E/ECA/CM.l 5/3/Rev. 2
COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE
Vingt-quatrieme session de la Commission
et quinzieme reunion de la Conference des ministres
Addis-Abeba (Ethiopie) Mars-avril 1989
ETUDE DES CONDITIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES EN AFRIQUE, 1987-1988
NATIONS UNIES
New York, 1990
E/ECA/CM.15/3/Rev.2
PUBLICATION DES NATIONS UNIES Numero de vente: F.90.II.K.1
ISBN 92-1-225029-7
Copyright© Nations Unies 1990 Tous droits reserves Imprimi aux Etats-Unis d~Amirique
TABLE DES MATIERES
Page Not~s.explicative.s. . . vi AbrevlatIons et slgles . . . vii Introduction . . . 1
PREMIERE PARTIE
TENDANCES GENERALES ET PERSPECTIVES, 1986-1988 Chapitres
I. LA SITUATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE . . . 5 II. LES TENDANCES ECONOMIQUES DE L' AFRIQUE EN DEVELOPPEMENT . . . 11 III. EVOLUTION DES POLITIQUES ECONOMIQUES EN 1987-1988 . . . 21 IV. POLITIQUES D' AJUSTEMENT ET DE RELANCE : LEURS COOTS ET LEURS
INCIDENCES SOCIALES . . . 24 V. PERSPECTIVES POUR 1989 ". . . 30 VI. BUDGETS, MONNAIE ET PRIX . . . 33
VII. LE SECTEUR EXTERIEUR 39
DEUXIEME PARTIE
LES PRINCIPAUX SECTEURS ECONOMIQUES
VIII. AGRICULTURE, P~CHE ET FORESTERIE . . . 53
IX. ENERGIE ET EXTRACTION MINIERE 64
X. INDUSTRIES MANUFACTURIERES 72
XI. TRANSPORTS, COMMUNICATIONS ET TOURISME 79
TROISIEME PARTIE LES QUESTIONS SOCIALES
XII. LES TENDANCES DEMOGRAPHIQUES . . . 89 XIII. LA CREATION D'EMPLOIS . . . 91 ANNEXE STATIST/QUE . . . . 95
LISTE DES TABLEAUX
1.1 Croissance del'economie mondiale, 1987-1989 . . . 5
11.1 Indicateurs economiques, 1986-1988 11
11.2 Offre et demande dans les pays africains en developpement, 1987-1989 12 II. 3 Part de production et taux de croissance par sous-region et par groupement
economique, 1987-1989 . . . 15
11.4 Formation brute de capital fixe par sous-region et groupement economique 17 II. 5 Structure de la dette exterieure dans les pays africains en developpement,
1986-1987 19
IV.l In~ic~ des salaires reels non agricoles dans un certain nombre de pays
afrlcalns . . . 25 IV.2 Ration calorique joumaliere par habitant en pourcentage des normes . . . . 26 IV.3 Repartition des depenses publiques de fonctionnement consacrees aI' edu-
cation et a Ia scolarisation dans certains pays africains 28 VI. 1 Principaux indicateurs fiscaux de l' Afrique en developpement, 1986-1989 33 VI. 2 Frequence de distribution pour certains pays selon Ies taux de croissance
des recettes courantes, 1985-1989 35
VI.3 Frequence de distribution de certains pays selon les taux de croissance des
depenses de l'Etat, 1987-1989 . . . 36 iii
VL4 VL5 VL6 VL7 VL8 VII. 1 VII.2 VII.3 VII.4 VII.5 VII.6 VII.7 VII.8 VII.9 VIL10 VIII. 1 VIII.2 VIII.3 VIII.4 VIII.5 VIII.6 VIII.7 VIII.8 VIII.9 VIIL10 IX.1 IX.2 IX.3 IX.4 X.l X.2 X.3 X.4 X.5 X.6 XLI XL2 XL3 XL4 XL5 XII. 1 XIII. 1
TABLE DES MATIERES(suite) LISTE DES TABLEAUX(suite)
Rapport deficits budgetaires/PIB .
Taux de croissance des indicateurs monetaires de I' Afrique en developpe- ment, 1986-1987 . . . ..
Frequence de distribution d 'un echantillon de pays selon les taux de crois- sance de la masse monetaire(M1), 1984-1987 . . . . Evolution des prix de I'Afrique en developpement, 1984-1987 . . . . Frequence de distribution d 'un echantillon de pays selon les taux de crois- sance des prix
a
la consommation de I'Afrique en developpement, 1983-1987 .
Commerce de marchandises de I'Afrique en developpement, 1987-1989 Exportations et importations de certains pays africains, 1986-1988 . Commerce des pays africains par type de produits, 1980, 1985-1986 . Indices des prix de gros des marchandises, 1986-1988 . Repartition geographique du commerce des pays africains en developpement,
1980, 1986-1987 .
Commerce intra-africain par type de produits, 1985-1986 . Pays africains en developpement : recapitulation de la balance des paiements,
1987-1989 , .
Variations des taux de change nominaux : 1986-1988 . . . . Variations des taux de change nominaux, des prix relatifs et des taux de change reels dans certains pays africains, 1987-1988 . Flux de ressources vers l'Afrique subsaharienne, 1980, 1985-1987 . Taux de croissance de I'indice de la production agricole totale par sous-
region de la CEA, 1986-1988 .
Production de certaines denrees alimentaires deI'Afrique en developpement,
1986-1988 .
Production de cacao brut de I'Afrique en developpement, 1986/87-
1988/89 .
Production de cafe, 1986-1988 .
Importations europeennes de cafe . . . . Production de coton-graine de I'Afrique en developpement, 1986-1988
Production de the, 1986-1988 .
Production de sucre brut centrifuge, 1986-1988 .
Production de feuilles de tabac, 1986-1988 .
Consommation industrielle de bois rond .
Production d' electricite dans un echantillon de pays africains, 1983-1987 Production de petrole deI'Afrique en developpement, 1984-1988 . . . . Production miniere de I'Afrique en developpement, 1983-1987 .
Prix des metaux, 1984-1988 .
Repartition par pays des taux de croissance dans Ie secteur manufacturier,
1985-1988 .
Base industrielle des pays en developpement d' Afrique, par sous-region et
par groupement economique .
Emploi dans les industries Inanufacturieres dans certains pays d' Afrique,
1975, 1980 et 1986 .
Production de biere dans certains pays d' Afrique . Structure des industries manufacturieres dans certains pays d' Afrique, 1970
et 1985 .
Production de ciment dans certains pays d' Afrique, 1980-1987 . Etendue du reseau routier et parc des vehicules par sous-region . Importation de vehicules
a
nl0teur . . . ..Situation des principales compagnies aeriennes africaines, 1986-1987 ...
Trafic maritime et tonnage : regions en developpement et ensemble du
monde, 1984-1987 .
Decennie des transports et des communications en Afrique. Resume par secteur des projets de la Phase II ayant beneficie d'un financement, fin 1988 Principaux indicateurs demographiques par sous-region, 1985-1988 ....
Population economiquement active et taux elabores d'activite (hommes et
femmes) pour la periode 1981-1987 .
iv
Page 36 37 37 37 38 39 40 42 42 44 46 47 48 48 49 53 53 55 55 56 56 57 57 58 60 65 67 70 70 72 73 73 74 75 77 79 79 81 82 85 89 91
TABLE DES MATIERES (suite) LISTE DES GRAPHIQUES
Page Afrique en developpement et sous-regions : PIB par tete aux prix de 1980 9 Afrique en developpement : taux annuel de croissance du PIB, 1981-1989 10 Afrique en developpement : structure du commerce par produit, 1986 14 Afrique en developpement : destination et provenance du commerce, 1987 34 Afrique en developpement : indice des prix des marchandises aI' exportation . . . 41 Prix hebdomadaires du petrole, janvier-decembre 1988 . . . 43 Afrique en developpement : indicateurs budgetaires, 1980-1989 . . . 45
v
Notes explicatives
Les appellations employees dans la presente publication et la presentation des donnees qui y figurent n'impliquent de la part du secretariat de la Commission economique des Nations Unies pour I' Afrique aucune prise de position quant au statut juridique des pays, ni quant au trace de leurs limites.
La cote des documents de l'Organisation des Nations Unies se compose de lettres majuscules et de chiffres.
