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5.1 Influence des connaissances primaires et secondaires dans la résolution de problèmes

5.1.9 Expérience 7

5.1.9.1 Participants et procédure

Les participants sont 212 étudiants (39 hommes, 173 femmes) d’âge moyen 18.96 ans (±3.20) recrutés sur les groupes Facebook universitaires français. La passation est faite en ligne grâce au logiciel Qualtrics et dure environ 20 minutes. Tous les participants ont un niveau de français suffisant. Le niveau moyen estimé en mathématiques des participants est de 45.30/100 (±30.93) et ils déclarent aimer faire des jeux de logique à 67.85/100 (±26.14).

La procédure est la même que celle des expériences 4a, 4b et 5, mais les syllogismes n’utilisent plus les connaissances antérieures, ils cherchent à les minimiser le plus possible. Les syllogismes utilisés contiennent des termes et des références qui n’existent pas (tout comme les expériences 1, 2 et 3). Sur chaque page internet, quatre syllogismes sont affichés à chaque fois et peuvent être de mode AAA/AII (positif pour chaque ligne) comme dans les expériences précédentes avec des syllogismes ou AEE/AOO (négation pour les deux dernières lignes) (Annexe C, Tableau C4) :

Habillages liés aux connaissances primaires (nourriture et caractéristiques faune) : Tous les ronvacs sont sauvages et herbivores,

Or les cachuls jaunes à cornes sont des ronvacs,

114 Toutes les loutas sont sucrées et juteuses,

Or la rouli blanche n’est pas une louta,

Donc la rouli blanche n’est pas sucrée et juteuse.

Habillages liés aux connaissances secondaires (grammaire et mathématiques) : Toutes les équations de Foster sont de type x=√(3b-2ac),

Or la formule de Jyrog est une équation de Foster, Donc la formule de Jyrog est de type x=√(3b-2ac).

Tous les noms communs sendamin finissent par –li au pluriel, Or « alda » n’est pas un nom commun sendamin,

Donc « alda » ne finit pas par un –li au pluriel.

Le test final contient les quatre syllogismes types avec les termes ABC « A est B, Or C est B, Donc C est A », « A est B, Or C n’est pas B, Donc C n’est pas A », « A est B, Or C est A, Donc C est B » et « A est B, or C n’est pas A, Donc C n’est pas B ». La charge cognitive est manipulée inter-groupe en inversant l’ordre des mots pour chaque ligne du syllogisme (modalité charge cognitive forte). Concernant la répartition par modalités croisées, 101 participants ont été exposés à des problèmes à habillage de connaissances primaires en premier (54 avec une charge cognitive forte, 47 avec une charge cognitive faible) et 111 participants ont été exposés à des problèmes à habillage de connaissances secondaires en premier (51 avec une charge cognitive forte, 60 avec une charge cognitive faible) ; 179 participants n’ont pas fait de pause de plus de 30 secondes, nous avons donc exclu des analyses les 33 autres lorsque la variable testée est la vitesse. Les mêmes analyses que celles des expériences précédentes ont été utilisées.

5.1.9.2 Résultats et discussion

Le mode des syllogismes n’influence pas la performance (AAA/AII M=77.06±24.91 vs. AEE/AOO M=77.53±25.11 ; p=.70), mais les participants sont moins rapides pour les problèmes AEE/AOO (M=4.09±7.23) que pour les problèmes AAA/AII (M=5.59±13.24) (estimate=-0.17, ES=0.07 ; χ²=5.07, p=.02).

Par rapport aux connaissances secondaires, les connaissances primaires entraînent une performance, un plaisir à répondre aux questions, un envie de trouver les bonnes réponses et une

115 confiance dans les réponses données plus importants ainsi qu’une charge cognitive perçue plus faible (Table 11 et Figure 13).

