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B Explorer les pratiques et la production des savoirs

L'approche constructiviste de cette thèse repose sur l'idée que tous les acteurs, rôles, objets, discours, ou encore savoirs ne sont pas une donnée naturelle ou sociale mais doivent être pensés en terme de processus. Je questionne comment ces éléments parviennent à s'articuler et à produire une action ou non. Dans cette optique, c'est l'articulation ne entre une multiplicité d'acteurs humains et non-humains qui permet de saisir la construction du monde (Latour (2006a)). Le constructivisme adopté ici s'oppose à un constructivisme social (idem.). Comme l'explique Bruno Latour, la notion de constructivisme a déclenché des critiques et une incompréhension de nombreux chercheurs, en sciences sociales comme en sciences naturelles :

Dire que quelque chose était "construit" signiait pour eux que cette chose n'était "pas vraie" ! Nos collègues semblaient partir de l'idée étrange selon laquelle il fallait se plier à ce choix improbable : d'un fait donné il fallait dire soit qu'il était réel et non construit, soit, s'il était articiel et construit, qu'il était inventé, imaginé, biaisé, faussé. (Latour(2006a), page 129-130)

Au contraire, dire qu'une chose est construite ne signie pas ici qu'elle n'existe pas. Cela appelle simplement à étudier les processus qui permettent de la faire advenir et de la connaître d'une certaine manière. L'eau est très particulièrement touchée par ces débats autour de sa nature construite ou non. De nombreux discours scientiques ou servant des politiques de gestion reposent sur une conception de l'eau comme un objet donné, évident, non-construit, unique et moderne (Linton(2010)). Par conséquent, en tant qu'objet donné, l'eau peut être décrite par les sciences naturelles pour ce qui est de sa dimension physico-chimique et par certains chercheurs en sciences sociales (gestion, économie, géographie). Dans cette conception, les acteurs n'ont que des représentations nécessairement faussées ou partielles de cette eau unique. Cette conception réfute aux diérents acteurs et aux matérialités le caractère spécique de leur agencement. Au contraire, l'approche constructiviste, ne présume pas à priori de la nature de l'eau ou de sa fonction. Elle permet d'explorer le making of : nous passions derrière la scène ; nous apprenions les tours de mains des praticiens ; nous assistions à l'innovation en train de se faire ; nous prenions la mesure des risques qu'elle comportait ; surtout nous étions enn mis en face à cette intrigue étonnante : la fusion des formes d'existences humaines et non humaines (Latour (2006a), page 129). Cette thèse n'est donc pas à la recherche du vrai ou du faux, du réel ou du ctif, mais à la recherche des manières de produire l'eau, de mettre en ÷uvre et d'articuler les discours, les savoirs, les matérialités et les pratiques. Cette approche constructiviste permet de dépasser la perspective moderne de l'eau et de sa gestion.

B.1 Explorer les modernités par une approche historique

Une perspective historique permet de déployer une approche constructiviste et de dépasser les ap-proches modernes de l'eau en Crau. Par cette perspective, nous pouvons questionner la généalogie des processus de dépolitisation et de naturalisation de l'eau-moderne comme un objet unique réduit à sa dénition moléculaire (Linton (2010)). La perspective historique permet de dépasser les approches techno-scientiques de l'eau en explorant la transformation des pratiques et des savoirs. Il est ainsi pos-sible de mettre en lumière les transformations de l'exercice du pouvoir sur l'eau. Nous pouvons alors interroger l'avènement de la gestion de l'eau et de la gouvernance comme concepts hégémoniques pour parler et gouverner l'eau en Crau.Trottier(2012) a ainsi retracé par une perspective historique comment le concept de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) associé au bassin versant était devenu un concept hégémonique à l'échelle globale.