La mention d'une telle cote indique qu'il est fait reference
a
un document de l'Organisation. Les documents de l'Organisation des Nations Unies dont la cote commence par E/ECA/ . . . correspondenta
des documents publies sous les auspices de la Commission economique pour I' Afrique.Les signes ci-apres ont ete employes dans la presente Etude : (. . . ) = donnees non disponibles, (-) = zero ou quantite negligeable, (-) = donnees non applicables.
Sauf indication contraire, Ie mot «tonne» designe une tonne metrique.
Pour des raisons techniques, la decimale est representee par un point au lieu d'une virgule dans l'annexe statistique.
VI
CAFAC BAD AFRAA UAPT CCII CFA CAEM DIESA CEA CEDEAO CEE FAO FMI OIC CIPEA OACI OCDE OIC OMS OMT ONUDI OPEP OUA PNUD SADCC UDEAC UIT UMOA UNCTAD UNESCO UPAT URNTA ZEP UNICEF APPER FAS IDDA LPA PANAFTEL UNPAAERD UNTACDA SAL PAS bid BTU CBR dwt PIB FBCF ICD CTCI ITSC PMA VAM NCC PID APD OET Ro/Ro DTS TEU TFR
ABREVIATIONS ET SIGLES Commission africaine de I' aviation civile
Banque africaine de developpement
Association des compagnies aeriennes africaines Union africaine des postes et telecommunications Comite de coordination interinstitutions Communaute financiere africaine Conseil d' assistance economique mutuelle
Departement des affaires economiques et sociales internationales (des Nations Unies) Commission economique pour I' Afrique
Communaute economique des Etats de I' Afrique de I'Ouest Commission economique pour I' Europe
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Fonds monetaire international
Organisation internationale de cacao Centre international pour I' elevage en Afrique Organisation de I' aviation civile internationale
Organisation de cooperation et de developpement economique Organisation internationale du cafe
Organisation mondiale de la sante Organisation mondiale du tourisme
Organisation des Nations Unies pour Ie developpement industriel Organisation des pays exportateurs de petrole
Organisation de I' unite africaine
Programme des Nations Unies pour Ie developpement
Conference sur la coordination du developpement de I' Afrique australe Union douaniere et economique de I' Afrique centrale
Union internationale des telecommunications Union monetaire ouest-africaine
Conference des Nations Unies sur Ie commerce et Ie developpement Organisation des Nations Unies pour l'education, la science et la culture Union panafricaine des telecommunications
Union des radiodiffusions nationales et de la television d' Afrique Zone d' echanges preferentiels
Fonds des Nations Unies pour l'enfance
Programme prioritaire de redressement economique de I' Afrique Facilite d' ajustement structurel
Decennie du developpement industriel de I' Afrique, 1980-1990 Plan d' action de Lagos
Reseau panafricain de telecommunications
Programme d' action des Nations Unies pour Ie redressement economique et Ie developpement de l' Afrique
Decennie des Nations Unies pour les transports et les communications en Afrique, 1978-1988 Prets
a
I' ajustement structurelProgramme d' ajustement structurel Barils par jour
Unite thermique britannique Taux brut de natalite Port en lourd Produit interieur brut Formation brute de capital fixe Depot de garantie des droits d' entree
Classification type pour Ie commerce international (premiere version revisee) Centre international d' echanges telephoniques
Pays les moins avances Valeur ajoutee manufacturiere
Coordinateurs nationaux de communication Pays nouvellement industrialises
Aide publique au developpement Equivalent-petrole en tonnes Navire roulier
Droits de tirage speciaux Equivalent-vingt pieds Indice synthetique de fertilite
vii
INTRODUCTION
1. Comme les etudes anterieures, la presente etude des conditions economiques et sociales en Afrique au cours de la periode 1987-1988 a ete redigee par Ie personnel de la Division de la recherche et de la planification socio-eco- nomique de la Commission economique pour I' Afrique. Sa mise au point repose sur des missions d' enquete aupres de plus d'une vingtaine de pays d' Afrique qui ont permis de recueillir les donnees les plus recentes sur la situation eco- nomique en 1988 et les perspectives pour 1989. Son ela- boration a aussi exige l' analyse des renseignements foumis par les pays eux-memes et de ceux qui ont pu etre obtenus des organismes du systeme des Nations Unies, des publi- cations economiques et de la presse en general.
2. II va de soi que Ie bien-fonde des analyses presentees depend de la qualite et de la fiabilite des informations re- cueillies. Comme par Ie passe, I' absence d' informations et leur qualite parfois mediocre demeurent un probleme ma- jeur. L'importance de I'enjeu apparait clairement lorsqu'il s' agit du Nigeria, Ie premier pays de la region tant par sa population que par sa production. Les calculs demogra- phiques y connaissent une marge d'erreur pouvant atteindre 20 % et ceux du produit interieur brut encore davantage.
Le PIB du Nigeria representant au moins Ie quart de la production totale de la region, on imagine facilement les consequences que cela peut avoir sur des evaluations d' en- semble. Par ailleurs et parfois a cause de conflits internes, certains pays de la region n' ont pas ete en mesure de publier des donnees fiables concernant leur production, depuis plu- sieurs annees. Ces carences ont inevitablement ajoute aux difficultes auxquelles les economistes de la CEA ont eu a faire face pour preciser les tendances. De plus, on a pu observer, pour I' ensemble de la region, une baisse de la qualite et une moins grande disponibilite des donnees sta- tistiques, meme en ce qui concerne celles qui, de tradition, etaient de bonne qualite comme les series relatives au commerce exterieur. Bien que cette situation deplorable ne demente pas les analyses de la presente etude, elle nous encourage neanmoins a la prudence et a admettre I' existence d'une importante marge d'erreur.
3. Le plan de la presente etude correspond a celui des etudes anterieures, les principales rubriques ayant trait a la situation economique internationale et ses repercussions dans la region Afrique, les tendances economiques generales de I' Afrique en developpement, Ie secteur exterieur, les politiques fiscales et monetaires et les prix, les principaux secteurs de la production, etl'evolution de certains secteurs sociaux. Toutefois, ona ajoute a la presente etude un nou- veau chapitre concernant les incidences sociales des poli- tiques d'ajustement, compte tenu de l'importance croissante de cette question a la suite des reformes economiques en cours dans la plupart des pays africains.
4. Alors que les estimations actuelles du taux de crois- sance de la production pour 1987 s'elevent a0,5%, l'annee 1988 semble s'etre mieux terminee pour I' Afrique puisque les evaluations provisoires indiquent que Ie taux de crois- sance y a atteint pres de2,2 % pour l'ensemble de I'annee.
Ce resultat plus favorable a ete obtenu dans Ie contexte d'une economie mondiale en forte expansion alors que la crois- sance de la production des pays industrialises voisinait les 4 % et que les echanges internationaux etaient en nette reprise avec une augmentation de 6 % en volume. Malgre cette amelioration, Ie comportement de I' economie africaine est demeure nettement en de~a du niveau permettant d'as- surer
a
la majorite de la population des conditions de bien-etre indispensables. En fait, Ie revenu par habitant est tombe d'un bon 1% en 1988.
5. L' Afrique n' a pas notablement beneficie de la pros- perite des pays industrialises en 1988, la croissance resul- tant, pour l'essentiel, d'une plus forte pluviosite sur presque toute la region au cours de I'annee. Dans quelques pays comme Ie Maroc, la Zambie et Ie Zimbabwe, les recoltes ont atteint des niveaux records quoique les problemes lies au ramassage ont entraine des pertes importantes. Dans d' autres regions, les pluies trop abondantes ont cause des inondations qui, dans certains cas, ont atteint des propor- tions catastrophiques. A cet egard, Ie Soudan a ete parti- culierement touche tant par la perte de ses recoltes que par les dommages a son infrastructure qui prendront du temps a etre repares. La pluviosite a favorise la reproduction des acridiens qui ont infeste une large zone s' etendant de la mer Rouge au Maroc. Toutefois, des initiatives prises rapide- ment ont permis de limiter les degats aux recoltes. Dans quelques secteurs de la region, la situation alimentaire est demeuree precaire, notamment en Angola, en Ethiopie et au Mozambique, tant a cause des sequelles laissees par les secheresses anterieures que des effets des conflits internes.
