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DEUXIÈME PARTIE CHAPITRE 2

1. Choix d’une méthodologie d’analyse

1.4 Analyse quantitative : l’apport du logiciel Tropes ©

Dans cette partie, nous montrons rapidement comment nous avons utilisé quelques fonctionnalités du logiciel Tropes© pour enrichir nos propres tâtonnements. Le travail mécanique du logiciel est en fait lourdement dépendant de choix préalables, et doit être paramétré si l’on veut éviter les biais invisibles induits par la programmation par défaut. De fait, le paramétrage de Tropes© suppose qu’on ait déjà beaucoup avancé dans l’analyse du corpus, et ce lourd travail se justifierait surtout dans le cas de corpus très étendus. Au final, nous avons utilisé seulement quelques fonctionnalités de Tropes© moins pour les résultats qu’il nous a donnés que pour la réflexion qu’il nous a obligée à faire sur la notion même d'analyse de contenu, ses techniques et ses limitations, réflexion qui nous a permis de préciser notre propre méthode manuelle.

L’analyse mécanique du logiciel a donné des résultats inattendus, que ce logiciel n’a pas été exploité complètement pour des raisons de place et de temps et pour une analyse complète et sérieuse. Nous avons conservé quelques résultats dans le but de mettre en avant les quelques singularités et coïncidences correspondantes à nos propres analyses manuelles.

Nous donnons ci-dessous quelques procédés dans l’utilisation qui ont servis l’analyse.

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1.4.1.1 Occurrences et co-occurrences

Nous avons cherché à utiliser les ressources de catégorisation sémantique proposées par

Tropes©, qui travaille à partir du traitement d’occurrences et de co-occurrences : les

normale, ou signalés pour leur caractère remarquable (paramétrage). Les co-occurrences : il s’agit d’identifier la fréquence d’association entre vocables. Ainsi un premier pointage dans les entretiens a permis de créer une liste de vocables dont les occurrences ont été recherchées dans les entretiens puis confrontées au dictionnaire interne du Tropes©. Certains mots de ce répertoire ont nécessité une définition proposée dans un glossaire58 en annexe.

Un dictionnaire existe pour répertorier d’une manière systématique les co-occurrences. On trouvera dans ce dictionnaire59 par exemple au registre « œuvre » :

« Œuvre

Abondante (in)accessible, achevée (toujours) actuelle, admirable, ambitieuse, ample, capitale (in)complète, complexe, considérable, corrosive, difficile, durable (laborieusement, patiemment, etc.) échafaudée, efficace, empreinte de sensibilité, énorme, éphémère, extraordinaire, faible, féconde, florissante, foisonnante, forte, gigantesque, grande, grandiose (très) hardie, homogène, immature, immense, imparfaite, impérissable, imposante, inclassable, incomparable, inégale, insignifiante, insipide, magistrale (parfaitement) maîtrisée, majeure, maladroite, manquée, médiocre, mineure, multiple, naïve, novatrice, obscure (très) originale, phare, phénoménale, pleine de passion, prodigieuse, profuse, prolifique, rafraîchissante, remarquable, scandaleuse, significative, singulière, sobre, somptueuse, sublime, substantielle, titanesque, touffue, turbulente, unique, valable, vigoureuse.

Accomplir, apprécier, composer, concevoir, créer, démolir, discuter, disséquer, échafauder, écrire, élaborer, encourager, enfanter, entamer, entreprendre, exécuter, méditer, monter, parachever, penser, plagier, poursuivre, produire, réaliser, remanier, reprendre, signer, terminer, collaborer, emprunter, prendre part à une ~; se plonger dans une ~; miser sur une ~. »

L’intérêt de repérer les occurrences, et les co-occurrences et de les mettre en valeur a souvent révélé des phrases, oubliées ou encore des expressions personnelles de nos interviewés. Cette identification a permis la mise en place de thèmes, c'est-à-dire un répertoire d’unités sémantiques du temps dont la mise en surbrillance nous a obligée à une vigilance.

1.4.1.2 Réseaux sémantiques et associations

Nous avons également été attentive aux associations suivantes, plus facilement repérables avec le logiciel, que nous avons modifié en fonction des thèmes que nous recherchions :

Mots et association des mots de mêmes sens, rapprochement (similitude, sens commun ou approchant) Mots et association des mots qui peuvent être confrontés (effet de contraste)

Mots et association des mots qui créent des relations (art et œuvre, œuvre et rencontre, etc.)

Mots et association des articulations qui jouent un rôle dans la mise en évidence d’un des trois axes, soit des articulations entre les associations.

L’ensemble de ces occurrences et de ces associations de mots ont été expérimentés et regroupés dans le tableau exemple d’analyse Cathy et de Nathalie, ci-dessus, en prenant appui sur ses propos. Pourquoi ce choix ? Les élèves de ces deux enseignantes avaient le même âge, mais il y avait une grande différence entre leur vécu de la rencontre avec l’œuvre, et une grande diversité de pratique entre les deux. Nous pouvions donc avoir une grande variété de réponses.

