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5.1 Influence des connaissances primaires et secondaires dans la résolution de problèmes

5.1.8 Expérience 6

5.1.8.1 Participants et procédure

Les participants sont 102 élèves de collège/lycée de la région toulousaine (46 hommes, 56 femmes ; âge moyen 14.37 ans ±1.46) ; 19 participants ont été écartés des analyses car ils ont montré des signes qui ont pu faire douter de leur implication dans la tâche (perturbation des autres élèves, croix à l’extérieur des cases à répétition, etc.). Le niveau moyen estimé en mathématiques des participants est de 55.46/100 (±25.39) et ils déclarent aimer faire des jeux de

108 logique à 66.09/100 (±28.56), 76% (n=78) n’ont jamais joué à des jeux de logique ou très rarement.

Le matériel, la procédure et les analyses sont similaires à ceux de l’expérience 5 mais au lieu d’une inversion de l’ordre des mots, une Dot Memory Task a été utilisée comme tâche de charge cognitive (comme dans l’expérience 3). Concernant la répartition par modalités croisées, 51 participants ont été exposés à des problèmes à habillage de connaissances primaires en premier (27 avec une charge cognitive forte, 24 avec une charge cognitive faible) et 51 participants ont été exposés à des problèmes à habillage de connaissances secondaires en premier (28 avec une charge cognitive forte, 23 avec une charge cognitive faible).

5.1.8.2 Résultats et discussion

La Dot Memory Task est réussie à 97.87% (±11.36) pour la modalité de charge cognitive faible et à 65.45% (±25.05) pour la modalité de charge cognitive forte (t(100)=17.23, p<.001). Le type de connaissances n’influence pas la réussite à la Dot Memory Task (p=.26).

Par rapport aux connaissances secondaires, les connaissances primaires entraînent une performance et une confiance dans les réponses données plus importantes ainsi qu’une charge cognitive perçue plus faible (Table 10 et Figure 11). Elles ont également tendance à entraîner un plaisir à la tâche plus important.

Tableau 10 : Résultats des modèles linéaires complets à effets mixtes concernant l’influence des deux types de connaissances sur les variables dépendantes de l’expérience 6. Les analyses sont décrites avec les moyennes (M) et les écarts-types (σ).

Connaissances primaires Connaissances secondaires χ² p

M σ M σ

Performance 59.93 32.20 44.12 26.30 41.88 <.001 Aimer répondre aux questions 57.22 38.71 54.26 29.05 3.38 .06 Envie de trouver les bonnes réponses 69.35 26.77 67.28 26.95 1.87 .17 Confiance dans les réponses données 58.51 30.26 52.96 30.02 11.44 <.001 Charge cognitive perçue 38.02 23.90 40.77 23.96 3.76 .05

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Figure 11 : Résultats des modèles linéaires complets à effets mixtes concernant l’influence des deux types de connaissances sur les variables dépendantes de l’expérience 6. Les moustaches représentent 95% de l’estimate et l’intervalle de confiance (IC) (la modalité de référence est « connaissance secondaire »).

Les syllogismes non conflictuels (M=67.52±25.71) sont mieux réussis que les syllogismes conflictuels (M=36.52±26.65) (estimate=-1.02, ES=0.08 ; χ²=161.08, p<.001). L’interaction entre le type de syllogisme et la charge cognitive manipulée est significative (χ²=11.00, p=.001) : une forte charge cognitive manipulée augmente les performances pour les syllogismes non conflictuels (MCC faible=62.76±25.06 vs. MCC forte=71.59±25.67) (estimate=0.32, ES=0.13 ;

χ²=6.26, p=.01) et a tendance à diminuer les performances pour les syllogismes conflictuels (MCC faible=40.16±24.92 vs. MCC forte=33.41±27.78) (estimate=-0.29, ES=0.17 ; χ²=2.78, p=.09) (Figure

12a). L’effet d’interaction entre le type de syllogisme et le type de connaissances (χ²=17.40, p<.001) rend compte d’un impact plus important du type de connaissances sur la performance des syllogismes non conflictuels (MK1=80.39±21.00 vs. MK2=54.66±23.53) (estimate=-1.00,

ES=0.11 ; χ²=87.40, p<.001) que sur celle des syllogismes conflictuels (MK1=39.46±28.24 vs.

MK2=33.58±24.75) (estimate=-0.22, ES=0.09 ; χ²=6.18, p=.01) (Figure 12b). Les syllogismes non

conflictuels sont mieux réussis qu’il s’agisse de connaissances primaires (Mnon conflit=80.39±21.00 vs. Mconflit=39.46±28.34) (estimate=-1.27, ES=0.11 ; χ²=139.04, p<.001) ou

secondaires (Mnon conflit=54.66±23.53 vs. Mconflit=33.58±24.75) (estimate=-0.80, ES=0.13 ;

χ²=39.06, p<.001). L’interaction entre la charge cognitive manipulée et le type de problème est marginalement significative dans le cadre d’un habillage de connaissances primaires (χ²=2.89, p=.09) et significatif dans celui d’un habillage de connaissances secondaires (χ²=8.72, p=.004) (Figure 12c). Pour un habillage de connaissances secondaires, une charge cognitive forte

110 influence positivement les performances dans les problèmes non conflictuels (MCC faible=48.94±20.16 vs. MCC forte=59.54±25.23) (F(1,97)=6.05, p=.01, η²p=0.06) et marginalement

négativement dans les problèmes conflictuels (MCC faible=38.30±24.92 vs. MCC forte=29.54±24.10)

(F(1,97)=3.32, p=.07, η²p=0.03). Le type de syllogisme n’influence significativement aucune

autre variable d’intérêt.

