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B) OPTIONS MÉTHODOLOGIQUES ET EXPLORATOIRES

B.2.3. Des espaces de pratiques au cœur de la recherche

Au fur et à mesure des lectures et de la réflexion, les espaces de pratiques de la plaisance que sont les bassins de plaisance, les bassins de croisière et surtout les bassins de navigation, se sont positionnés au cœur de notre problématique. Il importait de comprendre leur logique de fonctionnement étroitement liée à la localisation de divers éléments : infrastructures d’accueil pour la plaisance, objectifs de sortie en mer des plaisanciers, entreprises de la filière nautique, lieu de domiciliation des plaisanciers et des employés du secteur de la plaisance. On abordera en détail ces notions de bassin de plaisance, bassin de croisière et bassin de navigation (chapitre VI) mais dans l’immédiat on présentera les différentes étapes qui furent nécessaires à l’identification de ces espaces de pratiques de la plaisance.

a) Le repérage et l’identification des infrastructures d’accueil

La première étape concernait la constitution d’une base de données inventoriant et localisant les infrastructures d’accueil pour la plaisance (annexe I). Elle résulte du croisement d’une dizaine de travaux de recensement et de quelques comptages terrain. On reviendra sur cette étape qui sera détaillée le moment venu (chapitre VII).

b) Inventaire et localisation des établissements de la filière nautique : l’option de l’enquête par questionnaire postal et de l’enquête téléphonique

Grâce à un stage effectué dans le cadre du schéma directeur de la plaisance en Côtes d’Armor, la première année de cette recherche doctorale fut l’occasion d’appréhender le secteur de l’industrie nautique à travers l’exemple costarmoricain. La durée du stage (six mois), les moyens alors mis à notre disposition (équipement informatique et bureautique) et la crédibilité dont on bénéficiait à travers l’organisme encadrant (CAD71) furent autant d’atout pour la mise en œuvre d’une démarche efficace de

71 CAD : Côtes d’Armor Développement, agence départementale du développement économique et

recensement des entreprises de l’industrie nautique du département ; une démarche qu’il convient d’exposer tant elle est proche par certains aspects de celle de la recherche en sciences humaines.

L’objectif de cette étude était d’abord de mesurer le poids économique de la filière nautique et plus particulièrement celui des entreprises en terme d’emplois et de chiffre d’affaires. Dans cette perspective, il était nécessaire d’identifier chaque entreprise. Il s’agissait aussi de mesurer la diversité de ce secteur d’activité ainsi que les problèmes qui lui sont spécifiques. La stratégie choisie fut celle d’un questionnaire destiné aux entreprises de la filière nautique. La première étape était de repérer les destinataires et notamment leurs coordonnées postales, téléphoniques et électroniques. Elle suffisait en fait à contribuer à l’identification des espaces de pratiques de la plaisance.

L’identification des destinataires

En croisant les fichiers de CAD, des chambres des métiers de Saint-Brieuc et de Dinan, de la CCI des Côtes d’Armor, de l’ANVAR72 ainsi que les pages jaunes (en version papier et sur Internet), les destinataires furent rapidement identifiés. Par souci d’exhaustivité, un bref questionnaire fut envoyé aux différents ports de plaisance (annexe II). Il leur était demandé, en plus des informations les concernant, d’indiquer les entreprises de la filière nautique avoisinantes. Au total, environ 150 entreprises furent identifiées et localisées.

Une diffusion des questionnaires par courrier postal

Ce mode de diffusion semblait préférable étant donné l’importance de l’espace concerné (le département des Côtes d’Armor). Certes, le taux de réponse est souvent peu élevé pour un questionnaire postal. Cependant, le courrier joint présentait un solide argument : celui d’un annuaire de la plaisance costarmoricaine identifiant l’ensemble des prestataires de services du département, autrement dit une publicité à 6000 exemplaires pour le prix d’un affranchissement. De plus, les entreprises n’ayant pas répondu par courrier ont ensuite fait l’objet d’une enquête téléphonique à partir du même questionnaire, d’où un taux de retour global particulièrement satisfaisant car supérieur à 50 %.

Au-delà de l’inventaire costarmoricain, des travaux comparables ont été réalisés dans les départements du Finistère, du Morbihan et, dans une moindre mesure, de la Loire

Atlantique. Au regard des communes accueillant ces entreprises de la filière nautique, la tendance était comparable d’un département à l’autre : environ 85 % des établissements étaient localisés à moins d’une quinzaine de kilomètres du trait de côte.

c) Des questionnaires d’enquêtes destinés aux plaisanciers pour un repérage de leurs itinéraires en mer

Le choix des intermédiaires et celui des bassins de navigation et des ports concernés par la diffusion du questionnaire étant justifié dans la troisième partie, on précisera ici les aspects ayant déterminé sa structuration en fonction de nos objectifs de recherche. Ces derniers sont étroitement liés aux espaces de pratiques de la plaisance. Le questionnaire a donc été conçu de manière à pouvoir mettre en relation les pratiques plaisancières, les parcours en mer qu’elles impliquent avec des informations plus conventionnelle concernant les plaisanciers (âges, PCS, origine géographique, type de bateau utilisé, etc.). Il s’agissait de vérifier l’hypothèse selon laquelle une corrélation existe entre le profil du plaisancier et sa pratique de la plaisance.

