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État des lieux en matière d’exploitation et de gestion des décharges et centres d’enfouissements techniques

Décharges publiques et centres d’enfouissements techniques, entre faisabilité et respect de l’environnement

Carte 34. Localisation du centre d’enfouissement technique de Sidi Bel Abbes

D. Wilaya de Tlemcen : 19 décharges et 24 dépotoirs sauvages couvrant une superficie de 85.8 ha menacent l’environnement de la wilaya

II. État des lieux en matière d’exploitation et de gestion des décharges et centres d’enfouissements techniques

« L'expérience algérienne en matière de traitements et d'élimination des déchets reste en fait très

limitée, alors que le volume de déchets ne cesse d'augmenter, sous la double pression de la croissance économique et du développement des infrastructures » (MEZOUARI, 2011). À ce jour,

la principale voie de traitement des déchets est la mise en décharge, mais, elle aboutit souvent à des décharges incontrôlées, dans la zone d’étude sur le nombre important des décharges retrouvées, on retrouve un nombre faible de décharges contrôlées et des CET par rapport aux décharges sauvages.

L’exploitation des CET est caractérisée par des difficultés en matière de traitement des lixiviats et des biogaz, à titre d’exemple les centres d’enfouissements techniques de Sidi Ben Adda de Tlemcen et de Sidi Bel Abbes, leurs exploitations ne remplissait pas certaines conditions requises à un bon fonctionnement, ils présentaient également des malfaçons qui viennent d’être résorbées. Citant le cas du CET de Sidi Ben Adda, au niveau de la wilaya d’Ain Témouchent, nécessite des mesures importantes comme :

• le raccordement électrique des CET;

• la réalisation d’une clôture végétale et des plantations ;

• l’amélioration des voies d’accès et leur alimentation en eau potable.

La direction de l’environnement de la wilaya d’Aïn Témouchent a également prévu la réalisation de deux-ponts bascules pour le pesage des déchets ménagers et la création de deux décharges inertes qui permettront à l’exploitant de disposer des terres de couverture nécessaires aux opérations d’enfouissement. Le CET d’Ain Témouchent nécessite des équipements d’exploitation complémentaires, notamment les navettes, les tracteurs agricoles, le CET est caractérisé par

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l’absence d’équipement d’exploitation, d’un centre de tri et d’un casier ou alvéole pour enfouir les déchets ménagers. Leur site présente un danger d’électricité par la présence des réseaux d’électricité à haute tension à 100 mètres du site, côté Nord-est. Nous remarquons aussi que malgré l’existence du CET, les sept communes concernées par ce dernier ont été autorisées à réutiliser les anciennes décharges.

Le CET de Sidi Ben Adda est composé d’un poste de garde installé à l’entrée du CET, à son niveau se fait le premier contrôle visuel des déchets, afin d’assurer qu’ils sont conformes aux normes d’acception signalées dans une plaque à l’entrée. D’un pont-bascule afin de prévenir l’évolution de quantités à enfouir, et par conséquent l’âge du CET.D’un casier d’enfouissementoù le diversement des déchets pour leur enfouissement se fait. Dès le camion se décharge à l’entrée du casier, un deuxième contrôle visuel se fait, ensuite les agents commencent le tri manuel pour faire séparer les matériaux recyclables, et enfin d’un centre de tri pour trier les déchets multi matériaux, issus d’une collecte brute, ainsi que les déchets banals issus des activités commerciales et industriels. Le centre contribue à atteindre les objectifs de recyclage, à diminuer l’emploi de matière premières vierges, à détourner une fraction de flux de déchets ménagers de la mise en décharge.

Le stockage des déchets revient à concentrer dans un volume réduit un ensemble varié de matériaux évolutifs. Dès la phase de dépôt, les déchets sont soumis à des processus de dégradation liés à des réactions bio-physico-chimiques complexes. Une partie des produits de la dégradation se retrouve en phase gazeuse, c’est le biogaz, l’autre est transportée par les eaux de pluie qui s’infiltrent dans les déchets, c’est les lixiviats. Le traitement cette dernière est quasiment inexistant, les bassins sous-dimensionnés devant servir à la décantation mécanique des eaux qui percolent au travers du massif des déchets dans les casiers, mais ces bassins ne remplissent plus leur mission et les lixiviats sont rejetés directement dans l’environnement immédiat (oued Sennane).

