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son rapport l’impartialité d'un procès verbal. Il semble qu’aucune voix de M.

n'ait su échapper à son écoute et n’ait été privée en ces pages d’un écho.

En tout état de cause le portrait qu’il retrace de la fillette n’est pas si innocent qu’il pouvait le paraître de prime abord. L’enfant, affirme-t-il, ne lit son abécédaire qu’avec peine en dépit de ses douze années, "dont cinq(di- xit Méraut) sur les bancs laïcs”... Il l’estime influençable et déplore en elle une religiosité de façade -“qui cacherait, selon certains, un mauvais fond”.

Au dire des mêmes langues, elle agirait sourie d’vantiau (comme on dit ici:

à la dérobée). Or, le vicaire ne manque pas de remarquer que de tels mots, littéralement répétés par la voyante, lui serviront à exposer comment, sans rien dire, la belle Dame aurait transmis le message mystérieux: Elle aussi -à l’en croire - aurait tiré paroles de d’sour le d’vantiau (lequel désigne l’am- ple tablier qu’on fronce par-dessus la robe quand on va prier Dieu)...

“Une confusion quasi permanente entrave son esprit et dévoie mal- encontreusement son langage. Ne serait-ce pas pour cela que la malignité impute à l’enfant des penchants qui ne sont pas de son âge? L’impertinence des mots ne convie-t-elle pas bien souvent à induire celle des désirs?Trop encline à cet inconséquent bavardage, elle aurait ainsi fourni sans malice à une opinion avide cette dégradante et si fâcheuse image... Mais le foyer qui l’a vue naître, s'il n’est pas abject, n'apparaît guère favorable à la piété. Il importe de noter que la mère n’a pas pu s’acquitter de sa tâche d’éducatrice car elle est morte après la naissance de la petite... Au père désormais veuf, il ne s’offrait que cette désespérance malsaine qui détourne de Dieu, et le recours à d'ignobles pratiques. Il aurait acquis une réputation de pauvre fou en sa qualité cf’”ensevelisseur”. Mais à la vérité, rares sont nos paysans qui ignorent que le folio s’accorde certain talent à “cerner”les maladies. La bel- le Dame décrite par Marguerite serait apparue alors que celle-ci portait bul- bes et pattes de taupes (destinés paraît-il à soulager les maux de la vue) à une journalière de ses pratiques vivant à l’écart du bourg..."

On peut le voir: le vicaire n’a aucunement préservé l’image que le tableau saint-sulpicien du bon Ruet aurait laissée de la progéniture du folio.

Il ne récuse certes pas l'idée que la grâce d’une apparition mariale ait pu atteindre Marguerite, mais il remarque à cet égard que les Manifestations reconnues par la Curie s’autorisaient d’autres preuves que le témoignage d’un unique médium... Tout cela sans parler du message édicté, par trop

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unique, lui aussi, dans nos annales du miracle...

On devine vite, en filigrane sous chaque mot, ce qu’il veut prouver.

Visiblement, Méraut est convaincu qu’on manipulait la fillette. Il comprend, n’en déplaise à Ruet, qu’une âme pure peut faillir guidée par l’esprit du Mal.

Or, il n’est guère difficile de savoirqui, à M, jouait ce rôle à ses yeux. Le folio? L’homme paraît fruste, à vrai dire...Tel ne saurait être le cas de l’instituteur, Albéric Bitard, en qui le vicaire semble voir l’incarnation du Diable même, la passion cléricale prenant alors le pas sur toute raison. Et y forçant le trait!

u(...)on ne l'a jamais vu en l’église sauf à y passer, durant le credo, comme s’il y cherchait vainement l’Esprit Saint dans les chapiteaux du péri- style. On dit qu’il en ferait le tour extérieur pendant l’office, à marmonner indistinctement des blasphèmes et se signer de bas en haut. SU vous croise par la ruelle, il s’en va raser l'autre rive en marchant à reculons et parlant en lui-même. Il nous a été montré un livre d’heures annoté le long des mar- ges de ses hérésies abominables, que le père Ruet avait dû laisser, n'imagi- nant pas pareille infamie,grand ouvert sur le lutrin à l'attention de tous...”

