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La filière nautique au delà des constructeurs : un réseau diversifié d’entreprises en étroite relation avec le port de plaisance

LA PARTIE IMMERGÉE DE L’ICEBERG « PLAISANCE » : LA FILIÈRE NAUTIQUE

A.3. La filière nautique au delà des constructeurs : un réseau diversifié d’entreprises en étroite relation avec le port de plaisance

Paradoxalement, l’activité de construction, de loin la plus importante de la filière nautique (près des deux tiers du chiffre d’affaires), est physiquement assez peu présente, voire inexistante dans l’environnement portuaire de plaisance (du fait de l’exiguïté des espaces libres en bord de mer et des vastes surfaces nécessaires à la production en série de navires, ce n’est d’ailleurs guère étonnant). Au contraire, d’autres types d’entreprises y seront systématiquement présentes, sous réserve que le port en question soit suffisamment fonctionnel de par ses services et ses équipements. Certes, Bénéteau, Zodiac et d’autres ne sont pas absents des paysages portuaires et des proches environs, mais ils y arborent leur enseigne en tant que concessionnaires plus qu’en tant que constructeurs. En outre, ils sont fréquemment associés à un chantier naval offrant d’autres prestations (entretien, réparations des navires…).

Ce point s’appuiera notamment sur des documents publiés par les instances départementales du Morbihan245 et des Côtes d’Armor246. Ils sont le fruit d’un recensement minutieux de l’ensemble des prestataires de services de la filière nautique réalisé dans chacune des deux collectivités territoriales concernées.

A.3.1. Les chantiers navals et les magasins d’accastillage

Ils représentent environ la moitié des entreprises de la filière nautique dans le Morbihan et 58 % dans les Côtes d’Armor, mais seulement 9 % du chiffre d’affaires global. Abstraction faite de la construction, cela correspond néanmoins à près de 30 % du chiffre d’affaires du secteur. Leurs fonctions sont multiples. Si la plupart ont en commun l’entretien et la réparation des navires, plusieurs autres prestations peuvent être proposées : construction de navires, réparation et / ou vente de matériel d’accastillage, motoristes, vente de bateaux et de moteurs, gardiennage et hivernage pour les navires,

245 Conseil général du Morbihan, CCI du Morbihan, Guide du nautisme en Morbihan, 1999.

246 Côte d’Armor Développement, Conseil général des Côtes d’Armor, CCI des Côtes d’Armor, Annuaire

de la plaisance en Côtes d’Armor, 2003.

Côtes d’Armor Développement, Conseil général des Côtes d’Armor, SONNIC Ewan, La plaisance en

location de bateaux, remorques porte-bateaux… Cette polyvalence permet de s’adapter plus facilement à la demande des plaisanciers qui est variable selon le type de navire qu’ils possèdent (voiliers, moteurs) ou bien selon la saison (forte demande d’hivernage en basse saison). Bien que la plupart des chantiers navals sont suceptibles de travailler sur tout type de matériau, plusieurs sont spécialisés dans l’un d’eux en particulier : polyester, époxy, bois, aluminium, matériaux composites pour les navires de compétition, etc.).

A.3.2. Les sociétés de location de bateaux de plaisance

Elles sont de plus en plus nombreuses depuis la seconde moitié des années quatre-vingt. Leur avènement est relatif à l’apparition de nouveaux comportements. Les plaisanciers désirant s’affranchir des contraintes de la propriété (dépenses liées à l’achat, l’entretien et l’assurance du navire, ainsi qu’à la redevance annuelle portuaire entre autres), ont notamment opté pour la location qui présente par ailleurs des avantages supplémentaires : possibilité de choisir un nouveau bassin de navigation à l’occasion de chaque nouveau séjour, solution financièrement plus appropriée lorsque l’on s’adonne également à d’autres loisirs, moins de contraintes avant l’embarquement (révision, plein de carburant, mise à jour du matériel de sécurité, etc.). Ce type d’établissement sera plus répandu dans les zones fortement touristiques. Ils représentent 11 à 12 % des entreprises de la filière nautique dans le département du Morbihan, notamment en baie de Quiberon, contre seulement 4 % dans le département des Côtes d’Armor.

