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Principe général du Développement durable : le développement

responsable/durable

Ligne directrice de l'action : Trouver le meilleur compromis pour l’action entre les intérêts économiques, environnementaux et sociaux/sociétaux

Valeurs & croyances : Le développement de la société est nécessaire pour le bien de tous, il doit néanmoins être durable donc responsable vis-à-vis des autres et des générations futures, … .

Du point de vue du principe d’action, le DD peut donc ainsi se concevoir comme une extension spatiale et temporelle plus responsable du principe de progrès permanent.

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II.11 Exemple d’application du PA : un cas de « croissance » et un autre de « décroissance »

Prenons deux jeunes ingénieurs diplômés en agronomie.

L’un, partisan de la décroissance, va aller en Amérique du sud aider une communauté en difficulté à la demande d’un de ses amis.

L’autre, adepte de la croissance, embauché par un organisme international nouvellement créé, sera chargé de proposer des solutions aux grands problèmes environnementaux de notre planète.

Tous les deux vont commencer leurs réflexions en listant d’abord les dysfonctionnements qu’ils rencontrent chacun à leur niveau d’intervention.

François rejoindra ainsi une « tribu post moderne » composée d’individus exclus de la croissance et qui s’était installée sur un terrain vague pour y entamer une démarche d’agriculture biologique. Malheureusement les récoltes prévisionnelles ne suffiront pas en l’état pour nourrir tout le monde. La terre ne produisant pas assez malgré une surface cultivable potentiellement suffisante. Bien vite, François constate que la terre est trop pauvre pour nourrir tout le monde et que les cultures sont infestées de toutes sortes d’insectes et de parasites (les champs autour n’étant pas en agriculture biologique, les insectes se réfugient dans le seul lopin de terre non traité). Il y a urgence, car la petite centaine d’individus composant la communauté n’aura rien pour subvenir cette année si la récolte est mauvaise. Le cycle de culture étant déjà bien avancé, notre ingénieur pourra peut-être se passer d’engrais, mais comment se passer de pesticide dans le court terme ?

Quand la maison brûle, il faut en priorité éteindre d’abord l’incendie lui avait-on appris à

l’école d’ingénieur. Le traitement de fond se fera dans un deuxième temps. Toutefois, utiliser des pesticides est totalement contre les convictions de François et il ne veut pas s’y résoudre.

Se rajoute alors un nouveau problème.

Une vingtaine d’individus (avec des enfants), complétement démunis et ne connaissant rien au travail de la terre, demandent asile. Pour y subvenir, il faudrait produire encore plus que le juste nécessaire déjà compromis en l’état des choses.

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Enfin, l’exclusion du système n’empêchant pas la réflexion chez les individus, certains membres de la communauté soulèvent l’idée de capitaliser un peu de biens pour plus tard. En prévision de mauvaises récoltes futures et pour laisser un peu de patrimoine pour les enfants de la communauté. Pour y arriver, il faudrait donc être encore plus productif.

La communauté, si elle veut remplir son rôle et perdurer, devrait donc s’inscrire dans une démarche de croissance et devenir plus productive.

Techniquement François a tous les outils pour répondre aux objectifs qui lui sont donnés. Ultimement, il devra toutefois consulter ses valeurs profondes. Ce sont elles qui lui permettront de trouver une solution possible pour décider des actions à mener. Notamment, répondre à l’urgence du moment et décider s’il devrait oublier un temps ses convictions écologiques et préférer nourrir (même mal) les individus pour la survie de la communauté ?

Pour Nicolas, le problème va être très différent. L’enjeu est la bonne santé de notre planète. La liste des dysfonctionnements va être très longue et les pressions internationales énormes. Son nouveau collègue travaillant déjà sur le dossier épineux des ressources mondiales en hydrocarbure (un ingénieur issu des « Mines ») le briefa rapidement.

Les ressources prévisionnelles en pétrole ne seront disponibles que jusqu’aux alentours de 2040, son équipe s’était engagé dans une réflexion de décroissance. Toutefois, « il y en a quand

même encore pour trente années !», lui avaient rajouté ses patrons. Décroissance, mais à tout

petits pas … .

La mission finalement fixée à Nicolas sera de proposer une solution pour lutter contre la disparition des forêts tropicales.

Il a lui aussi tous les « outils » pour le faire.

Il sera cependant lui aussi, comme François, déchiré dans ses convictions (libérales) profondes. A-t-on le droit de priver des investisseurs de faire de beaux bénéfices avec l’exploitation de bois tropicaux ? Interdire un commerce ? Remettre en question le droit à la libre entreprise ?

Enfin, il faudrait aussi payer une poignée d’indiens et de locaux pour entretenir la forêt plutôt que de l’abattre. Cela ne reviendrait pas très cher. Une goutte d’eau pour la communauté internationale. Mais cela reviendrait à encourager une activité non marchande et sans bénéfices !

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Au final Nicolas devra puiser dans toute la gamme de ses valeurs pour prendre sa décision. Proposera-t-il à ses employeurs une logique de rupture vu l’urgence de la situation ? Une

tyrannie bienveillante (Jonas, 1990) et donc une interdiction aux exploiteurs de la forêt ?

Privilégiant ainsi la sauvegarde de la forêt tropicale aux intérêts privés de quelques individus ?

Nous voyons à travers ces deux exemples que les principes d’action, dans une logique de croissance comme de décroissance, peuvent être les même (chercher les dysfonctionnements, mettre en place des actions à « petits pas » ou avec une logique de « rupture »). Néanmoins, chaque décision nécessite à chaque fois un arbitrage à faire en fonction d’un contexte particulier. Ce seront au final les valeurs de chacun des deux protagonistes qui leurs permettront de se fixer une ligne de conduite.

Ces deux situations différaient fortement quant à leurs portées, complexités, conséquences,… . Elles montrent cependant qu’il n’y a pas dans un monde complexe de solution standard et valable pour toutes les situations. La pensée unique est donc à bannir car elle ne peut conduire qu’à des fausses questions vis-à-vis des vrais enjeux et amener des réponses souvent tragiques en conséquences néfastes pour les individus et l’environnement.