Tableau 11 : Résultats des modèles linéaires complets à effets mixtes concernant l’influence des deux types de connaissances sur les variables dépendantes de l’expérience 7. Les analyses sont décrites avec les moyennes (M) et les écarts-types (σ).

Connaissances primaires Connaissances secondaires χ² p

M σ M σ

Performance 85.20 22.23 69.40 25.14 164.86 <.001 Aimer répondre aux questions 53.42 28.41 45.24 28.94 56.15 <.001 Envie de trouver les bonnes réponses 65.45 28.09 60.68 29.77 21.35 <.001 Confiance dans les réponses données 56.71 30.12 47.77 30.32 68.80 <.001 Charge cognitive perçue 50.26 22.41 57.04 22.50 54.24 <.001 Vitesse (pb/min) (n=179) 4.92 9.67 4.75 11.63 0.15 .70

Figure 13 : Résultats des modèles linéaires complets à effets mixtes concernant l’influence des deux types de connaissances sur les variables dépendantes de l’expérience 7. Les moustaches représentent 95% de l’estimate et l’intervalle de confiance (IC) (la modalité de référence est « connaissance secondaire »).

Une charge cognitive manipulée forte diminue la performance (MCC faible=81.02±24.50 vs.

MCC forte=73.51±24.95) (estimate=-0.34, ES=0.09 ; χ²=13.04, p<.001), le fait d’aimer répondre

aux questions (MCC faible=55.09±27.15 vs. MCC forte=43.47±29.57) (estimate=-0.46, ES=0.11 ;

χ²=16.20, p<.001), de vouloir trouver les bonnes réponses (MCC faible=68.93±26.47 vs. MCC forte=57.08±30.28) (estimate=-0.42, ES=0.12 ; χ²=12.25, p<.001) et la confiance dans les réponses

données (MCC faible=57.96±29.91 vs. MCC forte=46.42±30.09) (estimate=-0.45, ES=0.11 ; χ²=15.52,

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faible=90.07±18.86 vs. MCC forte=80.24±24.26 (estimate=-0.48, ES=0.12 ; χ²=15.64, p<.001), aimer

répondre aux questions MCC faible=59.56±25.35 vs. MCC forte=47.17±30.00 (estimate=-0.50,

ES=0.12 ; χ²=16.11, p<.001), envie de trouver les bonnes réponses MCC faible=71.45±25.29 vs.

MCC forte=59.32±29.50 (estimate=-0.46, ES=0.13 ; χ²=12.80, p<.001) et confiance dans les

réponses données MCC faible=62.51±29.19 vs. MCC forte=50.80±29.98 (estimate=-0.44, ES=0.12 ;

χ²=13.36, p<.001)). Ils sont présents de la même façon pour les connaissances secondaires (performance MCC faible=71.96±26.14 vs. MCC forte=66.78±23.86 (estimate=-0.25, ES=0.11 ;

χ²=5.36, p=.02), aimer répondre aux questions MCC faible=50.61±28.19 vs. MCC forte=39.77±28.73

(estimate=-0.44, ES=0.13 ; χ²=11.73, p<.001), envie de trouver les bonnes réponses MCC faible=66.41±27.43 vs. MCC forte=54.83±30.95 (estimate=-0.40, ES=0.13 ; χ²=9.23, p=.002) et

confiance dans les réponses données MCC faible=53.41±30.00 vs. MCC forte=42.03±29.63 (estimate=-

0.45, ES=0.12 ; χ²=14.08, p<.001)) (Annexe E, Tableau E11, première ligne).

Les participants aiment davantage répondre aux questions (MK1premier=51.38±27.28 vs.

MK2premier=47.47±30.30) (estimate=-0.21, ES=0.11; χ²=3.30, p=.07) et ont davantage confiance en

leurs réponses (MK1premier=54.50±28.69 vs. MK2premier=50.19±32.01) (estimate=-0.25, ES=0.11;

χ²=4.75, p=.03) lorsque les problèmes à habillage de connaissances primaires sont présentés en premier. Particulièrement, concernant les problèmes à habillage de connaissances primaires, le plaisir à effectuer la tâche (MK1premier=57.66±25.51 vs. MK2premier=49.57±30.36) (estimate=-0.35,

ES=0.12; χ²=8.13, p=.004), l’envie de trouver les bonnes réponses (MK1premier=70.70±25.81 vs.

