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EVOLUTION DES POLITIQUES ECONOMIQUES EN 1987-1988

structure du commerce par produit, 1986 Exportations

III. EVOLUTION DES POLITIQUES ECONOMIQUES EN 1987-1988

73. Le processus d' ajustement et de reformes dans les pays africains s' est poursuivi en 1988, mais non sans re-virements et reculs, comme il fallait s' y attendre. Le nombre de pays

a

avoir signe un accord avec Ie FMI temoigne de l'ampleur des efforts consentis par les gouvemements afri-cains et des difficultes auxquelles ils sont confrontes. A la fin de 1988, ils etaient 28, et au debut de 1989 d'autres pays se sont joints

a

eux, notamment Ie Nigeria qui a signe au debut de fevrier avec Ie FMI un accord de confirmation d'un montant de 475 millions de DTS. Aux pays qui ont des programmes appuyes par Ie FMI, il convient d'ajouter ceux qui appliquent des programmes de la Banque mondiale, alors que d'autres, tels quel' Angola, ont leurs propres pro-grammes. Dans I'ensemble, plus de 30 pays ont institue un programme de reformes et de stabilisation economique ou un PAS.

74. Le contenu de ces programmes varie sensiblement d'un cas

a

I'autre, mais les principaux axes ne different guere de ce qu'on peut qualifier de modeles d'ajustement du FMI et de la Banque mondiale. lIs visent surtout a ree-quilibrer Ie budget et la balance des paiements et a retablir la croissance sur des bases plus solides. La strategie consiste essentiellement

a

reorienter les structures de I' economie vers Ie marche,

a

modifier les termes interieurs de I' echange en faveur des producteurs au detriment des consommateurs et a recourir a des instruments tels que les prix, les taux de change, les taux d'interet et les impots pour controler les importations, promouvoir la production pour I' exportation et reduire les deficits budgetaires. Cette strategie est ac-tuellement appliquee dans bon nombre de pays et ses re-sultats sont contrastes, ce qui suscite inevitablement un debat sur sa faisabilite et ses couts, notamment sociaux et politiques, dont on se preoccupe au plus haut point.

75. De fait, on a de plus en plus tendance a mesurer ces couts et

a

les prendre en consideration, comme en te-moignent les resolutions adoptees a la Conference de Khar-toum en mars 1988, et les mesures prises par la Banque mondiale et Ie FMI pour en tenir compte dans leurs pro-grammes. Un bon exemple est foumi par Ie programme PAMSCAD au Ghana qui are~ul'appui de la Banque mon-diale et d' autres institutions intemationales. Ce programme doit indemniser plus de 45 000 fonctionnaires et enseignants qui seront declares en sumombre au cours des trois pro-chaines annees, et leur foumir des emplois. Les preoccu-pations

a

I' egard des repercussions sociales de I' ajustement constituent la principale raison pour laquelle I'Egypte ne parvient toujours pas

a

conclure un accord avec Ie FM!. Le probleme est surtout lie a deux facteurs essentiels : Ie sys-teme de change et les prix. Dans Ie cadre de l'accord de confirmation precedent, qui n'a ete applique qu'a moitie, Ie Gouvemement aurait du unifier son systeme de taux de change qui differe selon les types de transaction, notamment un taux officiel et un taux commercial. Ce demier taux s' est deprecie et s'etablit actuellement

a

environ 2,4 livres egyp-tiennes pour 1 dollar. Le taux officiel, maintenu

a

0,7 livre

Ie dollar, s' applique ai' importation des produits de base, aux exportations de petrole, et aux transactions liees

a

la dette, et s'utilise

a

des fins comptables. Les subventions de biens de consommation (combustibles et services publics de

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distribution) representent une proportion non negligeable du budget, et il est depuis longtemps question de les supprimer.

On les maintient cependant car leur reduction ou leur sup-pression affecterait plus directement les masses urbaines du pays. L' ampleur des hausses de prix qui en resulteraient rend la question d' autant plus difficile que les prix ont ete maintenus

a

un tres faible niveau, parfois pendant plus de lOans, et sont desormais sans aucun rapport avec les couts reels.

76. En Algerie, on a adopte au cours de l'annee des reformes de vaste portee qui conferent une plus grande au-tonomie

a

la gestion des entreprises publiques et permettent aux mecanismes du marche de jouer plus librement. La methode de planification a elle-meme ete sensiblement mo-difiee, une place nettement moins importante etant reservee au controle centralise de I'economie. Dans Ie meme esprit, Ie Gouvemement a laisse Ie dinar se deprecier a I' egard du dollar, perdant 18% de sa valeur par rapport a la moyenne de 1987. Toutefois, les preoccupations suscitees par les problemes sociaux se manifestent dans la hausse des salaires des travailleurs moins remuneres annoncee dans Ie budget de 1989, et dans I' augmentation des credits budgetaires prevus pour les depenses sociales, particulierement I' en-seignement superieur. De meme,~on a annule les hausses des prix du petrole qui devaient eiitrer en vigueur en 1989.