L' aide alimentaire reste un facteur indispensable pour al- leger la detresse.
6. Malgre la reprise du commerce international, les marches, en general, n' ont pas ete favorables aux produits africains. D'une part, les prix du petrole ont connu une nouvelle chute, rappelantl'effondrement de 1986, et 1'0r- ganisation des pays exportateurs de petrole (OPEP) n'a pas ete en mesure de maintenir Ie prix de 18 dollars Ie baril.
La chute des prix s'est acceleree pour atteindre, vers Ie mois d'octobre, 12 dollars Ie baril de Brent brut. Cette chute des prix a ete surtout causee par la surproduction de la part de quelques membres de I'OPEP. Mais il en est resulte de lourdes pertes pour les pays africains producteurs de petrole, la moyenne des prix pour 1988 se situant a moins de 16 dollars Ie baril, soit un taux pres de 17%inferieur
a
1987.La situation n' a guere ete meilleure en ce qui concerne les autres matieres premieres, exception faite du cuivre, des diamants et du sucre. Les prix du cafe sont restes faibles et sont memes tombes dans Ie cas du robusta, principale variete africaine. La conjoncture a ete catastrophique pour Ie cacao dont les prix, exprimes en droits de tirage speciaux (DTS), ont chute d'un quart pour ensuite tomber a des niveaux inferieurs aux couts de production. Les prix du coton sont tombes de pres de 15 %. Par contre, les prix du sucre ont augmente de 50% au marche libre pour atteindre 10 cents des Etats-Unis la livre, cette evolution ayant peu d'incidence sur la prosperite de la region puisque Ie sucre ne represente qu'une modeste fraction des exportations. La forte hausse des prix du cuivre a joue un role beaucoup plus important.
Malheureusement, les deux principaux producteurs africains n' ont pu profiter pleinement de cette evolution etant donne la diminution de leur capacite de production.
7. Les gouvernements ont continue a centrer leurs po- litiques sur les ajustements et les reformes economiques de meme que sur Ie probleme connexe de la dette qui a continue a tenir Ie devant de la scene au cours des negociations entre les Etats africains et les pays crediteurs. Au niveau inter- national, Ie probleme de la dette a fait l' objet de nouvelles initiatives, sans qu 'une solution definitive ne se fasse jour.
II est devenu presque un lieu commun de dire que toute evolution depend d 'une solution au probleme de la dette et d'une reduction du fardeau resultant de son service qui
accapare 20 % des revenus d' exportation des biens et ser- vices en provenance de I' Afrique au sud du Sahara.
8. Etant donne que des politiques inadaptees ont sou- vent ete, dans une large mesure, la cause de la situation facheuse resultant du probleme de la dette, its' ensuit que I' elaboration et la mise en reuvre de politiques propres
a
favoriser Ie developpement sont tout aussi importantes que la diminution de la dette elle-meme.
9. En 1989, les previsions preliminaires indiquent que la croissance de la region Afrique se situera autour de 2,9 %. Ce niveau peut sembler eleve compte tenu de la moyenne des annees 80, mais itdemeure insuffisant pour permettre
a
la region de sortir de la crise actuelle. Seul un petit nombre de pays pourrorit eventuellement depasser Ie niveau de 2,9 %, parmi lesquels il faut compter Maurice qui represente un cas touta
fait exceptionnel, ou Ie Ghana2
ou Ie processus d' ajustement se revele remarquablement fructueux.
10. Rien n' indique que Ie contexte international soit particulierement favorable en 1989, la plupart des projec- tions indiquant un ralentissement des economies des pays industrialises, associe
a
une croissance plus faible du commerce international. Certaines predictions sont en fait assez pessimistes et prevoient une recession eventuelle etant donne Ie desequilibre financier des principales economies, notamment celIe des Etats-Unis OU la correction du deficit budgetaire pourrait avoir des consequences nefastes sur la croissance. Cependant, de telles predictions se sont revelees fausses dans Ie passe, notammenta
la suite de I' effondre- ment des cours de la Bourse en octobre 1987. Et il convient d' ajouter que les presages de conditions meilleures en 1989 ne sont pas rares.Premiere partie
TENDANCES GENERALES ET PERSPECTIVES
1986-1988
I. LA SITUATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE
A. PRINCIPALES TENDANCES EN 1988
11. Contre toute attente et alors que I' on aurait pu pre- voir une recession ou du moins un ralentissement en 1988, a la suite de I' effondrement des cours de la Bourse en octobre 1987, l'economie mondiale acrU au rythmede4, 1 %, c'est-a- dire nettement au-dessus de la moyenne pour la periode 1981-1987. Cette croissance a surpris la plupart des obser- vateurs qui avaient escompte des chiffres beaucoup plus bas.
Pour sa part, Ie Fonds monetaire international avait d' abord prevu un taux de croissance de 3 % pour ensuite reviser cette estimation a 3,8 % en octobre 1988, et I'Etude sur l'economie mondialedes Nations Unies parlait - en avril- d'un taux de 3,2 %. Toutefois, cette croissance a varie entre les regions et entre les pays, les principaux beneficiaires etant les economies de marche des pays developpes, notam- ment ceux faisant partie de I' Organisation de cooperation et de developpement economiques (OCDE). Selon Ie secre- tariat de I'OCDE, la production des Etats membres de 1'0r- ganisation s' est accrue de 4 % en 1988 et Ie nombre des chomeurs a diminue d'un demi-million pour passer a 5 %.
TABLEAU1.1 CROISSANCE DE L'ECONOMIE MONDIALE, 1987-1989 (En pourcentage)
1987 1988 1989
Economies de marche des pays
developpes 3,1 3,8 2,5
Etats-Unis 3,4 3,5 2,7
Europe occidentale 2,8 3,0 2,5
Japon 4,2 5,8 4,0
Pays en developpement 2,7 2,6 3,5
Importateurs de produits
energetiques 4,1 3,7 4,3
Exportateurs de produits
energetiques 0,7 0,9 2,7
Afrique 0,7 2,1
Asie du Sud et de l'Est 5,5 6,0 5,5
Asie occidentale -0,8 1,1 3,2
Hemisphere occidental 2,5 0,5 2,7
Economies planifiees 2,6 3,4 3,1
Chine 9,4 11,0
Production mondiale 3,2 4,1 3,4
Commerce mondial 5,8 7,5 5,6
Source :Departement des affaires economiques et sociales, Nations Unies, octobre 1988, et FMI, Perspectives economiques mondiales (oc- tobre 1988).
12. C'est aux Etats-Unis que la croissance a ete la plus forte, la production s'y elevant a 4%et Ie chomage tombant au chiffre record de 5 %, alors que I' inflation demeurait supportable a un taux de 3,6 %, malgre les pressions sur la valeur du dollar causees par les deficits du budget et de la balance des paiements. En Europe occidentale, la croissance a repris, en particulier au Royaume-Uni ou Ie chomage a commence a diminuer apres etre demeure a un niveau assez eleve pendant plusieurs annees. Au Japon, la croissance s'est montree particulierement vigoureuse a un niveau
5
s'elevant a 5,8 %. Un trait caracteristique de l'expansion economique des pays industrialises a ete Ie fait que I' in- vestissement s' y est accru vigoureusement alors que Ie taux de consommation y est demeure pratiquement stable. La fermete des investissements a ete la consequence de mo- difications apportees aux economies des pays industrialises qu' ont entrainees une meilleure rentabilite de I' investisse- ment ainsi qu'une diminution des taux d'interet par rapport a leurs niveaux eleves du debut des annees 80. L'expansion s' explique aussi par I' attitude, face a I' effondrement des cours d' octobre 1987, des decideurs qui n' ont pas hesite
a
fournir des liquidites au systeme financier, evitant ainsi - tres probablement - une recession.