Petit à petit, nous avons resserré les associations et les articulations sur nos quatre axes, et pris en compte des indicateurs potentiels :

58

Cf. Annexes tome 4, glossaire, p. 978.

59

Les expressions significatives en lien avec l’axe 1 « biographie » : les rapports à l’œuvre, la rencontre avec l’œuvre, les relations des personnes avec les œuvres, les lieux d’art, l’aboutissement de leur réflexion autour de l’art et des œuvres d’art,

Les expressions spécifiques en lien avec l’axe 2 « théorie » : à la discipline des arts plastiques qui pourraient être des signes de l’existence d’une conception personnelle de l’œuvre, de l’art ou de l’histoire de l’art : le langage spécifique de l’enseignant, de la conception d’un vocabulaire propre à l’élaboration d’une conception plus large pour partager son savoir. Les expressions en lien avec l’axe 3 « didactique » : termes de didactiques, langage professionnel, précision du vocabulaire. Les expressions en lien avec l’axe 4 « réflexivité » : qui montraient la construction d’une professionnalité en développement via les indicateurs d’une capacité à ajuster les choix didactiques aux imprévus.

1.4.1.3 Thèmes croisés : épisodes

Les thèmes croisés ou épisodes sont ce que nous avons appelé « épisodes thématiques ». Nous avons croisé les épisodes repérés manuellement avec les épisodes trouvés mécaniquement par le logiciel. Leur superposition étant parfois contestable, le logiciel nous a permis, certes de vérifier que nous n’oublions pas d’épisodes importants.

1.4.1.4 Les modalisateurs

Nous avons également mis en évidence des modalisateurs (Ducrot, Schaeffer, 1995). Les modalisateurs sont des éléments essentiels dans l’argumentation ; la modalité est définie comme « l'expression de l'attitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel de son énoncé ».

Les modalisateurs permettent de nuancer le seul relevé de contenus thématiques (ce dont on parle) pour aller vers une approche des opérations cognitives ou interactionnelles (ce qu’on

fait avec les énoncés).

Les modèles classiques décrivent de grandes catégories de modalité, dont nous rappelons ici pour mémoire les principales (Le Querler, 1996)

Modalité épistémique (le certain et ses variantes : certain / douteux, probable / improbable)

Exprimer le doute : le doute, la probabilité / vs / la certitude, l’assertion

Adverbes, verbes attributifs, mode conditionnel, périphrase, phrases interrogatives, points de suspension (que nous avons noté dans les entretiens lorsqu’il y a quelques secondes d’attente)

Une opinion personnelle

Verbes, expression marquant le point de vue,

Guillemets (nous avons ajouté des guillemets lorsque nous avons compris cette mise à distance), prépositions, pronom indéfini.

Modalité aléthique (le nécessaire et ses variantes : possible / impossible, nécessaire / contingent…)

Indicateurs types : « il faut que… » « On ne peut échapper à… »

Modalité déontique (l’obligatoire et ses variantes : obligatoire / facultatif, promis / interdit…) Indicateurs types :

Modalité affective (le désirable et ses variantes : désiré / redouté, apprécié / rejeté…)

Exprimer une émotion : Un sentiment

Verbe, Phrase exclamative

Exprimer des jugements de valeur : Un jugement mélioratif ou péjoratif

Suffixes péjoratifs, Adjectifs qualificatifs, Reprises nominales, Figures de style (métaphore ou comparaison) Une mise à distance

Dans ces analyses nous avons choisi les entretiens des interviewés que nous avions vu plusieurs fois((au moins deux fois), afin de croiser plusieurs aspects de l’analyse faite par le logiciel. Nous avons modifié quelques éléments, nottamment ce qui est appelé : références et qui correspond à des occurrences. Nous avons privilégié nos références comme « œuvre », ou « pratique plastique » ou « pratique pédagogique »60, plus pertinentes, dans le cas de notre recherche. Nous avons modifié dans le logiciel ces références constituant alors un scénario

personnalisé, voire des scénarios personnalisés, puisque les références sont classées dans le

scénario et sont cochées lors de leur apparition dans le texte. Il suffit d’ouvrir l’outil « scénario » pour ajouter les références pertinentes ou nécessaires qui n’ont pas été classées. Tous les scénarios n’ont pas été complètement modifiés, mais adaptés, par exemple par des occurrences ajoutées ou supprimées.

Sur les graphes, chaque référence est représentée par une sphère de couleur dont la surface est proportionnelle au nombre de mots qu'elle contient. Pour faire apparaitre les graphes, il suffit de placer la souris sur le terme recherche et le graphe apparait dès que le chercheur clique sur l’icône « graphes-aires », « graph-étoilé », « graph-acteur », « Graphe répartition (ci-dessous). Ces « graphs » permettent d’avoir une image représentative de la place, de l’importance, du poids dans le discours, d’une unité sémantique, par exemple.

Graph-aire de Gaëlle, N° 1, MAI 2011

Graph-étoilé de Gaëlle, N° 1, MAI 2011 et Graph-acteur de Gaëlle, N° 1, MAI 20114

Graphe-répartition : La répartition de la référence « œuvre » sur 6495 mots.

60

2. Préparation de l’analyse et traitement des données :