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La lecture de presque tout Gumperz en anglais (imprégnation sociolinguistique interactionnelle forte), sur les conseils avisés de Jacqueline Billiez qui s’inquiétait de mes errements d’après recueil de données, me familiarisa avec la notion de répertoire verbal (Gumperz, 1971) que j’adoptai définitivement, mais qui changeait la manière d’envisager le rapport du locuteur au domaine langagier, sur le plan de l’acception du vocable langue comme sur les plans cognitif ou phylogénétique. Mais John Gumperz fut également à l’origine de ma remise en cause de l’idée de « communauté linguistique » entre autres par le prisme de sa définition de la « speech community » (cf. volume II article 1, p. 1), idée de communauté linguistique qui me paraît maintenant source de nombreux problèmes épistémologiques53 - comment définir une communauté par une langue alors qu’on ne sait pas définir les langues ?- et qui, par exemple, m’interpelle à la lecture de Bourdieu qui utilise régulièrement la notion (1982 : 18, 26, 28, 39, etc.). D’ailleurs, le casse-tête de la définition des agrégats humains n’est pas l’apanage des linguistes puisque la sociologie des réseaux pose les mêmes questions :

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Réseau dans lequel tous les liens possibles entre les personnes sont réalisés (la famille par exemple), auquel cas on parlera de clique. La densité est donc la proportion de liens effectifs par rapport au nombre de liens possibles (Merklé, 2004 ; Degenne et Forsé, 2004).

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La séparation des sexes selon les événements ou le contexte est un trait assez caractéristique des relations sociales au Maghreb qui parfois se reproduit en France (Merabti : 1991) ; différences dans la représentation des rapports sociaux entre les femmes et les hommes, les normes du genre, « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas » dans la répartition des rôles dévolus à chacun des sexes.

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On peut d’ailleurs relever les erreurs de traductions de la lexie chez : Labov : anglais US (1972:120-1) /vs/ français (1976 : 28) ou Fishman : anglais US (1971b : 28) /vs/ français (1971 : 43).

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« Qu’est-ce qu’un agrégat social ? Quelles sont les « sous-ensembles » qui composent une société ? Comment les sociologues doivent-ils procéder pour composer et distinguer des agrégats d’individus pertinents pour l’analyse des phénomènes sociaux ? » (Mercklé, 2004 :

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Je reviendrai sur les conséquences importantes de l’adoption de ces principes, mais je comprends rétroactivement qu’ils ont fondé ma pensée future ainsi qu’ils m’ont mis sur les voies de la transdisciplinarité.

À cette époque, je précisai la notion de système physique et ses propriétés comme la rétroaction, la circulation, l’entropie, etc. (Hall & Fagen, 1956) mais surtout, je réalisai la possibilité de réinvestir ces propriétés dans les systèmes humains :

« On peut donc décrire l’interaction humaine comme un système de communication, régi par les

propriétés des systèmes généraux » (Watzlawick, Beavin et Jackson, 1979 : 147).

Puis j’approfondissais l’aspect cognitif des phénomènes linguistico-représentationnels avec la psychologie sociale et notamment les travaux de Denise Jodelet (1989) et de Serge Moscovici (1989), commençant lentement à entrevoir l’omnipotence et la prégnance de nos représentations au quotidien, avec les implications en termes de subjectivité de toute assertion linguistique sur la beauté de la langue, sa laideur, sa difficulté, etc., mais en outre, les implications interculturelles (que j’aurais tendance à appeler représentationnelles pour en montrer la subordination). Conjuguées aux travaux de Edward Hall (1984) et de son Langage

Silencieux54 entre autres, même si, sur certains passages, le temps a fait son œuvre, la prise en compte systématique du plan cognitif (représentationnel) donnait une lecture singulière de l’interculturel : elle expliquait en même temps l’ethnocentrisme caractéristique de l’être humain et par là-même, le mien, mon noyau central, mes représentations « de référence » (Cavalli, 2003 : 260) sédimentées, sociales et décontextualisées (Py, 2003), « ma vérité », référence absolue pour évaluer toute chose.

Puis avec la découverte des travaux de l’équipe de Neuchâtel (1886, 1995, 2005, etc.), de George Lüdi, de Jean-François De Pietro, de Marinette Matthey et de Bernard Py55, j’assemblai, articulai ou synthétisai l’ensemble de mes avancées/découvertes/évolutions théoriques et représentationnelles et les mis en perspective avec mes premières analyses sur l’intégration des enquêtés de ma thèse. Les modalités intégrationnelles des parcours de ces personnes me poussèrent à étoffer mon outillage théorique à l’aide de la sociologie des

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Dont je recommande toujours la lecture à mes étudiants. 55

réseaux sociaux (Milroy, 1987

des notions de densité, multiplexité ou de Mes pérégrinations de thésard a

comme le triptyque langue analyser les énoncés de mes enquêtés

« Les langues « sont difficilement appréhendables en dehors de la prise en compte des

identités/représentations qui se manifestent ou sont rev contexte » (Biichlé, 2007 : 321).

ou le continuum intégrationnel

oppositions théoriques fondées sur l’homéostasie des systèmes (Durkheim directement inspirées des travaux de Pierre Tap

Aujourd’hui encore, j’utilise ces outils

pourra le voir dans la partie suivante consacrée à la méthodologie Enfin, entre autres résultats

identitaires :

La diglossie participe « aux «

officiels et au sentiment d’insécurité des personnes

« l’adhésion à des identités supralocales ou supranationales symbolisées par des «

uniques » qui en sont emblématiques (idéal monolingue)

ainsi que les phénomènes liés à la

« La répartition des « rôles »

restructuration des réseaux sociaux et la reconstitution du capital social de chacun

207 : 322).