13. Cependant, I'expansion des economies developpees n' a pas eu d' effet de ruissellement sur les economies des pays en developpement. En fait, selon les Nations Unies, la croissance de ces derniers a ete legerement plus lente en 1988 qu'en 1987, passant de 2,6 % a 2,7 % (les chiffres du FMI etant plus eleves, a savoir 3,4 % et 3,6 % pour 1987 et 1988 respectivement). Un certain nombre de fac- teurs sont en cause, parmi lesquels il convient de citer la chute rapide des prix du petrole jusqu' a fin novembre et la faiblesse des prix de certains biens et services, notamment les boissons qui representent Ie principal revenu a I' expor- tation de plusieurs pays, surtout en Afrique. En ce qui concerne les pays de I'hemisphere occidental comprenant I' Amerique latine et la zone des CaraYbes, la croissance pour 1988 n'est evaluee qu'a 0,5 % et, en Afrique, elle n'excede pas 2,1 %. Toutefois, les resultats economiques de quelques pays ou groupements ont ete brillants, en particulier en Asie du Sud et de I'Est ou la croissance a atteint 6 %en 1988, ce qui reflete Ie developpement rapide des pays soi-disant nouvellement industrialises, notamment la Coree du Sud ou la croissance de la production a atteint un niveau excep- tionnel de 12 %. En Afrique, seul Maurice a atteint un niveau de croissance comparable. Parmi les pays a economie planifiee, les resultats ont ete meilleurs en 1988 concernant Ie groupe forme par I'URSS et les autres Etats membres du Conseil d'assistance economique mutuelle (CAEM), alors qu'en Chine la production s'est accrue de 11 %. Bien qu'il faille nuancer ce chiffre qui est fonde sur Ie produit materiel net plutot que sur Ie produit interieur brut (PIB), il demontre neanmoins la haute conjoncture de I' economie chinoise qui a mis a forte epreuve les ressources du pays tout en acce- lerant considerablement I' inflation.
B. COURANTS DES ECHANGES ET PRIX
14. Ainsi qu'il a deja ete indique, Ie volume des echanges internationaux s' est considerablement accru en 1988, atteignant un taux evalue
a
6%par les Nations Unies,a
7,5 % par Ie FMI eta
9 % par l'OCDE, ces differences s' expliquant par Ie champ couvert. Cette forte expansion des echanges n'en masquait pas moins d'importantes dif- ferences dans Ie comportement des importations et des ex- portations selon les groupes de pays. En ce qui conceme les exportations, alors que celles des pays industrialises se sont fortement accelerees, s'elevant, selon Ie FMI,a
7,5% en 1988 compare a 5,3 % en 1987, celles des pays endeveloppement sont allees en decroissant, leur taux tombant
a
7,7 %apres avoir atteint 8,6%en 1987. Parmi les pays industrialises, ce sont les Etats-Unis qui ont connu les gains les plus importants, comme on pouvait s'y attendre, etant donne la baisse du dollar et I' importante augmentation de la productivite industrielle. Par ailleurs, I' augmentation du volume des exportations japonaises est evalueea
moins de2%en 1988. En ce qui concerne les pays en developpement, les pays exportateurs de combustibles ont augmente leurs exportations, notamment les pays membres de I'OPEP ou I' extraction du petrole a atteint des niveaux sans precedent en 1988 pour s' elever
a
20 milliards de barils par jour. Par contre, les exportations des pays non-exportateurs de combustibles ont sensiblement diminue, surtout en Afrique, cette evolution contrastant de fa<;on marquante avec celIe des exportations des pays de I' Asie du Sud et de I'Est qui ont continuea
augmentera
un rythme rapide.15. On estime que Ie taux de croissance des importa- tions a augmente tant en ce qui concerne les pays indus- trialises que les pays en developpement. Les importations du Japon, qui beneficie du surplus Ie plus eleve dans ses echanges avec les Etats-Unis, ont augmente au taux sans doute sans precedent de 15 %
a
la suite des efforts deliberes des autorites japonaises pour augmenter la consommation interne et assouplir les restrictions aux importations. Mais Ie volume des importations des Etats-Unis a continuea
augmenter
a
un taux plus eleve qu' en 1987 et qui a ete evalue par Ie FMIa
6,9 %. Parmi les pays en developpe- ment, Ie volume des importations des pays exportateurs de produits energetiques a augmente d 'un modeste 1,4 %en 1988; toutefois, leurs importations avaient considerablement diminue en 1987. Pour les autres pays en developpement, on a observe une nette acceleration des importations, surtout en Asie, Ie FMI evaluant la croissance des importations des pays africainsa
seulement 1,2 %1 •16. L'evolution du deficit des echanges des Etats-Unis a exerce une influence considerable sur Ie taux de change du dollar ainsi que sur les taux d' interet
a
travers Ie monde.Le deficit de la balance des paiements a connu une tendance
a
la baisse quoique de fa<;on irreguliere. Sur une base men- suelle, ce deficit s'elevaita
12 milliards de dollarsa
la fin de I' annee, mais Ie taux de la baisse etait modeste et in- suffisant pour calmer les inquietudes des investisseurs concernant les perspectives de I'economie americaine. Ceci a amene Ie Conseil des gouvemeurs de la Federal Reservea
augmenter les taux d' interet afin de maintenir Ie volume du financement etranger. En novembre 1988, les prix des produits de base etaient en moyenne plus eleves de 28 % par rapporta
1987, exception faite du petrole2• Toutefois, I' augmentation de ces prix etait fort inegale. Le prix des produits alimentaires, et en particulier celui des cereales, a augmentea
la suite de la secheresse aux Etats':'Unis qui a entraine une reduction des approvisionnements sur les marches. Cette evolution a touche les pays africains, no- tamment en tant qu' importateurs de cereales, ce qu' ils sont tous, exception faite du Zimbabwe. Les prix des boissons ont egalement ete desavantageux,ai'exception du cafe ara- bica qui s' est trouve en baissea
cause de la reduction des recoltes bresiliennes et de I' evolution du gout des consom- mateurs. Les prix du cacao ont ete en baisse pendant toute I' anneea
la suite du desequilibre considerable entre I' offre et la demande qui a entraine une accumulation des stocks.Les prix des produits de base agricoles tels que Ie coton ont aussi ete defavorables. Les metaux ont constitue la princi- pale exception
a
ce tableau assez sombre, notamment Ie cuivre dont Ie prix a atteint des niveaux sans precedenta
la suite d'une demande accrue facea
une capacite de produc- tion restreinte.6
17. Les prix du petrole ont connu une baisse assez ana- logue
a
leur effondrement de 1986. Le desaccord existant parmi les Etats membres de l'OPEPa
propos des quotas de production a entraine une importante surproduction de la part de certains Etats alors que la demande stagnait. II en est resulte une chute des prix qui, d' environ 18 dollars Ie barila
la fin de 1987, ont atteint moins de 12 dollars en novembre 1988. Un correctifa
cette situation a ete obtenu gracea
un accord conclu en decembre qui fixait la produc- tion de I'OPEP dans son ensemblea
un niveau plus eleve qu'il ne I' etait auparavant et qui accordait des quotas egauxa
l'lraq eta
la Republique islamique d'lran.18. Entre-temps, les prix des produits manufactures ont continue
a
augmenter, I' inflation dans les pays industrialises progressanta
un rythme plus rapide. A la fin du deuxieme trimestre de 1988, l'indice de la valeur unitaire des expor- tations de ces pays s' etablissaita
7,4 % comparea
la moyenne du niveau de 1987. II en est resulte pour les pays en developpement une perte des termes de I' echange nets en 1988; cette perte etait toutefois moins serieuse compareea
celIe de 1986 alors que les prix du petrole s'etaient ef- fondres et que les termes de I' echange avaient diminue de 19,6 %. L' Afrique a de nouveau ete la principale perdante, connaissant une perte des termes de I' echange evaluee par Ie FMIa
4%,alors que la perte des pays en developpement pris dans leur ensemble se limitea
2,3 %.C. LE PROBLEME DE LA DETTE ET LES MOUVEMENTS FINANCIERS
19. Selon Ie FMI, la dette des pays en developpement devrait avoir atteint 1 243,5 milliards de dollars
a
la fin de1988. Malgre son enormite, ce chiffre represente neanmoins une amelioration de la situation de la dette comme propor- tion des exportations de biens et services. En 1988, la dette representait 145,7 % de ces exportations, compare
a
158,5 % en 1987. De meme, les paiements effectifs relatifs au service de la dette sont passes de 19,5 % des exportations des biens et services en 1988
a
19,3 %en 1987. Sans doute modeste, cette amelioration etait toutefois sensible si on la comparea
1986 alors que les paiements en question repre- sentaient 22 % des exportations des biens et services. Ceci dit, en ce qui concerne l' Amerique latine et l' Afrique, l'evo- lution se faisait en sens inverse et Ie fardeau de la dette ne faisait qu' augmenter. Seion Ie FMI, pour ce qui a trait aux pays africains au sud du Sahara, qui sont sans doute parmi les plus pauvres du monde, Ie rapport du service de la dette a en fait augmente en 1988 pour atteindre 25,2 % des ex- portations de biens et services. En consequence, les diffi- cultes auxquelles doivent faire face plusieurs pays pour rencontrer leurs obligations en ce qui conceme la dette n' ont fait qu' augmenter et la recherche de solutions permanentes se poursuit de fa<;on pressante. A cet egard, la reunion du Groupe des Septa
Toronto a peut-etre fait date. Les Sept se sont mis d' accord sur un cadre d' allegement de la dette concernant les pays africains les plus pauvres, y compris au moyen d'un nouvel echeancier, d'une reduction des taux d'interet, de l'annulation d'une portion des dettes, ou alors d'une combinaison de ces diverses formules,a
la suite de negociations entre pays creanciers et pays debiteurs. Bien que la portion de la dette concernee soit importante (110 milliards de dollars de la dette africaine), les concessions envisagees par Ie Groupe des Sept se limitent neanmoinsa
seulement une vingtaine de pays africains les plus pauvres et dependent de reformes economiques qui seraient adoptees par ces pays dans Ie cadre de programmes d'ajustement de structure de la Banque mondiale et du FM!. Pour les autres pays debiteurs, aucune evolution ne s'est fait jour et Ie
principe de l'annulation des dettes a meme ete vivement combattu par certains pays. Par contre, on a pu observer au cours de 1988 une tendance grandissante vers des pla~
novateurs propres a reduire la dette, comme par exemple au moyen d'un escompte lorsqu'un pays rachete sa creance sur Ie marche a un prix reduit. Cependant, bien que certains pays aient fait d'importants progres, ces initiatives ont ete plutot temperees a la suite de I' echec du projet qui aurait permis d' echanger jusqu' a 50 %de la dette mexicaine pour des obligations emises sur 20 ans. De meme, les marches financiers n' ont pas appuye des projets tels que celui de la Banque africaine de developpement (BAD) relatif a la dette des pays d' Afrique qui aurait permis de fixer Ie service de la dette au niveau effectivement acquitte par les pays tout en procedant a la consolidation du reliquat de la dette.
