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Une ethnographie des usages du logement et des équipements

Usages sociaux du quartier et attaches familières à l'environnement

I. Les rapports au quartier à Marzahn Nord : dispositif d'enquête

I. 2. Une ethnographie des usages du logement et des équipements

Mon enquête sur les rapports au quartier s'appuie au départ sur deux méthodes de production des données : l'observation et l'entretien. L'articulation de ces deux types de données permet de restituer les usages observés en situation dans le contexte des trajectoires sociales et résidentielles des individus. Ce choix méthodologique me conduit aussi à produire une description plus fine des dynamiques sociales d'appropriation de l'espace que celles dont rendent compte les typologies construites à partir de données statistiques (Authier, 2001 ; 2003 ; 2008 ). Pour le montrer, il faut revenir sur le dispositif de production des données adopté en début d'enquête : quelles techniques d'observation ai-je mobilisé ? Quels types d'entretiens ai-je réalisé ? À quels types de questions ces données me permettent-elles de répondre ?

L'observation directe : une technique sensible à la nature des activités observées

Au cours de mon enquête, j'ai eu recours à deux techniques d'observation dont l'usage varie en fonction de la nature des activités observées. La première, que je désigne par le terme d' « observation flottante » à la suite de Colette Pétonnet (Pétonnet, 1982), trouve ses racines dans la tradition de l'ethnographie française. L'observation participante, davantage pratiquée en sociologie, s'inscrit dans une tradition plus anglo-saxonne. J'ai combiné l'une et l'autre aux différents stades de mon enquête.

L'observation flottante a été développée par Colette Pétonnet pour observer des lieux publics, c'est-à-dire des lieux de rencontre passagère entre inconnus. Le développement de cette technique d'observation s'inscrit dans le contexte de la fin du Grand Partage (aux ethnologues l'étude des sociétés exotiques, aux sociologues celle de la métropole) et du mouvement de rapatriement de l'anthropologie française sur le terrain métropolitain après la décolonisation. Les espaces de rencontres anonymes, caractéristiques des grandes villes, s'écartent des situations d'observation auxquelles l'ethnographe était jusque-là habitué parce que les relations entre les personnes qu'ils mettent en présence ne supposent pas nécessairement l'existence d'un réseau de parenté ou d'une communauté préconstruite (village, ethnie) à étudier. Au moment où Colette Pétonnet écrit, l'ethnologie urbaine, qu'elle contribue à développer en France, rencontre ainsi, comme en témoigne l'objet de son texte (un usage populaire du cimetière du Père-Lachaise fondé sur le hasard des rencontres avec son public), des questions communes avec la sociologie américaine182. Par rapport à l'observation participante, la technique de l'observation flottante