Les différentes versions du questionnaires (personnalisées pour chacun des ports choisis et des catégories de plaisanciers destinataires –abonnés, visiteurs francophones ou anglophones, cf. annexes III à V-) ont ensuite été présentées et discutées avec le directeur de recherche et les gestionnaires portuaires concernés. C’est alors qu’une demi-douzaine de questionnaires fut testée auprès de plaisanciers vannetais. Après quelques améliorations, la diffusion fut enfin organisée selon des modalités différentes d’un port à l’autre.

Les modalités de diffusion des questionnaires ont été discutées port par port avec les gestionnaires ou les responsables d’associations de plaisanciers concernés. Concernant les plaisanciers titulaires d’une place à l’année dans les ports observés, l’option du questionnaire postal a le plus souvent été adoptée. Certes, le taux de réponse est en général assez peu élevé lorsque l’on opte pour cette modalité de diffusion. Néanmoins, deux raisons nous confortaient dans ce choix :

- Tout d’abord, l’enquête par questionnaire postal permet une grande couverture spatiale. Or, comme le confirmèrent les gestionnaires portuaires rencontrés, de nombreux plaisanciers vivaient à plus d’une centaine de kilomètres de leur port d’attache.

- Ensuite, l’opportunité d’un envoi massif de courrier prévu par la capitainerie de Vannes d’une part et l’Association des Usagers du Crouesty d’autre part se

présentait. Respectivement 160 et 200 questionnaires ont ainsi été expédiés nous épargnant ainsi des frais d’affranchissement. Conformément aux inconvénients généralement indissociables de ce type de diffusion, les taux de retour furent assez faible (22,5 % pour Vannes et 18,5 % au Crouesty) malgré une lettre jointe à chaque questionnaire que nous avions espérée un peu plus convaincante (annexe 6).

De son côté, la direction du port de Saint-Quay-Port d’Armor s’était proposée pour assurer un envoi ciblé des questionnaires. Les destinataires furent choisi de manière à constituer un échantillon représentatif des plaisanciers du port (représentativité en terme de pratique plaisancière et en fonction du type de bateau). Un autre critère fut retenu, grâce à la bonne connaissance qu’a la direction portuaire de sa clientèle : le « sérieux » des destinataires afin d’obtenir un taux de retour proche des 100 %. Aussi avait-il été convenu de n’expédier qu’une trentaine de questionnaires abonnés. Malheureusement, seulement treize furent retournés ; un échantillon bien en-deçà de nos attentes donc. Concernant le port d’Arradon, la capitainerie ne prévoyant pas d’envoi groupé au cours de la période consentie aux enquêtes, c’est à bord du service de rade que, deux jours durant, furent diffusés et récupérés les questionnaires. L’avantage de ce mode opératoire était la grande disponibilité des plaisanciers qui trouvait là un moyen de s’occuper le temps de la navette entre la terre ferme et leur bateau au mouillage. Par contre il fallait tenir compte du peu de temps passé à bord par les plaisanciers : trois à cinq minutes en général selon l’éloignement du bateau à rejoindre. Cela s’avérait suffisant à condition de lire et remplir le questionnaire à la place des quelques plaisanciers peu enclins à s’attarder une fois arrivé. Avec la complicité de l’employée du port préposée au service de rade, qui prenait davantage son temps le cas échéant (lorsque le bateau à atteindre est proche par exemple), un maximum de questionnaires ont pu être remplis en totalité. Quand un plaisancier était vraiment trop pressé d’aller en mer, le document était généralement complété en deux fois : de l’embarcadère au bateau d’abord, puis du bateau au débarcadère une fois sa balade achevée. Somme toute, le taux de retour de la quarantaine de questionnaires diffusés fut très satisfaisant (95 %).

Les autres questionnaires, destinés aux usagers des mouillages et des petites structures portuaires du golfe du Morbihan et de la baie de Saint-brieuc, furent transmis par le biais d’associations de plaisanciers. Une centaine d’exemplaires fut remise aux responsables de l’Union des Associations de Navigateurs du Morbihan. Ils se les

répartirent pour les diffuser au sein de leurs associations locales respectives. Au total, moins d’un quart des questionnaires ont été récupérés.

Mais que dire du retour des questionnaires destinés aux adhérents d’associations costarmoricaines ? Le mode opératoire fut pourtant semblable. Cinquante questionnaires furent remis aux responsables du comité départemental des associations de pêcheurs-plaisanciers. Ils les distribuèrent ensuite à l’occasion d’une assemblée générale, donc auprès de gens a priori bien impliqués dans la plaisance départementale. Nous ne pouvons présumer avec exactitudes des conditions de diffusion des questionnaires, mais on ne peut que constater le médiocre résultat : un taux de retour de 6 %, soit trois questionnaires seulement.

Malgré des taux de retour parfois faibles, 268 questionnaires ont tout de même pu être traités. Le matériau ainsi constitué a permis de repérer les dimensions des bassins de navigation, les principaux itinéraires en mer des plaisanciers, les pratiques plaisancières les plus répandues, les durées privilégiées de sorties en mer. Ces données ont pu être croisées entre-elles ainsi qu’avec les informations plus conventionnelles rappelées précédemment (classe d’âges, PCS, caractéristique du bateau…).