20. Le flux des ressources financieres vers les pays en developpement a diminue en 1988; en fait, certaines etudes indiquent une sortie nette de ressources des pays en deve- loppement vers leurs creanciers des pays industrialises. A cet egard, Ie Secretariat des Nations Unies estime que les pays en developpement ont, au cours des trois dernieres annees, verse 20 milliards de dollars de plus qu' ils n' ont
re~usdes pays industrialises, aux titres du remboursement des dettes, du reglement des interets et du transfert des revenus provenant des investissements etrangers. De plus, les entrees nettes provenant de sources publiques ont ega- lement diminue et, qui plus est, les entrees nettes en pro- venance de la Banque mondiale et du FMI sont devenues negatives. Au cours de l' exercice budgetaire 1988, les trans- ferts nets de la Banque mondiale se sont eleves a 12 milliards de dollars, alors que les evaluations des transferts nets du FMI indiquent que ceux-ci devaient atteindre 5 milliards de dollars. En fait, selon les donnees d'octobre 1988 desPers- pectives economiques mondiales publiees par Ie FMI, les credits nets du FMI en faveur des pays en developpement devraient avoir atteint 2,2 milliards de dollars, chiffre in- ferieur au montant des credits accordes en 1987 qui s' ele- vaient a 6,6 milliards. II est toutefois prevu que les credits du FMI aux pays en developpement seront de nouveau po- sitifs en 1989, atteignant alors 0,9 milliard de dollars.
21. Le rapport annuel de l'OCDE relatif a la cooperation en matiere de developpement confirme cette tendance a la reduction des courants de ressources vers les pays en de- veloppement. Ce rapport indique que Ie total net des cou- rants de ressources vers ces pays, qui avait atteint 89,1 milliards de dollars en 1987, etait tombe de 4,9%en termes reels et ne correspondait plus qu'a 52 % du niveau de 1980.
De plus, l'aide privee, qui representait plus de la moitie du total en 1980, n'etaifplus que Ie tiers de ce qu'elle etait en 1980 (en termes reels) et representait plus que 34,2 % du total des courants. Par ailleurs, les credits a l'exportation, qui s'el~vaienta 17 milliards de dollars en 1980, etaient devenus negatifs en 1987.
D. PERSPECTIVES POUR 1989
22. La plupart des projections concernant l' economie mondiale en 1989 suggerent une reduction de la croissance par rapport a 1989, accompagnee d 'un renversement des tendances, la croissance des economies de marche se re- duisant et celles des pays en developpement s' accelerant.
Ainsi, Ie Secretariat des Nations Unies prevoit que la crois- sance des premieres diminuera sensiblement en 1989, ne depassant pas 2,5 % compare a 3,8 % en 1988, tandis que dans les pays en developpement la production devrait s' ele- ver a 3,5 % alors qu'elle n'etait que de 2,6 % en 1988.
Pour sa part, Ie FMI estime qu' en 1989 Ie taux de croissance 7
des pays industrialises, qui etait de 3,9%en 1988, ne devrait pas depasser 2,8 % en 1989; quant aux pays en develop- pement, leur croissance devrait passer de 3,6 %en 1988 a 4 %.
23. De son cote, Ie secretariat de l'OCDE prevoit une reduction plus modeste de la croissance des pays industria- lises avec un taux de croissance des Etats membres de 2,75 % en 1989 compare a 3,25 % en 1988. Mais les inquietudes exprimees par Ie secretariat de l'OCDE dans ses perspectives de fin d' annee refletent defa~onassez pre- cise les incertitudes et les risques qui se presentent aI' eco- nomie mondiale. Les tendances inflationnistes observees par Ie secretariat et projetees a 4 % en 1989, compare a 3,5 % en 1988, demontrent que la forte croissance des economies des pays de l'OCDE doit maintenant faire face a des limites de la capacite de production qui se refletent notamment dans la remuneration des salaries aux Etats-Unis OU Ie marche du travail en est pratiquement un de plein emploi. En in- sistant sur la necessite de restrictions d' ordre fiscal et sur la reduction des desequilibres financiers entre les Etats-Unis et d'autres pays importants de l'OCDE comme Ie Japon et la Republique federale d' Allemagne, Ie secretariat de I'OCDE a porte son attention sur Ie probleme du deficit budgetaire des Etats-Unis dont Ie financement exerce une constante pression vers Ie haut sur les taux d' interet. Ceux- ci ont d'ailleurs augmente en 1988 et il est prevu qu'il en sera de meme en 1989. II s'agit la d'une situation lourde de dangers pour I' economie mondiale et qui serait peu pro- pice aux investissements tout en. aggravant les difficultes concernant Ie service de la dette des pays en developpement.
24. Quelques etudes des perspectives de l'economie mondiale en 1989 envisagent meme la possibilite d'une recession a cause du changement de cap en matiere finan- ciere qui s'impose aux Etats-Unis ou les deficits de la ba- lance des paiements et du budget sont consideres comme intolerables. Ceci vient s' ajouter aux effets que pourrait avoir sur les marches financiers la faillite de plusieurs ins- titutions financieres americaines comme les societes d'epargne et de pret.
25. Ceci dit, la conjoncture au debut de 1989 indique que I' economie americaine est en croissance rapide avec une diminution du chomage et un taux d' inflation qui s' eleve de fa~onmoderee. Malgre la volonte de la nouvelle admi- nistration de ne pas augmenter les impots comme moyen de reduire Ie deficit budgetaire, les marches financiers qui etaient deprimes immediatement apres l' election presiden- tielle semblent avoir repris leur sang-froid et, jusqu'a main- tenant, la valeur du dollar n' a pas flechi comme onI'avait predit.
26. Quant aux marches des produits de base, les prix du petrole se sont raffermis a la suite de l' accord conclu par les membres de l'OPEP a la fin decembre 1988 et, jusqu' a la fin de janvier 1989, ils etaient demeures aux alentours de 16 dollars Ie baril, les membres de l'OPEP respectant apparemment leur decision de ne pas depasser les quotas fixes. En ce qui concerne les autres produits de base comme Ie cuivre qui sont importants pourl'Afrique, I' affaiblissement attendu ne s'est pas concretise quoique, sur une base mensuelle, les prix des matieres premieres avaient legerement flechi dans I' ensemble.
