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23SR25 mai 2009 Donc les œuvres de la Petite Galerie ne sont pas envisagées comme un répertoire dans lequel on puise, mais plutôt, comme une ouverture, comme si on allait à l’extérieur de l’école avec l’œuvre, elle permet d’ouvrir à ce qu’on ne ferait pas si on restait dans le cadre classe, l’œuvre ouvre cette porte, qui n’est jamais ouverte dans la classe, si tu tournes que sur tes programmes !

On en vient aux conceptions fondamentales concernant les fonctions fondamentales des œuvres. La première est que les œuvres sont des signes dans une langue propre, qui ouvrent sur le monde qui nous entoure. L’œuvre ouvre une petite « porte » sur l’ « extérieur », sur le monde extérieur, sur le quotidien. Cette œuvre installée dans la petite Galerie crée une articulation entre l’école et l’extérieur et cette liaison est une force parce qu’elle sort l’enseignant d’une routine « tu tournes que sur tes programmes » ou encore elle l’oblige à penser l’extérieur du cadre de la classe : « qu’on ne ferait pas si on restait dans le cadre classe ». L’œuvre porte une conception du monde et interroge celle-ci, d’une manière très ample, que marquent les co-occurrences de mots comme « ouverture, extérieur et ouvrir, ouvre, porte, ouverte ». Mais cette « ouverture » à la fois vaste et floue peut-elle être précisée.

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82SR27 juin 2009 Ah oui, bien sûr, oui, oui, je voulais remotiver des collègues, moi j’y crois à l’utilisation de l’œuvre d’art comme outil, levier, instrument, etc… un objet utile, un objet exploitable, pas au sens, où on presse et ensuite on jette, mais plutôt comme, je sais pas … Une sorte de collection de savoirs, une série de choses que l’œuvre enseigne ou d’aide à enseigner. Et les élèves, eux apprennent de l’œuvre, comme ils découvrent que l’œuvre leur faire apprendre autrement ! Mieux ! Enfin je pense, moi personnellement mieux, plus avec bonheur ; les rouages d’une mécanique d’une œuvre d’art mobile, c’est plus intéressant pour faire comprendre certains enchainements techniques ou technologiques, que d’apprendre des formules pour découvrir certains mouvement, ben, je me suis souvent servie de ces principes moi-même pour apprendre, de ces œuvres, on m’a fait découvrir des œuvres qui permettait de voir, d’observer autrement, je transmets à mon tour….

Nous prenons appui sur cette expression très significative de Stéphanie « moi j’y crois » et « je transmets à mon tour », pour argumenter qu’il s’agit bien de conception personnelle. Stéphanie offre quelques exemples qui lui permettent d’affirmer que les œuvres aident à appréhender des notions, complexes, comme les « rouages d’une mécanique », de l’enchainement technique ou technologiques « d’engrenages ». Plus précisément, il serait plus clair de passer par des œuvres mobiles, plutôt que de passer par des formules pour découvrir le mouvement. Les notions plastiques de mouvement deviennent plus lisibles : « les rouages d’une mécanique d’une œuvre d’art mobile… on m’a fait découvrir des œuvres qui permettait

de voir, d’observer autrement ». Lorsqu’elle donne l’exemple de « rouages d’une mécanique », elle donne implicitement ce qu’elle a vécu en tant qu’élève, on peut le supposer, qui essaie de comprendre des notions complexes, et qui, assistée par les œuvres, accède à la compréhension de ces notions : « je me suis souvent servie de ces principes moi-même pour apprendre, de ces œuvres, on m’a fait découvrir des œuvres qui permettaient de voir, d’observer autrement, je transmets à mon tour ». Stéphanie pense que non seulement la fonction de l’ « œuvre enseigne » mais elle « aide à enseigner » (Didi-Huberman, 1985 : 9). En tentant de « faire comprendre » ce à quoi peut servir les œuvres dans la rencontre, Stéphanie trouve des arguments entre une collection de savoirs et une série de choses que l’œuvre enseigne, donnant aux enseignants une « aide à enseigner » précieuse. On comprendra ici toute l’importance de cette expression qui permet à Stéphanie de développer sa conception personnelle : il faut donc s’appuyer sur les œuvres pour enseigner, les arts plastiques, l’art, l’œuvre, d’autres disciplines comme un soutien privilégié. Nous pouvons penser qu’elle indique quelques précisions lorsqu’elle explique que « les élèves, eux apprennent de l’œuvre » et nous pensons qu’elle doit avoir des indices qui lui permettent d’affirmer « comme ils découvrent que l’œuvre leur faire apprendre autrement ». Ces indices nous les trouvons plus loin « Mieux ! Enfin je pense, moi personnellement mieux, plus avec bonheur ». Soulignons que « Mieux» et en parallèle de « bonheur ». Stéphanie réfléchit sur ce qu’elle observe des élèves par rapport à leur apprentissage et ce qui lui vient c’est ce « bonheur ». On peut apprendre, découvrir, comprendre de l’œuvre avec « bonheur ».

