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Les exceptions de nullité

L’EXCEPTION DE PROCÉDURE, UNE DEMANDE

LE REJET DE LA QUALIFICATION DE MOYEN DE DÉFENSE

2- Les exceptions de nullité

104. Les exceptions de proc du e so t solu e t d i itiati e p i e. Elles e o stitue t pas des o e s de d fe se e e u elles e o stitue t pas u e e lusi it du d fe deu e o e oi s elle d u e pa tie e positio de d fe se. Ce o stat est soute u da s u e certaine mesure par une partie de la doctrine conduite par M. Guinchard. En effet, cet auteu soute u pa M es Chai ais et Fe a d o se e au sujet de la ullit u il doit apparaître normal que « toutes les fois ue l i gula it p se te u a a t e d o d e pu li

(nullité de fond et parfois même, pensons- ous, ullit de fo e l e eptio dev ait logi ue e t pouvoi t e soulev e pa les deu pa ties afi ue l i sta e soit régularisée.»361.

105. De son côté, Mme Chainais observe en ce qui concerne la nullité présentant un a a t e d o d e pu li , ue « dans ce cas, la sanction pourra être invoquée non seulement

par la partie protégée par la règle, mais aussi par toute partie, y compris, paradoxalement, elle ui a a o pli l a te ul »362. Ces p opos d auteu s ui puise t leur fondement dans la

gula isatio de l i sta e atteste t e o e u e fois, si besoin en était, que les exceptions de procédure ne sont pas exclusivement réservées au défendeur ou à une partie en position de défense et donc ne constituent pas des moyens de défense, du oi s lo s ue l e eptio de ullit est soule e pa la pa tie ui a a o pli l a te ul. O o se e ie ue es

360La Cou de assatio se le a oi aussi u e telle o eptio de l e eptio dilatoi e V. Cass. re civ., 14 mai

2014, n°13-19.329, FD : JurisData n°2014-01.0009, Procédures 2014, n°198.

361 S. Guinchard, C. Chainais et F. Ferrand, Procédure civile, op. cit. n°972

362 C. Chainais, « les sanctions en procédure civile : à la e he he d u la ie ie te p », in les sanctions

86 auteu s o t pas a to la possi ilit pou le de a deu de soule e l e eptio au h poth ses où il s agi ait seule e t d u e ullit de fo d, ais ils l o t gale e t te du au as de ullit pou i e de fo e. A es auteu s d ajoute , « on songe spécialement au

as de d faut de apa it ou de pouvoi , ie u e d oit ivil o e seig e u il s agit de nullité de protectio , d i t t p iv . Nous avo s d jà p opos d adopte u poi t de vue diff e t e p o du e ivile, pou pa ve i à do e plus de solidit au appo t d i sta e, notamment au premier degré …»363. Les propos de ces auteurs présentent un tel intérêt

u ils ite t ue l o s atta de. D a o d, ils o se e t ue leu s suggestio s e so t valables que pour les hypothèses de vices de forme ou de fond présentant un caractère d o d e pu li . Cepe da t e so t les otifs a a s pou justifie es p opos ui etiennent plus l atte tio : « do e plus de solidit au appo t d i sta e ». Et pour y parvenir, il faut « adopter un point de vue différent en procédure civile ». Ainsi la nullité en cette matière ne devrait pas être une nullité de protection et donc seulement ouverte à la partie à laquelle l i gula it fait g ief ; elle doit t e ou e te à toutes les pa ties. Quoi u il e soit, ap s es p opos d auteu s, il appa aît ie diffi ile d ad ett e ue l e eptio de ullit puisse t e encore un moyen de d fe se. D u e pa t, elle ne vise pas le rejet de la prétention adverse ais la gula isatio de l i sta e, d aut e pa t, ie e de ait s oppose à e u elle puisse être soulevée par toutes les parties y compris la partie en position de demandeur principal à l a tio .

106. Quoi u il e soit o e peut plus affi e aujou d hui o e u auteu au sujet de l e eptio ue « est toujou s u d fe deu ui e e he he pas si la de a de est ou o

fo d e, ais ui se o e à eta de ou à a a ti l i sta e par un moyen tiré soit de la manière dont il a été attaqué soit de la faveur de sa position »364.

107. On peut admettre cependant, avec André Damase Joccoton, que les exceptions de procédure dans leur diversité permettent « simplement de régulariser la position du juge et

des plaideu s, de ett e la ause e tat d t e jug e »365. Et prises donc sous ce rapport,

elles doivent être ouvertes à toutes les parties y compris celles en position de demandeur p i ipal à l a tio . Il est o testa le d oi des o e s de défense.

363 Ibid.

364 Ph. Duchesneau, Des exceptions, thèse préc., p. 4

87 108. Les da teu s du Code de p o du e i ile o t fait de l e eptio de p o du e u o e de d fe se u à t a e s so positio e e t da s le ode. L a ti le du Code de procédure civile à la différence des articles 71 et 122 ayant consacré respectivement la défense au fond et la fin de non-recevoir d fi it l e eptio o e « tout moyen qui tend à

faire déclarer la procédure irrégulière ou éteinte ou à en suspendre le cours ». De cette

d fi itio il appa aît lai e e t ue e o e est pas o ie t e s u e pa tie u elle fut- elle en défense ou en demande. Si comme le distingue Henri Motulsky, il doit apparaître normal de distinguer dans un procès la a he de la p o du e, l a tio , le d oit366, il doit

apparaître également normal de préciser ue l a tio et le d oit su je tif à la différence de la a he de la p o du e o t tous deu u titulai e, e ui se o p e d ais e t a e l id e de d fe se. Pa o t e, la a he du p o s e isag e o e u e su essio d a tes de procédure incombe à toutes les parties, e ue p ise t d ailleu s les a ti les et du Code de procédure civile.

