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1. QUELQUES NOTIONS DE NEUROLINGUISTIQUE

1.3 Fonctionnement général du langage

Comme nous l’avons énoncé précédemment, les premières avancées significatives en termes de localisation des aires du langage ont été les découvertes des aires de Broca et de Wernicke, qui interviennent respectivement dans la production du langage et dans sa compréhension. Bien que la recherche ait démontré depuis qu’elles ne sont pas les seules aires responsables du langage, il est largement admis que ces deux régions cérébrales jouent un rôle central dans le processus de production et de compréhension du langage. Autour du sillon central de l’hémisphère gauche se trouve une boucle de fibres nerveuses appelée faisceau arqué. C’est à son extrémité frontale que se trouve l’aire de Broca. L’aire de Wernicke, quant à elle, se situe à l’autre extrémité du faisceau arqué, dans la partie supérieure et postérieure du lobe temporal12.

Dans les années 1960, le neurologue américain Norman Geschwind découvre l’importance d’une autre zone : le lobule pariétal inférieur. Celle-ci est connectée par des fibres nerveuses à la fois à l’aire de Broca et à celle de Wernicke. De plus, elle se situe à l’intersection des cortex auditifs, visuels et somatosensoriels (cf. annexes, figure N). Le lobule pariétal inférieur joue un rôle fondamental dans l’identification des mots et concepts (leurs caractéristiques, leur aspect visuel etc.)13. C’est donc dans cette zone du cerveau que sont sélectionnés les mots à utiliser en fonction de leur signification. Parmi les autres zones

12http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_10/d_10_cr/d_10_cr_lan/d_10_cr_lan.html

13http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_10/i_10_cr/i_10_cr_lan/i_10_cr_lan.html Figure C : les aires de Broca et de Wernicke

source : http://lecerveau.mcgill.ca

qui jouent un rôle dans le langage, on peut citer certaines régions préfrontales, qui se chargent de la cohérence logique du discours, ainsi que différentes régions à la base du lobe frontal et dans la partie inférieure du lobe temporal qui interviennent dans le classement des mots en catégories (verbes, noms propres, noms d’objets etc.)14.

Chez la majorité des individus, les principaux centres du langage se situent dans l’hémisphère gauche. En utilisant le test de Wada, les chercheurs ont montré que 92 à 96%

des droitiers étaient latéralisés à gauche en ce qui concerne le langage15. Pour ce qui est des gauchers, les résultats des études divergent, mais on sait qu’un certain nombre d’entre eux sont latéralisés à gauche et que les autres sont soit latéralisés à droite, soit ambilatéraux à divers degrés. En d’autres termes, leurs fonctions du langage sont réparties entre les deux hémisphères. Même chez les personnes qui font partie de la catégorie la plus répandue, l’hémisphère droit a un rôle à jouer dans la production et la compréhension du langage. En effet, c’est dans cet hémisphère que se situe la fonction pragmatique ainsi que le centre des émotions, qui sont tous deux indispensables à la communication16. Privé de son hémisphère droit, un individu latéralisé à gauche serait incapable d’interpréter le sens d’un message en fonction de son contexte ou de saisir l’ironie.

Dans les années 1960-1970, Norman Geschwind propose un premier modèle d’organisation du langage, inspiré de ses propres recherches et de celles de Wernicke, d’où son nom de modèle Wernicke-Geschwind. Ce modèle part du principe que le langage est organisé en une série de modules correspondant chacun à une aire et à une fonction et qui forment une chaîne différente selon qu’il s’agit d’écouter, de lire, de parler ou d’écrire17.

14http://acces.inrp.fr/acces/ressources/neurosciences/neuro_apprentiss_2/cas_langage/structures_langage/stru ctures_langage

15http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_10/i_10_cr/i_10_cr_lan/i_10_cr_lan.html

16Ibid.

17Ibid.

Les circuits suivants sont ainsi décrits :

• L’écoute : l’information est tout d’abord perçue par le cortex auditif, qui la transmet à l’aire de Wernicke. Celle-ci se charge alors d’associer les sons entendus à un mot conservé en mémoire.

• La lecture : le mot est traité par le cortex visuel puis est transmis au gyrus angulaire (situé dans le lobule pariétal inférieur) qui en déchiffre l’orthographe et lui attribue certaines caractéristiques. Enfin, le mot passe par l’aire de Wernicke, qui l’associe avec la forme auditive correspondante.

• La parole : le point de départ de l’information est l’aire de Wernicke, où est sélectionné le mot, qui passe ensuite par l’aire de Broca, laquelle planifie l’élocution du mot et transmet l’information au cortex moteur.

• L’écriture : l’information sélectionnée par l’aire de Wernicke passe par le gyrus angulaire, qui lui associe une forme écrite. Celle-ci est ensuite transmise à l’aire de Broca, qui se charge d’ordonner les tâches motrices nécessaires à l’écriture du mot.

Ce modèle a cependant ses limites, puisqu’il suppose que chaque étape ne peut être réalisée qu’une fois la précédente achevée, ce qui s’est révélé être inexact18. Dans les années 1980, le neurologue Marsel Mesulam élabore un modèle « en réseau » où l’information est traitée par paliers de complexité. Selon ce modèle, plus l’information est complexe, plus elle devra

18Ibid.

Figure D : le circuit du langage dans une conversation selon le modèle

Wernicke-Geschwind

source : http://lecerveau.mcgill.ca

passer par un nombre important de zones en amont des aires de Broca et de Wernicke, qui constituent les deux « épicentres » du traitement sémantique19. Ce modèle réintroduit l’idée qu’une région cérébrale n’est pas nécessairement attachée à une seule fonction et que les connexions entre les différentes régions dépendent de la tâche à effectuer. À l’heure actuelle, certains spécialistes ont tendance à préférer l’hypothèse d’une organisation du langage distribuée sur différentes aires qui travaillent en parallèle et interagissent par le biais d’assemblées neuronales.