77. La Jamahiriya arabe libyenne a profondement mo-difie sa politique economique sans pour autant changer I' op-tique fondamentale de solidarite nationale. Le commerce prive de detail est desormais autorise, et les societes d' im-portation et d'exim-portation d'Etat ont ete dissoutes. Par ail-leurs, I' investissement dans I' economie a ete sensiblement reduit, notamment dans Ie secteur de la construction.

78. En Tunisie, Ie Gouvemement a pris de nouvelles mesures de liberalisation et se propose de liberaliser Ie marche financier et de generaliser la privatisation. II est prevu d' etablir

a

Tunis un centre financier regional qui pour-rait attirer des investisseurs de la region de la Mediterranee et du monde arabe. Le programme du Gouvemement prevoit aussi de creer de nouveaux emplois et de prendre d' autres mesures au profit des pauvres.

79. Le programme d'ajustement du Nigeria s'est aussi heurte a de graves difficultes, surtout lorsque les prix du carburant ont ete releves en avril 1988. Ces prix etaient tres faibles par rapport aux niveaux mondiaux et encourageaient certainement la surconsommation et Ie gaspillage. lIs ont ete majores dans une proportion s' echelonnant entre 6 et 50 %, ce qui a provoque de violents affrontements. Au lendemain de ces troubles, Ie mouvement de revendication s' est generalise, les travailleurs exigeant des hausses de salaires pour faire face

a

I' inflation galopante. Le Gouver-nement a cependant maintenu son programme et Ie nouveau budget 1989 annonce d'autres mesures. Le systeme du taux de change

a

ete unifie, un seul marcherempla~antdesormais Ie marche officiel de change et les marches de change au-tonomes. Dans Ie cadre du nouveau systeme, la valeur de la naira est tombee en fleche. Les prix du carburant ont ete de nouveau majores de 43%pour les automobilistes prives, et des mesures rigoureuses de controle ont ete appliquees

au credit et

a

la masse monetaire. Les credits budgetaires prevus pour Ie service de la dette ont ete majores, ce qui denote egalement I'intention du Gouvemement d'aller de l'avant avec son programme de reformes. Autre initiative d'importance egale, Ie Gouvemement a adopte une nouvelle politique d' investissement en liberalisant les dispositions du decret de promotion des entreprises nigerianes. II n' existe desormais qu 'une seule liste des entreprises qui doivent appartenir

a

des Nigerians; cependant, meme celles-ci peu-vent recevoir un investissement etranger d 'un montant mi-nimum. Les dispositions concemant Ie capital ont ete assouplies et I' approbation de nouveaux investissements a ete sensiblement acceleree. Parallelement, Ie Gouvemement a pris. des mesures speciales pour appuyer les petites entreprlses.

80. Le programme d'ajustement du Ghana a particulie-rement bien reussi. Depuis Ie debut des reformes en 1983, la croissance du PIB a ete en moyenne de 6 %par an, bien que les prix de I' or et du cacao aient flechi en 1988. Le programme se poursuit par de nouvelles mesures, notam-ment la supression des licences d' importation et I' adoption d'un code d'investissement liberal, visant

a

attirer l'inves-tissement etranger.

81. En revanche, la Sierra Leone n'a pas encore regIe son differend avec Ie FMI qui lui asupprim~tout nouveau financement. Les questions en litige ont trait

a

la devalua-tion, au volume des depenses publiques et aux prix. i\.lors que Ie FMI tenait

a

une devaluation substantielle du leone, Ie Gouvemement a choisi plutot de laisser flotter sa monnaie, qui s' est depreciee de 40%en 1988. Les salaires du secteur public ont ete majores de 77%dans Ie budget 1988/89, en raison d'un taux d'inflation particulierement eleve, bien que Ie Gouvemement se soit efforce de reduire les effectifs des

e~ployesfantomes de la fonction publique, qU,i represen-talent un maximum de 20%de la masse salariale de I' Etat.

Les problemes de contrebande et de fraude qui affectent Ie secteur minier et les societes publiques ont toutefois atteint une telle gravite qu' il est necessaire de prendre des mesures d'urgence. La contrebande massive de diamants prive Ie tresor de recettes considerables et oblige Ie Gouvemement

a

recourir

a

I' impasse budgetaire.