Nous prendrons un exemple pour argumenter à la fois la parole de Stéphanie et nos propos dans une activité dont elle parle, c'est-à-dire de tenter d’expliciter en quoi l’œuvre offre les clefs d’apprentissages fondamentaux, dont le premier est si banal qu’on en oublie l’importance et la complexité : « apprendre à regarder », à donner sens et peut-être même prioritairement à interroger le perçu et le senti avant de plaquer du sens dessus. .

30SR 7juin 2012 Donc, que d’autant plus après quand on va se mettre à l’œuvre d’art c’est apprendre à regarder aussi, donc euh…apprendre à regarder un oursin, ou à, ou d’ailleurs c’est peut-être plus un oursin((photos ci-dessous) / §§§ / c’en est pas un, ou une œuvre d’art, enfin, déjà c’est apprendre, à…se… à se poser les bonnes questions, sur, euh, ce que je vois, euh…les ma….

Dans cette activité les élèves ont « regardé » et appris à regarder l’œuvre d’art « on va se mettre à l’œuvre d’art, c’est apprendre à regarder ». Ils ont ramassé sur le rivage, lors d’un déplacement en classe de mer, des débris qui jonchaient le sol. A partir de ces fragments ils ont constitué des collections, en rapport avec la notion de collection de l’œuvre d’Elisabeth

Brillet-Raphaël. Puis à partir de leur tri, les élèves choisissaient des objets qui leur plaisaient et les représentaient d’abord en tant qu’observateur fidèle, scientifique puis en tant que

plasticien, si l’on peut se permettre ces extrapolations. Ces confrontations de regard sont à

mettre en comparaison avec des démarches d’artistes, d’une part, et avec un questionnement épistémologique sur le réel, d’autre part, que ces artistes posent : faire œuvre, les aider à observer ce qui les entoure : ici ce que l’élève prend au départ pour un oursin, est un amas, une pelote de réjection ou régurgitation. La démarche sera la même et l’œuvre a ce pouvoir de guider cette démarche.

Photographies personnelles réalisées lors de nos entretiens dans la classe de Stéphanie en 2009, école Eugénie Cotton à Sète : expertise avec l’outil loupe et carnet de croquis, par la consigne « imaginer les animaux dans les œufs ».

La fonction importante de l’œuvre et par extrapolation de l’art, pour Stéphanie, est que l’œuvre doit permettre de « se poser les bonnes questions, d’approcher autrement l’ensemble de ce qui environne l’enfant. Elle donne la possibilité d’apprendre à regarder. La pratique de l’œuvre éduque le regard qui n’est justement pas réduit à des notions plastiques, lesquelles serviront peut-être pour l’analyse : mais elle interroge non seulement les choses, mais notre expérience des choses, notre capacité critique à les percevoir et à s’interroger « se poser les bonnes questions… sur ce qu’on voit », c’est d’abord dé-naturaliser le regard.

Nous comprenons que son expérience de la Petite Galerie, l’amène à théoriser ces connaissances ; elle met en avant une théorie personnelle, qui pourrait si l’on essaie de résumer à grands traits que l’œuvre accompagne, montre, fait découvrir, fait comprendre, fait observer. Elle évoque une œuvre « de rouages » et de « technologie », nous précisons qu’il s’agit de l’œuvre de Dominique Doré (développée à la section 3 de cette troisième partie).

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470SR 7juin 2012 Et dans la deuxième partie on avait fait l’inverse, pour ombre et lumière et ça permet, justement, quand on est sur la démarche de l’artiste, ça permet justement de se poser des questions

472SR 7juin 2012 Et de s’interroger après sur les phénomènes scientifiques

476SR 7juin 2012 Ah, il y a une autre ouverture, effectivement vers une, un infini ou une, euh, bien évidemment, enfin il y a de l’inconnu dans l’art et en science il y en a toujours!

477 MEP 7juin 2012 Y en a toujours aussi ?

478SR 7juin 2012 Mais effectivement à notre échelle, on peut démontrer certaines choses !

Pour reprendre l’activité dont parlait Stéphanie et que nous avons rapidement reconstituée, il s’agissait dans un second temps de partir des notions plastiques, pour accéder à la complexité de notions scientifiques sous forme de question.

On comprend donc que la démarche est la même ; le questionnement « se poser des questions » facilité l’accès à ces notions qu’elles soient plastiques ou scientifiques. L’art et la science se répondent et surtout permettre de s’interroger sur le monde qui nous entoure. Il ne s’agit pas de confondre ces pratiques mais de marquer leur complémentarité.

L’œuvre ouvre incontestablement des portes sur le monde qui nous entoure. Stéphanie ajoute que l’œuvre enseigne et aide à enseigner. Le perçu et le senti est prioritaire avant de travailler le sens de l’œuvre. L’œuvre permet de « se poser les bonnes questions », de s’interroger et ainsi de conquérir ses propres conceptions.