Photo 5. Le casier d’enfouissement de CET de Sidi Ben Adda

(Clichée : Bentekhici Nadjla, aout 2017)

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Figure 24. Les compositions du CET de Sidi Ben Adda

Source: image Google Earth, 2016

Photo 6. Centre de tri du CET de Sidi Ben Adda

(Clichée : Bentekhici Nadjla, Aout 2017)

Un autre exemple, qui pose plusieurs problèmes, doit être cité, c’est la décharge publique d’El Kerma, dans la wilaya d’Oran, cette ancienne décharge, malgré sa fermeture, connut toujours des problèmes d’exploitation et de gestion, elle est toujours exploitable d’une façon anarchique, selon nos sorties sur le site, nous avons trouvé des tonnes des produits cosmétiques périmés rejetés dans cette décharge, proviens du port sec d’Oran tout à côté de la décharge.

Le port sec d’Oran est une nouvelle enceinte économique qui a été créée par l’entreprise Maghrébine de Transport et Auxilliaire (MTA), une filiale de Mediterranean Shipping Company (MSC) dans la zone industrielle d'Es Senia en 2010, sur une superficie de 5 ha, d'une capacité d'accueil de 2 800 conteneurs, afin de réduire la tension sur l'enceinte portuaire. Mais nous avons remarqué que les produits refusés d’admission au port sec d’Es Senia sont rejetés en majorité au niveau de la décharge d’El Kerma.

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L’existence à côté de cette décharge, le grand marché de gros d'El Kerma des fruits et des légumes conduit au rejet de dizaines de tonnes de détritus, dont 80% sont composés de légumes et fruits, ils se sont jetés quotidiennement dans cette décharge sans autorisation. Ce grand marché est situé sur la RN4, sur un périmètre de 30 ha, ouvert en 1 juin 2012, le coût global du projet de ce marché est estimé à 1.2 milliard de dinars.

Figure 25. Localisation du port sec d’Es Senia et le marché du gros des légumes et fruits par

rapport à la décharge d’El Kerma

Source : image Google Earth, 2017 La localisation de la zone industrielle d’Es Senia tous prés de la décharge publique d’El Kerma conduit toujours à un rejet des déchets industriels dans cette décharge d’une façon illicite. Cette zone industrielle a été créée par arrêté n°158 du ministre des TP du 23/01/1976, sur une superficie de 288 ha, le propriétaire du terrain c’est l’URBOR d’ORAN, sa mise en service été en 1977, la zone industrielle comporte 3 entreprises dans la filière de travail de surface, deux entreprises d’activité de papeterie, 9 industries dans la filière d’agro-alimentaire, une en pharmaceutique, quatre en filière mécanique et métallique, 25 entreprises en production de plastique, 5 dans la production de textiles, 9 qui ont comme activité tannerie et enfin, une dans la production de verre (direction de l’environnement d’Oran, 2016). Certaines industries rejettent encore leurs déchets solides dans la décharge d’El Kerma.

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Figure 26. Localisation de la zone industrielle d’Es Senia par rapport à la décharge d’El Kerma

Source : image Google Earth, 2017 L’exploitation anarchique de l’ancienne décharge d’El Kerma nécessite en urgence une réhabilitation, un projet d'aménagement du site de cette ancienne décharge a été proposé en 2013, selon la direction de l’environnement, il est en état d’étude par le ministère de l’environnement, ce projet à double vocation « aménagement urbain » et « écotourisme », qui figurait en bonne place sur la nomenclature des opérations structurantes de la métropole d'Oran. Ce projet est doté d'une enveloppe financière de 2 milliards de DA du fonds national de l'environnement. L’étude confectionnée par un bureau d’étude tunisien (BET) avait été approuvée au niveau du ministère de l’environnement, en attendant une décision officielle.

Le projet de réhabilitation du site avait été présenté, en milieu de l'année 2013, au siège de la wilaya d’Oran, par ce bureau d'études tunisien. Ce projet vise à améliorer le cadre de vie des riverains et la valorisation de ce site à court et moyen termes, à dépolluer le site pour éliminer toutes ses nuisances, le site sera réintégré dans le paysage immédiat, afin de lui donner une vocation éco-touristique et une valeur ajoutée en terme d'aménagement. Mais à ce jour, les travaux n'ont pas encore été lancés. Avec le manque de réhabilitation et l’aménagement de cette décharge, elle constitue toujours une menace pour l'environnement, notamment en raison de la pollution des eaux de la sebkha d’Oran et les odeurs qui gênent les populations de l’agglomération d’El Kerma. Après la fermeture officielle de cette décharge, elle continue de susciter de vives inquiétudes parmi la population locale. Des individus continuent de déverser illégalement leurs déchets, alors

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que d'autres, en quête d'objets récupérables, mettent le feu régulièrement au niveau du site. À ce fait, la nécessité de lancer ce projet de l’aménagement du site est prioritaire.