présente cependant plusieurs originalités liées à son ancrage dans la tradition ethnographique française. Elle consiste, comme l'explique son auteur, « à rester en toutes circonstances vacant et disponible, à ne pas mobiliser l'attention sur un objet précis, mais à la laisser "flotter" afin que les informations pénètrent sans filtre, sans a priori, jusqu'à ce que des points de repères, des convergences, apparaissent et que l'on parvienne alors à découvrir des règles sous-jacentes » (Pétonnet, 1982, p. 39). Comme l'observation participante, l'observation flottante repose sur une opération de généralisation partant d'une occurrence singulière. Cependant, si l'on compare la présentation de Colette Pétonnet à celle qu'Howard Becker fait des procédures d'analyse impliquées par l'observation participante, l'observation flottante laisse davantage de place à l'intuition et aux expériences antérieures de l'observateur : « Pour décider que les premières données sont prometteuses, il faut simplement constater qu'un phénomène donné existe, qu'un certain événement a eu lieu une fois ou que la corrélation entre deux phénomènes a bien été observée dans un cas précis. (...) En replaçant cette observation préliminaire dans le cadre d'une théorie sociologique, l'observateur choisit les concepts et définit les problèmes sur lesquels il continuera de travailler. Il échafaude d'abord un modèle théorique attaché à rendre compte de ce premier cas, pour l'affiner ensuite à la lumière de ses nouvelles découvertes » (Becker, 2003 [1958], p. 352). Dans l'observation participante, les perspectives de recherche ouvertes par la découverte d'un cas singulier sont d'emblée réinscrites dans un cadre conceptuel et une série d'opérations systématiques qui oriente les observations suivantes. Dans son texte, Colette Pétonnet insiste au contraire sur des compétences pratiques difficilement transmissibles. L'anthropologue américain James Clifford les désigne, dans un texte qui paraît en français dans la revue L'Ethnographie à la même époque que celui de Colette Pétonnet, par les termes de « flair », de « bon sens sédimenté » ou de « sensibilité » (Clifford, 2003 [1983], p. 275). Comparé au sociologue, pour qui les découvertes de la première exploration ne sont que le point de départ d'une investigation plus cadrée et plus raisonnée, l'ethnologue entretient un rapport à la fois plus extensif et moins systématique à son terrain. Cependant, la différence entre les textes de Colette Pétonnet et d'Howard Becker me semble moins tenir à des différences épistémologiques entre leurs disciplines respectives qu'au contexte intellectuel dans lequel ils justifient leur démarche. À l'époque où Colette Pétonnet écrit, l'ethnologie française défend la spécificité de son approche par rapport à celle de la sociologie dont elle investit le terrain en invoquant le pouvoir révélateur des sociétés exotiques. Formé à l'exotisme, le regard de l'ethnologue n'aurait pas besoin de l'appareillage conceptuel et méthodologique mis au point par les sociologues pour acquérir la distance nécessaire à l'observation et à l'analyse. Si cette différence pouvait avoir quelque pertinence à l'époque où Colette Pétonnet écrit, elle tend

aujourd'hui à s'estomper : les destinations exotiques ne sont plus réservées aux ethnologues, de même qu'elles ne constituent plus un point de passage obligé dans leur formation.

Dans le cas de mon enquête, la différence entre les deux techniques est donc davantage liée à la nature des activités observées. Le fait de résider à Marzahn Nord me donne en effet accès à une grande variété d'espaces (rues, places, cours d'immeubles, cafés, bars, équipements collectifs, commerces) que je fréquente au même titre que n'importe quelle autre habitante. Les situations de la vie courante (faire ses courses, prendre un café, voir un spectacle, se promener ou effectuer un trajet en transport en commun) offrent ainsi des occasions régulières pour observer différents usages du quartier. Dans de telles situations, l'observation flottante est une technique utile parce qu'elle permet d'isoler dans le flux continu d'événements des occurrences marquantes que je consigne dans mon journal de terrain en attendant de pouvoir les relier à des idées ou à des questions qui ont émergé d'observations plus systématiques. En début d'enquête, cette technique, facile à mettre en place, m'a aussi permis d'explorer des aspects encore méconnus de mon terrain et de m'occuper utilement en attendant que mes premières négociations débouchent.

Par rapport à l'observation flottante, l'observation participante a été développée dans le cadre d'enquêtes portant sur des organisations ou des milieux où l'enquêteur est le plus souvent un étranger : une bande de jeunes dans le quartier italien de Chicago étudié par William Foote Whyte (Whyte, 1995 [1943]), des étudiants en 1ère année de médecine étudiés par Howard Becker et son

équipe (Becker et al., 1961). Elle concerne ainsi des activités spécialisées (le racket ou la médecine) effectuées par des personnes qui ont subi une initiation qui les distingue de l'homme de la rue. L'exercice de ces activités se fait d'ailleurs dans un cadre (arrière-boutique, arrière-cours, hôpital, salle d'opération) qui les préserve du regard du reste de la société. La présence et la position de l'observateur doivent ainsi faire l'objet d'une négociation avec le milieu enquêté, qui peut être plus ou moins codifiée. J'ai rencontré deux cas de figure au moment d'enquêter sur les usages des équipements collectifs à Marzahn Nord : l'accès au lieu de l'observation passe par une demande officielle auprès du responsable de l'organisation qui le gère ; l'accès aux activités des groupes qui le fréquentent suppose plutôt d'instaurer une relation personnelle avec un ou plusieurs de ses membres. J'ai commencé à enquêter au Théâtre Tchekhov en octobre 2003. Les questions auxquelles je souhaite répondre à cette époque (comment s'y investissent les employés ou les bénévoles qui le font vivre au quotidien ?) supposent d'avoir accès à ses « coulisses »183. Après une

première rencontre avec le directeur du théâtre et son supérieur hiérarchique au cours de laquelle j'ai présenté mon projet d'enquête et proposé d'organiser un atelier photographique, je peux circuler

