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Ce sont dix adultes âgés de 32 à 59 ans, soit huit femmes et deux hommes, qui ont été rencontrés pour cette recherche; cinq dans le cadre d’entrevues individuelles et cinq lors d’un groupe de discussion. C’est par l’intermédiaire de deux organismes communautaires ainsi que par référence qu’il a été possible d’entrer en contact avec eux.

La majorité a vécu dans une communauté autochtone avant de venir s’établir dans la région de Québec et a, par le fait même, différentes séquences et motivations migratoires. De la poursuite des études à la fuite des conditions conjugales difficiles dans leur communauté, certaines des participantes ont connu un choc culture en arrivant à Québec, d’autres non. L’aspect qu’elles ont en commun, c’est qu’elles fréquentent toutes sur une base régulière le réseau de la santé et de services sociaux, soit pour des rendez-vous médicaux annuels ou pour aller chez le dentiste. Les ressources communautaires non autochtones sont peu utilisées, tandis que la moitié des participantes ont déjà fréquenté au moins une fois un organisme exclusif aux Autochtones. Elles ont vécu des expériences variées à l’intérieur de tous ces services allant de la satisfaction à la perte de confiance envers les services rendus.

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Finalement, selon le discours des répondants, les professionnels de la santé et des services sociaux devraient avoir de l’empathie, miser sur une relation égalitaire, prendre en considération les différences culturelles, être disponibles et s’assurer que les services soient rendus avec continuité.

Le tableau 2 présente la nation et la communauté autochtone à laquelle les participantes appartiennent. On constate que six sont Innues, deux possèdent une identité métisse composée de la culture huronne-wendat ou innue et québécoise, une est à la fois Québécoise, Française et Innue et finalement, une est d’origine innue et abénaquise. Trois n’ont jamais résidé dans la communauté autochtone associée à leurs racines culturelles, mais l’une d’elles a demeuré pendant trois ans dans une communauté crie située dans le Nord-du-Québec et une autre a eu un conjoint qui demeurait dans une communauté située au Lac-Saint-Jean et y a séjourné à plusieurs reprises.

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Tableau 2. La nation et la communauté autochtone d’origine des participantes

Répondant* Nation Communauté

Gérald Huronne-Wendat (Métis) -

Nicole Innue et Abénaquise -

Mélanie Innue (et Française) (Métis) -

Fanny Innue Pessamit

Ève Innue Pessamit

Renée Innue (Métis) Maliotenam

Édith Innue Mashteuiatsh

Joannie Innue Matimekush

Anne Innue Matimekush

Yannick Innue Mashteuiatsh

 Pour préserver l’anonymat, les prénoms ont été modifiés.

Toutes les participantes vivaient « hors réserve », c’est-à-dire à l’extérieur d’une communauté autochtone, au moment de la collecte d’information. Mais avant de s’établir de manière permanente dans la région de Québec10, elles

ont connu différentes séquences migratoires : aller-retour entre leur communauté d’origine et Québec, établissement dans une autre ville, séjour dans une autre communauté autochtone. Huit participantes sur dix se sont établies dans la région de Québec il y a plus de cinq ans.

Diverses motivations ont mené les participantes à partir de leur communauté d’origine; elles sont mentionnées au tableau 3. On constate que la motivation migratoire la plus courante est la poursuite des études (secondaires, collégiales, universitaires ou professionnelles). La seconde est la recherche d’une meilleure qualité de vie en fuyant la violence conjugale vécue dans le

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La région de Québec fait référence à deux régions administratives, soit celle de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches.

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ménage. Une répondante mentionne avoir déménagé à Québec afin de se rapprocher des services sociaux pour son fils atteint d’une déficience intellectuelle.

Tableau 3. Les motivations migratoires ainsi que le nombre d’années d’établissement dans la région de Québec des participantes

Prénom

Motivation migratoire Nombre d’années de

résidence

Gérald - 20

Nicole - 20

Mélanie - 19

Fanny Fuir violence conjugale 5

Ève Études (Collégiales) 5

Renée Études (Collégiales) 27

Édith Fuir violence conjugale 1

Joannie Études (Secondaires et professionnelles) 8

Anne Se rapprocher des services sociaux pour son fils

atteint d’une déficience 8

Yannick Suivre conjointe et études (Universitaires) 4

Pour fournir un portrait plus précis des participantes, la situation de chacune a été résumée en quelques lignes afin d’avoir un portrait plus clair de leur expérience. Cette information nous apparaît utile pour une meilleure compréhension des informations qui sont présentées dans les pages qui suivent.

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 Gérald est âgé de 59 ans. Il est Métis et partage la culture huronne- wendat et québécoise. Il est originaire de Montmagny et n’a jamais résidé dans une communauté autochtone. Il a habité à Lévis, Trois- Rivières, Montréal et a visité une trentaine de pays avant de venir s’établir à Québec en 1986. Il a un médecin de famille et visite au besoin son dentiste et son optométriste. Il n’a jamais fréquenté de ressources exclusives aux Autochtones.

 Nicole est âgée de 65 ans. Elle partage la culture innue et abénaquise. Elle a été adoptée en bas âge par une famille de Québec et n’a jamais résidé dans sa communauté d’origine. Toutefois, elle a habité plusieurs années à Chisasibi et fréquente régulièrement les autres communautés. Elle habite la région de Québec depuis maintenant une vingtaine d’années. Elle a un médecin de famille et a complété une thérapie de couple dans un Centre local de santé communautaire (CLSC) en octobre 2016. Elle fréquente aussi une ressource exclusive aux Premières Nations.