Dans le but de protéger l'environnement et préserver la santé des citoyens de l’agglomération d’El Kerma, une association a été criée nommée « El Fadjr », cette association qui ressemble les citoyens de cette agglomération, ils ont établie différents tâches pour manifester contre la pollution générée de l’ancienne décharge, les membres de l'association écologique « El Fadjr d'El Kerma » se sont réunis en mois de juin 2015 avec le président de l'assemblée populaire communale d’El Kerma. La rencontre était une occasion pour traiter et aborder plusieurs points liés au cadre de vie des habitants, relatifs à la détérioration actuelle de l'environnement local, le maire d'El Kerma et les représentants de l'association ont décidé de prendre plusieurs mesures concrètes à l'issue de cette rencontre. Dans ce cadre, un arrêté communal a été pris pour interdire tout dépôt de remblais et les déchets de nature organique au niveau de l'ancienne décharge, afin d’éviter les mauvaises odeurs dégagées. Ces odeurs et fumées irritent le plus les riverains et qui leur causent de sérieux problèmes de santé, comme l'attestent les chiffres effarants divulgués par des sources sanitaires et qui concluent que les insuffisances respiratoires touchent la majorité des populations de l’agglomération. Les odeurs nauséabondes qui se dégagent de la décharge continuent d'empoisonner la vie des habitants de cette localité. Cette association a interpellé les autorités pour trouver une solution à ce problème et mettre fin au problème de la décharge.

Des dizaines d'habitants d'El Kerma ont manifesté le mois d’avril 2012 devant le siège de l'APC, après la fermeture officielle de cette décharge, afin d'exiger de leurs élus d'entreprendre des démarches pour sa fermeture finale, et comptent maintenir la pression sur les responsables locaux auxquels revient la mission d'éradiquer cette décharge. Par ailleurs, une délégation composée de représentants des habitants a été reçue par la direction de l'environnement pour demander des explications sur le retard de la fermeture effective de la décharge, en mettant en avant l'état de santé de plusieurs habitants atteints de maladies respiratoires et autres dermiques, en raison des effets néfastes de ce site. Les membres de la délégation ont également abordé avec les responsables de la direction de l'Environnement, la mise en œuvre du projet de la réhabilitation de la décharge. Selon les éléments de cette association, la fermeture de la décharge n'a pas été respectée, chaque jour, des dizaines de camions viennent décharger des tonnes de déchets sur le site avant de laisser place à ceux qui viennent fouiner dans les ordures à la cherche de ce qui peut être récupérable.

En plus de l’ancienne décharge d’El Kerma, au niveau de la zone d’étude, nous pouvons citer un autre cas d’un centre d’enfouissement technique réalisé ces dernières années et qui présente des nuisances, c’est le cas du CET de Tlemcen, leur exploitation est caractérisée par le stockage des déchets réceptionnés dans un « casier » étanche, ce casier est fait d’une membrane étanche, tout posé sur un sol d’argile (terre peu perméable), les eaux qui traversent le casier, les «lixiviats», sont récupérées et orientées vers les bassins de lagunage.

Le CET est équipé par une clôture, un bloc administratif et parking, un poste de garde, poste de contrôle, un pont-bascule, un hangar de tri, ou fait le tri des déchets afin d’isoler les matériaux

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recyclables de la matière organique et de minimiser ainsi la quantité à enfouir, ce hangar n’est pas opérationnel, un casier en exploitation d’une capacité de 400 000 m3 occupants 3 ha, il est réalisé avec des terrassements en terrain meuble et dur et des remblais de digues, le casier est desservi par un réseau de drains pour l’évacuation des eaux de percolation des déchets, qui est raccordée à une station de lagunage et enfin un bassin de récupération de lixiviat qui comporte cette station composée de trois bassins, d’un volume total de 3 120 m3avec une profondeur de 1.2 m et une superficie de 2 600 m2 (direction de l’environnement de Tlemcen, 2016). C’est un traitement par lagunage artificiel dont la qualité des eaux rejetées reste polluante, les eaux du lixiviats sont évacuées vers un effluent d’oued Sikkak. La station emmagasine les lixiviats venant du casier par le biais de deux drains.