A.3.3. L’électricité et l’électronique marine

Dans des domaines aussi pointus, les chantiers navals, bien que très polyvalents, ne sont pas toujours suceptibles de répondre aux attentes des plaisanciers. Près de 5 % des entreprises du secteur nautique sont donc spécialisées dans l’électricité, l’électronique voire l’informatique embarquée. Si les bateaux de plaisance représentent souvent la part la plus importante de leur activité, elles interviennent également sur d’autres type de navires (pêche, commerce, voiliers de compétition taillés pour la course au large…).

A.3.4. Les voileries

Ce type de service est assez peu répandu puisqu’on peut se suffire d’un gréeur pour 2000 bateaux, déclarait un professionnel costarmoricain247. On n’en dénombre effectivement que quatre en Côtes d’Armor (2,5 % des établissements de la filière nautique) où il est vrai que les navires motorisés, notamment de type pêche-promenade,

dominent. Guère plus d’une quinzaine ont été recensées par le conseil général du Morbihan. Cela correspond à 4 % des entreprises de la filière dans un département où la voile, qu’elle soit légère ou habitable, est pourtant particulièrement répandue, notamment au contact des grands ports de plaisance de la baie de Quiberon : La Trinité-sur-Mer, Le Crouesty, Port-Haliguen.

A.3.5. D’autres entreprises pour lesquelles la proximité portuaire revêt une moindre importance

D’autres entreprises sont liées à la plaisance. Toutefois, contrairement aux précédentes, la proximité portuaire revêt une moindre importance à leur endroit. Certaines se limitent au gardiennage et / ou à l’hivernage des bateaux de plaisance. Elles sont plutôt rares

(moins de 1 % de l’ensemble). Cependant ce taux peut être porté à plus de 15 % si l’on tient compte des chantiers navals proposant un service de gardiennage, synonyme d’une surveillance du bateau, ou simplement d’hivernage. Ce type de service est également proposé dans certains ports ainsi que par de nombreux propriétaires terriens, affectant une partie de leurs terrains au stationnement de bateaux ou de caravanes.

Quant aux sociétés de convoyage de bateaux, elles assurent le transport par voies

terrestres des bateaux de plaisance, notamment celui des navires de grande taille particulièrement difficiles à manipuler sans matériel adéquat. Plus que l’aide aux particuliers qui est davantage du ressort des établissements disposant de remorques porte-bateaux (en général des chantiers navals), ces entreprises offrent leurs services à d’autres professionnels de la filière nautique : constructeurs, concessionnaires, loueurs… Ils peuvent être particulièrement sollicités en vue de l’organisation de salon nautique, notamment internationaux (Paris, Düsseldorf, La Rochelle…). Certains convoyeurs travaillent uniquement sur de courts trajets (quelques dizaines voire centaines de kilomètres), d’autres assurent le transport de navires quelle que soit la distance. Les sociétés de convoyage concernent environ 4 % des entreprises de l’industrie nautique.

Les cabinets d’expertise maritime représentent 5 à 6 % des entreprises du secteur

nautique. Ils proposent leurs conseils, leur assistance technique et analysent sur demande les risques en dommages et responsabilités en mer. Certains architectes navals sont également experts maritimes. Mais leur principale fonction est d’assurer la

conception, la construction et la réparation de navires de course (monocoques et multicoques de compétition, prototypes…). Les clients suceptibles d’êtres intéressés

étant assez peu nombreux (skippers, quelques régatiers), les architectes navals sont assez rares parmi les entreprises de la filière nautique (environ 2 % de l’ensemble). Les agences de bateaux-écoles sont destinées à l’apprentissage du pilotage des bateaux

de plaisance motorisés. Elles délivrent les cartes mer248 et permis mer249 (côtiers ou hauturiers). Près de 12.000 titres furent délivrés en Bretagne au cours de l’année 2002. Les bateaux-écoles, parfois intégrées aux agences d’auto-écoles, représentent moins de 1,5 % des entreprises de la filière nautique dans les départements du Morbihan et des Côtes d’Armor.

Qu’il s’agisse du gardiennage, du convoyage ou encore de l’expertise, la plupart des entreprises portent leur attention sur les bateaux. Cependant, certaines sont spécialisées dans la fabrication d’équipements collectifs. Elles rassemblent un peu plus de 2 % des

établissements du secteur nautique. Les spécialités et secteurs d’interventions sont variés : production de pontons flottants et de catways, construction de bers, fabrication de tout ou partie du mouillage (bouées d’amarrage, corps-morts, manilles et chaînes de corps-morts), interventions sous-marines pour la réfection des quais ou pour la pose, la réparation ou l’entretien des équipements portuaires (pontons, corps-morts).