respect de l’environnement

Carte 40. Distance du CET par rapport au cours d’eau d’oued Sennane

Source : image sattelitale Landsat, 2016 Donnant aussi l’exemple du CET de Tlemcen, ce dernier se trouve au niveau du versant oriental du Dj. El Hadid, relie à sa base, de manière directe, un cours d’eau de l’oued Guetarra (carte 41 A, B) qui atteint à l’aval oued Amieur. Les eaux collectées par l’oued Guettarra débouchent dans une retenue d’un ouvrage de mobilisation hydraulique. Les lixiviats du CET de Tlemcen sont collectés au niveau des trois bassins de décantation, sont traités par une station de lagunage et sont évacués

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enfin vers oued Guetarra, l’écoulement de ces eaux polluées présente un grand risque de pollution des eaux de surface d’oued Sikkak et par suite les eaux du barrage de Sikkak.

Carte 41(A,B). Localisation du CET de Tlemcen par rapport au réseau hydrographique.

A. Réseau hydrographique hiérarchisé

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Enfin, le CET de Sidi Bel Abbes, après la collecte des lixiviats dans les trois bassins de décantation, sont évacuées vers oued El Maleh, un effluent d’oued Mekerra, sans un traitement efficace, l’écoulement de ces rejets polluants atteint oued Mekerra, pollue les eaux traitées par la station d’épuration de Sidi Bel Abbes et contamine ensuite les eaux du barrage de Cheurfa.

2. L’exploitation anarchique de l’ancienne décharge d’El Kerma après fermeture 2.1. Menace écologique importante pour la sebkha d’Oran

L'Algérie compte treize (13) zones humides d'importance mondiale, depuis son adhésion le 11 décembre 1982 à la convention relative aux zones humides d’importances internationales particulièrement comme habitats de la sauvagine, adoptée le 02 février 1971 Ramsar (IRAN), ces sites occupent une superficie de 1.8 millions d'hectares. Deux sites inscrits en 1983 les lacs Tonga et Oubeira ; un site inscrit en 1994 le lac des oiseaux. 10 sites inscrits en 2001, le Chott Chergui, le Chott El Hodna, la vallée d’Iherir, Gueltate d'Issakarassen, le Chott Mérouane, l'Oued Khrouf, Les Marais de la Macta, l'Oasis Ouled Saïd, la grande sebkha d'Oran, l'Oasis de Tamentit et Sid Ahmed Timmi. La démonstration de l'intérêt écologique, économique et sociologique de la conservation des zones humides conduit, maintenant, à leur conférer un statut d'infrastructure naturelle, pour tenter de faire reconnaître le double bénéfice fonctionnel et patrimonial qu'elles nous fournissent.

La wilaya d’Oran compte huit zones humides dont quatre classées Ramsar, la Sebkha (56 870 ha), la Macta s’étendant sur les territoires des wilayas d’Oran, de Mascara et de Mostaganem, (19 000 ha), lac Télamine (1 100 ha) et les Salines d’Arzew (290 ha) et quatre autres Dhayat Oum Ghellaz (300 ha), Dhayat Bagra (200 ha), Dhayat Morsli (150 ha) et Dhayet Sidi Chahmi (10 ha), qui font l’objet d’un intérêt en vue de leur classement Ramsar. Parmi ces zones humides, la grande sebkha d’Oran, reconnue en tant que site RAMSAR depuis le 2 février 2001, c’est un lac situé à 15 km au Sud d'Oran dans la commune de Messerghine, d’une distante de 12 km de la mer. Présente une dépression fermée, limitée au Nord par le massif du Murdjajo, au Sud par le massif de Tessala. La sebkha occupe le fond de cette dépression, présente une topographie apparemment plane, mais légèrement inclinée vers l'Ouest, avec un point bas à 80 m d'altitude et un point haut à 82 m, de forme elliptique, sa longueur est de 40 km d'orientation approximative Sud-ouest/Nord-est, sa largeur est de 1 à 13 km, couvre une superficie de 56 870 ha, considérée comme le plus grand lac salé dans la région Nord-ouest de l’Algérie, alimentée par un réseau hydrographique afflué principalement des massifs du Tessala et du Murdjajo. L’eau de cette zone est salée, le lac forme une pellicule d'eau de 10 à 30 cm variant suivant la pluviométrie, il s’assèche complètement durant la saison d’été suite à une très forte évaporation et à la sécheresse qui frappe la région.

La sebkha constitue un site de repeuplement des oiseaux qui les utilisent pour faire leurs nids et comme espaces de repos dans leur migration saisonnière, du Nord au Sud à la recherche des conditions adéquates (chaleur et nourriture). La conservation des forêts recense entre 70 000 et 180 000 d’oiseaux d’eau par an. Le nombre total des espèces de volatiles qui atterrissent dans cette zone humide varie entre 43 et 45 espèces et peut atteindre jusqu’à 57 espèces d’oiseaux, dont des

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flamants roses et diverses variétés de canards. Donc, elle est dotée d’un rôle multifonctionnel où l’intérêt écologique, économique et sociologique n’est plus à mettre en évidence. N’ayant été jusqu’à l’heure actuelle valorisée entant que site écologique, ni protégée contre les nuisances qui affectent son environnement immédiat. Elle a été, au contraire, utilisée comme aire de décharge des déchets solides des agglomérations localisées sur le pourtour du lac, notamment la décharge d’El Kerma. Cette pollution d’origine anthropique est sans doute la principale source conduisant à des changements dans les communautés végétales et animales de la sebkha d’Oran. C’est un lieu de déversements des eaux usées et de prolifération de décharges sauvages d'ordures ménagères, déchets industriels, des gravats de matériaux de construction, des déchets avicoles, le détritus des usines limitrophes situées dans la zone industrielle d’Es Senia.

