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L’un des questionnements sous-jacents à cette recherche était l’utilisation des ressources qui offrent des services de santé et sociaux exclusifs aux Autochtones de la ville de Québec. Il est important de rappeler que toutes les participantes résident en dehors de la communauté de Wendake, ce qui leur enlève l’accès à certains organismes tels que le comptoir alimentaire Agoshin, le centre de développement de la formation et de la main-d’œuvre huron- wendat (CDFM) ainsi que le Centre de santé Marie-Paule-Sioui-Vincent.

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Toutefois, ils ont accès à d’autres services tels que le Centre d’amitié autochtone de Québec, Habitas Métis du Nord et la maison communautaire Missinak. La moitié des participantes ont déjà utilisé au moins un de ces services. Cette section met en lumière les facteurs qui influencent la fréquentation de ces services ainsi que les expériences, positives et négatives, des participantes à l’intérieur de ces derniers.

Les trois participantes qui n’ont pas utilisé de services exclusifs aux Autochtones l’ont fait pour différentes raisons. L’une des participantes a mentionné ne pas fréquenter ces services parce que d’une part, elle ne s’identifie pas beaucoup comme Autochtone et, d’autre part, parce qu’elle n’a pas de difficulté à utiliser les services non autochtones. Toutefois, elle considère que les services exclusifs aux Premières Nations ont leur place à Québec, surtout pour les personnes qui proviennent de communautés plus éloignées pouvant être davantage exposées à un choc culturel.

« J’ai souvent dit que je suis bilingue culturel. Souvent, je dis que j’suis bilingue culturel français/québécois parce que ça m’arrive plus souvent de rencontrer des Québécois, mais quand je rencontre un Autochtone, je suis capable de comprendre sa réalité. J’suis un peu trilingue québécois/français/autochtone donc, dans ce sens-là, naviguer dans le système québécois ou le système autochtone, ou français, pour moi ça se fait facilement. » (Mélanie)

Nicole partage aussi l’idée que ces services sont essentiels et considère qu’il en faudrait même plus. En effet, selon elle, il peut y avoir une distance culturelle déstabilisante entre les manières de faire autochtones et allochtones, particulièrement pour les personnes provenant de communautés plus éloignées. D’autres participantes ont mentionné que, comme la barrière de la langue peut être un obstacle à l’utilisation des services de santé et sociaux non autochtones, la présence de services exclusifs aux Premières Nations est essentielle, considérant que le nombre

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d’accompagnateurs/interprètes disponibles actuellement dans la ville de Québec est insuffisant.

« Moi je trouve que c’est important. Je pense que les Autochtones qui débarquent en ville s’arrachent un peu de leurs milieux de protection. C’est très difficile pour la plupart d’entre eux de trouver des gens qui leur ressemblent. Ça a sa place. Comme il y a des centres pour femmes. » (Mélanie)

« Un Autochtone dans un gros CLSC ou dans un gros système médical, c’est dur à suivre. (…) C’est trop vite, ce n’est pas à son rythme. » (Nicole)

Gérald affirme ne pas avoir utilisé les services exclusifs aux Autochtones étant donné qu’il a un médecin de famille qu’il apprécie et qu’il n’a pas eu d’autres besoins pour le moment. Yannick, quant à lui, ne connaissait pas les services disponibles aux Premières Nations de la ville de Québec, mais est ouvert à en apprendre davantage.

Certaines participantes qui ont utilisé des services sociaux autochtones ont eu de mauvaises expériences. Il leur était difficile d’expliquer avec précision pour quelles raisons elles n’avaient pas aimé leur expérience. Leur mécontentement était davantage lié à l’accueil des employés de l’organisme et à l’ambiance générale qu’à la nature des services. Certaines se sont senties mal à l’aise devant la manière dont les employés les regardaient tandis que d’autres ont trouvé l’ambiance peu chaleureuse. Voici quelques commentaires entendus sur le sujet.

« Quand tu rentres là, te n’es pas bien accueillie. Moi, je n’ai jamais aimé l’ambiance qu’il y avait là-bas. »

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Par contre, deux participantes sont satisfaites des services qu’elles ont reçus à l’intérieur d’organismes exclusifs aux Autochtones de la ville de Québec. Renée, qui a expérimenté quelques thérapies de groupe et visité plusieurs organismes allochtones et autochtones, mentionne que la thérapie qu’elle a préférée en était une exclusive aux Premières Nations. En effet, elle a apprécié les ateliers avec des aînés qui enseignaient aux femmes les savoirs autochtones liés à la médecine traditionnelle (ex. : plantes) et l’art (ex. : confection d’un attrapeur de rêves).

« Moi, la meilleure thérapie que j’ai faite c’était juste avec des Autochtones. Les ancêtres, à tous les soirs, venaient nous apprendre les racines à utiliser plantes pour guérir les blessures, les coupures. Tu sais, les ancêtres venaient nous apprendre quelque chose à tous les soirs. » (Renée)

Bref, les participantes fréquentent peu les services destinés exclusivement aux Autochtones parce que le réseau de la santé et de services sociaux allochtones répond déjà à leurs besoins. Toutefois, les participantes considèrent que ces services sont essentiels pour les personnes provenant de l’extérieur, et plus particulièrement des communautés éloignées. Ces ressources, selon elles, leur permettent d’être moins « dépaysés » par les manières de faire « occidentales », qui peuvent parfois être très différentes de celles expérimentées dans leur communauté, et de recevoir des services dans leur langue. Ils peuvent également y rencontrer des personnes vivant la même réalité qu’eux et ainsi faciliter la création d’un réseau social. Même si quelques participantes ont vécu de mauvaises expériences, elles ont une opinion favorable envers ce type de services.

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4.6. Interactions entre les professionnels non autochtones et les