 Mélanie est âgée de 38 ans. Elle est Métis et partage la culture innue, québécoise et française. Elle est originaire de Lévis et n’a jamais résidé dans une communauté autochtone. Elle habite Québec depuis 19 ans. Elle a mentionné avoir utilisé les services de son médecin de famille ainsi que ceux de la résidente qui lui était associée depuis son arrivée à Québec. Elle a aussi utilisé les services de l’urgence à l’hôpital pour son fils et a consulté son dentiste. Elle n’a jamais utilisé des services exclusifs aux Autochtones.

 Fanny est âgée de 36 ans. Elle est Innue et originaire de Pessamit. Elle habite Québec depuis maintenant cinq ans, mais demeurait à

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Maliotenam, près de Sept-Îles, avant son déménagement. Elle est venue s’établir à Québec afin de fuir la violence conjugale. Elle a visité le Centre de Réadaptation intellectuelle de Québec (CRDI), l’Institut de Réadaptation en Déficience Physique de Québec (IRDPQ), le CLSC ainsi qu’un organisme communautaire allochtone. Elle a un médecin de famille et visite le dentiste chaque année. Elle a aussi fréquenté deux ressources exclusives aux Autochtones.

 Ève est âgée de 33 ans et est originaire de Pessamit. En 2001, elle est venue s’établir à Québec pour repartir trois ans plus tard dans sa communauté. En 2005, elle est revenue à Québec pour une période d’un an et est repartie à Pessamit jusqu’en 2007 pour ensuite revenir à Québec de manière permanente. Elle est venue ici afin de poursuivre des études collégiales. Elle a mentionné avoir fréquenté le CLSC pour y voir une intervenante sociale, ainsi que des cliniques sans rendez-vous pour des raisons de santé. Elle visite aussi annuellement son dentiste.

 Renée est âgée de 45 ans. Elle est Métis et partage la culture innue et québécoise. Elle a quitté sa communauté à l’âge de 18 ans afin de venir s’établir à Québec pour poursuivre des études collégiales. Elle a utilisé plusieurs services depuis son établissement à Québec, dont le CLSC afin d’y voir un psychologue ainsi qu’un travailleur social et pour participer à un groupe de soutien. Elle a un médecin de famille et voit actuellement un psychiatre. Elle a fréquenté deux organismes communautaires pour des services d’hébergement et de soutien. Elle a aussi visité des organismes autochtones pour de l’aide au logement, à l’emploi et alimentaire. Elle fait partie du mouvement des Alcooliques Anonymes (AA).

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 Édith est âgée de 32 ans. Elle est Innue et originaire de Mashteuiatsh. En 2004, elle est venue s’établir pendant six ans à Québec pour ensuite retourner vivre dans sa communauté. Elle a décidé de revenir à Québec en 2015, pour fuir la violence qu’elle et ses enfants subissaient de la part de son conjoint. Elle a utilisé plusieurs services sociaux lors de son premier déménagement à Québec, tels que le CLSC et le Centre jeunesse de Québec. Elle a aussi utilisé ceux de l’urgence pour son fils et voit un optométriste et un dentiste au besoin. Elle a déjà fréquenté deux organismes communautaires autochtones.

 Joannie est âgé de 33 ans. Elle est Innue originaire de Matikemush près de Schefferville. Il y a huit ans, elle est venue s’établir à Québec afin de terminer ses études secondaires professionnelles (DEP). Depuis son arrivée à Québec, elle a fréquenté plusieurs ressources telles que le Centre jeunesse de Québec, le CLSC, le service de l’urgence à l’hôpital et un podiatre. Elle fréquente aussi un organisme autochtone.

 Anne est âgée de 48 ans. Elle est Innue de Matikemush. Elle a déménagé à Sept-Îles pour ensuite venir s’établir à Québec en 2008. Elle voulait se rapprocher des services sociaux pour son fils ayant une déficience intellectuelle, et ce, pour qu’il puisse poursuivre ses études dans une école spécialisée. Elle a fréquenté le CLSC, Centre de Réadaptation en Déficience Intellectuelle de Québec (CRDI), ainsi qu’un organisme autochtone.

 Yannick est âgé de 33 ans. Il est Innu et originaire de la communauté de Mashteuiatsh. Il habite Québec depuis maintenant trois ans, mais a déjà demeuré à Chicoutimi auparavant. Il a décidé de déménager à Québec afin de suivre sa conjointe de l’époque et poursuivre des études

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de niveau supérieur (baccalauréat). Il a mentionné avoir visité un CLSC depuis la dernière année afin d’y rencontrer un travailleur social ainsi que pour participer à un groupe de soutien. Il a aussi mentionné avoir rencontré un dentiste. Il n’a jamais utilisé de services exclusifs aux Autochtones.

Bref, l’échantillon est composé majoritairement de femmes et la plupart des participantes est d’origine innue. Toutes résident « hors réserve », c’est-à-dire à l’extérieur d’une communauté autochtone et habitent un milieu urbain de la région de Québec depuis au moins quatre ans. Leur parcours ainsi que leurs motivations migratoires sont variés, allant de la poursuite des études à la recherche d’une meilleure qualité de vie.