2.2. Décharge au milieu des terrains agricoles d’El Kerma : risques de dégradation qualitative et quantitative

Pour l’emplacement optimal d’une décharge, il est essentiel de prendre en considération l’occupation des sols, afin d’éviter la dégradation du patrimoine agricole. Pour voir l’adéquation de la décharge publique d’El Kerma en terme de protection des terrains agricoles, nous avons réalisé une carte de l’occupation du sol par la méthode de classification supervisée de l’image Landsat 8 prise en mars 2014 et l’image satellitaire du capteur SPOT 5 prise en décembre 2004, d’une résolution spatiale de 2.5 m (figure 32). Nous avons appliqué l’indice de végétation normalisée (NDVI) sur ces images, afin de détecter l’importance de l’activité chlorophyllienne dans la zone et la densité de la biomasse végétale. Les résultats de ces cartes permettent de décrire que le site de la décharge publique d’El Kerma est occupé par des cultures annuelles (céréaliculture). Cet emplacement est en milieu de patrimoine agricole, favorise une forte dégradation des terrains agricoles d’une part et une réduction des rendements agricoles d’autre part.

Figure 32. Vue satellitaire de la décharge publique d’El Kerma et son environnement

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Figure 33. NDVI de l’image SPOT (site de la décharge d’El Kerma)

L'indice de végétation normalisée (NDVI) consiste à soustraire au canal infrarouge (où la couverture végétale à de fortes réflectances) le canal rouge (où les surfaces minéralisées ont de fortes réflectances). Le néo canal résultant présente un gradient croissant de la biomasse végétale, allant du noir signifiant ainsi l'absence de couverture, au blanc qui rend compte et présente d'une activité chlorophyllienne très élevée. Le résultat d’un NDVI prend la forme d’une nouvelle image, la valeur de chaque pixel étant comprise entre -1 (sol nu) et 1 (couvert végétal maximal). L'image finale de l’NDVI traduit une forte activité chlorophyllienne des terrains agricoles limitrophes de la décharge publique.

L'image finale de l’NDVI traduit une forte activité chlorophyllienne des terrains agricoles limitrophes de la décharge publique. Le terrain agricole est une ressource très faiblement renouvelable, au sens où sa dégradation peut être rapide (quelques années ou décennies), alors qu’il lui faut plusieurs milliers d’années pour se former et se régénérer. Les diverses activités humaines notamment les rejets des déchets au niveau d’une zone agricole ont appauvri les sols en matières organiques, en éléments minéraux, les ont transformés et pollués. La baisse de la qualité des sols peut donc induire une baisse des rendements des récoltes et de leur qualité nutritive, dus essentiellement aux rejets de polluants organiques provient de déchets ménagers et de métaux par les déchets industriels, anciens ou actuels dans la décharge d’El Kerma.

2.3. Nuisance pour la santé des populations d’El Kerma dues au biogaz

La préservation de l’esthétique de la ville ainsi que la protection de la santé publique présentent l’un des thèmes importants à prendre en compte pour l’implantation d’une décharge. La distance

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de l’éloignement d’une agglomération par rapport à une décharge est fixée à plus de 2 km. La décharge publique d’El Kerma est située à une distance de 1.7 km de l’agglomération d’El Kerma (carte 42), cette situation pose d’énormes impacts sur la santé humaine.

Les odeurs émises par la décharge sont les préoccupations majeures des riverains et figurent parmi les gênes notoires relevées par les habitants. Le déversement des déchets, les alvéoles en exploitation, les biogazs non captés sont autant de sources potentielles de nuisances olfactives sur le site et à son voisinage, notamment l’agglomération d’El Kerma. Ces nuisances olfactives ont une importance considérable dans la perception des risques sanitaires liés à la situation de se "sentir exposé", avec comme possibles répercussions des troubles identiques à ceux observés chez des personnes en situation de stress, à savoir des troubles psychiques (dépression, agressivité...) et somatiques (gorge sèche, immunodépression, nausées...) (ASTEE, 2005).

Les citoyens qui vivent près de cette décharge, dans une atmosphère fortement polluée, souffrent de plusieurs maladies respiratoires, et diverses pathologies pulmonaires et gastriques, les allergies, troubles respiratoires et asthme. La décharge cause de 75% de maladies respiratoires à El Kerma avant la fermeture, elle cause toujours des maladies suite au biogaz d’origine de la décomposition des déchets organiques provient de marché de gros des légumes et fruits.

Les déchets déposés sans protection contiennent une partie organique pouvant servir de nourriture aux animaux et peuvent ainsi être à l’origine de la prolifération de rongeurs, d’insectes et d’oiseaux aux alentours de la décharge. Les animaux peuvent être vecteurs d’agents pathogènes à l’origine de maladies humaines. Par ailleurs, la décharge présente des nuisances psychologiques, car elle est l’origine de bruits et est considérée comme répugnants (rongeurs, mouches...). Tous ces aspects mettent la santé des populations de l’agglomération d’El Kerma en danger.

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