Il semblerait bien que ce soit là le témoignage d’un état d’esprit et non de la vérité. A l’époque des faits, la querelle est à son paroxysme. De semblables affirmations se répandaient dans les campagnes pour dénigrer et affaiblir le hussard de la République. A M., où n’existe alors aucune école libre, le curé se bat pour son ouverture. Et Bitard lui rendant coup pour coup s’indigne qu’on fasse état de liberté hors les règles de la raison. L’instituteur, néanmoins, paraît être un homme de pondération fort incapable d’une telle animosité, par ailleurs si contraire à ses intérêts. Mais qui sait à quoi la pas- sion peut engager? Et force est d’accorder au vicaire général qu’il peut être tentantd'"accaparer une âme quand on veille seul à son élévation"...

“(...) Imaginons quelle serait la confusion de notre Sainte Eglise, et redoutons la joie de ses adversaires, si elle accréditait le caractère mira- culeux de l’apparition, et qu’il était ensuite avéré qu’on l’avait par persuasion suggérée à l’innocente! L’esprit de dénégation pourrait bien avoir conduit une messagère dont la foi n’est guère affermie... Tout est bon à qui entend nier la Grâce divine et détourner à son profit l’emprise du Verbe... ’

A lire Méraut, le père Ruet serait, quant à lui,"un bon apôtre"{s\c) mais idéaliste devant l’âme enfantine,“dont il ne perçoit que l’aura de clarté et se masque le tréfonds de ténèbres." Le vicaire n’en reconnaît pas moins

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la parfaite sincérité du prêtre et se montre pour conclure fort dubitatif:”..Les ruses abjectes de Satan pourraient nous égarer... La malice infernale n’a-t- elle pas dessein de faire sourdre en nous le venin du soupçon, afin d’y tuer la simple vérité telle qu'elle se manifeste à des âmes plus naturel- les? Ainsi fait parfois l’orgueil de notre raison qu’elle impute à la naïveté un authentique appel de Dieu. Le doute ne la flatte-t-il pas, qui veut la dis- suader de croire sans voir ce qui l’offense ou la surprend?...’’

Ne serait-ce la circonspection toute formelle de sa dernière page, on reconnaîtra au rapport du vicaire général Méraut (coté en archives vgm), ce pragmatisme si cher à l’ordre Jésuite. Pour citer ses propres mots (vgm p.

IX), "rien ne saurait être juste qui risque de bouleverser l’Eglise du Seigneur.

Un oracle qui la divise ne sert ni son peuple ni Dieu"...

Hanté dans le même temps par les mêmes inquiétudes, Mgr Arvin demeure plus préoccupé, quant à lui, par la personnalité de l’étrange Ruet.

Reçu premier à l’agrégation de lettres et admis docteur en théologie quand un tel cursus est pour le moins exceptionnel chez un curé de village (il a co- opéré à treize revues congréganistes!), ce brillant élève des augustins, à en juger d’après ses anciens maîtres, ne ressemble guère à l’image que se fait un Méraut Ruet s’y montre bien idéaliste mais certes pas par ignorance, et il apparaît au responsable du diocèse que le diable, en sa malignité, eût même trouvé en l’érudit un comparse autrement pervers que l’insignifiant Bitard...

Intéressé dès ses premières épîtres par les figures de la prose anagogique, ardent admirateur de Jean de La Croix, exégète et traducteur réputé de rhétoriqueurs chrétiens de l’époque romane, glosant à l’occasion un Venantius Fortunatus ou un Abbon de Fleury, le singulier pasteur à qui avait échu la pauvre paroisse de M. aurait pu sans indignité siéger à Rome- Sa manifeste disgrâce paraîtrait due à certaine apologie, déclarée “fort per- nicieuse" par la Curie, de cet Apollinaire de Syrie jugé hérésiarque par les édits conciliaires. Hérésiarque au point que l’ouvrage de Ruet, aujourd’hui, ne semble plus exister nulle part ailleurs qu’en marge de son histoire ...