82. Le PAS de Ia Guinee a ete dans I' ensemble satis-faisant, Ie PIB s' etant accru de plus de 5%par an en 1987/

88. Les effectifs de Ia fonction publique ont ete reduits de 30 % depuis 1985, et Ies 130 societes commerciales d'Etat qui existaient avant avril 1984 ont ete remplacees par des entreprises commerciales privees, Ia majorite des soc:ietes industrielles etant en voie de privatisation. De meme, Ie systeme des prix a ete rationalise, et a ete en fait liberalise

a

I' exception de quelques produits «strategiques» et des tarifs des services d'interet public. La compression de la fonction publique represente naturellement une tache dif-ficile qui ne peut etre menee que de maniere progressive, etant donne ses repercussions sociales. Parallelement: aux modifications profondes de la structure de I' economie, un programme d'investissement a ete adopte pour la periode 1987/89, l' objectif de l' investissement public etant fixe

a

670 millions de dollars, soit 12% du PIB.

83. En Cote d'lvoire, OU les pouvoirs publics doivent faire face

a

une grave crise financiere (Ie service de la dette avant Ie reechelonnement pourrait atteindre 526,1 milliards de francs CFA en 1989 contre 491,1 milliards en 1986), un nouveau cadre de developpement a ete mis en place et comporte les elements suivants :

a) Un PAS visant

a

renforcer la productivite, les recettes fiscales et I' epargne interieure;

b) Un programme d'investissement public;

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c) Un programme de recherche mettant I'accent sur I' agriculture;

d) L' amelioration de I' education et de la formation;

e) La reduction de la dette exterieure ou son refinan-cement de maniere

a

liberer les ressources necessaires

a

l' investissement.

84.. Parallelement

a

sa nouvelle politique, la Cote d' IvOlre a s?ul.eve~n 198.8 une questi?n d' interet vital pour les pays afrlcalns, a saVOlr celle du prIX de ses exportations de matieres premieres. Les prix mondiaux du cacao sont tombes au-dessous des couts de production en Cote d'lvoire qui est Ie premier producteur mondial. Pour influer sur les marches intemationaux, la Cote d'lvoire a reduit ses ex-portations au cours de I' annee, et les stocks de cacao ont depasse 200 000 tonnes au port d' Abidjan. Etant donne I' enorme desequilibre entre l' offre et la demande de cacao la Cote d'lvoire n'a pas gagne son pari et a fini par e~

vendre plus de 400 000 tonnes aux negociants europeens de produits de base, non sans subir de grosses pertes.

85. Au Mozambique, les reformes economiques ont mis fin

a

la degradation de I' economie, mais

a

un cout social considerable, tout au moins pour les salaries et les citadins.

Par exemple, les hausses de prix de mars et avril 1988 se sont traduites par des depenses supplementaires de 4 900 meticals par mois pour une famille urbaine moyenne alors que Ie salaire minimum etait de 6 750 meticals par mois.

Toutefois, l'inflation tend

a

regresser et la liberalisation des prix agricoles

a

stimuler la production. Le secteur public est en voie de restructuration, par la fermeture, la rehabi-litation ou la privatisation des entreprises. Des reformes fiscales ont permis d' augmenter les impots, mais les de-penses publiques n' ont pas ete reduites, notamment les sub-ventions et Ie financement des entreprises publiques. II est prevu de poursuivre Ie programme de relance economique, Ie Gouvemement devant accelerer la liberalisation de I' eco-nomie et la suppression des controles administratifs appli-ques aux activites economiappli-ques.

86. Au Zimbabwe, Ie Gouvemement aces demieres annees controle rigoureusement les importations et evite de reechelonner sa dette. Mais l' investissement n' a pas suffi

a

soutenir la croissance et la situation de I' emploi est devenue preoccupante. Grace

a

I'amelioration du climat economique l'an demier, on releve desormais des indices de changement d'orientation, concretises notamment par la creation d'un comite de liberalisation. Toutefois, dans l'immediat, Ie controle des importations et des prix sera maintenu. Le comite de liberalisation doit rendre compte d'une proposi-tion visant

a

liberaliser les importations et

a

devaluer la monnaie, mais ces mesures ne seront en tout etat de cause appliquees que de fa~on progressive. Pour ce qui est du secteur public, la production augmentera probablement par Ie biais de la Societe de developpement industriel du Zim-babwe, et Ie Gouvemement n'envisage pas de privatiser les societes publiques.