Haghe(1998) (géographe) déploie cette perspective historique à l'échelle nationale en explorant com-ment l'eau est devenue progressivecom-ment une marchandise entre 1789 et 1919 (Haghe(1998)). Il met en lumière les mouvements de re-dé-politisation de l'eau par l'Etat administratif tout d'abord comme une question d'intérêt public puis à partir des années 1880 dans une perspective d'industrialisation de la

ressource. Cette dé-politisation est co-produite avec une naturalisation des diérentes eaux qui sont frac-tionnées par des savoirs hydro-techniques spéciques portés par l'administration. L'Etat parvient ainsi à s'imposer progressivement comme le garant politique de l'eau-naturalisée et marchandisée au service des industries. Haghe caractérise nement les diérents types d'eaux sectorisées dont il est question dans ce grand processus de marchandisation. Ces trajectoires des eaux permettent de montrer l'avènement de la lecture et du gouvernement économique de l'eau.

La perspective historique permet de mettre en lumière la construction de l'eau-moderne dans son unicité. Il est particulièrement intéressant de cibler les transformations discursives qui font passer l'eau du pluriel au singulier ( les eaux à la ressource commune , des droits d'eau au règlement d'eau , des régimes juridiques des eaux au "régime hydraulique" ) dans les savoirs techno-scientiques pour gouverner l'eau. Cette transformation induit des controverses au niveau local qui permettent de contraster ce nouvel exercice du pouvoir administratif dans ses pratiques eectives (Ingold(2011)). Ingold par son étude de la controverse sur la reproduction des eaux par les irrigations met en lumière les enjeux de savoir/pouvoir d'une multiplicité d'acteurs (corps techniques de l'Etat, Académie d'Agriculture, Conseils d'Etat, communes et arrosants). Elle montre ainsi que lors des mises à l'épreuve, une partie des administrations étatique et judiciaire reconnaît les savoirs et les pratiques historiques et limite ainsi la portée de la naturalisation et de l'avènement d'une ressource en eau unique dont le gouvernement ne relèverait que de la puissance publique. Cette perspective historique réintroduit ainsi les péripéties politiques de la naturalisation/politisation de l'eau dans des jeux de pouvoir mouvants. Elle montre ainsi ce qui a généré des frictions dans cette trajectoire historique de l'eau souvent reconstruite au présent comme un faisceau convergent de savoirs et de manières de gouverner. Elle souligne ainsi l'importance de s'intéresser aux controverses historiques dans l'exploration des modernités qui occupent la première partie de cette thèse.

De son coté, Ghiotti (2007) focalise son propos sur l'avènement du concept de bassin versant. Il propose une analyse de la construction historique des territoires de l'eau en France. Son approche montre la genèse de la construction géographique du bassin versant et de sa gouvernance. Il met à jour la trajectoire politique du bassin versant depuis le XV IIe siècle jusqu'à son hégémonie comme unité naturelle de gestion dans les années 1960 au niveau national avec les Agences de l'eau et au niveau local dans les années 1990. Il fait alors apparaître que cette spatialité n'est pas l'aboutissement logique et naturel imposé par les propriétés intrinsèques de l'eau, mais résulte de transformations des relations de pouvoir/savoir notamment de l'État face au régionalisme et à la décentralisation. Son étude de la cartographie des bassins versants montre ce double mouvement de politisation et de naturalisation de la ressource légitimant cette échelle comme le territoire de gestion.

naturalisation de l'eau-moderne comme un objet unique réduit à sa dénition moléculaire H2O. Elles permettent également d'explorer la trajectoire et l'avènement des discours et des concepts de la gestion de l'eau. Nous proposons d'adopter cette posture constructiviste historique en nous focalisant sur le cas spécique de la Crau et sur les deux derniers siècles. Cette durée correspond à l'apparition et l'enracinement de savoirs techno-scientiques associés à un exercice du pouvoir se réclamant tout deux d'une certaine modernité à la suite de la Révolution française. Ce faisant, nous interrogeons les imbrications spéciques des diérents savoirs et dispositifs produits à diérentes échelles et périodes correspondant à certaines manières de gouverner l'eau en Crau. Ce constructivisme par la perspective historique permet de mettre en lumière les processus correspondant à l'émergence, l'avènement et la disparition de diérentes modernités.