L’évêque, par contre, en a relu chaque ligne, et le commente avec

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une violence que les circonstances suffisent à légitimer: “(...)le Verbe, auquel notre cher frère confère une signification dangereusement littérale, s’offre en toute chose, à l’en croire, “comme la configuration de l’âme, cette aura unique de Dieu”(...)// décrète que seuls les signes du lexique (pour le coup qualifiés de divins) relèveraient de Son Enseignement - et tient pour appa- rences trompeuses les merveilles qui témoigneraient de notre Création par exaltation des sens... A suivre sa leçon, la Gloire infinie de Dieu ne saurait se manifester que par la parole - “qui n’égare infidèles et athées que par ignorance de ses lois...” - alors que la magnificence de notre univers pro- céderait tout entière de la fourbe démiurgie du Maudit! (...) L'auteur est trop évidemment séduit et guidé par le verbiage lui-même pour ne pas prêter au reproche d'orgueil et laisser percer l’origine satanique de sa conception...”

Pour qui se fie à la lecture de Mgr Arvin, seule à prouver aujourd’hui l’existence même de ce texte, l’hérésie gnostique du déconcertant curé de M.

induirait vite une interprétation certes gênante des miracles d’exception."De tels prodiges se réduiraient à l’arrangement des mots dictés à leur témoin (une sorte de prose pure qui ne dérogerait pasàl’idéalpoétique duturbulent abbé Brémond...), lesquels mots organiseraient alors seuls, en l’esprit des fidèles, des visions susceptibles de galvaniser l’âme...”

Sans entrer dans cette digression théorique au relent de pensum en laquelle bien des casuistes s’égareraient eux-mêmes, rendons grâce à l'é- vêque en titre pour son analyse rigoureuse, à tous égards, de la publication interdite. Grâce à lui, c’est un singulier éclairage qui se trouve jeté (ex nihilo hélas!) sur le style et même l'origine vraisemblable de la formule soi-disant confiée à Marguerite par la Vierge Marie... N’y reconnaît-il pas en effet l'ar- rogance propre à la phraséologie du prêtre lui-même?

A en croire l’Apologie du père Ruet, qui s’y réfère (In figuram XII p. 134, XV p. 416,417), l’image apollinarienne du Verbe incarné tendrait à unifier une pensée christologique empêtrée dans ses contradictions. Elle y autoriserait, en réponse à l’argumentation rationaliste qualifiée d'éructante (sic), une lecture des Evangiles d’une cohérence irrécusable - toujours selon Ruet - “qui guiderait le sage, en silence, vers l’unique chemin’...

On conçoit que Mgr Arvin se soit alarmé de telles similitudes entre les deux textes, le message marial fût-il trop bref pour que l’analogie révélée suffise à en dénoncer le signataire. De quelque trois mots communs,on ne peut

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inférer que le prêtre a suggéré sa phrase à Marguerite... Mais on comprend un peu mieux cette hargne du prélat à l’encontre du “cher frère". Arvin pro- pose de fait, entre les lignes de son pointilleux rapport, une interprétation éminemment psychologique de l’apparition en forêt...

Depuis sa relégation dans cette paroisse rurale où le discours formel enflamme peu les imaginations, Ruet aécritplus de trente lettres destinées” à éclairer Rome" sur la grande misère de ses ouailles créditées “d’un esprit sec, vil, influençable et ignorant, inapte à voir Dieu hors l'iconolâtrie (resic), réduisant les Evangiles aux figures du chemin de croix si ce n’est d’ex-voto enluminésde frises grossières...”Ftiis il semble soudain renoncer à manifester ses indignations égoïstes, et se démène bel et bien pour son fief de hasard.

N’oubliant ni son église à-demi ruinée dont il va restaurer le soufflet du grand orgue et sauver l’ogive écartelée, ni le ragréage plus spirituel de l’âme et du coeur “tout en rugosités” de ses fidèles, apparemment l'orgueilleux se soumet.

Toutefois, note Mgr Arvin, “le ver pourrait bien être demeuré dans le fruit lisse et y poursuivre ignominieusement sasape invisible.Les efforts consentis à M.

en façon d’allégeance n’attestentpasle repentir de notre frère xhanger de cap n 'est pas changer de guide hélas! “

Ni ange ni bête, conclut l'évêque, “l'homme suit le leurre dont il fait une étoile”. Le village même de l’humiliation voué tout entier à sa revanche, Ruet

‘y peut embrigader des âmes simples circonvenues par sa parole"... Il prend alors en otage la plus fragile d’entre elles, cette Marguerite Lerai dont il a re- marqué les ignobles penchants.Comment ne croirait-il pas oeuvrer pour le Ciel en Lui assignant une messagère autrement promise aux enfers? Selon lui, Dieu n’est garant que des mots, toute réalité sensible étant l’affaire de Satan.