27. Dans ces circonstances, il semble evident que la region Afrique ne peut pas beaucoup compter sur I' economie internationale en 1989. En 1988, la forte expansion des pays industrialises n' a eu que peu d' effet sur I' Afrique et un ralentissement en 1989 ne changerait pas grand-chose
a
lasituation. Celle-ci resulte probablement de ce que les pro- duits d' exportation de l' Afrique se limitent
a
des matierespremieres pour lesquelles la demande est stagnante ou peu active alors que I' evolution technologique dans les pays industrialises peut avoir modifie Ie rapport entre la crois- sance et la demande de matieres premieres. Mais la situation existant sur Ie marche du cuivre ou la demande a incontes- tablement stimule les prix semblerait contredire une telle analyse. Un niveau plus eleve des prix du petrole en 1989 profitera surement aux pays producteurs de petrole et, en fait, les previsions indiquent que les exportateurs de produits energetiques se rattraperont en 1989; mais pour la majorite des pays africains qui sont eux-memes importateurs d'ener- gie, cette evolution aura son revers. Etant donne par ailleurs que les taux d'interet sont en augmentation et que les cou-
8
rants de ressources provenant des pays developpes sont tres inferieurs
a
ce qui serait necessaire pour assurer une crois- sance soutenue, il faut conclure que l'environnement inter- national sera peu propicea
I' Afrique en 1989.NOTES
1Afrique,
a
l'exception de l'Egypte et de la Jamahiriya arabe libyenne, mais y compris l' Union douaniere de l' Afrique australe.2Calcul effectue sur la base de l' indice des prix des matieres premieres du FMI.
Dollars E.-U.
Afrique en developpement 'et sous-regions : PI B par tete aux prix de 1980
\0
1 400
1 200
1 000
800
600 400
200
o
Afrique en developpement
Afrique du Nord
. 1 9 8 0
Sud du Sahara
~ 1987
Exportateurs de petrole
1988
Non-exportateurs de petrole
Afrique en developpement :
taux annuel de croissance du PI B, 1981-1989
Pourcentage
6
r - - - - . - - - ,5,2 5
4
3
2
1
o
-1
-2 -1 9 ,
-09 ,
- 3
I_ _- l - - - _ - - ' - - - '1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989
10
II. LES TENDANCES ECONOMIQUES DE L'AFRIQUE EN DEVELOPPEMENT
A. PRODUCTION ET DEMANDE EN 1987
29. Sur Ie plan de la demande, la plupart des economies de la region n' ont pratiquement pas beneficie d' incitations, l' investissement ayant flechi en valeur reelle (la diminution est estimee
a
5,8 %), alors que la consommation etait limitee par les restrictions budgetaires et la stagnation de la pro- duction. Les exportations n' ont pas repris malgre la hausse des prix du petrole. Leur valeur a augmente de 16,2 %, pour atteindre' 53,7 milliards de dollars, mais ce montant 28. Selon les estimations actuelles de la CEA, la crois- sance du produit interieur brut (PIB) de I' Afrique en de- veloppement en 1987 a ete de 0,5 % en valeur reelle, ce qui n' est pas tres different du chiffre provisoire de 0,8 % figurant dans I'edition 1986/87 del'Etude. Vu les donnees dont on dispose sur les pays ou des etudes directes ont ete menees et qui indiquent un taux de croissance de 0, 1 % seulement en 1987, on peut affirmer que la prevision par la CEA d'une grave recession en 1987 dans I'ensemble de la region a ete pleinement confirmee. La mediocrite de ces resultats tient avant touta
la secheresse qui a encore sevi dans un certain nombre de pays. La valeur ajoutee agricole n'a augmente que de 1 %, alors que l'indice de production brute de I'Organisation des Nations Unies pour I'alimen- tation et l'agriculture (FAO) a diminue de 1,3 %. La se- cheresse a ete particulierement rigoureuse dans Ie nord de 1'Ethiopie ou la famine a menace des milliers de personnes.En Afrique australe, la recolte de cereales a ete reduite de moitie au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe. Dans la region du Sahel, la recolte de cereales a regresse de 11,5 %, passant de 7,6 millions de tonnes en 1986
a
6,7 millions seulement en 1987. Bien que 1'Organisation des pays exportateurs de petrole (OPEP) ait pu ramener les prix au niveau de 18 dollars Ie barH, la degradation de la pro- duction miniere n' a pu etre compenseea
cause des reduc- tions de la production et d 'une demande lethargique de petrole dans les pays industrialises. La situation du secteur minier en dehors du petrole n' a pas ete plus brillante malgre la vive reprise des cours du cuivre vers la fin de I'annee.De fait, la situation des industries extractives dans des pays tels que Ie Liberia, la Mauritanie, Ie ZaIre et la Zambie, n'a pas ete favorable.
TABLEAU ILl INDICATEURS ECONOMIQUES, 1986-1988
n' a pas suffi pour financer les importations necessaires. Les importations de biens et services ont regresse en volume, selon les estimations, de 7,8 %. La charge du service de la dette et la politique de compression des importations adoptee par bon nombre de pays de la region pour retablir l' equilibre ont entraine des reductions encore plus profondes des im- portations. De ce fait, ni les biens d' investissement ni les facteurs de production industriels ou agricoles n' ont pu etre importes au rythme necessaire
a
une forte expansion de I'economie. En effet, les penuries de facteurs de production et de matieres premieres sont generalisees dans la region et sont la cause principale de la faible utilisation de la capacite.Cette analyse ne s' applique naturellement pas egalement
a
tous les pays et
a
tous les domaines. Certains pays s' en sont particulierement bien tires en 1987, mais ils ne sont pas nombreux. De fait, quatre pays seulement semblent avoir enregistre une croissance de la production superieurea
6%en 1987. II s'agit du Botswana, de l'Ethiopie, de la Mau- ritanie et des Seychelles. La plupart d' entre eux ne sont pas representatifs de la moyenne africaine (Mauritanie, Sey- chelles et Botswana) et, dans Ie cas de I'Ethiopie, I'infor- mation conceme la periode 1986/87 et traduit la reprise intervenue apres la secheresse de 1984/85. De 1977
a
1987, la production a flechi en Ethiopie de 1,5%en valeur reelle.30. Au niveau des sous-regions et des groupements eco- nomiques, la production en Afrique du Nord n'a augmente que de 0,4 %, alors qu'en Afrique subsaharienne Ie taux de croissance n' a ete que de 1 %. En Afrique centrale, on a enregistre un grave recul : la production est tombee de 2,2 % et les pays producteurs de petrole de la sous-region,
a
savoir Ie Cameroun, Ie Congo et Ie Gabon, se sont trouves aux prises avec une profonde degradation des recettes bud- getaires entrainee par la chute des prix du petrole en 1986.La seule region ayant enregistre des resultats satisfaisants a etel'Afrique de I'Est etl'Afrique australe, ou la production s' est accrue de 3,8 %. Les pays les plus performants de la sous-region ont ete Ie Botswana, Maurice et Ie Kenya. Au Botswana, la croissance a ete stimulee par la forte demande de diamants sur Ie marche mondial, et les exportations ont progresse considerablement
a
la suite de la vente par Ie pays de ses stocks de diamantsa
la compagnie De Beers. A Maurice, on a enregistre une expansion exceptionnelle de la production manufacturiere et des exportations du fait de la reussite de la politique de zone franche industrielle visanta
utiliser la main-d'reuvre qualifiee en association avec l'in- vestissement etranger attire par de genereuses exemptions fiscales. Maurice semble avoir amorce un processus d' in- dustrialisation rapide. Au Kenya, 1987 a ete legerement moins favorable que l' annee precedente, en raison de la hausse des prix du petrole et de l' insuffisance des pluies ainsi que de la chute des cours du cafe et du the, mais la croissance est restee fortea
5,7 %, par suite de la forte expansion du tourisme, de la poursuite de la croissance de l' industrie manufacturiere et de l' elan imprime aux inves- tissements par les politiques adoptees par les pouvoirs pu- blics. En Afrique australe, la croissance n' a ete que de 2,2 %,a
cause de la secheresse et d'une pluviometrie ge- neralement insuffisante. Au Zimbabwe, la production a1988
2,2 1,2 21,3 54,2 14,88 230,0 -10,8
1987
0,5 -1,5 15,7 62,2 18,38 218,1 -10,2
1986
1,7 -0,4 12,5 51,5 14,42 207,7 -7,2
Source :Secretariat de la CEA.