B.2 Explorer les eaux par les processus de traduction

Comment explorer les processus enracinant et mettant en ÷uvre certaines modernités ? Le construc-tivisme vise à mettre en lumière les pratiques eectives pour gouverner les eaux de manière moderne. Il s'agit de questionner le fonctionnement de la modernisation. Nous devons notamment interroger la manière dont sont co-construits les diérents savoirs techno-scientiques avec un nouvel exercice du gou-vernement de l'eau en Crau et comment ces savoirs deviennent opérants en recomposant les acteurs, leurs rôles, leurs identités et les matérialités de l'eau. Cette perspective est en grande partie fondée sur les ap-ports théoriques de la théorie de l'acteur-réseau (actor-network theory, ANT) (Latour(2006a)). L'ANT a ainsi permis de faire une sociologie des pratiques scientiques loin des discours épistémologiques produits hors-sol. Il ne s'agit pas de dénir des critères pour décréter ce qui est du domaine scientique ou ce qui ne l'est pas mais de s'intéresser à comment à la science est faite.

Je reprends ici cette approche mais je ne cible pas dans cette thèse une science de laboratoire consi-dérée comme de haute volée. Je m'intéresse à des sciences et des techniques que l'on pourrait qualier d'appliquées ou à vocation utilitaire. Dans la classication des types de sciences en fonction de leur production et de leurs usages de ces savoirs relèvent du régime utilitaire (Ragouet et Shinn(2005), page 166). Je traite dans ma thèse de la production d'une grande variété de savoirs scientiques produits dans plusieurs disciplines (hydraulique, hydrogéologie, agronomie, sciences de gestion, économie, géogra-phie)10 à diérentes périodes. Ces savoirs visant à améliorer/moderniser les pratiques sont co-produits avec certaines manières de gouverner l'eau.

Ceci est un point de décentrage par rapport à l'ANT qui correspond à un retour sur ses origines académiques. L'ANT s'inspire de la sociologie des techniques, elle-même focalisée sur la recherche-

dé-10. Je ne fais pas ici le procès de ces disciplines qui sont loin d'être monolithiques mais je caractérise des savoirs scienti-ques présents en Crau qui se réclament de ces disciplines.

veloppement, c'est-à-dire dans une perspective appliquée. D'une certaine manière, ce travail retourne à cette origine en questionnant la production des savoirs mais également l'usage de ces savoirs dans des dispositifs qui visent à les mettre en pratique. Je rejoins ainsiAkrich(1989) qui propose de passer d'une sociologie des techniques à une sociologie des usages en explorant non pas la fabrique mais le déploiement et l'utilisation du magnétoscope et des réseaux cablés.

Le second décentrage consiste à ne pas seulement se focaliser sur les techno-sciences dans la dénition de la réalité de l'eau mais à inclure une pluralité d'acteurq qui dénissent et mettent en pratiques diérentes eaux ou qui en dessinent diérentes facettes. La science est une façon de dire parmi d'autres11. Il faut donc avoir la même approche que la sociologie des sciences pour les savoirs et les pratiques qualiés de profane. Nous mobilisons ici l'étude de ces savoirs profanes pour mettre en lumière l'enracinement et les adaptations des dispositifs techno-scientiques modernisateurs.

Pour cela, il s'agit d'étudier le fonctionnement des réseaux dans lesquels les eaux, les acteurs, les rôles, les identités, ou encore les ouvrages sont agencés. Les outils de l'ANT permettent d'explorer les processus de la traduction à l'÷uvre dans ce réseau. Je fais ici essentiellement référence aux travaux de Michel Callon, Bruno Latour, Annemarie Mol et John Law. Cette étude des processus repose sur les quatre étapes de la traduction : la problématisation , l'intéressement , l'enrôlement et la mobilisation (Callon (1986)). La problématisation consiste en la formulation d'un problème et en un mouvement de certains acteurs pour se rendre indispensable. Elle sert ainsi à entre-dénir les acteurs et à dénir des points de passage obligé (PPO) pour ceux-ci. Je précise ici qu'il est autant question d'acteurs humains que non-humains. Cette problématisation structure le réseau. Elle initie l'identication et la reconnaissance mutuelle des acteurs ainsi que leur positionnement autour d'un problème partagé. Nous questionnons ces manières de problématiser propres aux diérentes modernités en Crau qui permettent d'identier, de dénir et de mettre en tension une certaine eau dans un réseau d'acteurs.