« l’emploi et/ou le rôle dans la famille, entre autres, déterminent des sociabilités différentes

avec pour conséquence, souvent, des réseaux sociaux plus ouverts pour les hommes et plus fermés pour les femmes » (Biichlé, 207

Et enfin, je questionnai l’articulation entre le

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Milroy, 1987 ; Merklé, 2004 ; Degenne & Forsé, 2004) et particulièrement des notions de densité, multiplexité ou de trous structuraux.

es pérégrinations de thésard aboutirent à plusieurs résultats dont certains outils conceptuels langues/identités/représentations, prisme par lequel je persiste à analyser les énoncés de mes enquêtés et sur lequel j’écrivais :

sont difficilement appréhendables en dehors de la prise en compte des identités/représentations qui se manifestent ou sont revendiquées à travers elles en fonction du

: 321).

continuum intégrationnel et ses correspondances linguistiques et sociales fondées sur l’homéostasie des systèmes (Durkheim

directement inspirées des travaux de Pierre Tap (1988) et Jean-François De Pietro (1995)

’utilise ces outils et les précise/affine au fil des utilisations pourra le voir dans la partie suivante consacrée à la méthodologie.

résultats de cette thèse, je distinguai ceux liés aux

aux « brouillages » identitaires, à la dévalorisation officiels et au sentiment d’insécurité des personnes » (Biichlé, 207 : 322).

l’adhésion à des identités supralocales ou supranationales symbolisées par des « » qui en sont emblématiques (idéal monolingue) » (Biichlé, 207 : 322),

liés à la structure des réseaux sociaux :

» […] selon le sexe ou le genre, est donc déterminante dans la restructuration des réseaux sociaux et la reconstitution du capital social de chacun

l’emploi et/ou le rôle dans la famille, entre autres, déterminent des sociabilités différentes avec pour conséquence, souvent, des réseaux sociaux plus ouverts pour les hommes et plus

» (Biichlé, 207 : 322).

l’articulation entre le langagier et l’intégrationnel

2004) et particulièrement

à plusieurs résultats dont certains outils conceptuels , prisme par lequel je persiste à

sont difficilement appréhendables en dehors de la prise en compte des endiquées à travers elles en fonction du

et sociales, dont les fondées sur l’homéostasie des systèmes (Durkheim : 1887), m’ont été

e Pietro (1995) :

au fil des utilisations comme on

ai ceux liés aux phénomènes

» identitaires, à la dévalorisation des parlers non

l’adhésion à des identités supralocales ou supranationales symbolisées par des « langues

: 322),

selon le sexe ou le genre, est donc déterminante dans la restructuration des réseaux sociaux et la reconstitution du capital social de chacun » (Biichlé, l’emploi et/ou le rôle dans la famille, entre autres, déterminent des sociabilités différentes avec pour conséquence, souvent, des réseaux sociaux plus ouverts pour les hommes et plus

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« le monolinguisme et/ou l’usage exclusif des langues d’origine caractérisent l’assimilation et

la marginalisation/ségrégation alors que le bilinguisme, selon la définition de celui-ci en terme d’usage régulier (Grosjean, 1982 : VII), montre l’intégration » (Biichlé, 207 : 322).

Bien entendu, j’aurais pu ajouter à la description réflexive de l’ontogénèse de mon habitus et autres découvertes de l’altérité, les amitiés qui vous modèlent et vous ouvrent, comme celle avec mon ami d’enfance juif avec lequel le petit catholique que j’étais étrenna, entre autres, ses premières conversations théologiques, mes cinq séjours en Allemagne dans une famille protestante schwäbich du Baden-Wurtenberg, mon ami et ex beau-frère d’origine hongroise, mon autre ami d’origine algérienne, musulman à l’époque, ou encore la kenyanité de la maman de ma fille. Les relations que l’on tisse constitue le capital social (Bourdieu : 1980) qui nous fonde et nous forme.

Il me semblait nécessaire d’évoquer mon parcours linguistico-identitaire (lexie redondante selon mes prochaines assertions) pour expliquer le point de départ de ce qui va suivre et ma conviction que maintenant, « le linguistique est partout dans le social et le social partout dans

le linguistique » (Blanchet, 2013 : 38). Ce positionnement pourra également expliquer la

transversalité de mes travaux, la pluridisciplinarité qui en découle ainsi que mon nomadisme entre ces pôles.