Croissancen~elle(%)
Croissance de la demande interieure(%) Inflation
Cours des produits de base (1980=100) Prix du petrole ($/baril)
Dette exterieure (milliards de dollars) Balance des comptes courants (milliards
de dollars)
11
stagne, les cultures etant frappees de plein fouet par la secheresse. En revanche, la Republique-Unie de Tanzanie a affiche des resultats remarquables, la production ayant augmente de 3,7 %, apres des annees de stagnation et de regression, grace
a
une recolte sans precedent, mais aussia
des reformes economiques mises en reuvre par I'Etat. En Afrique de l'Ouest, Ie PIB ne s'est accru que de 0,3 %a
cause de la mediocrite des resultats obtenus par Ie Nigeria, ou la production a legerement flechi en 1987. Ce pays re- presente pres du quart du produit total de I' Afrique en developpement.
31. Les pays exportateurs de petrole n' ont pas tire parti de la hausse des prix de ce produit : leur production globale a accuse une faible baisse de 0,4 %. C'est en Angola que la production petroliere a enregistre les gains les plus im- portants : elle est estimee
a
18,1 millions de tonnes en 1987, ce qui represente 2,7 fois la production de 1980. Mais les troubles internes ont inflige des degats considerablesa
l'in- frastructure economique du pays, et la production dans la plupart des secteurs est en recul depuis Ie debut de la de- cennie. A la difference des pays exportateurs de petrole, la production des pays africains non-exportateurs de petrole a progresse en 1987 de 2,5 %, ce qui est encore inferieura
la croissance demographique, les pays les moins avances
rep~esentantIe groupe qui a enregistre la croissance la plus rapIde. Pour les autres, la production n' a augmente que de 1,9 %, et parmi eux des pays tels que la Cote d' Ivoire ont subi un flechissement notable : Ie PIB a regresse de 2 8% alors que la contraction des prix du cacao
a
l'exportation et une lourde charge de la dette freinaient la croissance.B. UN BILAN PRELIMINAIRE DE 1988
32. Dans Ie numero precedent de l'Etude,on avait prevu pour 1988 un taux annuel de croissance de la production de 2,7 % pour l'ensemble de la region. De fait, la situation s'est sensiblement amelioree en 1988, bien que Ie taux ef- fectif de croissance soit peut-etre inferieur aux previsions.
Selon les dernieres estimations, la production de la region s' est accrue de 2,2 %, chiffre qui sera naturellement revise sur la base d'une meilleure information. Tous les indicateurs disponibles semblent confirmer une reprise dans la region.
C' est ainsi qu' en 1987 14 pays ont accuse une baisse de production, alors que cinq seulement se trouvaient dans ce cas en 1988, et plus de la moitie des pays se situent de- sormais dans la fourchette de 0
a
3 %. Malgre I' ameliora- tion, les resultats restent nettement insuffisants pour mettre un termea
la courbe descendante amorcee par la region depuis Ie debut de la decennie : Ie revenu par habitant a encore diminue en 1988, dans la mesure ou la population s'accroit desormais d'au moins 3 % par an.TABLEAU11.2 OFFRE ET DEMANDE DANS LES PAYS AFRICAINS EN DEVELOPPEMENT, 1987-1989
(Aux prix de 1980)
1987
(en milliards Croissance de dollars) 1987 /988 1989
Produit interieur brut 367,6 0,5 2~2 2,9
Importations de biens et services 78,0 -7,8 0,2 1,7
Offre 445,6 -1,0 1,8 2,7
Consommation publique 59,7 0,5 0,3 1,6
Consommation privee 228,8 0,4 1,9 4,1
Formation brute de capital fixe 57,3 -5,8 1,6 1,3
Variation des stocks 10,5
Demande interieure 340,3 -1,4 1,2 3,3
Exportations de biens et services 105,3 0,1 3,9 0,8
Demande 445,6 -1,0 1,8 2,7
Source : Secretariat de la CEA.
12
1. Agriculture
33. L~sbons resultats agricoles sont la principale cause de la reprIse de 1988, de meme que la secheresse a ete la cause essentielle du recul de 1987. Cela montre que l' eco- n~mie.de la region reste.tribut~iredes variations du cycle chmatIque : son secteur IndustrIel est encore trop modeste pour amortir l'impact des fluctuations climatiques sur la production(1'industrie manufacturiere ne represente pas plus de 12 % du PIB), et ses exportations sont trop axees sur Ie petrole, les boissons et les mineraux. II est cependant en- courageant de noter que les mesures d'ajustement reussis- sent de plus en plus dans Ie secteur agricole, ou les producteurs, pour renforcer la production, s' empressent de saisir I' occasion offerte par la hausse des prix, un meilleur acces aux facteurs de production et I' amelioration de la commercialisation.
34. Comme on l' a note dans l' introduction et indique plus en detail dans I'Etude, les conditions climatiques ont ete excellentes en 1988 dans l' ensemble de l'Afrique, du fait d'une pluviometrie superieure
a
la moyenne, qui s'est malheureusement accompagnee de vastes inondations dans les pays tels que Ie Soudan ou Ie Nil a atteint un niveaur~cord.Les.pluies exceptionnelles ont favorise la reprOduc- tIon des crIquets dont les essaims ont envahi une region s' etendant du Senegal et de la Mauritanie
a
la mer Rouge, en passant par certaines zones de l' Afrique du Nord. Les cultures en ont souffert et les pertes auraient ete conside- rabIes si l' on n' avait pas pris des mesures ai'echelon in- ternational pour lutter contre I'invasion. La FAO estime desormais que la recolte cerealiere est passeea
77,4 millions de tonnes en 1988 contre Ie faible niveau de 65,3 millions de tonnes en 1987. Le Maroc a obtenu une recolte d 'un niveau record, qui a double, passant de 4,3 millions de tonnes en 1987a
8 millions en 1988. Au Sahel, elle a atteint 9,2 millions de tonnes, soit 37,1 %de plus qu'en 1987, et plus du double de la recolte de 1984. En Afrique australe, la plupart des pays ont enregistre des recoltes sans precedent, notamment Ia Zambie et Ie Zimbabwe, et un long cycle de secheresse s' est finalement interrompu au Botswana.35. Si les resultats agricoles sont assez satisfaisants dans l'ensemble, des zones d' ombre subsistent. La secheresse a frappe Ia Tunisie et I' Algerie et, dans ces deux pays, Ia recolte cerealiere a diminue defa~onsubstantielle. De plus, dans les pays en butte
a
des troubles internes tels que l' An- gola et Ie Mozambique, la situation alimentaire reste gra- vement precaire et ils ont toujours besoin d'aide alimentaire.En effet, la FAO a estime en 1988/89 Ies besoins d'impor- tation du Mozambique
a
815 000 tonnes, soit 60 % des besoins totaux, alors qu' en Angola ces besoins represen- taient 55%du total. En Ethiopie, ou l'on a fourni plus d'un million de tonnes d' aide alimentaire en 1987 et un volume equivalent en 1988, Ie bilan alimentaire s' est sensiblement ameliore, mais les troubles empechent I' approvisionnement de certaines zones du nord du pays.2. Le marche petrolier
36. La situation du marche petrolier n' a pas ete favo- rable en 1988, bien que l'OPEP ait reussi une annee plus tot
a
elever les prix au niveau cible de 18 dollars Ie baril.Le probleme tenait
a
Ia surproduction par certains membres de I'OPEP, notamment ceux du Golfe persique et de la peninsule arabique. Deux grands producteurs, I' Iraq et la Republique islamique d'Iran, ont eu une divergence d'opi- nions au sujet des contingents de production. Certains Etats du Golfe etaient decidesa
renforcer autant que possible les recettes malgre I' effet deprimant de I' augmentation de la production sur les prix. En revanche, Ie principal produc-teur, I' Arabie saoudite, n' a pas ete dispose a compenser la surproduction par les autres membres de l'OPEP en redui- sant sa propre production; et s' est preoccupe en outre de questions a plus long terme, notamment la fluctuation des prix