L'intéressement vient consolider les eets de la problématisation. Il permet de sceller les al-liances en xant les termes et les acteurs de la problématisation ainsi que leurs identités (Callon(1986), page 185). Il dénit et xe ainsi qui sont les humains et non-humains en question. En reprenant l'étymo-logie latine de ce concept (se placer entre), l'intéressement sert ainsi aux porteurs à se positionner stratégiquement entre les humains et non humains en coupant des relations existantes et en dénissant des relations particulières. Callon inscrit l'intéressement dans une procédure, un mécanisme, une volonté, une stratégie et des actions. Il délaisse la notion de dispositif car elle se focalise sur ce qui agit dans le réseau d'acteur. Je développe dans la section suivante cette notion de dispositif qui me paraît essentielle. L'intéressement permet de saisir les aspects pratiques et performatifs12des pratiques de

11. Voir les travaux d'IsabelleStengers(1997) en particulier le premier tome.

gouvernement sur les réseaux d'acteurs.

L'enrôlement est le succès de l'intéressement : Il désigne le mécanisme par lequel un rôle est déni et attribué à un acteur qui l'accepte [...] Décrire l'enrôlement, c'est donc décrire l'ensemble des négociations multilatérales, des coups de forces ou des ruses qui accompagnent l'intéressement et lui permettent d'aboutir (Callon(1986), page 189-190). L'enrôlement fait ainsi référence aux pratiques pour rendre performatif l'intéressement ou plutôt les cascades d'intéressement des acteurs les uns par rapport aux autres. Il montre comment les acteurs s'alignent et s'agencent volontairement dans les réseaux. Callon parle de combat , de force , d'opposition mais il s'agit surtout d'une négociation selon diérentes éventualités violence physique (contre les prédateurs), séduction, transaction, consentement sans discussion (Callon(1986), page 185).

La mobilisation renvoie à la mise à l'épreuve des porte-parole pour savoir s'ils seront repré-sentatifs (Callon (1986), page 183). Certains acteurs parlent au nom d'une population mais la question de l'induction demeure la masse (patrons, ouvriers, coquilles) suivra-t-elle . La mobilisation de Cal-lon(1986) met en lumière toutes les étapes nécessaires pour parvenir à partir d'un échantillon à parler au nom d'un groupe d'acteurs. Cette mobilisation nécessite d'abord de faire taire ceux au nom desquels on parle pour pouvoir parler au nom d'une masse silencieuse13. La mobilisation rend ainsi l'acteur cible passif et silencieux et rend le porte-parole seul détenteur d'une parole prolique. Mais comme le souligne Callon, le consensus et la mobilisation qui le rend possible peuvent être contestés à tout moment (Callon(1986), page 199). La population peut, en devenant active, mettre à l'épreuve l'accord tacite de représentativité. Avec ce concept de mobilisation, je souhaite ainsi suivre les accords fragiles et négociés qui permettent de parler au nom de l'eau et de certains acteurs.

Ces diérents concepts permettent d'explorer la construction ou la transformation d'un réseau. Les pratiques des acteurs dans le réseau sont entrelacées avec la construction même de ce réseau. Mesurer la nappe de la Crau, la modéliser et communiquer ces savoirs aux autres acteurs c'est en même temps problématiser et intéresser des chercheurs, des gestionnaires, et des cabinets d'études pour gouverner la nappe. Cette notion de réseau et les quatre concepts vus précédemment permettent de ne pas séparer l'action, des identités des parties prenantes et des pratiques des acteurs.