photos 7 (A,B). Poste de contrôle et pont-bascule du CET de Tlemcen

(Clichée : CET de Tlemcen, 2016)

A. Poste de contrôle B. Pont bascul

Photo 8. Réseau de drains des lixiviats

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Photo 9. Casier de CET de Tlemcen

(Clichée: CET de Tlemcen, 2016)

Les ordures ménagères déposées en décharges et en CET se composent de matières putrescibles (déchets organiques) rapidement fermente cible et des matières cellulosiques (papiers, bois) plus lentement fermentescibles. En anaérobie les matières organiques fermentent et dégagent des gaz comme le méthane (CH4), le gaz carbonique (CO2), et d'autres gaz sont également présents avec des proportions plus faibles : l'oxygène, l'azote, la vapeur d'eau et à l'état de trace : mercaptan RSH, les composés organiques volatils (CHIRIAC, 2004). La composition du biogaz évolue au cours des différentes phases de biodégradation qui se déroulent dans la décharge (REINHART et TOWNSEND, 1998) et l’analyse de ce dernier permettra de quantifier l’air extérieur infiltré qui contribuera à la dilution du biogaz (GACHET, 2005).

En suivant les lois et les normes d’exploitation des CET et des décharges, les lixiviats et le biogaz générés par la dégradation des déchets doivent être surveillés et contrôlés, dont l’analyse des biogaz et des lixiviats sont à la charge de l’exploitant du CET, mais malheureusement, cette surveillance est totalement absente au niveau du CET de Tlemcen. Les acteurs qui répartissent les tâches de l’exploitation et la gestion du CET représentent le secteur public par les autorités locales comme la commune (APC) et les établissements publics industriels et commerciaux (EPIC). Le suivi des paramètres quantitatifs et qualitatifs relatifs aux flux entrants (déchets, eaux de pluie, etc.) et sortants (lixiviat, biogaz, etc.) est obligatoire dans un CET qui permet d’avoir suffisamment d’informations pour une gestion efficiente et durable du site. La surveillance doit s’effectuer sur les zones de stockage des déchets (alvéoles d’enfouissement), mais aussi sur les zones de stockage temporaire des déchets avant enfouissement. En plus, cette surveillance doit cibler d’autres lieux sensibles de l’ouvrage (stockage temporaire et traitement du lixiviat, dispositifs de traitement ou de valorisation du biogaz).

Les règles générales d’exploitation sont :

- il ne peut être exploité qu’un casier ou un alvéole par catégorie de déchet ; - les déchets sont déposés en couches successives et compactés sur site ;

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- les déchets sont recouverts régulièrement de matériaux inertes pour limiter les infiltrations et empêcher les nuisances (envols de déchets, émanations de gaz, etc.) ;

- Fermeture des alvéoles.

Dès qu’un casier est rempli, une couverture finale de protection est mise sur les déchets. Ceci permet de réduire les volumes du lixiviat, de faciliter la gestion post exploitation, de mieux contrôler la migration du biogaz, mais surtout d’isoler le massif de déchets de l’environnement extérieur et de limiter ainsi les entrées d’eau.

Finalement, nous pouvons dire que la gestion et l’exploitation actuelle d’élimination des déchets au niveau de la décharge d’El Kerma, le CET d’Ain Témouchent, de Sidi Bel Abbes et de Tlemcen reste informelle, car les différents secteurs de traitement ne disposent d'aucune stratégie de traitement, de revalorisation et / ou d'élimination des déchets. L’exploitation des CET connaît de nombreux problèmes de contrôle, de matériel et de gestion des composantes rejetés dans la nature. L’enfouissement technique reste un mode important d’élimination des déchets, il doit permettre, non seulement, une gestion efficace des déchets, mais aussi le traitement après drainage et récupération des deux effluents que sont le biogaz et les lixiviats (TREBOUET et al., 1998). Les cas des CET exposés montrent le traitement des composantes rejetées est presque absent. Ajoutant à ce manque, le point le plus préoccupant est celui du choix des sites, les sites des CET sont des décharges sauvages non aménagées, installées sans aucune étude d’impact et représentent d’énormes risques sur l’environnement, sur les ressources naturelles et en particulier sur la santé de l’homme.

III. Évolution qualitative et quantitative des déchets : une production en

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