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Figures 12 : Expérience 6. Interactions entre le type de syllogisme et a) la charge cognitive manipulée, b) le type de connaissances et c) la charge cognitive manipulée et le type de connaissances sur la performance des participants. Les boîtes représentent la moyenne et 95% de l’intervalle de confiance.

Une charge cognitive manipulée forte diminue la confiance dans les réponses données (MCC faible=62.20±29.68 vs. MCC forte=50.21±29.66) (estimate=-0.33, ES=0.15 ; χ²=4.51, p=.04). Cet

effet est uniquement observé pour les problèmes à habillage de connaissances secondaires (MCC faible=60.14±29.73 vs. MCC forte=46.82±29.01) (estimate=-0.39, ES=0.16 ; χ²=5.83, p=.01) (Annexe

E, Tableau E10, première ligne).

Les participants aiment davantage répondre aux questions (MK1premier=60.48±28.34 vs.

MK2premier=51.00±28.70) (estimate=-0.35, ES=0.17; χ²=4.16, p=.04) et ont davantage confiance en

leurs réponses (MK1premier=63.28±28.39 vs. MK2premier=48.19±30.20) (estimate=-0.48, ES=0.15;

χ²=9.65, p=.002) lorsque les problèmes à habillage de connaissances primaires sont présentés en premier. Particulièrement, concernant les problèmes à habillage de connaissances primaires, le plaisir à effectuer la tâche (MK1premier=62.50±27.92 vs. MK2premier=51.95±28.64) (estimate=-0.39,

ES=0.19; χ²=4.23, p=.04) et la confiance (MK1premier=66.95±27.68 vs. MK2premier=50.06±30.50)

(estimate=-0.56, ES=0.17; χ²=11.07, p=.001) sont plus grands quand ces problèmes sont présentés en premier. La confiance dans les réponses données aux problèmes à habillage de connaissances secondaires est aussi plus importante lorsque les problèmes de connaissances primaires sont présentés en premier (MK1premier=59.60±28.74 vs. MK2premier=46.32±29.93)

(estimate=-0.41, ES=0.16; χ²=6.27, p=.01) (Annexe E, Tableau E10, deuxième ligne). c)

112 Plus le niveau estimé en mathématiques est important, plus la confiance dans les réponses données (r=0.22; p=.001 ; estimate=0.010, ES=0.003 ; χ²=9.83, p=.002) est forte (Annexe E, Figure E3).

Concernant les derniers problèmes ABC, les problèmes sont marginalement mieux réussis lorsque la charge cognitive est forte (MCC faible=47.87±23.03 vs. MCC forte=56.36±21.48)

(F(1,96)=3.57 ; p=.06; η²p=0.04) dénotant d’une implication dans la tâche plus forte lorsque la

matrice de la Dot Memory Task est plus complexe. La charge cognitive ressentie sur l’ensemble de l’étude est plus importante lorsque la charge cognitive manipulée est forte (MCC faible=34.68±22.52 vs. MCC forte=46.55±18.28) (F(1,96)=10.02 ; p=.002; η²p=0.09) validant la

procédure Dot Memory Task. L’ordre de présentation ne semble pas avoir eu d’influence sur les variables des derniers problèmes. Plus le niveau estimé en mathématiques est important, plus le plaisir à répondre aux questions ABC (r=0.25, p<.001) est élevé et moins la charge cognitive perçue sur ces problèmes est forte (r=-0.25, p<.001) ainsi que la charge cognitive sur l’ensemble de l’étude (r=-0.29, p<.001).

L’expérience 6 réplique les résultats précédents concernant l’influence positive des connaissances primaires sur la plupart des variables et l’impact négatif de la présentation des connaissances secondaires en premier qui minent le plaisir ressenti et la confiance dans les réponses données. Elle confirme également que, par rapport aux syllogismes non conflictuels à habillage de connaissances primaires, les performances aux syllogismes non conflictuels à habillage de connaissances secondaires sont diminuées. Ce résultat est un argument en faveur de l’hypothèse que les connaissances secondaires entraînent une sensation de conflit parasite et que cette sensation (i) n’est pas suffisante pour activer la réponse du système 2 ou (ii) empêche le système 2 de finir son processus. L’expérience 6 rend aussi compte d’une interaction entre le type de syllogisme et la charge cognitive manipulée : les performances sont meilleures pour les problèmes non conflictuels lorsque la charge cognitive est forte (résultat qui a tendance à s’inverser pour les problèmes conflictuels). De manière générale, ce résultat illustre ce qui a été observé lors des passations : les participants étaient beaucoup plus concentrés lorsque la tâche de Dot Memory Task était complexe. Il est aussi possible que cette meilleure performance avec une charge cognitive forte soit liée à l’activation et à la complétion du processus du système 2 (système 2 activé par la sensation de conflit lié à la charge cognitive forte et complétion lors de

113 problèmes non conflictuels). Il est aussi intéressant de noter que l’impact de la charge cognitive manipulée est plus marqué pour les syllogismes conflictuels à habillage de connaissances secondaires que pour les syllogismes conflictuels à habillage de connaissances primaires. Les connaissances secondaires nécessiteraient donc bien plus de ressources cognitives et gêneraient la mise en place du système 2 (sensation parasite et doute).

Afin de confirmer l’influence positive d’un habillage de connaissances primaires sur les performances, mais aussi sur l’engagement émotionnel et cognitif, la confiance et la charge cognitive perçue, une dernière étude, menée avec des étudiants, utilise des syllogismes neutres. L’expérience 7 sert également de base pour le matériel des expériences de la deuxième partie.