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109. O ie t de le oi , l e eptio de p o du e e satisfait aucun critère des moyens de d fe se. Pou l esse tiel, il a deu aiso s fo da e tales ui a e t à doute de la ualifi atio de o e de d fe se o f e à l e eptio de p o du e. D a o d, l e eptio de p o du e e satisfait pas le it e fo el des moyens de défense en cela u elle est pas e lusi e e t se e au d fe deu . Les règles qui dans le Code de p o du e i ile o ga ise t es e eptio s de p o du e e o t pas se l i itiati e au seul défendeur. Cette a se e d e lusit au p ofit du d fe deu est d ailleu s ad ise par la doctrine majoritaire et dans une certaine mesure par la jurisprudence. Le de a deu à l a tio p i ipale peut p e d e l i itiati e d u e e eptio de p o du e, on ne peut soutenir, en pareille occurrence, quil soulève un moyen de défense. La seconde raison, plus fondamentale que la première, qui amène à repousser la ualifi atio de o e de d fe se est u à la diff e e des « vrais moyens de défense », que sont les défenses au fond et les fins de non-recevoi , l e eptio de p o du e e ise pas à proprement parler le rejet de la prétention adverse. On observe ainsi que

88 l e eptio de p o du e ne satisfait non plus le critère fonctionnel des moyens de d fe se. Cette si gula it de l e eptio de p o du e se déduit aisément des différentes définitions consacrées par les rédacteurs du Code de procédure civile aux moyens de défense.

110. Il est vrai, on ne peut le nier, dans la catégorie des exceptions de procédure, celles quo e a367, sont oppos es à l ouve tu e de l i sta e s appa e te t à des o e s de

défense, mais de là à étendre ce qualificatif à toute la catégorie, il y a u un pas à ne pas

f a hi . E uoi l e eptio de o e it se ait-elle un moyen de défense ? L id e suivant laquelle les exceptio s dilatoi es ti es de l e e i e d u e ou s e t ao di ai e ou de la règle « le i i el tie t le ivil e l tat » seraient des moyens de défense ne o ai pas. Seul le gi e au uel la plupa t d e t e elles o t t sou ises e d diffi ile la possibilit pou le de a deu à l a tio p i ipale de s e p aloi . En somme, les t aits ui pa ti ula ise t l e eptio de p o du e da s la at go ie des o e s de d fe se l e loig e t et la app o he t de elle des de a des, est e u il faut à présent examiner.

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CHAPITRE 2 :

L’AFFIRMATION DE LA QUALIFICATION DE DEMANDE

111. O ie t de oi , pou di e ses aiso s, ue l e eptio de p o du e est pas u o e de d fe se. E he ha t da a tage à la a a t ise , o o state u elle p se te tous les att i uts d u e de a de, l e eptio de p o du e est u e de a de. Mais la otio même de demande semble controversée en doctrine368. Cependant, de toutes les définitions

proposées, deux constances émergent : la demande est un « acte » juridique par lequel une partie soumet au juge une « prétention ». C est aussi le se s ete u pa le o a ulai e juridique publié sous la direction de Gérard Cornu369. L e eptio de p o du e, o le e a,

s asso ie pa faite e t a e ette d fi itio . Ai si, l e eptio de p océdure présente les attributs formel et matériel de la demande. Elle constitue donc un acte à la seule initiative des parties (section 1), par lequel, celles-ci soumettent au juge une prétention (section 2).

368 Cette otio est loi de fai e l u a i it . La d fi itio de la de a de a ie d u auteu à l aut e. V. J. H o

et Th. Le Bars, Droit judiciaire privé, op. cit. n° 114 « La de a de, est l a te p o essuel par lequel le juge est saisi d u e p te tio » ; S. Guinchard, C. Chainais et F. Ferrand, Procédure civile, op. cit., n° 290 « la demande e justi e est l a te ju idi ue pa le uel u e pe so e sou et au juge u e p te tio » ; L. Cadiet et E. Jeuland, Droit judiciaire privé, op. cit., n° 461 : « la de a de est l a te de p o du e pa le uel u e pe so e e e e so d oit d agi e sou etta t u e p te tio au juge » ; J. Foyer et G. Cornu, Procédure civile, op. cit., n°136, spéc. P. 582 : « acte juridique par lequel une personne réclame une décision de justice sur une prétention : la demande ».

369 G. Cornu (dir.), Vocabulaire juridique. PUF. Une définition similaire est donnée par le lexique des termes

juridiques publié sous la direction MM. Guinchard et Debard : « Acte par lequel une personne soumet au tribunal une prétention». V. S. Guinchard et Th. Debard (Dir), Lexique des termes juridiques, Dalloz, 22éd. 2014-2015

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SECTION 1 : L’EXCEPTION DE PROCÉDURE, UN ACTE À L’INITIATIVE EXCLUSIVE