Est-il étrange qu’il inculque une fable à Marguerite sans éprouver de grand remords? Gageons avec Mgr Arvin qu’il croit même sauver la pauvrette en lui

%..)imprégnant l'imagination des douteux miroitements de son miracle fictif - à charge pour elle de répéter le trop pieux mensonge à cet auditoire si rétif mais “aguiché par l'imagerie"...

Il est clair qu’on ne parle plus là de la Vision que pour la discréditer.

Ruet agace bien trop l’évêque pour que celui-ci lui accorde aucune créance.

Bri arguant de son "miracle fictif, Mgr Arvin a-t-il d’autre but que d’écarter un tel agitateur? “Craignez, dit sa péroraison, que les belles paroles d’un fier-bec n’égarent ceux qu’il entraîne. Malheur à l’innocent sur ses mots embarqué!

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Il gît bientôt dedans l'abîme, celui dont le bavard gouverne la nef!"...

En charge d’âmes, l’évêque de Mayenne se devait de défendre ici - un innocent l’aura compris - Tunique intérêt du diocèse. Les mille invectives qu’il adresse à Ruet en cette circonstance ne sont d’ailleurs pas injustifiées.

Est-il bon, par exemple, de répandre des conceptions dont n’importe qui pou- vait inférer l’immatérialité du Christ? du moins sa réduction, pour s’exprimer en singeant le “fier-bec”, à cette “stéréographie charnelle où Le configure la Bible"? Le Diable n’ignore pas que les idées folles circulent à l’envi...

A vrai dire, elles ont déjà fait du chemin, les folles idées, depuis leur essaimage du 21 mars. N’offraient-elles pas un prétexte aux partis pour magnifier l’Eglise ou pour lacombattre?et diviser le peuple de Dieu lui-même en militants exaltés et en adversaires farouches de la dévotion à Marie - l’im- maturité religieuse de la voyante déchirant à son tour le clan marialiste... Le naturel inquiet de Mgr Arvin ne soupçonne pas le désordre des espritsquand il expédie sa première et prudente lettre pastorale sur la petite Lerai.

A ce moment-là, de partout déjà, voeux et offrandes parviennent à Marguerite. Des envoyés de maintes congrégations lui ont rendu visite, de B.

en Pail, siège d’un proche couvent de frères maristes, mais aussi de Laval, de Port-Brillet et d’Entrammes. Et l'opinion de chacun s’est aussitôt forgée, n’en déplaise à l’évêque et à son scrupuleux réquisitoire, sur la vision de M.

En ces matières, il suffit quelquefois d’un regard ou d’une intonation pour que l’esprit sceptique accorde crédit aux pires assertions du visionnaire, et qu’un esprit plus simple refuse non moins absurdement d’y prêter foi. En prônant la circonspection, le sage ne peut plus qu’exacerber ce parti-pris passbnnel.

A l’évidence, il est alors passé le temps de la théologie...

S’indignant des tergiversations diocésaines, le marquis de Maudis- sois, propriétaire des lieux, a fondé un Comité de soutien à l'immaculée de M.

Enquatre semaines il recueille suffisamment de dons pourenvisager - près du reposoir déjà édifié - de jeter les bases d’un fabuleux sanctuaire... A en juger d’après les esquisses de plan dessinées de sa main, et qui figurent dans les archives de la famille, son projet relève assurément d’un défi et prouve sa vo-

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lonté délibérée d’ignorer les prudentes consignes de l'Eglise. Loin d’agir en isolé, il bénéficie bientôt de l’appui du doyen de Montsûrs, Isidore Monchalin,

“unanimement estimé dans la région pour sa piété”, précise La Voix du Maine, qui prend elle aussi fait et cause pour l’apparition. Une tribune de Maudissois est publiée le 10 avril “A notre Marie-Madeleine”, qui vise tous ceux que la réputation de la gamine effarouchait. L'abondant courrier qu’il reçoit alors lui témoigne d’une adhésion unanime. Ce sont des centaines de pèlerins qu’at- tire désormais vers le village l’espoir de toucher la sainte fille. Et si beaucoup encore sont mayennais, il en vient de provinces lointaines, de France ou d’ail- leurs, d’aussi loin que le tribun est entendu.