87. Le programme de reformes de I' Angola se poursuit par des mesures visant

a

liberaliser Ie commerce interieur et les prix. Le Gouvemement prepare d'autres mesures in-teressant la gestion budgetaire et la monnaie, et a entame des negociations avec la Banque mondiale et Ie FMI pour s' assurer I' aide intemationale. L' Angola a besoin de res-sources financieres considerables pour reconstruire son eco-nomie, ravagee par plus d'une decennie de guerre civile. II a aussi une enorme dette exterieure de 4 milliards de dollars.

88. Les efforts d'ajustement du Malawi semblent avoir permis

a

I' economie de sortir des difficultes creees par les mauvaises conditions climatiques de 1987 et des termes de

l' echange defavorables. En 1988, il a conclu avec Ie FMI un accord dans Ie cadre de la nouvelle facilite d' ajustement structurel renforce (FASR) et a applique de nouvelles po-litiques et des reformes institutionnelles, notamment la li-beralisation du regime d' importation des facteurs de production industriels. II est resolu

a

supprimer

a

moyen

terme Ie controle des importations et

a

ajuster continuelle-ment Ie taux de change de sa monnaie. Les offices de commercialisation de produits agricoles places sous la tu-telle de I'Etat verront aussi leur role reduit, en particulier I' Agriculture Development Marketing Corporation, qui a Ie monopole des exportations de tabac et de coton.

89. Le Gabon a elabore une nouvelle politique de de-veloppement visant surtout

a

redynamiser 1'investissement, qui a regresse

a

la suite de la baisse des recettes petrolieres.

Le programme a quatre priorites : les investissements pro-ductifs, notamment dans l'agriculture; l'entretien de l'in-frastructure actuelle; la formation de la main-d' reuvre et la promotion des petites entreprises. Les couts eleves de la main-d'reuvre limitent l'investissement dans Ie pays et les reformes viseront

a

reduire les differentiels de salaires et la plethore des effectifs. Le systeme de subvention et de pro-tection sera revise, et celui de contingents d' importation sera progressivement abandonne. La deuxieme phase du programme d' ajustement sera axee sur Ie secteur public, qui pese d'un grand poids sur l'economie et dont la rehabilitation coutera environ 85 milliards de francs CFA. Dans I'inter-valle, on a fait des progres en vue de reequilibrer l'eco-nomie, et ceci uniquement grace au reechelonnement de la dette exterieure.

90. La cooperation economique entre les pays africains a progresse remarquablement pendant I'annee. En Afrique du Nord, il semble que les pays du Maghreb, y compris la Jamahiriya arabe libyenne et la Mauritanie, soient parvenus

a

un accord destine

a

mettre en place un marche commun.

En attendant, Ie mouvement des personnes a ete facilite

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entre les pays, et la realisation de projets industriels spe-cifiques fait actuellement I' objet d' echanges de vues. 11 s'agit par exemple d'un projet de gazoduc entre l' Algerie et Ie Maroc. Ce gazoduc de 2 000 km doit aller du gisement de gaz algerien de Hassi R' Mel et traverser Ie Maroc par Tanger pour atteindre l'Espagne. Les pays du Maghreb se preoccupent par ailleurs des repercussions eventuelles de la creation en 1992 du marche europeen unifie. C'est surtout en Europe qu' ils trouvent des debouches pour leurs pre-cieuses exportations de fruits, de legumes, de graines olea-gineuses et de textiles. Ces debouches pourraient etre affectes par des produits similaires provenant de I'interieur de la CEE ou par de nouveaux obstacles tarifaires.

91. Les gouvemements membres de la Conference pour la coordination du developpement de I' Afrique australe (SADCC) ont pris des mesures tendant

a

mettre en place une bourse des valeurs et un marche des capitaux communs qui mobiliseront les fonds d' investissement dans la region et

a

I' exterieur. Les controles de change en vigueur entravent serieusement les activites de la seule bourse des valeurs de la region de la SADCC, celle d'Harare. Un marche financier commun contribuera necessairement

a

attenuer ces controles.

92. Les pays africains ont amorce les negociations de la nouvelle Convention de Lome IV, qui devrait entrer en vigueur en 1990. Les principaux sujets de preoccupation concement la reforme du systeme de stabilisation des re-cettes d' exportation et de financement des produits miniers (STABEX et SYSMIN) en vue de reduire les pertes d'ex-portation des pays ACP. Pour ce qui est de I' ajustement structurel, les pays africains et les autres pays ACP insistent pour que I' on tienne compte des objectifs d' amelioration de la production et de la capacite d' exportation. lis demandent que I' on adopte des programmes

a

long terme appuyes par les institutions financieres de la CEE.

IV. POLITIQUES D'AJUSTEMENT ET DE RELANCE : LEURS COUTS