Dans Callon et al. (1986) qui peut être considéré comme le livre faisant acte de naissance de la théorie de l'acteur-réseau dans les Science and Technologies Studies (STS), les auteurs proposent de cartographier les dynamiques des sciences et des technologies. Cette étude des réseaux s'apparente à une activité géographique d'exploration et de retranscription d'un monde qui s'étire avec chaque nouvel acteur rencontré. Cette études des pratiques renvoie aux fondements de la géographie dans le sens où il s'agit

13. Michel Callon met ici en parallèle les exemples de la population de coquilles Saint-Jacques et de la population de marin-pécheurs.

de situer les acteurs et les forces en présence autant humaines que non humaines (Lacoste(2014)). Cette cartographie se fait en suivant l'action par le bas. Il s'agit d'explorer à tâtons le réseau. Dans cette perspective, nous questionnons comment les acteurs et les réseaux se déploient et participent ainsi à dénir, marquer et inscrire d'une certaine manière l'espace14.

Pour mettre en lumière ces processus, il faut notamment être attentif aux controverses et aux points de tension. Sur ces questions, les acteurs prennent alors la parole et se confrontent. Ils mettent à l'épreuve ces processus et font apparaître les réseaux. Ils peuvent alors questionner ce qui relève de la nature ou de la culture et mettre en lumière les processus particuliers de naturalisation et de politisation de l'eau.

B.3 Réintroduire la question du pouvoir dans le constructivisme

L'approche constructiviste, en décortiquant les processus et en les replaçant dans une perspective historique réfute l'idée de l'existence d'un pouvoir qui serait détenu et imposerait ces transformations. Dans cette thèse, nous adoptons la dénition foucaldienne et relationnelle du pouvoir.

Le pouvoir, ça n'existe pas. Je veux dire ceci : l'idée qu'il y a, à un endroit donné, ou émanant d'un point donné, quelque chose qui est un pouvoir, me paraît reposer sur une analyse truquée, et qui, en tout cas, ne rend pas compte d'un nombre considérable de phénomènes. Le pouvoir , c'est en réalité des relations, un faisceau plus ou moins organisé, plus ou moins pyramidalisé, plus ou moins coordonné, de relations. [...] Si on essaie de bâtir une théorie du pouvoir, on sera toujours obligé de le considérer comme surgissant en un point et à un moment donnés, et on devra en faire la genèse, puis la déduction. Mais si le pouvoir est en réalité un faisceau ouvert, plus ou moins coordonné (et sans doute plutôt mal coordonné) de relations, alors le seul problème est de se donner une grille d'analyse, permettant une analytique des relations de pouvoir. (Foucault(2014), page 302)

L'approche constructiviste construit ce que Latour appelle un monde plat avec une symétrie entre ob-servateurs et acteurs (Latour(2006a)). L'observateur ne doit pas ainsi apporter des concepts notamment sur les groupes sociaux et les plaquer sur les acteurs mais doit suivre leurs regroupements. Dans cette perspective théorico-méthodologique, la question du pouvoir n'est pas oubliée. Le pouvoir relationnel est saisi par l'analyse des réseaux, à l'opposé de l'approche d'une sociologie du social qui fait du pouvoir une variable explicative. Cependant, si Latour laisse une place théorique au pouvoir, en pratique, le pouvoir est le plus souvent périphérique ou absent de ses travaux. Il est question de force sans que la construc-tion de dispositifs et de savoirs spéciques qui (trans-)forment et exercent le pouvoir, soit abordée15. De plus il fait souvent l'impasse sur certains aspects politiques de ses études. S'il montre comment la production techno-scientique transforme le monde et sa politique comme par exemple comment Pasteur

14. Voir la section dédié aux recompositions spatialesEpage96de ce chapitre théorique.

15. Alors même queLatour(2006a) cite Foucault en note de bas de page (page 123), il ne fait jamais référence à la