183 J'ai effectué cette première enquête pour mon mémoire de DEA. Elle consistait à repérer les usages et les représentations dont le Théâtre Tchekhov est investi (Cuny, 2004).

librement et à toute heure dans le théâtre en tant que stagiaire. Pendant ce stage, j'ai donc essentiellement observé les activités du théâtre du point de vue de leurs organisateurs, qui compte une part non négligeable de « Aussiedler ». À mon retour sur le terrain en 2005, j'ai continué à fréquenter occasionnellement le théâtre avec un groupe d'habitants issus de l'ancienne « Intelligence socialiste ». Je faisais désormais partie du « public » et pouvais mieux observer comment celui-ci, loin de constituer une foule anonyme, se compose de petits groupes d'habitués structurés autour de certaines activités : les conférences d'histoire locale s'adressent à un public relativement âgé qui appartient à l'ancienne « Intelligence socialiste » tandis que le « cercle des familles » attire des femmes ayant des enfants en bas âge issues du groupe des « Aussiedler ». J'ai eu accès plus facilement au Café de la Tour, l'autre équipement qui a retenu mon attention. Le « public » du Café, essentiellement composé d'habitants issus des familles populaires du voisinage, est activement associé à son fonctionnement. Au fil des animations qui y sont organisées, j'ai fait connaissance de certains habitués et j'ai commencé à le fréquenter dans des circonstances plus informelles.

À ce stade, on peut objecter que l'ensemble des espaces pour lesquels j'ai mobilisé les techniques de l'observation flottante et de l'observation participante sont des espaces collectifs. Comment ai-je appréhendé les usages du logement ? L'observation y est-elle impossible ?

L'entretien : une forme sensible aux variations de la relation d'enquête

La distinction entre situation d'entretien et situation d'observation est nécessairement artificielle, dans la mesure où l'une et l'autre sont le plus souvent confondues. Ainsi, les activités collectives auxquelles je participe peuvent aussi être le cadre d'entretiens. Inversement, lorsqu'ils ont lieu au domicile de mes interlocuteurs, les entretiens sont l'occasion d'observer les aménagements et les soins apportés au logement, de brèves interactions entre les différents membres du foyer ou la façon dont certains espaces sont exposés au regard du visiteur. De la même façon que j'ai distingué deux techniques d'observation en fonction de la nature des activités considérées, il est possible de repérer deux types d'entretiens qui dépendent de la nature des relations que j'entretiens avec mes interlocuteurs : les entretiens semi-directifs et les entretiens informels.

La spécificité des entretiens semi-directifs ne tient pas seulement à l'usage d'un guide d'entretien et d'un magnétophone. Le recours à ces deux instruments est possible parce que la situation d'entretien a fait l'objet d'une négociation préalable qui fixe par avance les conditions de son déroulement. Comme le soulignent Stéphane Beaud et Florence Weber, c'est la dimension à la fois exceptionnelle et artificielle de la situation qui singularise ce type d'entretiens et qui en fait toute la richesse : « L'entretien (...) est une situation somme toute inédite de la vie sociale : deux