MK2premier=60.66±29.26) (estimate=-0.40, ES=0.13; χ²=9.69, p=.002) et la confiance dans les

réponses données (MK1premier=59.26±27.31 vs. MK2premier=54.39±32.36) (estimate=-0.26, ES=0.12;

χ²=4.66, p=.03) sont plus importants lorsqu’ils sont présentés en premier. La confiance dans les réponses données est également plus importante pour les problèmes à habillage de connaissances secondaires lorsque les connaissances primaires sont présentées en premier (MK1premier=49.74±29.31 vs. MK2premier=45.99±31.17) (estimate=-0.23, ES=0.12; χ²=3.76, p=.05)

(Annexe E, Tableau E11, deuxième ligne).

Plus le niveau estimé en mathématiques est important, plus la performance (r=0.20; p<001), le fait d’aimer répondre aux questions (r=0.13; p<.001) et la confiance dans les réponses données (r=0.26; p<.001) sont fortes et moins la charge cognitive perçue est importante (r=-0.14; p<.001) (-0.003<estimates<0.008, 0.001<ESs<0.002 ; 3.56<χ²s<19.88, ps<.05) (Annexe E, Figure E3).

117 La charge cognitive manipulée influence la charge cognitive perçue sur les derniers problèmes ABC (MCC faible=46.36±26.78 vs. MCC forte=39.47±25.92) (F(1,206)=3.65, p=.05,

η²p=0.02) : les participants considèrent que les problèmes ABC sont moins difficiles et exigeants

en termes de mémoire de travail que les syllogismes avec des mots inversés. La charge cognitive manipulée (MCC faible=54.41±25.54 vs. MCC forte=61.07±25.54) (F(1,206)=4.69, p=.03, η²p=0.02) et

l’ordre de présentation des types de connaissances (MK1premier=54.10±23.81 vs.

MK2premier=60.99±26.16) (F(1,206)=4.30, p=.04, η²p=0.02) influencent la charge cognitive perçue

sur l’ensemble de l’étude. Plus le niveau estimé en mathématiques est important, plus la confiance dans les réponses aux questions ABC est forte (r=0.17, p<.001).

L’expérience 7 conforte l’hypothèse d’une influence positive des connaissances primaires par rapport aux connaissances secondaires avec des syllogismes neutres. Les résultats concernant l’impact de la charge cognitive manipulée semblent aller dans le sens de la théorie de la charge cognitive : une charge cognitive manipulée forte diminue les performances, l’engagement et la confiance des participants. Tout comme les expériences 4b et 5, les problèmes ABC sont perçus comme moins difficiles que les syllogismes avec mots inversés. De plus, sur l'ensemble de l'étude, le fait d'inverser l'ordre des mots entraîne une charge cognitive perçue plus forte. Ces deux résultats valident le fait que l'inversion des mots implique une charge additive en mémoire de travail. Concernant l’influence de l’ordre de présentation des connaissances, présenter des connaissances primaires en premier semblerait augmenter l’engagement émotionnel et la confiance dans les réponses alors que présenter des connaissances secondaires en premier minerait la motivation des participants. De plus, la charge cognitive perçue est plus faible lorsque les connaissances primaires sont présentées en premier. Présenter les connaissances primaires en premier (et non des connaissances secondaires) ne saperait donc pas la motivation et diminuerait la charge cognitive perçue pour un même matériel.

Afin de clarifier les influences respectives des types de connaissances et de conforter nos observations, une analyse groupée a été menée sur l’ensemble des huit études de cette première partie empirique.

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