a
un niveau permettant au petrole de soutenir la con- currence d' autres sources d' energie. En tout etat de cause, Ie petrole, qui se vendait a 18 dollars Ie baril au debut de janvier 1988, a vu tomber son prixa
pres de 14 dollars au debut de mars. Apres etre remontea
environ 17 dollars Ie baril vers Ie milieu d' avril, il a repris sa tendance a la baisse pour atteindre Ie creux de la vaguea
12 dollars Ie baril vers la fin d' octobre. Une reprise ne s' est amorcee que lorsque l'OPEP est entin parvenue a un accord sur une nouvelle structure des contingentsa
la fin de novembre. Entre-temps, les pays africains exportateurs de petrole ont subi de lourdes pertes de recettes. En Afrique du Nord, l'Algerie n'a pu amortir Ie choc que gracea
sa production substantielle de condenses et de gaze Meme dans ce cas, elle a ete confronteea
la reduction de la demande et a la pression exercee par les clients en faveur de la baisse des prix du gaz, dans la ligne de ceux du petrole. Le Nigeria s'en est tenua
son contingent tout au long de 1988 et a vu ses recettes petro- lieres tombera
6,2 milliards de dollars. Le Cameroun a dO faire face au flechissement de la production et, devant la baisse rapide des recettes, a impose de nouvelles restrictions budgetaires et d' autres mesures d' austerite. En Egypte, les recettes petrolieres ont regresse d'un tiers, pour tomber a 1 milliard de dollars, contre 1,3 milliard en 1987, alors que la balance des paiements subissait la pression de lourds besoins du service de la dette estimea
4 milliards de dollars pour 1988/89, et de la necessite d' importations alimentaires en reponsea
I' accroissement rapide de la population. Les importations de cereales ont ete de 1 milliard de dollars en 1988, d' apres les estimations. Les exportateurs de petrole consideres collectivement ont obtenu des resultats medio- cres, la production globale ne progressant que de 1,7 %.Comme en 1987, Ie seul pays ou Ie secteur petrolier a ete reellement florissant est I' Angola dont la production petro- liere a augmente , pour atteindre quelque 23 millions de tonnes en 1988, ce qui fait de ce pays Ie cinquieme pro- ducteur africain derriere I' Algerie. Mais Ie petrole est Ie seul secteur qui fonctionne normalement dans ce pays de- chire par la guerre, les autres domaines d'activite econo- mique ayant ete gravement affectes.
3. Prix des produits de base
37. Sur les autres marches des produits de base, Ie prin- cipal fait marquant en 1988 a ete I' expansion des cours des metaux. Cette expansion tient
a
la forte croissance des eco- nomies industrialisees en 1988 eta
la hausse de la demande de certaines matieres premieres qui en a resulte, etant donne que I' investissement a augmente et que les industries de biens d' equipement ont necessite davantage de minerais. La situation des autres produits exportes par les pays africains, notamment les boissons, a ete nettement moins favorable.Dans Ie cas du cafe, les cours de I' arabica ont augmente, en raison d'une modification apparente des goOts des consommateurs et d'un deficit de l'offre emanant des pays d' Amerique latine, mais les cours du robusta ne se sont pas bien comportes. Pour ce qui est du cacao, en raison d'un profond desequilibre entre I' offre et la demande, les stocks ayant atteint des niveaux records, les cours ont diminue de plus de 20 %. Les cours du cuivre qui avaient amorce leur reprise en 1987, ont continue de galoper, et vers la fin de I' annee ils avaient atteint plus de 160 cents la livre, ce qui est pratiquement Ie double de leur niveau en debut d'annee.
Peu de pays africains ont tire profit de cette expansion des
TABLEAU11.3 PART DE PRODUCTION ET TAUX DE CROISSANCE PAR SOUS-REGION ET PAR GROUPEMENT ECONOMIQUE, 1987-1989
(En pourcentage)
PIB Part de
par habitant productionI
Croissance
en 1987 en I
(aux prix de 1980) 1987 /987 1988 1989
Afrique du Nord 1 173,1 42,6 0,4 2,4 3,4
Afrique subsaharienne 517,2 60,0 1,0 2,1 2,7
Afrique centrale 502,7 10,4 -2,2 1,5 1,9
Afrique de l'Est et
Afrique australe 273,4 12,9 3,8 2,5 2,8
Afrique australe 389,5 4,5 2,2 3,6 1,1
Afrique deI'Ouest 677,9 34,1 0,2 2.0 2,5
Pays du Sahel 305,3 3,2 1,8 3,6 3,2
Afrique subsaharienne,
aI'exclusion du Nigeria 407,6 37,4 1,6 2,3 2,9 Exportateurs de petrole 1 119,3 65,4 0,4 1,7 2.7
Membres de l'OPEP 1 331,3 48,5 1,5 2,1 2,4
Non-exportateurs
de petrole 406,2 34,6 2,5 3,2 3,2
Pays les moins avances 234,1 13,4 3,6 2,0 3,6
Autres 659,2 21,2 1,9 3,9 3,1
Afrique en developpement 648,0 100,0 0,5 2,2 2,9 Source :Secretariat de la CEA.
cours des metaux; Ie ZaIre et la Zambie, les deux principaux producteurs mondiaux de cuivre, ont enregistre une baisse de production, et Ie volume de leurs exportations s' est en fait amenuise, de sorte que la croissance du PIB est restee lethargique,
a
2,4 % seulement au ZaIre et 0,2%en Zambie, selon les estimations. Au Zimbabwe, toutefois, les indus- tries extractives ont enregistre une forte reprise grace a la hausse des prix du ferrochrome, du nickel et de I' or. Une recolte exceptionnelle a favorise I' expansion de la demande interieure, et Ia croissance du PIB est passeea
5 % au moins, Ie meilleur resultat depuis 1981. Au Botswana, I' economie est restee prospere gracea
I' augmentation de la production de diamants et a Ia hausse des prix intemationaux, et Ie PIB a atteint Ie taux de croissance impressionnant de 8,6 %, ce qui est toutefois inferieur aux 15,6 % enregistres en 1987.Mais pour un pays exportateur de produits destines a la preparation de boissons tel que Ia Cote d'Ivoire, Ia produc- tion a stagne en 1988,
a
un taux de croissance de 0,8 % seulement. La faiblesse des cours du cafe et du cacao a entraine une forte reduction des exportations qui, a son tour s' est traduite par une compression des importations, deja limitees par les lourdes charges de la dette.4. L' evolution au niveau des sous-regions et des pays 38. Les sous-regions, groupements et pays ont enre- gistre des resultats tres contrastes, mais en meme temps dans presque tous Ies domaines Ia situation en 1988 a ete meilleure que celIe de 1987. Tout d'abord, Ies exportateurs de petrole, qui ont subi une baisse de production de 0,4%, ont enregistre un taux de croissance positif de 1,7 % en 1988, alors que la production des exportateurs non petroliers a augmente de 3,2 %, contre 2,5 % seulement en 1987.
Cette fois, les pays autres que les moins avances ont surpasse les pays en developpement : leur production s' est amelioree de 3,9 % contre 1,9 % en 1987, alors que dans les pays les moins developpes la croissance tombait a 2 % apres avoir atteint 3,6 % en 1987.
39. Au niveau des sous-regions, l'Afrique du Nord a affiche une augmentation de la production de 2,4 %contre 0,4 % seulement en 1987. L' amelioration est surtout attri- buee au Maroc ou la production agricole a progresse d' en- viron 20%apres Ie retour de bonnes conditions climatiques
Afrique en developpement :
structure du commerce par produit, 1986
ExportationsMachines, etc.C 1,1 % Produits chimiques
2,8 %
Huiles, etc.b9,7 %
Alimentation, etc.a 18,7 %
Autresd 25,3 %
Alimentation, etc.a 16,5 %
Autresd 10,6 %
Importations
Machines, etc.C 35,5 %
Huiles, etc.b 5,2 %
Combustibles mineraux 8,2 %
Produits chimiques 9,3 %
Legende :a Alimentation, boissons et tabac
b Huiles, graisses, etc., combustibles non compris
C Machines et materiel de transport
d Autres produits manufactures
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