Est-il possible d'infléchir ces folles impulsions sans faire le jeu des négativistes?... Arvin sait bien qu’entre les tirs croisés de l’un et l’autre bord, un être de raison n’a qu’une infime marge d’autorité. Force est d’admettre que sesquatre circulaires successives restent pour ainsi dire lettres mortes. Et les nombreux rappels à l’ordre destinés à Monchalin ne suscitent guère d’écho...

A l’opposé, comme il se doit, la clique anticléricale bat son tambour...

Dèsledébutd’avril, La Libre République consacrait à la sibyllede M.

neuf colonnes d’information malveillante, puisée aux intarissables fontaines à on-dit où s’était abreuvé naguère le vicaire diocésain.Les camarades de la Lerai sont bien sûr les premiers sollicités, qui ladisent “filouseet sansd'vinée’ (sans intelligence), comme l'attestent mille insidieux récits, une malheureuse qui a appris “à creir’ sansveir” et croira, prédit l’auteur, tout ce qu’on aura voulu...

“Retenons deux anecdotes significatives sur l’ingénue -dont le nom a fait oublier celui de Bernadette, de si niaise mémoire!... Les chenapans d’ici l’ont persuadée, voici quelques mois, qu'il vit des peunettes dans un breuil retiré, près de M (les peunettes, faut-il le préciser, sont des fantômes)! Et ma foi, elle en verra, des esprits, plus qu’il n'est loisible d'en voir! Unecommère obèse riboulant de ses prunelles, qui lui trace des signes sur le ventre, un vieux au visage balafré qui danse des rigaudons endiablés autour d’elle, un gaillard ivre, tout encapé de noir, moulinant de sa rapière fictive... Elle aura tout vu, la pauvre'.sauf la vérité: un unique benêt de quinze ans, Jules M, qui ne pen- se qu’à se déguiser afin de faire rire les drôles, dissimulés tout près de là!...

Un autre futé lui affirme que les fourmis dessinent en chaque lieu oùelles “s’essemillent” lesintimes penséesde celui qui les observe. Derechef notre voyante voit- comme il convient - tantôt des lis et des fleurs de pêcher,

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tantôt des croix et des bannières: bref tout l'appareil de cette Fête-Dieu qui a insidieusement gravé en l'innocente le vain souvenir de ses fastes! Le seing abject de l'obscurantisme imprime ainsi son ignominie dans un coeur vierge.

Voilà de quelles textures il fabrique ses saintes!”

En réalité, la véritable querelle tourne autourd’IsidoneMonchalin,qui dérange le clan républicain depuis toujours par ses partis-pris d’ultra-clérical, et plus encore du marquis de Maudissois, notoire légitimiste, dont “l'apologie réactionnaire delà Marie-Madeleine” paraît une provocation. Le tout sur fond trouble d’un conflit d’épiciers entre la commune et le nobliau pour la propri- été ”du périmètre véritable de la fantasmagorie”(sic), l'édile convoitant avec réalisme sa juste portion du gâteau.

Pour l’éditorialiste de La Libre République, il est évident que le seul enjeu du bon marquis serait de rentabiliser ses terres à demi incultes ouque les chaulages ont fini d’épuiser. Et d’y prophétiser"^. ,)ces officines spécialisées en fiolesd’eau bénite, ceséchoppesoù l’on verra s'aligner les icônes, fes bro- chures métaphysiques, les crucifix et autres chapelets, en lieu et place du nard ou des avoines folles”. Il n’oublie pas non plus que Maudissois “(-)peut élucubrer sans risque dans La Voix du Maine dont il est actionnaire!... Si l’imbécile apparition de Ma autant de succès que notre écrivassier l’espère,

Pour l’éditorialiste de La Libre République, il est évident que le seul enjeu du bon marquis serait de rentabiliser ses terres à demi incultes ouque les chaulages ont fini d’épuiser. Et d’y prophétiser"^. ,)ces officines spécialisées en fiolesd’eau bénite, ceséchoppesoù l’on verra s'aligner les icônes, fes bro- chures métaphysiques, les crucifix et autres chapelets, en lieu et place du nard ou des avoines folles”. Il n’oublie pas non plus que Maudissois “(-)peut élucubrer sans risque dans La Voix du Maine dont il est actionnaire!... Si l’imbécile apparition de Ma autant de succès que notre écrivassier l’espère,