inconnus (ou presque) se rencontrent, se parlent (longuement), puis se séparent, le plus fréquemment sans se revoir. Parce que cette rencontre est unique, les enquêtés ont tendance à vouloir vous dire beaucoup dans le temps qui leur est imparti. L'enquêteur est fondamentalement étranger au milieu enquêté (même si vous restez longtemps sur place, vous allez un jour repartir) mais c'est cette étrangeté qui peut être éminemment productive dans la relation d'entretien. En effet, vous êtes extérieur à la vie sociale de l'enquêté, vous n'êtes pas mêlé à ses affaires de famille, de travail, de voisinage, de politique, vous êtes donc placé dans une position objective favorable pour recevoir ses "confidences" » (Beaud, Weber, 1997, p. 180). À en croire ces auteurs, ce type d'entretien se prête donc davantage aux situations dans lesquelles les relations entre l'enquêteur et ses interlocuteurs sont occasionnelles. Au cours de mon enquête, j'y ai effectivement recours pour connaître le point de vue et les usages d'habitants avec lesquels je n'entretiens pas de relations régulières, soit parce qu'ils n'appartiennent pas aux groupes dans lesquels je me suis progressivement insérée, soit parce qu'ils ne participent qu'à certaines activités de ces groupes. En général, j'ai sollicité ces personnes par téléphone après leur avoir été présentée par l'une de leurs connaissances. Néanmoins, j'ai aussi réalisé, en début et en fin d'enquête, des entretiens de ce type avec des personnes qui sont devenues des amies. Le début d'enquête correspond en effet à un moment où les amitiés ne sont pas encore nouées et la fin d'enquête à un moment où elles s'inscrivent dans des relations plus distantes dans le temps et dans l'espace (à partir du mois de septembre 2006, j'habite à Marzahn à raison d'une ou deux semaines par mois).

En milieu d'enquête, la personnalisation de mes relations avec ces habitants, qui va de pair avec la réussite de mon insertion dans les différents groupes qui fréquentent le Théâtre Tchekhov ou le Café de la Tour, a rendu le recours à ce type d'entretiens à la fois moins nécessaire et plus risqué. Dans cette configuration de la situation d'enquête (personnalisation et régularité des relations), le recours à l'entretien semi-directif enregistré est en effet moins utile parce que les situations de la vie du groupe offrent suffisamment d'occasions de discuter, parfois longuement, avec les personnes qui en font partie. J'ai mené la plupart des entretiens que je qualifie d'informels alors que je participais à des activités aussi variées qu'une réunion publique, une campagne de nettoyage du quartier, une conférence d'histoire locale, un trajet ou un repas. Par rapport aux entretiens semi-directifs enregistrés, ils permettent de faire le lien entre les propos et les actes directement observés en situation.

À ce stade de l'enquête, le recours à l'entretien semi-directif enregistré est aussi plus risqué parce qu'il remet en cause certains implicites des relations que j'ai nouées avec les personnes sur lesquelles j'enquête. Bien que dans les situations que je viens d'évoquer personne n'ignore les motivations réelles de ma participation (collecter des informations), ces relations ne se réduisent pas

à un simple échange d'informations. Stéphane Beaud et Florence Weber mettent ainsi à juste titre leurs lecteurs en garde contre les risques liés à une trop grande formalisation de la situation d'entretien lorsqu'il est effectué avec un « allié », c'est-à-dire avec une personne qui assiste l'enquêteur dans son travail : « En règle générale, la relation s'est constituée mais n'a pas donné lieu à des entretiens formels, officiels ; il vous a donné des noms, des conseils, vous a aidé à faire votre enquête. Le plus souvent il est inutile de passer avec lui au stade de l'entretien, cela risque de "casser" votre relation de travail. Il peut très bien ne pas comprendre et généralement l'entretien suscite de la gêne des deux côtés, mais surtout du côté de votre informateur. Alors que tout se passait bien, les choses se figent. Pourquoi ? Parce que vous êtes devenu trop proche et que la relation d'entretien, en général, suppose une distance » (Beaud, Weber, 1997, p. 182). Ces observations sur les rapports entre l'enquêteur et ses « alliés » m'intéressent parce qu'elles montrent à quel point, même quand la relation d'enquête se rapproche d'une relation fondée sur la collecte et l'échange d'informations, elle ne s'y réduit pas. D'après les auteurs, la menace qui pèse sur la relation d'enquête provient d'une trop grande personnalisation de la relation qui abolit la distance nécessaire à l'entretien semi-directif enregistré. On peut être d'accord avec cette explication, à condition de préciser ce que signifie le terme de « personnalisation ». Ce qui, me semble-t-il, met en péril la relation d'enquête au point de pouvoir la rompre définitivement, est d'abord lié à la nature du contexte et à l'usage d'instruments (fixation d'un rendez-vous dans un lieu impersonnel, enregistrement, guide d'entretien) qui la ramènent à un ordre instrumental alors qu'au fil du terrain elle implique des échanges d'ordre plus symbolique. La citation de Stéphane Beaud et de Florence Weber donne quelques indications sur les éléments qui confèrent une dimension symbolique à la relation d'enquête : l' « allié » s'investit personnellement dans l'enquête en offrant gratuitement son aide à l'enquêteur. Cette participation gratuite n'en est pas pour autant désintéressée. Comme en témoignent de nombreux compte-rendus, qu'elles participent occasionnellement ou plus régulièrement à l'enquête, les personnes prêtent, souvent à tord, des propriétés exceptionnelles à l'enquêteur : une force qui lui permet de les protéger contre les sorts dans le cas de l'enquête menée par Jeanne Favret-Saada sur la sorcellerie dans le bocage normand ou des relations avec un milieu social privilégié auquel elles souhaitent accéder dans le cas de l'enquête menée par William Foot Whyte sur le racket dans un quartier italien de Chicago (Favret-Saada, 1977 ; Whyte, 1995 [1943], pp. 355-356). Ces exemples indiquent que certaines propriétés de l'enquêteur sont mises en jeu, bien malgré lui, dans les relations régulières ou plus ponctuelles qu'il entretient avec les personnes sur lesquelles il enquête184. La personnalisation des relations, définie ici comme la mise en jeu de la

184 J'analyse les différentes formes que prend mon implication dans les entretiens au chapitre suivant, pp. 315 et suivantes.

personnalité de l'enquêteur dans ses relations avec les personnes qu'il côtoie régulièrement, rend non seulement les instruments qui règlent les échanges et en garantissent la réciprocité superflus mais elle les bannit aussi parce qu'ils sont étrangers à l'ordre symbolique qui les gouverne. À l'image du don analysé par Marcel Mauss, la relation d'enquête repose ainsi sur un circuit d'échanges (donner, recevoir et rendre) qui ne diffère pas seulement du système marchand par sa dimension rituelle, informelle ou implicite. En tant que « phénomène social total », le don correspond à un ordre de réalité radicalement différent de l'ordre marchand parce qu'il implique des personnes à travers les choses échangées (Mauss, 2007 [1924-1925]). Autrement dit, la personnalisation des relations transforme les informations échangées en gages de réciprocité. En raison de ces problèmes, l'entretien informel a constitué, avec l'observation directe, mon principal outil d'investigation auprès des habitants avec lesquels j'ai noué des relations privilégiées185.

Décrire les usages du logement et des équipements : apports et limites de l'ethnographie classique

Les différentes variantes des situations d'entretien et d'observation que je viens de présenter se combinent les unes aux autres en fonction du moment de l'enquête, du type de relations que j'entretiens avec les personnes sur lesquelles j'enquête et du type d'activités auxquelles je participe. Un tel dispositif produit trois types d'informations sur les rapports au quartier à Marzahn Nord. Les entretiens comme les observations réalisées sont d'abord l'occasion de recenser des données socio- démographiques sur les personnes rencontrées (sexe, âge, formation, profession, statut matrimonial, ancienneté dans le quartier, nationalité, origine géographique) ou des données morphologiques sur les espaces observés (taille des immeubles, type de bailleurs, localisation dans le quartier, type de desserte en équipements collectifs ou en transports en commun, nombre de pièces, éléments de décoration et d'ameublement, rythme de fréquentation, organisation spatiale des activités)186.

Ensuite, j'ai recueilli des récits rétrospectifs sur les anciennes expériences résidentielles de mes interlocuteurs, leurs conditions d'arrivée à Marzahn, les usages qu'ils font du quartier ou de la ville ainsi que les représentations qu'ils associent au quartier, à ses habitants et à ses divers espaces187. À

cela, il faut ajouter les commentaires que je sollicite en situation sur les usages que j'observe. À partir de ces données, j'ai repéré la façon dont un même mode d'usage du logement ou des